Archives de catégorie : Réflexions

Pourquoi je n’irai pas voir le Blues de la Métropole!

J’ai une grande confession à vous faire : je suis une fan de comédies musicales! Au point de posséder des dizaines de trames sonores qui remplissent la colonne « artist » de iTune des mots « Original Broadway Cast ». Et pourtant, je n’irai pas voir « le Blues de la Métropole ». Pour confondre immédiatement ceux qui pourraient croire qu’il s’agit là de snobisme anti-québécois, je vous arrête immédiatement en disant que j’irais avec le plus grand plaisir voir les comédies musicales « Belles sœurs » et « Filles de Caled ». Ah!

La création de comédies musicales à partir des chansons déjà existantes d’un artiste populaire semble être une nouvelle mode dans ce milieu (American Idiot, the musical, bientôt sur Broadway!). Une mode que je décris. J’ai vu la comédie musicale « Belles, belles, belles » basée sur les chansons de Claude François à l’Olympia il y a quelques années, puis plus récemment, la version cinéma de « Mamma Mia », basée sur les chansons de Abba, et qui est possiblement le plus grand responsable de cette mode. Dans les deux cas, l’histoire était insipide, à la limite du supportable, et pour une bonne raison : sa seule fonction était de permettre l’insertion de chansons présélectionnées. L’histoire du « Blues de la métropole » ne sera certainement pas différente : scénario prétexte à chanson de Beau Dommage.

Inventer une histoire à partir d’une play-list, c’est comme d’écrire un Roman avec un chapitre sur deux de déjà écrit. Des personnages intéressants? Des intrigues palpitantes? Des évolutions psychologiques captivantes? PFFFFTTTT!!!  Vous serez chanceux si vous avez une intrigue qui fait du sens.

En comédies musicales, les chansons doivent être au service de l’histoire, et non pas l’inverse.

Et si vous êtes des admirateurs de Beau Dommage? Allez voir un spectacle hommage à la place! De toute façon, je n’ai jamais entendu une version « comédie musicale » qui soit meilleure que la version concert!

La création d’univers, une question de balance.

Depuis que je suis allée voir le Alice de Tim Burton, je me pose beaucoup de questions sur la création d’univers (ou mondes fantastiques) en littérature, et surtout, sur ce qui fait qu’un univers marche, et d’autres non. J’en suis arrivée à trois conclusions. Une des premières règles consiste en la présence de systèmes et de règles, aussi saugrenues soient-elles, et en la constance desdits systèmes et règles. La deuxième consiste à établir un univers qui soit bien à soi, et non une simple fac-simili d’une autre série connue. J’élaborerai certainement ces deux pensées dans d’autres billets. Aujourd’hui, je désire parler de la troisième :

Pour qu’un univers soit attrayant, il doit balancer habilement l’imaginaire et le commun.

Eh oui. On pourrait s’attendre à ce que l’imagination soit roi et que le plus éclaté l’univers, le plus intéressant il sera, mais je crois qu’il s’agit plutôt d’un exercice d’équilibre. Lorsque l’on pense aux univers qui ont traversé les âges, on y retrouve des éléments familiers dont quelques caractéristiques à peine les distinguent de leurs contreparties réelles. Des exemples :

Le magicien d’Oz : un épouvantail qui parle, un robot qui ressent des émotions, des singes volants, une sorcière, des fées, rien d’exagéré!

Alice : Un chat qui disparaît, un lapin habillé, un chapelier fou, on dirait presque que l’auteur à tiré, au hasard, des choses et des qualificatifs dans deux chapeaux différents pour composer ses personnages.

Tolkien : Des nains, des trolls, des elfes, bref des créatures folkloriques connues. Auxquelles sont venues s’ajouter des créations inventées (hobbits, bulrog, etc)

Même dans Harry Potter, parmi les inventions complètes, on retrouve une partie d’animaux légendaires qui nous sont familiers : licornes, dragons, fantômes. Ces ancrages sont rassurants pour le lecteur en plus de permettre une image mentale claire sans devoir recourir à des descriptions à n’en plus finir.

Un exemple d’univers qui va trop loin : Abarat de Clive Barker. Possiblement l’univers le plus original que j’ai rencontré dans mes lectures. Malheureusement, on s’y sent perdu. Non seulement les créatures impossibles se succèdent à une vitesse folle, mais même la géographie y est difficile à suivre. « Une île par heure » semblait une bonne idée en théorie, mais lorsque j’essai de m’en faire une image mentale, je ne réussis qu’à attraper un bon mal de tête.

Aller trop loin déstabilise le lecteur et l’empêche de jouir pleinement des péripéties. Remarquez, je n’ai pas lu « Lovecraft ». Il me ferait peut-être changer d’avis.

La recherche d’éditeur, mon sport extrême préféré.

Cette semaine, j’enverrai le manuscrit d’une nouvelle série jeunesse à des éditeurs qui ne me connaissent pas. Je ne peux m’empêcher de penser que ce ne sera pas aussi excitant que la première fois. Envoyer un premier manuscrit pour publication, c’est comme de sauter d’un avion avec 20 parachutes, dont chacun n’a que 5% de chances de s’ouvrir. C’est excitant et terrifiant, ça entraîne des palpitations à chaque fois que l’on tire sur la ficelle!

Car, voyez-vous, j’adore cet état d’espoir constant! Après la moindre absence de la maison, courte ou prolongée, on revient avec la trépidation de savoir qu’une grande nouvelle nous attend peut-être. Tout moyen de communication : la poste, le courriel, la lumière clignotante du répondeur deviennent sources de bonheur potentiel. Parce qu’un premier appel d’éditeur, c’est une joie comme on n’en rencontre pas si souvent dans sa vie. Le genre d’instant qui change votre vie.

Lorsque je mourrai, si j’ai droit à ce cliché qu’est de « voir ma vie passer devant mes yeux », je revivrai mon premier baiser d’amour, la rencontre de mon mari, la naissance de chacun de mes enfants… et mon premier appel d’éditeur.

Terra Incognita Tomes 4, 5, 10… et 50?

Il m’est arrivé souvent d’en vouloir à certains auteurs de bandes dessinées de continuer les mêmes vieilles séries sans jamais rien offrir de nouveau. Scrameustache N.39, Yoko Tsuno N. 24, pourquoi Gos et Leloup s’entêtent-ils à ne faire carrière que de ces seuls personnages?

Puis, j’ai moi-même commencé une série de roman. Pas une série épique avec une fin prévue telle qu’Amos Daragon ou Harry Potter, quelque chose qui ressemble plus à une série de bandes dessinées ou d’animation télé: des aventures différentes à chaque livre, et un « presque statu quo » retrouvé à chaque dernière page. Le troisième était à peine entamé que j’avais déjà des idées pour les tomes 3 et 4. Récemment, un chapitre complet du tome 10 m’est venu en tête.

Je comprends maintenant les auteurs qui continuent des séries année après année! Une fois que les personnages t’habitent, les aventures viennent toutes seules. Une fois celles-ci en tête, pourquoi ne pas les écrire?

Cher éditeur, valide moi!

Récemment, Maxime DeBleu et Nancy Pilon discutaient sur Twitter de cette crainte, partagée par plusieurs écrivains, qu’un de leur manuscrit n’ait pas la qualité désirée.

Ma participation, en 140 caractères, ressemblait à ça : http://twitter.com/Annie_Bacon/status/9640758883 mais j’ai eu envie d’élaborer un peu.

Voilà : pour le premier manuscrit, le seul fait qu’un éditeur qui n’a jamais entendu parler de toi et qui n’est définitivement pas ton ami décide de le publier est preuve suffisante de la qualité du manuscrit. Ces gens en reçoivent des centaines par année et n’acceptent que très peu de nouveaux auteurs. La validation est complète (et très satisfaisante pour l’égo)!

Or, ce n’est plus le cas du deuxième manuscrit, surtout s’il s’agit d’une série! La question s’insinue : « et si mon éditeur (trice, dans mon cas) avait accepté de publier le Tome 2 uniquement parce que le Tome 1 se vend bien ». Un éditeur mercantile, ça s’est déjà vu! Ce doute est invariablement suivi par l’angoisse : « et si le tome 2 était mauvais! »  Reste quoi? Les critiques? Les chiffres de vente? Ces deux choses ne remplaceront jamais la validation de l’éditeur, Grand Autre par excellence de l’industrie.

Les trois pires règles d’écritures

Aujourd’hui, Mathieu Fortin, du blogue les archives du sanatorium, a partagé sur Twitter un fort intéressant article du Guardian intitulé « The ten rules for writing fiction »  dans lequel plusieurs auteurs connus dévoilent leurs dix règles d’écritures. À partir d’un tel article, je pourrais avoir eu envie de partager les perles (il n’y en a plusieurs), ou encore d’écrire mes propres dix règles. Ces deux choses viendront peut-être… pour l’instant, je préfère vous présenter les quelques règles auxquelles je m’oppose avec véhémence!

Elmore Leonard

Rule #3 : Never use a verb other than « said » to carry dialogue.

En fait, je suis tellement en désaccord, que, dans mes animations scolaires, je fais un segment complet sur l’incapacité du verbe “dire” à exprimer quelque chose d’intéressant! Imaginez la scène : un personnage perd pied au sommet d’une falaise et se rattrape in extremis à une racine.

– À l’aide, dit-il.

Et bien non! Il ne « dit » pas! Il crie, il hurle, il vocifère, il supplie, il s’époumone, il pleure, mais il ne « dit » certainement pas!

Richard Ford

Rule #2 Don’t have children.

Je comprends son point : les enfants prennent un temps fou, temps qui ne peut être utilisé pour écrire! Mais voilà, j’ai personnellement écrit mes deux premiers romans lors de congés de maternité. Sans enfants, je n’aurais possiblement jamais écrit de livre. D’ailleurs, une autre auteure, Helen Dunmore, cite le contraire comme règle numéro 8 : « If you fear that taking care of your children and household will damage your writing, think of JG Ballard.”

PD James

Rule #1: Increase your word power. (…) We who write in English are fortunate to have the richest and most versatile language in the world. Respect it.

Non, mais, qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre! J’aimerais bien savoir combien de langues le PD James en question parle pour pouvoir affirmer une telle énormité! L’anglais, langue la plus efficace? Oui! La plus rependue? Peut-être. Mais la plus riche et versatile! J’en serais bien surprise!

Je joue à l’avocat du diable, mais en fait, l’article au complet est bien inspirant! J’ai possiblement décidé de lister les mauvaises règles parce qu’elles étaient beaucoup moins nombreuses que les meilleures!!! Paresse, quand tu nous tiens!

Je vous invite fortement à aller y faire un tour!

Les visites scolaires dans les salons : culture ou perte de temps?

Après la publication de mon dernier billet, pensés après cette première journée de salon, une grande discussion s’est engagée sur Facebook entre de mes amis auteurs et de mes amis professeurs au sujet de l’interdiction d’acheter des livres au Salon que certaines écoles en visite imposent à leurs élèves. Évidemment, cette décision ne plaît pas aux auteurs qui prennent une journée à leur frais pour faire de la promotion et n’ont pas envie de la passer à poireauter devant des piles de livres invendus.

Les raisons des professeurs sont nombreuses : argent perdu, emphase des inégalités sociales, mauvais choix de livre, enfants pris dans une file pour payer alors que l’autobus s’en va, etc. Je comprends parfaitement les raisons des enseignants : la gestion de l’argent est une chose compliquée à apprendre aux enfants, possiblement une qui devrait être du ressort des parents plutôt que de celui des professeurs.

N’empêche que le résultat est que les enfants ne font qu’errer sans but pendant une heure entre les allés de livres en collectionnant les signets devant des auteurs qui, eux, se disent qu’on ne les y prendra plus. Donc, si cette tendance se maintient, les auteurs bouderont de plus en plus l’événement, du moins durant la semaine, et, avouons-le, tant qu’à amener les élèves dans un salon sans auteurs, les écoles sont aussi bien de les amener au Renaud-Bray!

Mon conseil au Salon du livre jeunesse de Longueuil:

Utilisez plutôt les jours de semaine pour organiser une journée pour les professionnels (conseillers pédagogiques, bibliothécaires, etc.) remplie de conférences et d’animations. Si vous réussissez à en attirer un bon nombre, les éditeurs se battront pour un espace-kiosque.

Mon conseil aux parents :

Allez au Salon du Livre Jeunesse avec vos enfants, donnez-leur 20$ et « lâchez-les lousses »! Le salon est trop petit pour être dangereux, et ce sera pour eux soit une belle occasion d’apprendre, soit une belle occasion de vous surprendre.

Mes conseils aux écoles qui imposent cette interdiction d’achat :

– Si vous désirez que vos élèves aient un contact avec des auteurs, invitez-en plutôt un dans votre classe, que ce soit pour une animation comme la mienne, avec la Caravane de la fête du livre où avec le programme La culture à l’école.

– Si vous désirez leur offrir un moment privilégié entouré de livres, amenez-les à la bibliothèque où ils pourront les ouvrir et s’y plonger.

– Si vous désirez tout de même les amener au Salon, imposez-leur au moins un devoir qui les obligera à regarder les livres, par exemple d’en noter trois qui serviront de suggestions pour la bibliothèque de l’école.

Finalement, il existe aussi une solution qui les englobe toutes : certaines librairies (Boyer sur la Rive-Sud, et BuroPlus à Saint-Jean, entre autres) font des salons privés dans les gymnases des écoles. On jumèle le tout avec une présence d’auteur dans les classes, et les achats s’effectuent avec les parents lorsqu’ils viennent chercher leurs rejetons après 3 h! Tout le monde y gagne!

Pensées en vrac après cette première journée de Salon

Tenir son livre dans ses mains pour la première fois, c’est toujours un bon « feeling »!

Fini la distribution systématique des signets! Je ne renfloue plus ces collections qui termineront toutes éventuellement dans les poubelles! Je ne les donne plus qu’aux personnes qui semblent réellement intéressées.

J’ai beau comprendre les raisons des professeurs, je trouve qu’interdire aux enfants d’acheter des livres lors de leur présence au salon, c’est envoyer le mauvais message à tout le monde!

C’est l’arrivée des « booth babes » dans les Salons du livre! Juste devant notre kiosque, une grande blonde habillée en « SuperGirl » faisait la promotion de livres personnalisés de Marvel.

Les professeurs de primaire masculin existent! J’en ai rencontré trois juste aujourd’hui!

Supplique pour une librairie dans mon quartier!

À chaque fois qu’une nouvelle boutique ferme ses portes dans mon quartier, soit l’est du Plateau, je scande intérieurement : « librairie, librairie, librairie! ». Voyez-vous, en bonne piétonne montréalaise que je suis, mon quartier m’offre tout le nécessaire à l’intérieur de quelques coins de rue. Tout, sauf une librairie qui vend des livres neufs. Pour ça, il faut marcher un bon 25 minutes pour se rendre au Renaud-Bray rue Saint-Denis, un établissement qui ne pourra jamais être qualifié de « librairie de quartier », pour cause de taille « gigantissime ».

L’envie est encore plus grande depuis que je suis auteure! Je rêve de connaître mon « libraire du coin » pour qu’il place mon livre un peu plus en vue que les autres et qu’il me laisse faire une petite séance de dédicace de temps en temps!

J’en appelle donc, par la présente, à la Librairie Monet, dont le blogue fait preuve de la passion et de l’attachement littéraire de ses employés, pour qu’ils viennent s’installer dans le secteur est du plateau, également connu sous le nom antique de « Village de Lorimier ». Pourquoi eux? Parce que tout établissement qui fait une journée spéciale « Claude Ponti » mérite mon respect! Pourquoi l’est du plateau? Parce que c’est un quartier de plus en plus familial, toujours aussi intello, et avec, possiblement, le plus haut taux national d’auteurs par mètre carré!

J’ai même fait un peu de repérage : l’épicerie Métro, Le Bingo Papineau et le Centre Hi-Fi abandonnent tous les trois des locaux suffisamment grands pour les besoins de la cause!

C’est le narrateur qui parle, qu’on se le dise.

Profitant d’une visite à la bibliothèque, j’ai pris quelques secondes pour feuilleter le livre Piquette le chat boiteux d’André Richard, mieux connu pour son personnage de Fanfan Dédé à la télévision. À ma grande surprise, le moindre paragraphe est chapeauté d’un nom de personnage, un peu comme un scénario de film ou de théâtre. La pratique n’est pas complètement surprenante dans un roman jeunesse, mais même les phrases du narrateur y sont annoncées comme telles.

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NARRATEUR: Suspendisse consequat blandit risus id fringilla. Duis nec metus purus, sit amet viverra eros. Praesent non purus nec elit feugiat tempor vel eu eros. Proin sit amet nisl massa, nec convallis mauris.

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J’adore quand le narrateur, de par sa personnalité, devient un personnage. Le meilleur exemple étant possiblement le fameux Lemony Snicket de la série des Orphelins Beaudelaires. Mais pourquoi transformer ses commentaires en dialogue? Par défaut, si aucun personnage ne parle, c’est qu’il s’agit du narrateur, non?