Pour être honnête, j’avais prévu intituler ce billet “Comment les auteurs tuent les sites de suggestions de lectures”, mais la plainte me semblait non-constructive. J’ai donc décidé d’y ajouter des pistes de solutions.
La situation est celle-ci: chaque fois qu’un groupe de suggestions de lectures se forme sur Facebook, l’évolution est la même. Au départ, les gens posent des questions et reçoivent des suggestions, et tout le monde est content. Peu à peu, des auteurs se mettent à suggérer leurs propres livres dans les commentaires. Puis apparaît une première publication d’un auteur qui annonce son livre, ce que les autres auteurs prennent comme une permission de faire de même. À force de voir ces autopromos, les lecteurs membres du groupe perdent confiance envers les suggestions proposées et cessent de s’intéresser au groupe. Ça y est, le groupe est mort.
Remarquez, je les comprends, ces auteurs! Si vous saviez comment on se sent parfois démunis devant les faibles ventes de nos livres! On se demande si c’est de notre faute, on cherche ce qu’on pourrait faire de plus… puis on se fait présenter les médias sociaux comme des solutions miracles.
La cohabitation lecteur-auteur n’est pas toujours facile. Je propose donc ces quelques règles.
Pour les auteurs
- Faites ce que vous voulez sur votre page d’auteur, que ce soit sur Facebook, Twitter ou Instagram, elle est là pour ça!
- Lisez les livres de vos collègues, puis suivez la règle de trois: suggérez vos propres livres au maximum une fois sur trois, et de préférence accompagnés de deux autres suggestions.
- Ne suggérez votre livre que si c’est vraiment directement approprié! N’y allez pas d’un “C’est pour plus vieux que ce que vous avez demandé, mais…”’
- Présentez vos nouveautés en publication que si le groupe est fait pour ça! Je pense, par exemple, au groupe “Nouveautés Québécoises” dont c’est le mandat.
Pour les administrateurs de groupes
- Indiquez dans la description du groupe que les publicités ne sont pas permises, et retirez systématiquement celles qui apparaissent. Si vous en acceptez une, il y aura un déluge.
- Créez un espace pour les auteurs. Mathieu Fortin, créateur du groupe “Littérature jeunesse: romans pour préados et ados” sur Facebook, a prévu des albums photos pour que les auteurs y mettent leurs couvertures de livres. C’est un bon compromis.
Discuter de littérature est un grand plaisir, dans la vie comme sur les réseaux sociaux, et les groupes de discussions sont de fantastiques vecteurs de bibliodiversité! Il faut encourager ces conversations, pas les tuer dans l’œuf. Quitte à avoir l’impression qu’on n’en fait pas assez. Comme disait l’autre : let it go.