La semaine dernière, le mot clic #PayeTonAuteur se promenait sur les réseaux sociaux pour inciter le Salon du Livre de Paris à payer les auteurs en animation et en tables rondes. Pendant ce temps, de mon côté, je me voyais offrir, pour la première fois, une rémunération pour deux activités distinctes pour lesquelles je n’avais jamais été payée auparavant. Alors, essayons d’y voir clair : quand un auteur devrait-il être payé?
Étrangement, la personne qui a démystifié cette question pour moi n’est pas un auteur, mais bien une actrice (Salut N!) qui a l’habitude des sollicitations de toutes sortes. Voici ce que j’ai retenu de ses explications :
Un artiste n’est pas payé lorsque… il est clairement là pour parler de sa dernière œuvre, avec aucun autre effort à fournir que d’être là et répondre aux questions
un artiste devrait est payé lorsque… on se donne en spectacle ou qu’il est présent pour son expertise et/ou opinion
Pour des acteurs, ça veut dire aller gratuitement à tout le monde en parle discuter du dernier film/pièce de théâtre qui sort pendant la fin de semaine, mais être payé pour cuisiner devant les caméras avec Christian Bégin.
Pour un groupe de musique, ça veut dire ne pas être payé pour être interiewé à la radio entre deux chansons du disque, mais l’être pour faire une performance en direct à Belle et Bum.
Et pour un auteur, ça veut dire quoi?
Ne pas être payé pour:
- Séance de signatures en salon ou en librairie
- Entrevue dans laquelle un animateur/journaliste pose les questions, quel que soit le média (télé, radio, web, magazine, etc.)
Mais être payé pour :
- Animation scolaire ou en salon, puisqu’il est seul sur l’estrade à donner un « show ».
- Tables rondes, puisqu’il est alors question de son expertise/opinion
- Lecture de texte/heure du conte puisqu’il se donne en spectacle
Évidemment, c’est de la théorie tout ça! Dans la pratique, c’est plus compliqué! Il y a les faveurs dûes, les amis, les classes de nos enfants, les organismes de bienfaisance, les petits événements sympathiques mais sans budgets, et bien d’autre. Bref, parfois, du cas par cas, mais ça aide d’avoir un guide général!
Finalement, l’analyse ne serait pas complète si je ne parlais pas un peu du monde des affaires. Ça fait des années que je vois mon mari donner des conférences, ici comme à l’international, sans paiement de la part des organisateurs. La différence? Il continue de recevoir un salaire de la part de son employeur pendant ces événements! Il n’est pas obligé de prendre une journée sans solde, ce qui est le cas d’un auteur lorsqu’il n’écrit pas.
Tes distinctions sont claires et mériteraient d’être expliquées à certaines personnes. Et pour les exceptions, il faut faire attention aux amis et aux faveurs. Je commence à me rendre compte que plus tu acceptes de faire du bénévolat, plus tu es sollicitée… pour du bénévolat! Et les ventes de livres n’augmentent pas pour autant.
Dans le monde des affaires, les conférenciers sont non seulement souvent des salariés qui continuent à recevoir leur paye, mais en plus le déplacement est payé, souvent ils peuvent amener la famille avec eux (hein? ;), bref c’est une espèce d’hybridation entre le travail et les vacances impromptues.
… et pour avoir organisé des conférences du genre avec mes anciens employeurs, quand tu fais venir un conférencier professionnel (pas un salarié d’entreprise), mettons que ça te coûte le salaire annuel de deux ou trois écrivains! pis faut lui réserver la suite exécutive! O.o
@Gen: Tu as tellement raison qu’en plus, c’est vrai pour l’ensemble, aussi. Plus on fait du bénévolat par faveur, plus les autres auteurs se font demander de le faire, aussi!
Sinon, pour les conférencier… on a jamais, jamais utilisé les conférences de mon mari pour réduire le budget de vacances… non non! 😉
Pour le bénévolat, souvent je demande: avez-vous examiné toutes les avenues pour payer les collaborateurs professionnels? Souvent, on trouve une manière de financer au moins une partie du cachet!
@M : Très très vrai!