Pendant plusieurs années, la tendance était au triangle amoureux, qui séparait les lecteurs en équipes (Team Peeta, Team Jacob, etc.). Après trois livres lus qui suivent un schéma amoureux similaire, je remarque une nouvelle tendance… qui marche plus ou moins bien.
Les trois coupables :
Le schéma en question :
Vous prenez d’abord une héroïne maladroite et prône à la catastrophe, mais indépendante et forte de caractère.
Vous inventez ensuite un prétexte (mariage arrangé, stage d’apprentissage ou autre) pour qu’elle soit obligée de côtoyer un homme plus vieux, froid, austère, très pris par son travail, et dont le sentiment envers l’héroïne en question va de l’agacement à la condescendance.
Puis déclarez que des sentiments se développent entre les deux. C’est aussi simple que ça, non? NON!!! Voir prochains paragraphes!
Antécédants et problématique:
Je blâme la grande popularité du film La belle et la bête dans l’enfance des auteurs pour cette nouvelle tendance d’amoureux au caractère rébarbatif auquel l’héroïne s’attache. Mais les auteurs modernes oublient cette scène primordiale du film de Disney :
ILS OUBLIENT DE RENDRE LE PERSONNAGE MASCULIN SYMPATHIQUE, de le faire évoluer, ou du moins, de faire évoluer notre impression du sa personnalité.
Ce n’est pas la première fois que je parle du problème de ne pas justifier une attirance amoureuse. Il ne suffit pas que l’auteur décide de jouer les cupidons pour que la magie opère. Mais cette fois-ci, c’est pire encore, car le problème n’est pas une simple incompréhension devant le sentiment amoureux de l’héroïne, c’est la viabilité de la romance qui est mise en doute! Une fois les trois premiers mois de passion passés, le prétendant redeviendra vraisemblablement froid, austère et centré sur son travail, et adieu le « happily ever after »!
Note de bas de page: Ça n’empêche pas les deux premiers livres d’être excellents, avec des univers originaux et des intrigues bien ficelées, alors ne vous privez pas du plaisir de les lire juste parce que j’aime enculer les mouches! (Je n’ai pas terminé Paper Magic, alors je ne peux me prononcer sur celui-là)
C’est loin d’être une nouvelle tendance : c’était un schéma typique des romans Harlequins, maintenant appliqué à la fiction mainstream.
Non seulement ce n’est pas crédible (rien ne justifie l’attirance), mais en plus, c’est dangereux à long terme pour les lectrices : on leur apprend que même si un homme les ignore, les traite mal et ne se préoccupe pas de leur bien être, si elles l’aime, l’amour peut naître quand même et ce sera à elles de s’adapter pour ne pas trop déranger l’objet de leur passion quand il voudra reprendre ses anciennes attitudes!
Quelles belles bases pour de futures relations saines. Tant qu’à ça, je pense que j’aimais mieux le modèle de la fille qui attendait sagement son prince, au lieu de celle qui court désespérément après le gars qui l’ignore!
@gen: MDR! Je dois avouer ne jamais avoir lu de Harlequin! Mais ça ne m’étonne pas que ça ne soit pas nouveau. J’ai cité la Belle et la Bête, mais My Fair Lady suit certainement le même « pattern »! Et si je ne suis pas allé aussi loin dans mon billet, je pense, comme toi, que c’est plutôt malsain!!!
On pourrait aussi attribuer cela au Jane Eyre de Charlotte Brontë. Jane Austen allait également dans ce sens, il me semble. Bref, c’est vieux comme le monde et, visiblement, ça plaît toujours autant! 😉
@Patrick : Au moins, Jane Austen faisait évoluer ses personnages masculins rébarbatifs. Le meilleur exemple est Darcy, dans Pride and Prejudice. Et à la base, Elisabeth Bennett a elle aussi tout un caractère!
Sinon, c’est décourageant de voir que c’est ENCORE les filles qui font les frais de ce genre d’histoires d’amour.
À quand un héros masculin qui cours après une femme inaccessible? Dites-moi pas que c’est mort avec Roméo et Juliette! :p
Patrick a raison : c’est un très très vieux motif. Mais à l’époque des mariages arrangés, on pouvait le comprendre : la fille s’amourachait de son vieux mari imposé, même s’il était pas très gentil, ce qui, au fond, était aussi bien pour tout le monde et contribuait à l’éducation (et la soumission) des jeunes filles.
De nos jours, c’est plus problématique. Surtout si le vieux malcommode, lui, n’évolue pas du tout. (Contraire à Mr Darcy qui, en effet, évoluait).
Et, Annie, avoir lu quelques romans Harlequins, c’est assez utile à l’auteur de roman je trouve. Parce que y’a pas juste les personnages qui s’y mettent à poil : l’intrigue est pas mal tout nue aussi! lolol! Après deux ou trois, si t’es pas capable de comprendre c’est quoi un « schéma narratif », t’es irrécupérable! :p