Cette semaine, Sébastien Provencher (mon conjoint!), blogueur pour le Journal de Montréal, a parlé de ce qu’il appelle le « Malaise Spotify ». Spotify est un de ces services radio qui permet aux auditeurs d’écouter tout ce qu’ils veulent, quand ils veulent pour un prix d’abonnement plus qu’avantageux. Full Discloser : je suis moi-même abonnée à un de ces services, Deezer, que j’aime profondément comme consommateur.
Le problème, c’est que ces services, aussi merveilleux soit-il pour les consommateurs, paient très peu les créateurs. On parle de 10 sous à chaque fois qu’une chanson est jouée 1000 fois! Bien en dessous de ce que les créateurs reçoivent pour une vente d’album, ou même une vente de chanson numérique.
Le numérique promettait de réduire les intermédiaires pour favoriser les deux maillons indispensables de la chaîne : les créateurs et les consommateurs. Avec ces services d’abonnement, le modèle ne penche que d’un côté.
Pourquoi je vous parle de tout ça sur un blogue de littérature jeunesse? C’est que ce genre de service existe également pour les livres (Kindle Unlimited, Oyster, Scribd) et que leur popularité ne fait que commencer.
S’il est possible de savoir combien les auteurs autopubliés sont payés pour ces services, il est plus difficile de trouver des chiffres pour les auteurs dont les éditeurs acceptent de rendre leur catalogue accessible via ces services. La bonne nouvelle est que les conditions semblent, à première vue, bien meilleures que pour l’industrie de la musique. Par contre, la vigilance sera de mise, tant pour les auteurs qui verront bientôt ces causes apparaître dans leurs contrats que pour les consommateurs qui sont tentés mais ne désirent pas voir leurs auteurs favoris arrêter leur métier.
Parce que cette semaine, un de mes groupes préférés a décidé de prendre une pause. J’ai écouté leur dernier album sur Deezer plutôt que de l’acheter, et je me dis que leur pause est peut-être un petit peu de ma faute.
La multiplication des platesformes de diffusion devrait augmenter les occasions de revenu des créateurs, pas les diminuer. Sinon, on a un fichu problème!
@Mathieu: en fait, de manière théorique, si la multiplication des platesformes augmente l’offre et que la demande n’augmente pas, on est dans le trouble de toute manière!
C’est un jeu de dupes. Je suis bien prêt à croire que cette nouvelle chaîne puisse (peut-être) ne pas générer suffisamment d’argent pour tous les acteurs de cette chaîne. Mais ne me faites pas accroire que ça ne favorise pas les éditeurs et la plateforme. Ces deux là peuvent multiplier un petit montant par le nombre représentant leur catalogue: ils se feront un pactole. Pour l’artiste, ça reste un petit montant multiplié par peu de contenu. Ils n’ont pas pas accès au volume.