Depuis que je suis tombée sur les jeux Horizon sur PlayStation, je suis fascinée par leur manière de bâtir la trame narrative par petites bribes éparses. On trouve un journal de bord par-ci, un exposé marketing par-là, parfois même un conteur au coin du feu que l’on n’écoute que si on en a envie. À travers tous ces morceaux se dessinent le portrait d’une civilisation perdue et d’une seconde en construction, en plus des aventures plus concrètes d’Aloy, la sauveuse de Méridian.
Et soudain, je tombe sur un livre qui utilise un procédé similaire pour construise son histoire : Sleeping Giant de Sylvain Neuvel (Le sommeil des géants, en traduction).
Ce roman de science-fiction est entièrement raconté à travers des d’entrevus et des extraits de carnets de bords. Au début, la nouveauté séduit. Après deux-trois entrevues, j’ai eu peur de m’en lasser… mais soudain, la magie opère et on se laisse prendre au jeu. Je dis bien « jeu », parce que ce format donne un peu plus de travail au lecteur qu’un récit classique! Il faut faire des liens, parfois lire entre les lignes, souvent remplir nous-mêmes les ellipses. Il faut l’avouer : c’est un jeu d’équilibriste que Neuvel maîtrise parfaitement.
Pour un tel livre, je crois que la complexité est dans le dosage des informations. Là-dessus, le jeu vidéo a un grand avantage : le joueur contrôle une partie de la quantité. Les complétistes liront le moindre document rencontré, alors que ceux qui désirent aller droit au but se contenteront des dialogues de la quête principale. Dans un livre, c’est l’auteur qui décide la quantité d’information, alors que le lecteur est prisonnier des pages.
Côté jeunesse, je me rappelle avoir vu des procédés semblables dans le livre 43, rue du vieux cimetière dont l’histoire est entièrement racontée à travers des correspondances, ainsi que dans Les morts ont marché de Mathieu Fortin, dans lequel le lecteur mène l’enquête lui-même à partir de dossiers.
Chose certaine, pour moi qui aime créer des mondes, c’est un procédé tentant!
La première : il sera édité chez Bayard Canada et sortira à l’automne!
La deuxième : quelques pages paraîtront en prépublication dans le magazine Les Débrouillards!
La troisième : c’est tout!! Je n’ose rien dire de plus puisque j’ignore de quoi ont l’air les politiques de confidentialité et préférences de dévoilement du magazine!
Chose certaine, le projet avance ces temps-ci, puisque j’ai commencé à recevoir des commentaires de direction littéraire ainsi que des illustrations intérieures.
Aussi, il est possible qu’il ne s’appelle pas « Cartes postales » en fin de compte!
Bref, ce billet ne vous en apprend pas tellement plus, mais je suis si excitée de participer au magazine jeunesse le plus important au Québec que j’avais envie de vous l’annoncer!
La prochaine fois, je demande les permissions requises pour vous offrir du concret. En attandant: motus et bouche cousue!
De la beauté, mon deuxième album aux 400 coups est sorti la semaine dernière. C’est mon plus sérieux, mon plus engagé, le premier pour lequel la réflexion ne se cache pas derrière un rideau d’aventure et d’imaginaire.
Tout a commencé lorsqu’une amie a écrit, sur Facebook, que sa fille s’inquiétait de ne pas être belle. Je lisais les réponses sous la publication, et soudainement ça m’a frappé : personne ne disait la bonne chose.
Trois jours plus tard, j’écrivais le texte de De la beauté, dans lequel je liste les réponses que les jeunes filles reçoivent à la question : « est-ce que je suis belle ?», pour terminer sur ce que je considère être la réponse la plus importante.
Magnifiquement illustré par Lavilletlesnuages, c’est un album qui fait réfléchir et qui fait du bien. Il remet les choses en perspective afin de retirer le poid de l’apparence des épaules de ses lecteurs.
À offrir à toutes les filles (et les femmes!) qui se posent la question en se regardant dans la glace.
Comme pour la sortie du deuxième tome, j’étais nerveuse, craignant de décevoir tous les fans de la série. Encore une fois, c’est Sophielit qui m’a rassurée en lui attribuant 5 étoiles sur 5 dès le premier jour! Elle est même la deuxième à me dire que c’est son préféré entre les trois livres!
Le livre papier n’est pas sorti tout seul : Bayard Canada a décidé de faire enregistrer les trois tomes de Chroniques post-apocalyptiques en livre audio!
C’est la première fois qu’une de mes œuvres se retrouve sur ce médium! C’est rigolo : on m’a d’abord envoyé les premières pages lues par deux actrices différentes pour que je donne mon avis, puis les trois tomes ont été lus par la même personne.
Je dois avouer que je n’y connais rien, mais ça me semble du très beau travail! Je serais curieuse d’avoir l’opinion d’un connaisseur! Y a-t-il des amateurs de livres audios dans la salle?
Il y a peu, Sophielit a eu la gentillesse de m’identifier sous une publication Instagram qui parlait de mon roman La Promesse du fleuve. Je suis très peu active sur cette plateforme, mais j’y suis inscrite, ne serait-ce que pour voir les magnifiques montages photos dans lesquels mes livres se retrouvent parfois!
Le texte continue en disant : « Merci à @passion_et_crayon qui m’a convaincue de me procurer ce magnifique roman… ». J’ai décidé de jouer les détectives et de voir ce qu’en avait justement dit cet usager!
Je trouve sa page et descends assez loin pour trouver ceci :
Un peu plus bas, une seconde publication du même compte montre le livre à travers une énorme pile de ses trouvailles littéraires. Dans le texte qui accompagne la photo, je lis que La promesse du fleuve lui a été suggéré par @madame.gabrielle.
Le jeu de piste continue!
Je descends très (très!) loin dans les publications de@madame.gabriellepour finalement trouver ceci :
Le fameux bouche-à-oreille à l’œuvre, de manière on ne peut plus concrète.
Les publications ci-haut s’étalent de décembre 2020 à mars 2022. Le livre, pour sa part, est sorti en septembre 2019. Vous vous en doutez bien, il n’est plus en vedette dans les librairies (et même bien souvent disparu des tablettes, selon la librairie), ce qui ne veut pas dire que sa vie est terminée!
C’est dans ce genre de moment que je réalise tout ce que je dois aux passeurs : les personnes qui lisent mes livres, en parlent et, de par leur enthousiasme, convainquent d’autres lecteurs.rices de les lire à leur tour.
À tous ces passionnés, je veux dire un gros « merci », et à tous les autres, je vous encourage à parler de vos coups de cœur. C’est par vous que nos livres continuent de vivre bien après leur publication.
En avril sortira mon deuxième album aux 400 Coups, soit De la beauté, une sorte d’essais en album qui parle de toutes les réponses que l’on trouve lorsqu’on se demande si on est belle… et de la véritable réponse que l’on devrait plutôt recevoir.
Voici donc la couverture magnifiquement illustrée par « Lavilleetlesnuages »
C’est un thème que j’ai beaucoup rencontré dans les dernières années : celui d’aider ou de récolter les âmes des défunts. Pourtant, il est très peu présent en littérature jeunesse, du moins dans les livres que j’ai lus. Le seul auquel j’ai pu penser est Zoélie L’allumettede Marie Potvin, dans lequel l’héroïne tente d’aider son ami fantôme. Pourtant, c’est un thème riche qui peut facilement être adapté pour les enfants. Tour d’horizon des possibilités.
Aider les morts à trouver le repos Une manière toute gentille d’aborder le thème est de confier au personnage principal la tâche d’apporter le repos aux fantômes. Le jeu Montréalais Spirit Farer, par exemple, présente une jeune fille responsable d’un bateau qui accueille les esprits des morts en attendant qu’elles soient prêtes à passer sous le pont des âmes. Elle leur parle, les nourrit, écoute leurs souvenirs et remplit leurs dernières volontés.
Dans le roman pour Under the Whispering Door, c’est dans un café que les âmes se préparent à passer au repos éternel. Deux personnes s’y partagent le travail : l’un d’eux va chercher les âmes à leur lieu de mort, et le second sert d’oreille attentive et bienveillante pour la préparation psychologique.
Pour Cozy Grove, un second jeu vidéo dit « gentil » (wholesome game en anglais), ou gentil, c’est sur une île que les âmes se retrouvent, sous la forme d’ours fantômes. Au choix du joueur, un louveteau ou une jeannette doit aider les fantômes à faire la paix avec leurs erreurs passées pour obtenir ses badges de « scout à l’écoute ».
Dans tous les cas, on passe peu de temps sur la mort elle-même, puisqu’elle est souvent déjà un fait accompli lors de la rencontre. Les nombreux fantômes permettent de plonger dans les souvenirs avec un certain recul, et d’y trouver rédemption. Le personnage du passeur sert de fil conducteur entre les différentes histoires.
Récolter les âmes
La seconde manière de traiter le thème est probablement plus appropriée pour les enfants d’au moins 10 ans et les adolescents. L’idée est que la tâche du personnage principal soit de ramasser les âmes, et non de leur apporter le repos. Cette fois-ci, l’accent n’est plus sur les souvenirs émouvants, mais bien sur le récolteur lui-même, souvent identifié comme un « faucheur » avec ce que ça implique d’attributs (capuchon noir, faux, parfois même visage de squelette). Ce thème permet une ambiance gothique sans nécessairement tomber dans l’horreur.
Cette fois encore, c’est dans les jeux vidéo qu’on rencontre ce genre d’univers. Par exemple, dans Death’s Door, le personnage principal est un corbeau qui travaille pour le bureau de récolte des âmes. Ses confrères et lui se sont fait offrir l’immortalité en échange de leurs services. Un second jeu vidéo présentant la récolte des morts comme une bureaucratie vient également de sortir, sous le nom « Have a nice Death ». La bande-annonce est magnifique! Du côté des animés vient Soul Eater, sorte de Harry Potter de la mort qui suit plusieurs élèves dans une école pour apprendre à collecter les âmes. Avouez que c’est peu banal! En prime, les armes des apprentis sont elles-mêmes des élèves qui se transforment sur demande en faux, en fusil ou en autres armes. Chaque élève doit récolter 99 âmes normales et une âme de sorcière pour graduer.
Côté manga, Alpi, the soul sender est une petite fille qui a hérité d’un don particulier : la capacité de purifier l’âme de créatures magiques qui autrefois aidaient les habitants, mais qui avec le temps sont devenus néfastes et dangereuses. Les créatures meurent lors du rituel, mais le sujet est traité avec délicatesse et le manga peut être lu sans problème par des enfants de 10 ans et plus.
J’aurais aussi pu mentionner Flipping Death (jeu vidéo) ou Zorn et Dirna (bande dessinée européenne), et sans doute plusieurs autres auxquels je ne pense pas, ou que je n’ai pas rencontrés.
Mon point est que le thème de la mort peut être adapté à tous les publics et tous les médiums, et que la littérature jeunesse semble hésiter à s’en emparer! Les auteurs seraient-ils frileux, ou manqueraient-ils d’imagination? Chose certaine, j’y vois beaucoup d’opportunités!
Moins de trois semaines avant la sortie du troisième tome des Chroniques post-apocalyptiques, prévu en librairie le 23 mars. Je vous avais dévoilé la couverture il y a quelques semaines, j’ai pensé qu’il serait temps de vous permettre de rencontrer le nouveau personnage principal : Hatim.
Voici les deux premières pages de son récit :
Dix septembre Montréal, Parc-Extension
Le soir est tombé, et, avec lui,
toute la fraîcheur dont septembre est capable.
Recroquevillé sur le plancher d’un dépanneur
de la rue Jean-Talon, Hatim a froid.
Il rentre ses bras à l’intérieur de son hoodie et cache ses mains sous ses aisselles pour les
réchauffer, pour ne plus voir leur tremblement.
Il y a deux jours qu’il n’a rien consommé d’enivrant.
Que de la nourriture et de l’eau.
Son corps est en manque, son esprit aussi.
Affronter Montréal en ruine
est plus difficile seul qu’à plusieurs.
Il a laissé une gang derrière lui. Un chef, des amis.
Des gens avec qui il était facile
d’oublier les tracas, les remords, les regrets.
Il est tenté de retourner auprès d’eux.
De s’engourdir les sens à nouveau.
À côté de l’étalage des bonbons,
la silhouette de son frère apparaît.
Yosrie, avec les mêmes cheveux noirs bouclés que lui,
la même fossette dans la joue droite lorsqu’il sourit.
Le garçon est en pyjama et demande :
« Lis-moi une histoire ! »
Comme il le faisait tous les soirs, dans leur vie d’avant.
Les deux garçons se collaient alors l’un contre l’autre
pour partager une aventure, une leçon, une rigolade.
Petit havre de douceur dans la vie de l’adolescent.
Les mains toujours tremblantes,
Hatim s’enfouit le visage dans le capuchon de son hoodie et se raccroche à ce souvenir pour ne pas sombrer,
pour ne plus avoir froid.
Et, surtout, pour ne pas penser
au fait qu’il est seul dans le dépanneur.
Je le dis souvent : le plus difficile, dans le métier d’auteur, c’est la discipline! Des délais à très longs termes, parfois même aucune date de tombée officielle, et personne pour regarder par-dessus notre épaule.
Nous sommes les seuls maîtres de notre productivité… et l’internet n’est pas notre allié!
Depuis le début de l’année, sorte de résolution de Nouvel An, je tente de faire la guerre aux liens chronophages, appelés des « time wasters » en anglais. Vous les connaissez : ces pages qui listent des choses pas tout à fait dignes d’intérêt, mais pas assez ennuyeuses pour regarder ailleurs non plus. Les tweets les plus drôles de la semaine, les photos prises juste au bon moment, les histoires de revanche entre voisins, les astuces ménagères qui changeront votre vie, les réponses les plus audacieuses rencontrées par des professeurs, les secrets cachés dans tel film, etc.!
On clique, dans un moment de faiblesse, en se disant que ça ne prendra qu’une trentaine de secondes et que, de toute manière, on est bloqué sur notre chapitre. On y perd finalement d’interminables minutes sans pour autant régler notre problème de manque d’inspiration. Le pire, c’est qu’il suffit de cliquer sur un seul de ces liens pour que notre fil d’actualité se retrouve inondé de publications semblables.
Il fut un temps où, si mon écriture n’avançait pas à mon goût, je fermais le Wifi pour mettre fin à cette tentation. Avec mon mari qui télétravaille, ce n’est plus une option. Je tente donc simplement de résister au meilleur de mes capacités et de bloquer les liens suggérés pour nettoyer mon fil d’actualité Facebook.
Il y a des jours où ça va… mais quand la fatigue ou le manque d’inspiration embarque, la discipline vacille.
Ma série Pétronille Inc. a des ailes! Alors que le tome 5 a été envoyé à Boum pour les illustrations, voilà que le tome 1 a été sélectionné par les Éditions Kennes pour une publication en Europe!
Le premier Tome sera publié au mois d’août, avec la couverture et les illustrations originales de Boum!
Entre La promesse du fleuve publié directement en France chez Castlemore et mes deux albums aux 400 coups*, qui se distribuent eux-mêmes outremer, ce sera mon 4e livre à traverser l’Atlantique… mais le premier à le faire de la manière la plus traditionnelle.
On croise les doigts pour que l’engouement soit suffisant pour que tous les tomes de la série s’y retrouvent!