Au Salon du livre de Trois-Rivières samedi dernier, une petite d’environ 6-7 ans m’a posé la question qui tue, celle pour laquelle je suis sans réponse. Je venais de lui décrire mon Encyclopédie du merveilleux urbain, et de lui expliquer qu’il fallait lever les pieds lorsqu’on passe sous un viaduc pour ne pas qu’un Troll nous enlève un orteil, ou encore de lui décrire les amours passagères des fées d’abribus et des chauffeurs d’autobus de ville, je ne sais plus. Elle a levé vers moi des yeux remplis de toute la confiance qu’ont les petits envers les paroles des adultes pour me demander :
« Est-ce que c’est vrai? »
Je ne peux pas lui répondre que non, j’invaliderais ainsi tout mon livre dans lequel j’ai fait exprès de mettre le plus de détails pointus possible pour que le tout soit crédible.
Mais je me trouve incapable de lui dire que oui. Dans un livre, je mets tout ce que je veux, j’invente, je fabule, d’extrapole. En personne, il m’est impossible de mentir de bonne foi.
J’ai balbutié quelque chose, qui ressemble sans doute à cette chanson de Mathieu Boogaerts et Vincent Delerm que j’aime tant. Elle a paru satisfaite, je suis restée troublée.
Où se trouve la ligne entre « faire rêver » et mentir? Entre une complicité de fantaisie et une trahison de confiance?
C’est mon mari qui m’a fourni une réponse à mettre dans ma poche pour la prochaine fois. Il m’a proposé très finement de retourner la question. Se pencher vers l’enfant, le regarder bien dans les yeux, et lui demander : « toi, qu’est-ce que tu en penses? »
Je l’essaie et je vous en reparle!
Par expérience de mère : c’est la meilleure réponse à fournir, du moins pour les enfants de cet âge-là! 🙂
Ça me semble effectivement la bonne réponse pour ne pas se tirer dans le pied, ni mentir.