On m’a demandé plusieurs fois comment je suis devenue auteur. La réponse est tout ce qu’il y a de plus banale, une question d’ennui et de congé de maternité. Mais récemment, dans une classe, un élève m’a plutôt demandé POURQUOI je faisais ce métier. La réponse est sortie toute seule :
« Parce que j’aime raconter des histoires, et que je ne travaille pas bien en équipe ».
Explication en deux parties.
Parce que j’aime raconter des histoires
Un billet de blogue se promenait dans mon feed Facebook cette semaine en demandant de définir sa vie en un verbe, selon le principe que plusieurs métiers peuvent découler d’un même désir.
Mes verbes à moi sont du domaine de « raconter », « rêver », « inventer », « émerveiller », « évader ». Sans le savoir à l’époque, ce sont probablement ces désirs qui m’ont fait quitter la biologie. Les verbes « apprendre » « étudier » « observer » « comprendre » arrivaient trop loin derrière.
Plusieurs métiers permettent de raconter des histoires : le cinéma, la télévision, le théâtre et, à sa manière, les jeux vidéos. Alors, pourquoi avoir choisi la littérature? À cause de la deuxième partie de ma réponse :
Parce que je ne travaille pas bien en équipe
Évidemment, ça a fait bien rire la classe dans laquelle je me trouvais; les gens n’avouent habituellement pas leurs défauts aussi ouvertement. D’aussi loin que je me souvienne, les idées et les suggestions des autres m’ont toujours ennuyé. Au secondaire, par exemple, je ne copiais jamais lors d’examens, pas parce que j’étais plus honnête que les autres, mais simplement parce que je prenais pour acquis que mes réponses seraient meilleures que celles de mes voisins.
C’est un défaut que j’ai appris à endiguer, entre autres lorsque je fais de la pige, et aussi lorsque je fais des activités avec mes enfants. Il reste que dans tous les métiers mentionnés plus haut, l’histoire se raconte en équipes énormes, allant de cinq à deux cents personnes. Et même si les tâches sont bien réparties, on trouve toujours quelqu’un pour proposer : et si on ajoutait ceci, ou celà. On se retrouve alors soit à devoir incorporer quelque chose qui nous plait moins, soit à gérer la déception de la personne ayant proposée.
Évidemment, il y a aussi une équipe derrière les livres, mais la propriété de l’histoire y est bien claire! Jamais un illustrateur ou un réviseur ne m’a proposé de changer des zombies en vampires. Au contraire, ils viennent apporter une expertise dont je suis moi-même complètement dépourvue, alors j’accepte leur apport avec la plus grande joie! Pour ce qui est de la direction littéraire, les bon(ne)s directeurs/trices pointent les faiblesses… à moi ensuite de trouver des idées (toujours très bonnes, puisque ce sont les miennes!!! Hihihi!) pour conquérir ces défauts.
Non, vraiment, c’est le parfait métier pour moi!
Lol! Je te comprends parfaitement! Le travail d’équipe, quelle plaie! :p (D’ailleurs, même les réviseurs, j’ai souvent du mal… ptêt parce qu’ayant une formation quand même assez solide en linguistique, je ne trouve pas toujours que leurs réponses sont meilleures que les miennes! 😉
@Gen: c’est vrai qu’il y a des réviseurs avec lesquels ça colle plus que d’autres. Je rêve parfois d’avoir « mon » réviseur que je pourrai traîner d’une maison d’édition à l’autre, comme les grandes vedettes Holliwoodiennes ont LEUR coiffeur!
Je réfléchis à la question posée par l’élève en question et, spontanément, j’ai envie de répondre: « Pourquoi ne le serais-je pas devenu? » Avec un peu plus d’humilité et de recul, je répondrais plutôt : « Je n’en ai aucune idée, c’est venu par hasard! »
Mais je dois avouer que, quand vient le temps d’écrire, que ce soit un article ou une histoire, j’exècre également le travail d’équipe!
Je pense que c’est un point commun à plusieurs auteurs! 😉
Pour ce qui est des réviseurs, Annie, je serais prêt à bien des bassesses pour t’être attitré de manière permanente! Mouhahahahaha!
Je pense que le métier de réviseur demande une solide prise de conscience de la nature profonde de l’écrivain. C’est peut-être parce que j’ai beaucoup écrit (même si ce n’était pas de la fiction) que je me considère comme un bon réviseur… En tout cas, personne ne s’est encore plaint de mon travail, même pas Geneviève! 😉