Archives de catégorie : Réflexions

À la recherche de motivation… pour un personnage.

L’histoire du Tome 4, comme déjà mentionné, est celle à ce jour qui m’a causé le plus de problèmes. Jamais je n’avais dû réfléchir autant pour attacher les différentes péripéties de manière cohérente. On pourrait penser que c’est parce que je ne l’ai pas laissé macéré assez longtemps dans mon cerveau avant de tenter de la coucher sur papier. Le problème, c’est que, une fois qu’on a décidé que l’écriture serait plus qu’un passe-temps, le temps de macération devient un luxe qu’on ne peut pas toujours se permettre!

Donc, mon histoire s’est enfin solidifiée en un tout à la fois logique et intéressant, et la seule pièce du puzzle qui reste à trouver est un problème de motivation. Moi? Motivée comme jamais! Le problème c’est Bernard, un de mes personnages. Il n’est pas du genre altruiste, voyez-vous, et j’ai besoins qu’il accepte d’aider un vieil ermite désireux de ré-intégré sa tribu. Comment le faire coopérer?

Par « amour de son prochain »? Déjà écarté, pas son genre.

Ses amis en danger? Ce serait pas mal… d’autant plus qu’ils le sont! Mais malheureusement, il n’a aucun moyen de le savoir au moment où il doit prendre sa décision.

Parce qu’on le lui ordonne? C’est celui qui a le plus de difficulté avec l’autorité. Il n’obéit que si ça l’arrange, on revient au point de départ.

Appât du gain? Hum… rien de monétaire… mais pour un caprice, peut-être…

Pas facile de devoir composer avec le caractère de chacun! Je retourne à mes réflexions!

Trop bien écrire pour les enfants?


pris sur openclipartLorsqu’on propose des textes à des éditeurs, on s’habitue rapidement au refus. Il en vient de toutes sortes : des génériques, des gentils, des constructifs, des verts, et des pas murs. Parfois, on en retire quelques conseils important qui viennent améliorer notre écriture. Hors, pour la deuxième fois de ma jeune carrière, je me suis vue refusée un manuscrit par une maison d’édition avec, comme raison à la clé, un niveau de langage trop élevé. « C’est trop bien écrit » m’avait dit « verbatim » le premier des deux éditeurs à m’avoir fait un commentaire dans cette direction.

Je comprends que, pour les premiers lecteurs (6-7 ans), il est important de faire des phrases simples et d’utiliser des mots qu’ils connaissent. Après tout, ils n’en sont qu’à leurs premières armes en lecture et en compréhension de texte. Mais voilà, le premier texte était un roman pour les 9-11, âge suffisant pour comprendre un mot nouveau lorsque placé en contexte, voire même suffisant pour ouvrir un dictionnaire au besoin (ou pour « googler » le mot, soyons modernes!). Le plus récent est un conte de Noël pour les 4-6 ans, donc destiné à être lu à haute voix par un adulte qui pourra servir de filtre, de guide et de dictionnaire au besoin. Dans les deux cas, une directrice littéraire a défendu mon manuscrit bec et ongles, mais la décision finale revient toujours à l’éditeur.

On m’a dit que Dany Laferrière décriait récemment cette tendance à sur-simplifier le langage dans la littérature jeunesse dans un article du Châtelaine que j’ai été incapable de retrouver. Loin de moi l’idée de décrier quoi que ce soit, mais n’empêche que, lorsqu’on me dit que j’écris trop bien, je reste perplexe…

Le premier texte a été accepté il y a trois ans par les Éditions du Phoenix et est devenu « Les Naufragés de Chélon », livre qui se porte très bien, merci! L’éditrice, Liliane Lord a même plutôt tendance à m’avertir si le niveau de langue ose baisser d’un iota, ce qui est tout à son honneur! Le deuxième se cherchera un éditeur dans les prochaines semaines, dès que mes contrats me laissent le temps de préparer de grandes enveloppes oranges. Avec un peu de chance, il tombera entre les bonnes mains!

Guide théorique de structures narratives non linéaires

La semaine dernière, je suis allée parler d’écriture interactive à des étudiants du niveau collégial. C’est la deuxième fois que je fais ce genre de conférence. La première fois à des étudiants en littérature, et cette fois-ci à des étudiants en jeux vidéo! Convergence, quand tu nous tiens!

Ma présentation comprend les différents schémas narratifs les plus souvent vus en jeux vidéo. Je les partage ici avec vous.

Même chose que dans un livre, un film ou tout média non-interactif, donc pas du tout non-séquentiel.

Si ce genre d’embranchements est assez populaire en fiction interactive, en jeux vidéo on considère habituellement que dédouble le nombre d’heures de travail sans augmenter le nombre d’heures de jeu pour les usagers. Rarement utilisé.

Évidemment, le problème avec une histoire complètement non séquentielle, c’est qu’il est presque impossible de raconter une véritable histoire, puisqu’on n’a aucun contrôle sur l’ordre des informations reçues, et que certaines pièces du puzzle peuvent même n’être jamais trouvées. Ce type de narration est plus efficace pour créer une simple ambiance. En exemple : Animal Crossing.

Beaucoup plus utilisé! Une histoire toute linéaire, avec certains morceaux non essentiels, mais permettant d’approfondir l’histoire ou ses personnages afin de créer une illusion de non-linéarité.

Maintenant passé de mode, mais a été très populaire il y a une dizaine d’années. Il était bien vu de pouvoir mettre au dos de la pochette « plusieurs fins » sur la pochette! Le choix de la fin dépendait du niveau de complétion du jeu par l’usager, ou de quelques choix disséminés à travers l’aventure. Exemples: Abe’s Odyssey et Medievil

Assez utilisé dans les jeux dont les niveaux comportent plusieurs « missions ». Sly Cooper, ou Grand Theft Auto (du moins les premiers) par exemple. Les morceaux d’histoires sont compris dans les missions, et un joueur doit avoir complété certaines missions critiques (donc, être mis au courant de certains morceaux de l’histoire), avant de continuer plus loin. Peut facilement être combiné avec les « side quests ».

Et finalement, les différents points de vue, technique commencée par Resident Evil 2, mais rendue riche et intéressante par Fable et Knights of the Old Republic. En gros, les gens progressent tous dans les mêmes lieux, rencontrent les mêmes personnages, et dénouent les mêmes intrigues, mais de différentes manières selon leurs choix au cours de l’aventure. Selon vos choix précédents, certains personnages réagiront différemment avec vous, ce qui entrainera des dialogues alternatifs. C’est une méthode efficace, puisqu’en jeux vidéos, les coûts d’ajouts d’éléments vont dans cet ordre décroissant : lieux, personnages, dialogues parlés, texte.

Des livres suivant ce schéma bientôt disponibles sur un Ipad près de chez vous!

Un « happy place » pour écrire.

Tiré de la couverture de "The Writer's Desk"Je n’ai pas vraiment réussi à trouver de traduction pour « Happy Place », cet endroit apaisant où notre esprit se réfugie parfois pour s’apaiser.  Depuis longtemps, le mien était une chambre un peu vieillotte et sentant le garde-robe de cèdre chez mes grands-parents. Puis, un jour, en fermant les yeux, l’endroit avait changé. La pièce m’était inconnue, mais surtout, elle comprenait un portable pour écrire.

Depuis, je m’amuse à peaufiner en pensée cet espace de travail utopique.

Il faudrait qu’il soit séparé de la maison par quelques mètres, idéalement m’obliger a traverser un ruisseau ou toute autre démarcation psychologique pouvant être utilisée comme frontière entre le « monde du travail » et le « monde de la maison ».

La chaise serait haute et capitonnée; assez large pour m’y asseoir en indien et assez haute pour que les bras reposent sur le clavier sans tensions.

Sur les murs, je mettrais mes objets d’imaginaire culturel : ma celluloïd de Myazaki, ma planche d’imprimerie de la bande dessinée Isabelle, la carte exclusive de Guy Gavriel Kay, et le dessin encré du premier personnage que j’ai créé juste pour moi plutôt que pour une entreprise, soit une petite sorcière détective, et que j’ai toujours gardé précieusement entre deux cartons.

Côté nourriture, il y aurait une machine à café filtre, et une grosse machine de bureau qui permet de faire moitié café, moitié chocolat en une seule pression de bouton. Également, une distributrice de cochonneries avec un prix prohibitif, juste pour que j’y réfléchisse à deux fois avant de m’empiffrer!

Un piano, pour prendre des pauses, mais aussi au cas où je me mette à la composition de chanson, voire la composition de comédies musicales (ceux qui me connaissent savent que ça ne peut que me tenter comme idée).

Mon ordinateur principal n’aurait que Word et Antidote. Internet et ses nombreuses distractions seraient installés sur un deuxième ordinateur, placé assez loin pour m’obliger à me lever pour m’y rendre. Aucun des deux n’aurait « Spider solitaire ».

Pour l’emplacement et la vue, si Aldebert rêve d’un « triplex à Montmartre avec vue sur la mer », pourquoi ne pourrais-je pas avoir un pigeonnier sur le plateau avec vue sur une forêt? Non? Vue sur les toits alors… préférablement ceux de la ville de Porto.

Et vous? Quel est votre espace de travail rêvé?

Le point de vue du marmiton

Clipart du domaine public, pris sur www.pdclipart.comJe viens tout juste de terminer le dernier Guy Gavriel Kay, Under Heaven, grâce à un marathon de lecture rendu possible par la présence de grands-parents. Une merveille, comme tout ce qu’il écrit, ou presque. Je suis une fan.

Mon grand coup de foudre avec cet auteur tien à un chapitre présent dans la série « Sarantine Mosaic », une saga de Fantasy inspirée de la culture byzantine dans laquelle un artiste de mosaïque se retrouve au cœur des intrigues de la cour.  Bien qu’il ait un narrateur omniscient à la troisième personne, Guy Gavriel Kay aime bien changer le point de vue à partir duquel un chapitre est écrit. Et avec ce point de vue, l’importance de certains aspects de l’histoire varie. Celui qui m’a passionnée tournait autour d’un marmiton de seconde classe, tout jeune sous-chef dans un restaurant fréquenté par la haute.

Tout au long du chapitre, les diverses lignes de récit avancent alors que les aristocrates présents discutent en mangeant.  Stratégie militaire, coup d’État, amourettes aristocratiques, tout y passe au fil des conversations des différents convives. Après tout, le chapitre serait inutile s’il ne servait l’histoire du roman! Mais le point d’orgue de ces cinq pages, en son centre autant qu’en conclusion, est la chose la plus importante pour le personnage en focus, donc notre marmiton. Cette chose? Une des princesses a aimé la soupe qu’il a lui-même assaisonnée. Peu importe les tracas nationaux, c’est ce simple compliment qui fait sa journée.

Et cette journée-là, ce simple chapitre avait fait la mienne!

Dans la lignée de la poursuite contre Tintin au Congo… avez-vous relu la Schtroumpfette récemment?

Moi, si. J’ai relu la schtroumpfette. Si je l’avais fait par petite crise de nostalgie, seule avec mes souvenirs, j’aurais ri un bon coup avec beaucoup de satisfaction envers toute l’eau sous les ponts qui est passée depuis sa parution. Malheureusement, je l’ai lu avec un petit bout de femme de 4 ans sur les genoux. Et si ça ne m’a pas donné envie de bruler ma brassière, ça m’a tout de même révolté assez pour cacher ledit album dans le haut de ma bibliothèque, à un endroit bien inaccessible. Publié en 1967?  Il y a des choses qui ne vieillissent pas bien!

Que la schtroumpfette ne puisse pas aller au chantier du pont de la rivière schtroumpf (je cite : « Non, non, la place d’une schtroumpfette n’est pas sur un chantier! C’est trop dangereux et… ») passe encore. J’aurais toujours pu m’en sortir avec une explication sur le changement de mœurs, comme je lui ai déjà expliqué que, s’ils vivaient à notre époque, Jack Monoloy et Marilouche vivraient leur amour en toute quiétude. Le problème est plus profond.

Ça commence avec la formule magique utilisée par Gargamel pour créer la schtroumpfette. En voici la case, mais pour plus de lisibilité, j’ai transcrit le tout juste en dessous.

Tiré de "la schtroumpfette". Copyrights Société IMPS

Un brin de coquetterie
Une solide couche de parti pris
Trois larmes de crocodiles
Une cervelle de linotte
De la poudre de langue de vipère
Un carat de rouerie
Une poignée de colère
Un doigt de tissus de mensonge, cousu de fil blanc, bien sûr
Un boisseau de gourmandise
Un quarteron de mauvaise foi
Un dé d’inconscience
Un trait d’orgueil
Une pinte d’envie
Un zeste de sensiblerie
Une part de sottise et une part de ruse
Beaucoup d’esprit volatil et beaucoup d’obstination
Une chandelle brûlée par les deux bouts

Le tout, non pas pour créer une chipie ou même un monstre maléfique! La formule s’intitule « comment faire une statuette en la dotant d’une nature féminine ». Une nature féminine : cervelle de linotte requise! Joli!

Ce n’est que de l’humour? Continuons!

La schtroumpfette arrive donc chez les schtroumpfs et emmerde tout le monde. À un point tel que les schtroumpfs décident de lui jouer un mauvais tour : lui faire croire qu’elle a grossit!

« Je suis trop grosse! Et je suis laide! Mes cheveux sont dans un état lamentable! J’ai un teint horrible, aucune toilette ne me va! Je veux mouriiir! » se plaint donc notre héroïne.

Le grand schtroumpf, en véritable héros, vient lui sauver la vie en la dotant… de cheveux blonds et de talons hauts. À ses propres mots : « de la chirurgie esthétischtroumpf ».

Et voilà! C’est magique! Elle est toujours aussi capricieuse, manipulatrice et emmerdante qu’avant, mais maintenant qu’elle est jolie, tout le monde trouve ça absolument charmant! N’est-ce pas merveilleux!

Bref, certains albums, comme Tintin au congo et la Schtroumpfette, peuvent bien continuer d’être lus par des adultes à la recherche de la pureté de l’époque, mais serait possiblement mieux d’être tenus dans le haut des bibliothèques…  section adulte. Et pour les enfants qui désireraient en savoir plus sur le personnage? Il paraît que le dernier album des schtroumpfs (T28 : La grande Schtroumpfette) écrit par le fils de Peyo, explore justement le féminisme! Soyons de notre temps!

C’est pour ça que je t’ai-ai-me

Suite du billet de mercredi

Donc, qu’est-ce qui qualifie, selon moi, une bonne justification de sentiment amoureux. En fait, la personne aimée doit venir combler un besoin conscient ou inconscient chez l’autre. Des classiques?

La coincée attirée par une bohème,

La personne hyper organisée attirée par un spontané

Le taciturne attiré par une volubile.

Et vice versa, évidemment.

Listé comme ça, on pourrait y aller du vieil adage que « les contraires s’attirent », mais encore faut-il que la personne ait envie, ou besoin de ce contraire à leur personnalité. Par exemple, un coincé pourrait être absolument exacerbé par le bohème sans que cette frustration ne se transforme en sentiment amoureux. Pour que transformation il y ait, il faut que le besoin y soit. Donc, on peut dire que la justification est une scène qui montre le besoin en question.

Mon exemple préféré ces temps-ci est la série télévisée Chuck, dans laquelle une super espionne fort séduisante (intelligente, douée, jolie, métier glamour, etc) tombe amoureuse d’un geek absolument ordinaire. Leur idylle serait difficile à avaler si ce n’était d’une simple scène superbe :

Ils se promènent dans la ville tous les deux. Le geek fait la conversation et lui demande son groupe de musique préféré. Elle avoue, un peu gênée, ne pas en avoir, que sa vie ne lui en a jamais laissé le loisir.

Toute la scène démontre à quel point l’espionne a un grand vide dans sa vie : l’envie d’une vie normale. Genre de vie qu’elle a l’impression de vivre à chaque fois qu’elle passe du temps avec le geek. À partir de là, on comprend l’attraction; on embarque.

Cupidon a le dos large!

Cupidon par StudioFibonacci, via OpenClipArtTrêve d’anecdotes, de salon, de tournées et d’animations, revenons aux choses sérieuses! Il y a un sujet qui me turlupine depuis un bout de temps, soit la justification de certains sentiments amoureux, ou plus précisément l’absence d’une telle justification en fiction.

Je m’explique.

Dans la vraie vie, on peut se permettre de nager dans une naïveté fleur bleue et croire que « l’amour a ses raisons, que la raison ignore encore » (lieu commun!!).  Donc, Marie peut tomber amoureuse de Jean quelle que soit la personnalité, les valeurs,  les intérêts, le statut social et l’attrait physique de celui-ci.

Lorsqu’on invente une histoire, la crédibilité d’une histoire d’amour va justement souvent dépendre de ces critères. Plus ces caractéristiques sont semblables chez les deux amoureux, plus le lecteur ou spectateur sera prêt à y croire. Dès qu’il y a une différence notable entre les deux personnages à n’importe quel des niveaux mentionnés plus haut, l’histoire doit, et je dis bien doit, comporter au moins une scène qui explique l’attrait entre les deux, mais surtout l’attrait de celui des deux qui pourrait être trouvé « manquant ». Que le laid aime la belle, on embarque. L’inverse? Justification requise!

Les exemples qui me font crier au scandale?

Snow Crash (livre) : L’assassin Raven et l’adolescente Y.T. Lui est presque l’équivalent d’un super héros : impassible, fort, beau, toujours en parfait contrôle. On peut donc facilement imaginer qu’il exerce une force d’attraction sur l’adolescente. Elle? Ordinaire, possiblement une belle personnalité, mais les deux n’échangent que 3 mots, et encore. Que Raven la baise? Sans problèmes. Qu’il l’aime? Je ne le vois pas!

Knocked up (film) : Lui : paresseux, sans ambition, avec une hygiène douteuse, et des amis pires que lui. Elle? Carriériste ultra conservatrice complètement révoltée devant le mode de vie de son co-parent. Ils ont fait un enfant ensemble? So what!!! Demandez aux divorcés si cette activité cimente un couple!

Brassens chantait : «  il y a des jours où Cupidon s’en fout », et bien moi je dis plutôt qu’il y a des jours ou cet angelot armé a le dos large!

Toujours pas convaincu? Vous avez vu Ratatouille? Est-ce qu’il y a une seule personne qui peut me dire pourquoi Colette, la fière et vaillante cuisinière, tomberait amoureuse de Linguini, balayeur qui ne fait rien d’autre que de bafouiller, tomber, gaffer, et surtout, qui ne fait même pas bien la cuisine (chose importante aux yeux de Colette). Il a un cœur d’or, me direz-vous? Alors, montrez-moi une scène dans laquelle il prouve cette qualité devant Colette!

Un exemple dans le réel maintenant? Sarkozy et Carla Bruni! Est-ce que vous y croiriez  aussi facilement s’il était simple manœuvre dans une usine de petits pois? Ils ont une grande différence au niveau de la beauté, mais sa présidence (intelligence, pouvoir, argent) sert de justification.

Point de vue cynique, me direz-vous? Retenez bien que je ne parle pas d’amour véritable, mais bien d’amour fictif qui doit sembler crédible aux yeux des lecteurs et spectateurs. Sans crédibilité, leur attraction aura tout du « Deus Ex Machina », ce qui est impardonnable!

Prochain billet : des exemples de scènes justificatives qui marchent bien! À suivre vendredi.

Ce que devrait être une fiction Twitter

Dès que Twitter a commencé à gagner en popularité, des auteurs ont eu envie de l’utiliser comme plate-forme de publication. Les « Roman Twitter » y ont pris deux formes : soit des histoires de 140 caractères chacune, ou des fictions plus longues publiées à coup de 140 caractères.

Des exemples du premier, tous les deux publiés par @TwitterFiction

« TIMES UP! » was the last thing I read on the L.E.D screen. Gone were the green, blue and red wires. Gone were my stylish pink wire cutters.

Another jump and she lands in the year 3050, wastelands. Not nuclear, but global warming. Prediction correct. She swallows the cyanide.

Un exemple du deuxième, tiré du « twiller » de Matt Ritchel sous l’alias @mrichtel

Le premier est un divertissement adéquat, possiblement plus proche de la poésie que de la fiction. C’est comme si une nouvelle forme de haïku était née, avec pour seule règle est le nombre de caractères.

La deuxième sorte, soit le roman, me déçoit toujours. Étant moi-même, de par mes deux métiers, assise au point de convergence entre narration et technologie, je ne peux m’empêcher de trouver que de couper un roman normal en tranche de 140 caractères, c’est « manquer le bateau ». Un peu comme si on filmait une pièce de théâtre en continu avec une seule caméra fixe et qu’on appelait ça du cinéma. Déjà, prendre le nombre de caractères en considération améliore un peu l’expérience. À preuve, le roman Twitter small places . Mais là encore, on n’utiliser qu’une partie bien infime de la plate-forme.

L’été dernier, je suivais un archéologue, @amdouat dont les gazouillis ressemblaient, à mon avis, déjà plus à ce qu’une fiction Twitter devrait être :

Était-ce de la fiction? Je n’en ai jamais eu la confirmation officielle! Mais elle s’est espacée sur tout un été, a laissé de grands trous que le lecteur comblait par lui-même, et surtout, ne figurait aucune narration pour faire décrocher le lecteur de son immersion Twitter.

Un autre exemple? Les frasques de Stéphane E. Roy qui a fait semblant, via Twitter, d’être perdu en forêt, étaient, en fait,  une très bonne fiction Twitter. Évidemment, un avertissement aux lecteurs du fait qu’il s’agissait d’une fiction aurait été apprécié de tous!

À la lumière de ces exemples existants, à quoi devrait ressembler, selon moi, une fiction Twitter? Voici le fruit de mes réflexions :

Écriture : doit respecter la règle du 140 caractères à tout pris.

Écoulement du temps : la fiction doit être écrite en temps réel. Une minute de temps passé dans la fiction = une minute de temps passé dans la vraie vie. On ne dit pas « une heure plus tard », on attend une heure avant de faire le prochain gazouillis.

Personnages : chaque personnage doit avoir son propre compte twitter La fiction peut ainsi demander à ses lecteurs de suivre plusieurs comptes Twitter différents.

Dialogues : Si les personnages se parlent entre eux, ils doivent le faire en s’interpellent à l’aide du @ et les conversations pouvoir être suivies à rebours par la fonction « in reply to ».

Narrateur : La présence d’un narrateur omniscient est délicate sur Twitter; moins immersive, mais pas impossible. Si l’auteur choisit de mettre un narrateur omniscient, celui-ci doit posséder son propre compte Twitter, différent de ceux des personnages. Personnellement, j’aurai tendance à ne pas en mettre, mais à ajouter de la narration si jamais la fiction Twitter est portée sur format papier par la suite.

Conversation : La possibilité de conversation avec le lecteur est intéressante. C’est la version moderne (et adulte) de guignol demandant aux enfants de l’avertir lorsque le gendarme est dans les parages. Chose certaine, si un lecteur interpelle un personnage par son @, celui-ci devrait répondre, tout en restant fidèle au personnage.

On peut même imaginer une fiction Twitter avec différentes personnes pour interpréter le rôle des personnages, et un auteur qui joue les « maître de jeux ». Twitter théâtre plutôt que Twitter roman? Pourquoi pas!

Pour ou contre le verbe « dire »?

Il y a quelques semaines, je me prononçais contre une règle d’écriture dictée par Elmore Leonard , soir : « never use a word other than « said » to carry dialogue. Ou, si vous préférez, « n’utilisez jamais un mot autre que « dire » pour porter le dialogue ».

Il fallait déjà un certain culot pour s’opposer aux conseils d’un auteur connu, du haut de mes deux romans publiés. Et voilà que, depuis, deux autres personnes (Mathieu Fortin et Mireille) se sont portées à la défense de ce verbe proscrit. Plus direct et invisible de par son omniprésence, ce mot laisserait toute la place au dialogue sans distraire le lecteur.

Ébranlée dans mes convictions, j’ai tenté de trouver un peu de documentation. Google n’offre que des activités pédagogiques pour aider les élèves à remplacer le verbe « dire », ou encore des listes de synonymes pour choisir un mot plus précis. Rien sur le débat lui-même.

Je ne peux m’empêcher de penser qu’il s’agit d’une notion que j’ai ratée, n’ayant pas fait d’études littéraires. Du genre, littérature moderne 101 : vérités et mensonges sur les choix de verbe. Une classe animée par un jeune chargé de cours dynamique.

Dénuée de sources technologiques ou pédagogiques, je choisis la « bibliothèque des cigales » si chère au cœur de Daudet, et m’allonge pour réfléchir. Ma conclusion : que c’est une question de style et que, je dois me l’avouer à moi-même, le mien n’est ni direct, ni moderne. En fait, il est à la limite du fleuri! Ça va! N’ai je pas prouvé mes allégeances linguistiques en vous citant l’auteur des lettres de mon moulin quelques phrases plus haut?

Je persiste et signe : pas de verbe « dire » pour moi!