Pour une fille de lettres, j’aime les chiffres de manière surprenante! Après avoir prouvé, l’année dernière, qu’il suffirait que chaque famille québécoise achète 3 livres jeunesse québécois par année pour faire vivre tous les membres de l’AEQJ, voici ma preuve qu’il est absolument raisonnable d’écrire quatre romans jeunesse par année!
Une année comprend 52 semaines. Laissons à l’auteur 4 semaines de vacances, et 4 semaines de salon du livre et d’animations scolaires, histoire de faire un peu de promotion et parfois même d’arrondir ses fins de mois! Je suis généreuse, laissons-lui même 2 semaines de congé de maladie! 52 moins 4 moins 4 moins 2. Bilan : 42 semaines de travail. On se croirait en Europe! Évidemment, certains auteurs diront « moi je fais plus de salons », ou « moi je ne suis jamais malade », comprenez que nous sommes au royaume des statistiques, et que la loi des moyennes règne en reine.
Une semaine devrait comprendre environ 40 heures de travail. Certains diront « bou hou hou, écrire c’est plus dur de le faire beaucoup d’heures d’affilé ». J’atténuerai donc mes ardeurs à 30 heures, pour les accommoder. Il va sans dire que l’auteur doit écrire à temps plein, et non en marge d’un autre travail à 40 heures par semaines!
42 semaines à 30 heures par semaines, ça nous fait 1260 heures d’écriture par année.
Décortiquons maintenant le travail d’écriture. On peut retirer tout de suite un 10% de temps pour la planification et la recherche avant d’entamer l’écriture. Reste 1134 heures.
La plupart des auteurs seront d’accord pour dire que la révision prend autant de temps que l’écriture elle-même, on coupe donc le tout en deux. Reste 567 heures.
Gardons ces heures en mémoire pendant que l’on calcule l’autre partie de la preuve, soit l’ampleur de la tâche à accomplir!
Mes manuscrits à moi font 75 pages. Admettons que c’est un peu court, et doublons le tout à 150 pages pour rejoindre un public plus large, soit les 10-14. Pour ceux qui préfèrent compter en mot, on parle de manuscrits de 30 000 mots environ. On multiplie le tout par 4 pour écrire nos quatre romans, pour un total de 600 pages à écrire.
Notre auteur a donc 567 heures pour écrire 600 pages, ce qui fait à peine plus d’une page par heure.
Complètement, absolument, réaliste et raisonnable! CQFD!
Bouhou… Snif! Moi, j’ai arrêté d’espérer quand tu as parlé de l’écriture à temps plein et non pas en marge d’un autre boulot… 😉
Beau calcul, tout de même! J’aimerais bien voir ce que ça donne maintenant pour un travailleur comme moi, qui a des enfants et une maison… 1/2 livre par an? (minimum? allez, je vis d’espoir!) 😀
@Isabelle: il ne faut pas oublier que j’ai parlé de calcul « raisonnable »… et que rien ne nous empêche d’être parfaitement déraisonnable et de contredire les chiffres en réussissant plus! 😉
Comme mes romans adultes font entre 115 000 et 130 000 mots, il est logique de croire que c’est possible de faire 4 jeunesses de 30 000 mots. Mais il faut effectivement écrire à temps plein… 😉
Très intéresant. 🙂 Mais pour moi qui écris des livres adultes de 100 000 mots, ça risque d’être dur… 😉
@Evelyne et @Elizabeth: C’est rare aussi, du côté adulte, qu’un auteur sorte plus d’un livre par année! Autre marché, autres moeurs!
@Annie : Calcul qui me semble parfaitement raisonnable. Pour ma part j’ai écrit les 50 000 mots de Hanaken en 6 mois (recherches incluses) en travaillant à temps plein (et donc en mettant peut-être 15 heures semaine sur l’écriture du roman, un autre 5 à 10 heures par semaine étant destiné à la recherche, roman historique oblige).
Le problème redevient malheureusement celui de la poule ou l’oeuf : il faut écrire à temps plein pour vivre de l’écriture et il faut déjà avoir fait un bon montant avec l’écriture pour oser le faire à temps plein! :p
Et là on parlera pas du fait qu’il faut que l’éditeur soit prêt à suivre le rythme…
@Gen: Faire le saut est en effet pas évident! De mon côté, je vais utiliser mon congé de maternité pour écrire suffisamment, mais avec les délais, je vais devoir refaire une année ou deux de pige avant d’avoir assez de droits pour en vivre. Sinon, pour l’éditeur, c’est pour ça que j’en ai trois!!!