Comment les libraires français agissent contre la surproduction

Il y a quelques semaines, j’ai vu passer un article de Actuallité qui parlait du ras-le-bol généralisé des libraires français face à la surproduction littéraire.

Ce qu’il faut savoir, c’est que ce mot, « surproduction » se chuchote dans les salons du livre et les rencontres du milieu littéraire depuis des années. Il y a trop de nouveautés, ce qui laisse moins de place pour chaque livre et réduit la part de tarte de chacun. Tout le monde le sait… mais personne n’ose dénoncer trop fort. Pourquoi? Parce qu’ils ont trop à perdre! Les éditeurs craignent de voir leurs subventions diminuer et les auteurs s’inquiètent d’avoir plus de difficulté à placer leurs manuscrits si les éditeurs en publient moins.

Les seuls qui n’ont rien à perdre sont les libraires, qui sont à bout de souffle à force de recevoir des caisses et des caisses de nouveaux livres à placer chaque semaine. Je n’étais donc pas surprise de les voir dénoncer à haute voix le phénomène, mais je dois avouer m’être dit : « qu’est-ce qu’ils peuvent bien faire? ». Je pensais qu’ils n’avaient aucun pouvoir, aucune chance d’impact sur la situation.

Cette semaine, un second article m’a prouvé à quel point d’avais tort !!! Un article qui parle de la « Trêve des nouveautés ».

Ne laissez pas le « T » au début du mot vous induire en erreur, il s’agit bel et bien d’une forme de Grêve du zèle que certains libraires ont mise en place pour passer un message aux distributeurs, représentants et éditeurs. Je dois avouer avoir dû lire un troisième article pour comprendre exactement en quoi ça consistait.

En gros, les libraires étaient encouragés, entre décembre et juin, à ralentir le rythme de leur prise en compte des nouveautés. Voici quelques exemples tirés du document officiel de l’association pour l’écologie du livre.

  • Trêve perlée : (…) s’autoriser à ralentir, ne pas prendre un autre rendez-vous, sauter un office.
  • Trêve tournante : (…) s’unir entre librairies pour sauter certains offices et en garder d’autres, renvoyer un client chez l’un·e ou l’autre volontairement…

Et ma préférée :

  • Trêve par l’absurde : Arrêter les couvertures bleues, les titres trop courts ou trop longs, les  récits  de  soi,  les  auteur·rices  trop  vieux/vieilles,  les  livres  de moins de 273 pages et tout ce qui peut vous aider à dire non à votre représentant·e ou à le faire rire

Ces actions ont une triple raison d’être. Évidemment, elles servent à faire passer le message que la situation ne peut plus durer, en plus de permettre aux libraires de reprendre leur souffle en réduisant le temps passé en rencontres et en gestions de la rotation des livres. Finalement, ils en profitent pour accumuler des données qui pourront éventuellement aider à trouver des pistes de solutions. Par exemple, ils ont constaté que de n’accepter des nouveautés qu’une semaine sur deux n’a pas beaucoup d’incidence sur les secteurs de la littérature étrangère ou jeunesse, alors que l’impact est plus grand en littérature généraliste.

Pourquoi s’intéresser à tout ça alors que ça se passe en France? Parce que notre industrie littéraire québécoise est aux prises avec les mêmes problèmes!  S’ils réussissent à trouver une solution, ne serions-nous pas bien bêtes de ne pas au moins prendre le temps de la considérer?

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