Une question qui revient souvent en animation scolaire, et à laquelle je réponds toujours sans gêne. La prochaine fois, la réponse aura changé de décennie : j’ai 50 ans aujourd’hui.
Je suis chanceuse, j’ai un des métiers artistiques dans lequel vieillir est le moins problématique. Aucun éditeur ne m’a jamais parlé de mon poids, de mes rides ou de mes cheveux blancs. Pas de culte de la jeunesse, ou d’invisibilité âgiste : personne ne s’attends à ce qu’un auteur soit beau et lisse!
Ma deuxième chance est que je ne suis pas une autrice « hip » ou « actuelle ». J’essaie (je dis bien j’essaie!!!) d’écrire des classiques, des livres sans âge, universels. J’ai choisi le bon genre pour y arriver : il est plus facile d’éviter les références culturelles ou technologiques dans les romans de l’imaginaire que dans les romans miroir.
Par contre, un auteur jeunesse ne doit pas être dépassé, et là, l’âge de mes enfants m’inquiète plus que le mien! À 19, 16 et 13 ans, ils sont désormais plus vieux que la plupart de mes lecteurs et je ne pourrai bientôt plus me fier à eux pour répondre à mes questions de langage ou de références. Au souper, il ne m’est pas rare de prononcer des phrases commençant par : « les enfants, comment appelez-vous…? » ou encore « est-ce que vos amis connaissent…? ».
Je vieillis, et je perds progressivement mon focus-groupe maison.
Heureusement, l’imaginaire n’a pas d’âge, et les émotions des jeunes restent les mêmes, quelle que soit l’époque. Je suis bonne pour d’autres décennies encore.
Mon père rêvait de jouer son âge au golf… si tout va bien, j’aurai publié le même nombre de livres que mon âge d’ici la retraite!
Bonne fête! (Et à chaque année qui passe, je constate à quel point, pour ce qui est vieillir, on fait un métier formidable!)
Excellent commentaire. En effet, il n’y a pas de date limite pour écrire. Le meilleur exemple: Jeannette Bertrand, bientôt centenaire. Et en tant qu’auteure pour la jeunesse, garder son coeur d’enfant est un avantage. Bonne créativité!