Archives de catégorie : Réflexions

Trois livres : à la fois peu… et pas trop mal!

Ce n’est que plusieurs heures après avoir appris que mon dernier livre était arrivé sous sa forme physique chez mon éditrice que la chose m’a frappée : j’ai trois livres publiés*. Un seul, c’est un caprice de parcours. Deux, c’est le titre officiel d’auteur selon l’UNEQ. Trois…? Je ne sais pas, mais il y a certainement une dose de sérieux, un certain poids, à ce chiffre. Trois livres ne peuvent être le fruit d’une simple erreur de parcours.

Lorsque j’ai publié le premier, je me disais « j’en fais trois, puis on verra! ». Écrire un livre avait été un tournant non prémédité. S’il y a longtemps que j’aimais raconter des histoires, le médium m’importait peu, et le livre était un de ceux auxquels j’avais le moins pensé. Ce n’est qu’au beau milieu de l’écriture du deuxième tome que j’ai réalisé que je désirais ardemment continuer. Longtemps. Souvent.

J’ai une grande tendance à regarder toujours vers l’avant, souvent même un peu trop loin. Mais aujourd’hui, j’ai décidé de m’arrêter quelques minutes pour plutôt contempler le chemin parcouru.

Ça va. C’est fait. Maintenant, se concentrer à doubler ce chiffre avant 2012!

* Bien que j’ai également trois albums illustrés chez Mille-pattes, ceux-ci ne sont pas « officiels » puisque l’éditeur n’est pas accrédité.

Je ne doute que lorsque je n’écris pas.

Il y a quelques semaines, Gen écrivait, sur son blogue, un billet sur « Notre ami le doute » et sur comment celui-ci nous pousse à travailler plus fort. Dans la même semaine, Marie-Julie Gagnon m’avait posé une question sur le même sujet, par laquelle j’avais répondu par la presque négative : je doute très peu. En fait, c’est faux. Je doute beaucoup… mais jamais lorsque j’écris.

Lorsque je compose mon histoire, je repère les péripéties faibles et les « trous » de scénarios sans problèmes.  Si j’aligne les mots, je reconnais les phrases qui sonnent juste et retravaille les autres. Lors de la première lecture, c’est avec conviction que je fusionne deux paragraphes et avec certitude que j’enlève et rajoute quelques phrases, que je change un paragraphe complet, que je remplace certains mots. Même les corrections demandées pas l’éditrice ou une de ses correctrices se fait dans une assurance complète. Je sais lorsqu’elles ont raison et améliore le manuscrit en conséquence; je sais lorsqu’elles ont tort et justifie mes choix en commentaires.  Quand arrive la fin de ma session d’écriture, je ferme le couvercle de mon laptop avec la satisfaction merveilleuse du travail bien fait.

Le problème, c’est lorsque je n’écris pas.

S’il y a trop longtemps que je n’ai pas ouvert Word pour autre chose que pour des  contrats de conception en jeux vidéos, le doute cogne, entre, s’installe, et fait comme chez lui. Il se repait de l’immobilisme de ma carrière d’auteure. J’ai besoins d’avancer pour garder ma confiance,  celle envers mes capacités d’écrivain, mais surtout celle envers mes chances de réussite. Je peux y arriver… mais seulement si j’y travaille.

Tout ça pour dire que je n’ai pratiquement pas écris de l’été, que j’attend d’innombrables réponses d’éditeurs, que cette attente mine ma confiance étrangement plus que des réponses négatives, et que le tout me donne des envie de positions fœtales.

Un petit chapitre et tout ira mieux.

Où il est question de la modernisation du club des 5 et de l’évolution de Spirou

La maison d’édition en possession des droits sur le Club des cinq de Enid Blyton a décidé de moderniser certains termes dans ces livres pour les rendre plus accessibles à la nouvelle génération. Par exemple, l’expression « School tunic » sera remplacée par le mot « uniform ». Le tout serait en réponse à une étude qui aurait démontré que le langage vieillot empêchait les enfants d’aujourd’hui d’apprécier ces œuvres.

Surprenamment, ma réaction à cette nouvelle n’est pas un outrage que l’on touche aux mots d’Enid Blyton, de laquelle je suis une assez grande admiratrice pour lui avoir dédicacé le tome 3 de Terra Incognita! Au contraire, je me pose une question sur la pertinence de vouloir faire découvrir le tout aux jeunes d’aujourd’hui. Si les cinq membres du fameux club ont accompagné mon enfance, je ne me fais aucune illusion sur leur valeur. Il ne s’agit pas là de grands classiques de la littérature jeunesse! On est loin d’Alice au pays des merveilles ou de Tom Sawyer!  Je n’ai aucune envie de faire revivre ces histoires à ma propre progéniture, alors que j’attends avec grande hâte le moment où ma fille sera assez grande pour la faire plonger dans les chroniques de Narnia!

En fait, tant qu’à moderniser, ils devraient prendre exemple sur ce qu’ont fait les éditions Dupuis avec Les aventures de Spirou. Plutôt que de « repeinturer » ces bandes dessinées pour leur donner un vernis plus moderne, ils ont confié les personnages à de nouveaux auteurs qui continuent l’ouvre et la garde actuelle. Les enfants qui découvrent Spirou avec les nouveaux albums vont ensuite d’eux-mêmes découvrir les grands classiques de Franquin, sans qu’on soit obligé d’y changer une virgule. Et pour pousser l’enveloppe encore plus loin, Dupuis ont créer une deuxième ligne plus artistique par laquelle ils confient les personnages à des auteurs de grand talent et leur donne entière liberté sur leur utilisation. Des œuvres plus personnelles, dont certains sont de petits chefs-d’œuvre!

Comment ce modèle s’appliquerait-il au Club des cinq? Il faudrait confier la série à un nouvel auteur jeunesse qui lancerait, à son tour, les quatre enfants et leur chien à l’aventure dans un youyou pour explorer une grotte utilisée par des contrebandiers! Et « on the side », un album pour collectionneurs nostalgiques présenterait ce même groupe tel que vu par plusieurs auteurs actuel. Le Club des 5 vu par Ian McEwan et Yann Martel? J’achète!

Ma librairie de rêve

Le bingo papineau transformé en librairie!

Après un cinglant billet sur la nécessité pour les librairies de se réinventer, Dominique Bellavance a invité tous les blogueurs à jouer le jeu d’écrire une fiction dans laquelle on entre dans ce qui constituerait pour nous une librairie idéale.

Mon rêve à moi est laconique, et se lit comme suit :

Je sors de chez moi, je marche quelques coin de rue, j’entre dans une librairie.

La seule chose dont je rêve : une librairie de quartier! À un point tel qu’un des premiers billets que j’ai écrits sur mon blogue était une supplique envoyée à la librairie Monet pour qu’ils s’y installent. Pourtant, je n’habite ni la Côte-Nord, ni une autre région éloignée! J’habite l’est du plateau, un coin de Montréal de plus en plus riche, cultivé, et familial. Terreau parfait pour la vente de livres! Il s’y trouve bien quelques bouquinistes de livres usagés, mais le magasin offrant des livres neuf le plus près est le Renaud-Bray sur Saint-Denis, tout de même situé à 20 minutes de marche de chez moi. Pour un quartier contenant 50% de piétons, c’est loin! Ma librairie idéale est simplement une librairie locale.

Je profite donc de ce billet-concours pour « taper sur le clou » une seconde fois et exhorter toute librairie indépendante de venir s’installer à l’est de Berri! J’ai même une suggestion d’endroit pour vous : l’ancien Bingo sur Papineau! « C’est-y pas parfait? » Énorme, cachet, entouré de salles de spectacles (La Licorne juste à côté, et le La Tulipe juste en face), et en ligne direct avec le pont! Allez! Dites oui!!!!

Avant qu’on ne m’accuse de manquer d’imagination et de n’utiliser le concours de Dominique que pour servir mes propres intérêts de consommatrice en manque de bouquins, voici tout de même, pour me faire pardonner, je termine sur une liste de caractéristiques qui me feraient efficacement rêver :

  • – Une section jeunesse un peu magique avec « heure du conte » pour les 2-3 ans à 10h la semaine, et pour les 4 et plus à 16h (juste après l’école)
  • – De nombreux clubs de lectures classés par âge et par genre littéraire
  • – Un service de livraison à bicyclette lorsqu’on a commandé un livre qui n’était pas en stock et que celui-ci est arrivé.
  • – Un service de courriels qui nous permet de recevoir une notification de nouvelles publications sur nos auteurs préférés.
  • – De l’espace pour des animations d’auteurs et pour des séances de signatures en magasin
  • – Une sélection de livres en anglais
  • – Un espace de travail « bienvenu aux auteurs » avec wi-fi inclus et aucune obligation de consommer! (Avec des barreaux et une pancarte « ne jetez pas de nourriture »!!)

Réponse à Littérature 2.0

Suite à la lecture d’un article publié sur le blogue de la librairie Monet, soit La Littérature 2.0, je leur ai laissé un long commentaire, que j’ai cru bon de partager ici avec vous sur mon blogue. Je vous encourage à lire l’article, sommes tout très intéressant, et à lire ma participation ci-dessous.

Si je ne m’abuse, “the french revolution” n’était qu’un roman normal coupé pour rentrer dans le médium qu’est Twitter, un peu comme les permiers films à la télé n’était que du théâtre filmé d’une traite avec une seule caméra. Pas très adapté. (pour mon opinion de ce que devrait être une fiction Twitter, voir le billet suivant sur mon blogue: https://www.romanjeunesse.com/2010/04/26/ce-que-devrait-etre-une-fiction-twitter/)

Par contre les médias sociaux de manière plus large sont déjà de belles plate-formes pour découvrir de nouveaux projets intéressants. On pense, entre autre, aux blogues transformés en format Papier, tel le livre de Mère Indigne et des (z)imparfaites. Pour Twitter, le compte de @shitmydadsays a non seulement été transformé en livre (http://shitmydadsays.com/book) mais deviendra également un “sitcom” à la télé américaine. Je suis donc tout à fait d’Accord lorsque vous dites que “le portable ou le clavier n’en constitueraient que de nouveaux avatars à travers lesquels des œuvres brillantes pourront forcément surgir un jour ou l’autre”.

Par contre, si le 2.0 carbure à la consomation rapide, il carbure également à la consomation fréquente. Bien loin de sombrer dans l’oubli, les auteurs finissent plutôt par faire parti du quotidien de leurs lecteurs, un lien possiblement plus fort que celui généré par le livre.

Comment améliorer le Magicien d’Oz… et rater l’opportunité de le rendre parfait!

MAgicien dOz par la roulotte

Vendredi dernier, je suis allée voir une représentation en plein air du Magicien d’Oz fait par le théâtre de la roulotte. À ma grande surprise, ils en avaient changé la trame narrative, et à mon encore plus grande surprise, j’ai adoré ces changements. Pourtant, une toute petite phrase vers la fin est venue tout gâcher.

Ce qui marchait

La motivation émotive de Dorothé dans le Magicien d’Oz est simplement de retourner chez elle. Si c’est parfaitement adéquat, ce n’est pas nécessairement un besoin sur lequel nous avons une forte réaction émotive. Le théâtre de la roulotte a donc choisi d’utiliser le fait qu’elle habite chez sa tante et son oncle pour y ajouter « retrouver ses parents morts dans un cyclone l’année d’avant» comme motivation supplémentaire. Elle crie des « vous n’êtes pas ma vraie famille » à ses parents adoptifs et s’enfuie volontairement vers le nouveau cyclone qui s’approche.  Évidemment, tout au long de l’histoire, je n’ai pu m’empêcher de tenter de prédire la nouvelle fin pensant, entre autres, que le magicien lui-même s’avérera être son père ou encore qu’elle retrouvera ses parents et restera à OZ.

Les scénaristes ont réussi à me surprendre avec une fin encore meilleure : Dorothé réalise qu’il lui faudra de l’intelligence, du courage et du cœur (eh oui, les trois qualités recherchées par ses compagnons de voyage) pour accepter le fait que ses parents ne reviendront jamais, et qu’elle est chanceuse d’avoir un oncle et une tante qui l’aiment et qui sont prêts à l’accepter au sein de leur famille. Elle revient donc chez elle pour se jeter dans leurs bras. J’en ai essuyé une larme!

Ce qui est venu tout gâcher

Dans le film classique avec Judy Garland, l’utilisation des mêmes acteurs pour personnifier les gens de la « vraie vie » et ceux d’Oz instaure l’idée que l’aventure de Dorothée n’était en fait qu’un rêve. Pourtant, je suis presque certaine (ma lecture des œuvres de L. Frank Baum remonte à loin!) que, dans sa version littéraire, le monde d’Oz existe vraiment! Le théâtre de la roulotte ont décidé de suivre dans la voie du film : Dorothée se serait assommée avec une boîte aux lettres et aurait rêvé le reste. Je DÉTESTE que l’on nie l’existence d’un monde imaginaire de la sorte! C’est un peu comme dire : la dernière heure que vous venez de passer avec nous compte en fait pour très peu! Il faut assumer les mondes que l’on crée et les aventures qui s’y passent. Sinon, au moins laisser planer un doute suffisant pour que le spectateur puisse décider par lui-même de ce qui fait partie ou non de la réalité. Ceux qui ont vu « Pan’s Labyrinth » et un film récent que je ne nommerai pas (par crainte de causer des « spoilers ») comprendront ce que je veux dire.

Mes enfants, ces héros

Candy et sa meilleure amie: AnnieUne des (nombreuses) choses que les élèves me demandent régulièrement lors des animations scolaires, c’est si je planifie raconter un jour les aventures de mes enfants en romans. Romy à la plage, Ludo fait du ski, très peu pour moi.

Ce n’est pas que je ne trouve pas mes enfants inspirants! J’ai simplement peur de leur imposer une vision idéalisée d’eux-mêmes en couchant leur identité sur papier. On s’identifie très facilement aux personnages qui portent notre nom. D’ailleurs, le site de l’AEQJ offre une base de données de personnages principaux, afin de permettre aux parents de trouver des œuvres qui comprennent le nom de leur enfant, espérant ainsi créer un « moment magique » qui fera d’eux des lecteurs pour la vie. Mais c’est lourd d’avoir un personnage qui porte le même nom que soi. Ça impose une personnalité, un modèle possiblement loin de notre caractère réel. À quel point ai-je moi-même été influencée, enfant, par la comédie musicale qui porte mon nom, ou encore par la meilleure amie de Candy (voir photo)? La réponse n’est pas nette, mais mérite suffisamment réflexion pour que je n’embarque pas ma propre progéniture dans ce jeu.

Avec une telle opinion, il pourrait sembler paradoxal que j’écrive des histoires personnalisées, puisque je me retrouve alors en possession de « Romy et l’œuf de dragon » et autres histoires destinées spécialement pour ma fille. Ces histoires sont écrites spécifiquement pour que le héros puisse être « n’importe qui ». Selon le principe graphique que plus le personnage est simple, plus l’identification est universelle, il ne s’agit que de pantins, tout au plus des silhouettes de personnages.  L’enfant peut ainsi se transposer lui-même, tel qu’il est, dans l’histoire sans se faire imposer ni qualités ni défauts.

La révolution de l’auto-publication, non-merci pour moi!

Réflexions suite au merveilleux article « The democratization of slush » que j’ai découvert grâce à la non moins merveilleuse Geneviève Lefebvre

picture by gfoots on flickrLe texte mentionné plus haut parle des répercussions des  nouvelles possibilités d’auto-publications sur les lecteurs. J’allais écrire un billet sur mon propre point de vue de lecteur, lorsque l’envie d’en parler plutôt en tant qu’auteur m’est venue. Dans le texte, il est dit que cette révolution sera « gloriously liberating for authors. » Pourtant, à chaque fois qu’on me parle d’une possibilité d’auto-publication, j’ai plutôt envie de me mettre en position fœtale. Je n’ai pas du tout l’impression d’être une « grande auteure incomprise des maisons d’édition ». Au contraire, lorsqu’un de mes manuscrits se voit refusé par tous, j’ai tendance à le relire avec recul afin de tenter de l’améliorer. Autant j’admire le courage de ceux qui choisissent la route de l’auto-publication, autant je n’ai pas envie de l’emprunter… pour toutes sortes de raisons.

  • L’éditeur comme gardien de la qualité
    Ma confiance envers la qualité de mes textes dépend des jours. Le tout oscille entre « ça devrait gagner des prix » et « c’est juste bon pour la poubelle » selon le jour, l’endroit, et l’heure. Lorsqu’un de mes livres arrive sur le marché, sa sortie s’accompagne toujours d’une petite angoisse d’imposteur. Mais à chaque fois, je peux me calmer grâce à cette certitude que, si c’était une merde, l’éditeur ne l’aurait pas choisi pour publication.
  • L’éditeur comme améliorateur de manuscrit
    Chacun de mes livres, à date, à grandement bénéficié de l’œil critique de mon éditrice. Amélioration de style, de choix de mots, de syntaxe, c’est un peu, à chaque fois, comme si je n’arrivais qu’à parcourir 80% du marathon, et qu’elle me prenait sur son dos pour compléter le tout. Sans compter l’embauche d’une correctrice, sans laquelle mes livres seraient loin du sans-faute!
  • L’éditeur, pour s’occuper de tout ce qui m’embête
    Tout ce que j’ai envie de faire, c’est d’écrire, toute seule à mon portable. Qui dit auto-publication, dit autopromotion, et donc, auto-emmerdement! Je fais, évidemment, ma part de promotion en tant qu’auteure, entre autres lors des salons du livre et des animations d’écoles. Mais pour chacune de ces occasions, je n’ai qu’à me pointer à l’heure dite et à jaser avec les lecteurs, tâche, après tout, plutôt agréable! C’est l’éditrice qui contacte tout ce beau monde, réserve et monte le kiosque dans le salon, convainc les librairies de nous proposer dans les écoles, etc. De plus, je ne suis pas obligée d’envoyer des communiqués de presse aux journaux, de payer un graphiste pour la maquette, de courir après l’illustratrice en retard, etc, etc… et j’en suis fort aise!

Vous noterez que je n’ai rien mentionné en rapport à la distribution, qui reste un des gros morceaux du travail de la maison d’édition. Je l’ai fait exprès, pour bien indiquer que mon opinion sur l’utilité des éditeurs et éditrices ne s’éteindra pas avec la venue de la distribution électronique!

Bref, faites le travail vous-mêmes si le cœur vous en dit; autoéditez-vous tant que vous le voudrez! Pour ma part, je ne suis que trop heureuse de laisser quelqu’un d’autre s’en charger à ma place!

Question stupide à poser à un auteur

prise sur "between the lines"Un jour, alors qu’il lisait un roman entre deux manches lors d’une partie des Red Sox, Stephen King s’est fait demander par un journaliste, très fier de sa question : « Est-ce que vous lisez un de vos livres? ». La question semble singulière, mais quelques mois plus tard, je me la suis également fait poser par une professeure alors que je lisais entre deux animations scolaires. Grosse révélation : les auteurs lisent rarement leurs propres livres! Non seulement on sait comment ça finit, mais en plus, on doit le lire tellement de fois avant publication, qu’on est, pour la plupart, PUS CAPABLE d’en lire la moindre ligne sans un haut le coeur!!

C’est d’ailleurs actuellement mon cas pour Terra Incognita : le fantôme du caporal poltron. J’ai du en relire le manuscrit trois fois en autant de fins de semaine dans les dernier mois, histoire qu’il soit à mon goût avant de partir chez l’imprimeur, et je suis absolument, complètement taaaaaaaanée, signe qu’il est prêt pour publication!

Alors si vous me voyez un livre à la main, toutes les chances sont pour que ce soit du fantastique anglophone, du moderne « hip » comme Coopland ou Cory Doctorow, ou un roman jeunesse québécois ramassé par curiosité (je viens, par exemple, de mettre la main sur un des « intimes » de Sylvie Catherine de Vailly!). Mes livres à moi? Dans la bibliothèque, rangés pour toujours.

Lève son chapeau aux auteurs du soir, du diner et du dimanche

Même si une trop longue absence d’écriture affecte parfois mon humeur, je n’ai jamais souscrit à ce mythe selon lequel certaines personnes ont « besoins » d’écrire. Écrire est un choix, mais plus encore, une discipline! Surtout pour les nombreux, très nombreux auteurs qui le font en marge d’un travail à temps plein.

Je n’en ai personnellement jamais eu besoins, puisque mon métier de pigiste prend de lui-même des pauses de temps en temps, mais je devrai possiblement m’y mettre cet été, si je veux remettre le prochain Terra Incognita à temps malgré les contrats qui rentrent. Je ne suis pas certaine de m’en sentir la force!

Je veux donc simplement aujourd’hui rendre hommage à ces écrivains de fin de semaine! À tous ceux utilisent leur précieuse heure de lunch pour écrire une ou deux pages plutôt que de jaser avec les collègues. Aux parents qui rallument leur portable une fois les enfants couchés! Aux lève-tôt qui écrivent aux aurores pendant que le reste de la maison dort. Bref, à tous ceux qui ont le courage d’écarter la procrastination et de travailler cette deuxième carrière pendant leurs temps de loisir!

C’est tellement plus facile d’allumer la télé! Ne minimisez pas votre réussite, et fêtez bien fort chaque manuscrit terminé! Si je complète le mien à temps, je fêterai avec vous!