Archives de catégorie : Réflexions

Faute avouée…

Dans Anathem (Neal Stephenson), que je viens tout juste de terminer, il y a un moment où l’action devient invraisemblable. Les personnages principaux sont envoyés pour une mission, et le lecteur ne peut s’empêcher de penser qu’il devait y avoir, sur la planète, des centaines de personnes mieux qualifiées pour cette mission. Évidemment, pour les besoins de l’histoire, les personnages principaux devaient s’y coller. Que fait un auteur chevronné devant un tel problème? Est-ce qu’il ferme les yeux en espérant que les lecteurs ne se rendront compte de rien? C’est risqué! Mieux vaut avouer sa faiblesse discrètement.

C’est certainement ce qu’à fait Stephenson. Ainsi, le héros demande à un de ses contacts pourquoi diables ils ont été envoyés alors que d’autres auraient certainement mieux fait l’affaire. L’autre explique le choix, mais sa justification importe peu. À sa manière, l’auteur nous a déjà avoué : « je sais, c’est pas tout à fait naturel. »

Il m’est arrivé la même chose dans le tome trois de Terra Incognita. Cette fois-ci, c’était une répétition. Un personnage se retrouvait en prison pour la deuxième fois en deux romans. Lorsque je m’en suis rendu compte, il était trop tard pour changer la scène. J’ai donc plutôt ajouté la chose suivante :

Aldebert, qui vient à peine de terminer une longue peine dans une prison pirate, s’étend sur la paillasse comme un habitué.

— J’ai un vague sentiment de déjà vu ! s’exclame-t-il en fermant les yeux.

La phrase est un aveu: « Je sais, c’est répétitif, je m’en suis rendu compte et je m’en excuse. » Évidemment, ça ne change rien à la faute, mais au moins les lecteurs sauront que nous sommes assez intelligents pour avoir remarqué le problème, et qu’on ne les prend pas pour des imbéciles, puisque nous n’avons pas essayé de « leur en passer une » en douce. Après tout, ne dit-on pas que faute avouée, à moitié pardonnée?

Où l’auteure se réchauffe à l’idée de la nouvelle orthographe

Au Salon du livre de Montréal, la plupart des auteurs en signature se sont vu remettre un petit guide simplifié de la nouvelle orthographe. Retenant un réflexe de l’envoyer avec dédain vers le plus proche bac de recyclage avec un « Pfffh! Écrire ognon sans I, faut-tu être cave », je l’ai glissé dans mon sac. Un test pour vérifier si on n’utilise pas déjà la nouvelle orthographe avait attiré mon esprit. « Ça pourrait faire un bon billet », pensais-je, certaine que le billet en question serait incisif et rempli de dérision.

Mais entre les deux, j’ai lu ledit livre, et j’ai réfléchi.

Première conclusion : il ne s’agit pas d’un nivèlement par le bas

L’intention derrière la nouvelle orthographe n’est pas de simplifier la langue pour des étudiants paresseux. Ce n’est pas une écriture phonétique, et non, le pluriel de cheval n’y est pas « chevals » comme le croient certaines rumeurs.

Il s’agit plutôt de standardisation :

Ex : On écrit « éléphanteau », « baleineau » et « lionceau »,  mais « levraut ». POURQUOI? Allez, fait comme tout le monde, petit lièvre. Ce sera dorénavant « levreau ».

D’une francisation des termes étrangers passés dans notre vocabulaire :

Ex : « révolver » plutôt que « revolver », « des raviolis », avec un S, parce qu’aucun francophone n’a jamais dit : « un raviolo ».

Et d’une simple question de bon sens :

Ex : puisque c’est le « U » dont on désire indiquer la prononciation dans le mot « ambiguë », pourquoi diable le tréma serait-il sur le « E »? Allez, hop! « ambigüe »!

Deuxième conclusion : la disparition de quelques accents circonflexes n’appauvrira ni la beauté de nos textes, ni la profondeur de nos esprits

Je connais l’importance du Verbe. Après tout, c’est le langage qui structure la pensée. Par contre, c’est le langage dans sa structure, sa syntaxe et l’ampleur de son vocabulaire qui en forme la richesse. À l’écrit, le langage ne sert pas à la réflexion de l’auteur, mais bien au transfert de cette même réflexion. En tant qu’outil de communication, il a avantage à être simple, complet et efficace. Dans ce cas, à condition que les règles de grammaire continuent d’aider à la compréhension du sens, la fonction est remplie.

Troisième conclusion : l’évolution est une bonne chose

Est-ce simplement une peur du changement qui nous fait cracher sur la nouvelle orthographe à la moindre apparition d’un mot dont l’amalgame de lettres n’est pas en accord avec nos habitudes? Est-ce que « nénufar », c’est vraiment si choquant? Surtout lorsque l’on sait que le mot vient du perse « nînûfar »? En tenant mordicus à l’orthographe classique, nous sonnerons éventuellement comme nos parents qui vont encore acheter leur vin « à la commission des liqueurs » (où à la « régie » selon l’âge de vos parents). Pour refuser que la langue écrite change, il faudrait être capable de clamer qu’elle est parfaite. Comme ce n’est certainement pas le cas, j’ai décidé de voir le changement comme de l’amélioration plutôt que du sabotage. Vive le progrès!

En conclusion, ce billet n’est pas un manifeste de fanatique! Malgré mes nombreux exemples positifs, certaines règles me laissent encore bien perplexe. Je n’ai pas changé les options de mon Antidote, et mon prochain roman ne suivra pas les règles de la nouvelle orthographe (de toute manière, mon éditrice est contre!). J’ai simplement une nouvelle ouverture d’esprit face à cette évolution.

Ma première épreuve « Lurelu », passée haut la main!

Tout d’abord un peu de perspective, pour ceux qui ne connaissent pas « Lurelu ». Il s’agit d’un magazine traitant de la littérature jeunesse au Québec. Il est distribué à tous les membres de communication-jeunesse, et à plusieurs abonnés, notamment des libraires, des bibliothécaires, des enseignants, des auteurs, et toutes autres personnes intéressées par la littérature jeunesse.

Contextuellement, ce qui rend la revue importante, c’est surtout qu’on y trouve des critiques de presque tous les romans jeunesses publiés (je dis bien presque, puisque mes deux premiers romans semblent être tombé entre deux craques), ce qui est une tâche colossale. Ajoutez à cela le peu de visibilité de cette littérature dans les médias traditionnel (un gros « Bravo » à Pause-Lecture qui prend la relève côté nouveaux médias), et la critique de Lurelu devient souvent la seule critique qu’un auteur recevra sur son roman. Cette unicité rend la pilule plus difficile à avaler lors de mauvaise critique. Tout art est une question de goût, et ce n’est que dans la multitude des opinions qu’une véritable valeur générale est accordée. Tout utilisateur de Metacritic.com vous le dira.  J’en profite pour remarquer que les livres constituent le seul divertissement absent de ce site… la littérature jeunesse québécoise n’est peut-être pas la seule à souffrir d’absence de couverture! Mais je m’égare…

Bref, un des critiques de Lurelu a couvert « Le Fantôme du caporal poltron » et je suis ravie du résultat! En voici la retranscription :

« Dans ce troisième tome de la série, les jeunes naufragés se retrouvent séparés en deux groupes sur les rives opposées d’une ile à la suite d’une tempête. Un côté est hanté par les fantômes d’un camp militaire condamnés à revivre une humiliante défaite subie autrefois à cause de la négligence de leur caporal poltron. De l’autre côté vivent les vainqueurs. Le peuple y prend les moindres décisions à la place du roi; en somme, la démocratie poussée à l’extrême, ce qui provoquera d’amusants imbroglios. Les deux groupes d’amis parviendront-ils à se rejoindre tout en aidant les habitants à reprendre le contrôle de l’ile?  Comme dans les romans précédents, aventures et voyages font ici bon ménage.

Le récit, divertissant et riche en rebondissements, propose une structure non linéaire : plusieurs chapitres alternent entre les deux lieux où évoluent les personnages, ce qui constitue une piste intéressante à exploiter en classe. Les personnages témoignent de belles valeurs telles l’amour fraternel, le respect de l’autre et le dévouement envers autrui. Le vocabulaire, précis et évocateur, plonge le lecteur dans des scènes exaltantes. En revanche, les termes « militaires » et « maritimes » auraient mérité plus amples explications. Quelques illustrations en noir et blanc complètent le texte en soulignant la jeunesse des héros. À noter : le site de l’auteure (www.romanjeunesse.com) propose des fiches pédagogiques. »

N’est-ce pas merveilleux! Un gros merci à Sébastien Vincent pour une si belle critique. Il a même mis l’adresse ce mon site web! Je n’aurais pas pu demander mieux!  Avec de tels éloges, je leur pardonne complètement à Lurelu d’avoir, dans leur article sur les bandes-annonces, rebaptisé mon premier roman « les naufragés de Chélo »!

Le bateau que manqueront les éditeurs

Je suis allée, la semaine dernière au Bookcamp, une « inconférence »  tournant autour du sujet du livre numérique. Plusieurs y étaient pour discuter de format et de distribution. J’y suis montée sur la scène pour discuter de contenu. Le power point en est disponible sur SlideShare.

Certains ont cru que ma présentation sur les capacités offertes par le numérique signifiait que tous les livres numériques pour enfants devaient se transformer pour y inclure de l’interactivité. Mon but était plutôt d’ouvrir les yeux aux différents intervenants sur la possibilité de créer une nouvelle sorte de produit interactif basé sur une narration forte, mais augmentée d’animations, de son, et de petits défis. Après tout, n’avons-nous pas tous tripé lors de l’apparition de la vidéo d’Alice aux pays des merveilles sur le iPad?

Mon constat : les éditeurs vont rater le bateau. Ils réussissent à peine à suivre le rythme dans la conversion de leurs livres en format numérique. L’augmentation de ces mêmes œuvres n’a pas encore pénétré leur esprit, et la création d’œuvres exclusives encore moins, du moins, dans le secteur jeunesse. Mais comme l’espace existe et que l’univers déteste le vide, celui-ci sera comblé, probablement par les producteurs multimédias.

Je n’ai rien contre les producteurs multimédias, au contraire, ce sont bien souvent mes clients en game design! Par contre, si ce sont eux qui mènent la charge pour ces livres numériques interactifs, il faut s’attendre à voir s’installes une structure dans laquelle les auteurs (ainsi que les droits d’auteurs) seront absents. Contrairement au monde de l’édition, dans lequel l’auteur propose un projet et en garde une certaine propriété, le monde du multimédia fonctionne par commande. Les idées viennent soit des dirigeants de l’entreprise, soit d’un client prêt à payer pour la production, et les textes sont rédigés par des concepteurs, rarement par des auteurs. Je le sais, j’écrivais de tels textes bien avant que l’idée d’écrire un roman ne me vienne!

Une fois cette structure installée et cet espace pris, il faudra des années avant de voir apparaître un modèle centré autour du créateur plutôt qu’autour du producteur.

Alors si certains d’entre vous rêvez de votre propre Alice, j’espère que vous vous sentez l’âme d’un entrepreneur, parce que, pour l’instant, partir votre propre boîte de production sera votre seule option pour les cinq, voire dix, prochaines années!

Ajout de dernière minute: je vous invite  lire, sur le même sujet, le billet de Dominic Bellavance,  nous nous rejoignons sur plusieurs points.

Il y a des ventes qui comptent plus…

J’ai déjà parlé, dans ce blogue, de la vente dans les salons, et bien que je me laisse facilement prendre au jeu, je ne suis pas dupe : la plupart n’ont absolument rien à voir avec mes capacités en tant qu’auteur! Tout ce que ces ventes me disent, c’est que j’ai réussi à partager verbalement mon enthousiasme, et que l’illustration de Sarah est alléchante à souhait. La satisfaction vient du fait qu’on a un nouveau lecteur, sans plus.

Mais depuis que Terra Incognita est une « série » en bonne et due forme, je découvre le plaisir de la scène suivante : un enfant se rue sur la table, indique fièrement avoir lu le premier, puis écarquille les yeux en réalisant que deux autres titres l’attendent. S’il décide de prendre le deuxième (ou le troisième, ou les deux), vous venez de réaliser une vente ô combien plus valorisante, puisqu’elle est une conséquence directe de l’appréciation de ce lecteur de votre travail. Il a aimé le premier, il en veut plus, n’est-ce pas merveilleux!

Je m’en souhaite tout plein au salon cette semaine!

La tendance « les filles d’un côté, les garçons de l’autre »

Lors d’un salon cette semaine, j’étais installée juste à côté d’un présentoir « fille ». Sur ses rayons : Le Dico des filles, L’encyclopédie des filles et l’ABC des filles, tous de maisons d’éditions différentes, se cotoyaient. En fouillant un peu, j’ai également trouvé « La BD des filles », « le Manuel des filles » et même « la BD des filles »!

De l’autre côté du chromosome, le phénomène ne semble pas encore avoir atteint notre coin de pays, puisque je n’ai trouvé que « 211 idées pour devenir un garçon génial », traduit de l’anglais. Chez les Américains, par contre, la tendance va bon train, le grand succès de la série « Dangerous Books for Boys »  ayant inspiré de nombreux imitateurs!

Le tout a sans doute une grande signification sociologique : l’acceptation de la différence entre les deux sexes après des années à penser qu’il suffirait d’acheter des poupées aux garçons et des camions aux filles pour que ces différentes s’effacent? Un grand manque de modèles pour apprendre aux garçons et aux filles ces choses importantes qui ne s’enseignent pas à l’école (mettre du poli à ongle d’un côté, faire un lance-pierre de l’autre)?

Qui sait! Personnellement, je voulais simplement souligner la tendance!

Je ne me considère pas « chanceuse » d’être auteure

Hier, Jonathan Reynolds publiait un billet passionné sur sa vision du métier d’auteur. La phrase suivante m’est restée en travers de a gorge : « N’oubliez jamais que ce n’est pas un droit d’être auteur, c’est une chance! ».

Est-ce qu’un plombier, un médecin ou un architecte se considère chanceux d’exercer leur métier? Tous les auteurs que je connais, et particulièrement ceux qui en vivent, y sont arrivé à l’aide d’une discipline de fer et de beaucoup, beaucoup de travail! Leurs succès, ils les ont mérités! Heureux de pratiquer le métier qu’ils aiment? Absolument! Mais la chance n’a rien à y voir.

L’édition n’est pas une loterie! L’éditeur ne nous « fait pas une faveur » en publiant notre livre! Il le choisit pour sa qualité, résultat direct des capacités de l’auteur et de l’effort fournis pour utiliser ces capacités à leur maximum.

Rendons-lui tout de même son due : la chance est une excellente accélératrice de carrière et amplificatrice de succès! Les bonnes personnes rencontrées, le bon thème traité au bon moment, certaines coïncidences peuvent propulser un auteur vers les hautes sphères des palmarès plus rapidement qu’il ne l’aurait fait de par lui-même. Mais le moindrement que son talent était soutenu par une saine ardeur au travail, il aurait fini par arriver tout de même à exercer ce métier.

Lorsque l’on caresse la première copie de son livre, il ne faut donc pas se considérer chanceux, mais bien savourer la juste récompense d’années d’efforts et de sacrifices.

Geronimo Stilton : le chaînon manquant?

Je lisais, hier, un article du journal Le Monde, intitulé « Comment enrayer la chute de la lecture des enfants ? » Deux énoncés ont retenus mon attention. Le premier, une chute importante de lecteurs à l’âge où ils doivent graduer de l’album illustré au roman. Le deuxième, le questionnement de l’auteur sur une possible nécessité de rendre les livres plus ludiques. Je n’ai pu m’empêcher de penser à Geronimo Stilton.

Pour ceux qui ne connaissent pas cette série au succès phénoménal, Geronimo Stilton est une série italienne qui compte déjà plus d’une cinquantaine de livres et qui suit les aventures d’une grosse souris. Aucun auteur autre que la grosse souris elle-même n’est jamais mentionnée sur les œuvres, à un point tel que c’est le personnage en peluche qui fait les dédicaces dans les salons du livre, ce qui porte (fortement) à croire qu’elle appartient à l’Éditeur italien, qui passe des commandes à différents écrivains. La série existe sous deux formats : des petits romans courts et de grosses briques dans lesquelles l’aventure comprend de nombreux jeux et activités (du genre, trouvez la clé dans l’image pour que Geronimo puisse ouvrir la porte).

Jetez maintenant un petit coup d’œil sur une page intérieure d’un roman de Geronimo Stilton.

Selon mon article de Le Monde, le passage de l’album illustré au roman serait difficile. Geronimo Stilton, avec ses mots-images (je rougis écrit en rouge, « Rio Mosquito » accompagné d’insectes) et ses nombreuses illustrations couleur semble à cheval entre les deux genres. Le passage se fait plus facilement! Le chaînon manquant, donc! Lorsqu’un apprenti lecteur ouvre ce livre pour la première fois, il n’est pas intimidé. Il est en pays de connaissance, la seule différence est que les pages sont plus petites et plus nombreuses que celles des albums dont il a l’habitude.

De plus, avec les activités incluses dans ses romans-briques, Geronimo réussit à mettre un pied dans l’univers du jeu. Cet esprit ludique constitue un second atout pour le jeune lecteur. D’entrée de jeu, il n’a pas peur de s’ennuyer, malgré le nombre impressionnant de pages.

Il est facile de jalouser le succès de la série, mais il est peut-être également responsable de la conversion de bien des lecteurs d’albums en lecteurs de romans.

Échoue lamentablement dans sa tentative de prendre la défense du Québec

Dans un billet sur son blogue, Dominique Bellavance blâme le haut taux d’analphabètes au Québec pour les faibles ventes de livres.

Allez le lire, je vous attends.

J’allais lui répliquer par des statistiques superbement encourageantes d’une étude menée par le ministère du Patrimoine Canadien il y a quelques années, et selon laquelle « près de 9 Canadiens sur 10 (87 p. 100) ont indiqué avoir lu au moins un livre pour se détendre au cours des 12 mois précédant cette étude et que la moitié (54  p. 100) lit tous les jours ou presque »

Ces chiffres semblaient contredire complètement ceux cités par Dominique, et je pensais arriver avec mon flambeau d’optimisme pour dire que la situation n’était pas aussi déprimante que ça! C’est alors que je suis tombée, dans ce même résumé d’étude, sur un paragraphe parlant plus particulièrement du Québec :

« Les taux de lecture au Québec sont les plus faibles qui ont été mesurés au Canada. Selon l’étude du MPC, on estime que le pourcentage de Québécois qui lisent régulièrement des livres est maintenant de moins de la moitié (46 p. 100), et moins de 4 sur 10 (37 p. 100) lisent principalement des ouvrages littéraires (alors que ce pourcentage varie de 43 à 48 p. 100 ailleurs). Les taux de lecture chez les Québécois semblent être à la baisse, particulièrement chez les francophones. »

Ouch! Déprimant!

La vente : une drogue à forte dépendance

Je vous écris en direct du Salon du livre! Un contrat urgent m’a obligée à chercher refuge dans les coulisses, ou j’ai eu la jolie surprise de découvrir une chaise, une table, une prise de courant… ET une connection WiFi! Yé!  Je profite d’une petite attente de réponse courriel de sa part pour vous parler de ce sujet maléfique qu’est la vente!

Dans un monde idéal, les auteurs ne seraient dans les salons que pour rencontrer leurs lecteurs! Mais à moins de vendre suffisamment en librairie pour rendre l’impact des salons négligeable, nous y sommes également pour tenter de convaincre quelques visiteurs d’acheter un de nos volumes, qu’il nous fera par la suite grand plaisir de dédicacer.

Le plaisir que retire l’auteur d’un tel exercice est une question de tempérament. À la base, l’auteur a choisi ce métier par amour d’être en tête à tête avec un ordinateur. Le côté social de la vente ne nous vient donc pas nécessairement de manière naturelle. D’un autre côté, parler de nos livres est quelque chose que nous faisons, pour la plupart, très bien, ce qui nous permet de tirer notre épingle du jeu.

Ce n’est pas de l’exercice de vente qui me fascine aujourd’hui, autant que son résultat. Lorsqu’on est en « présence continue » dans un salon, il est parfois très difficile de quitter son poste parce qu’une pensée nous retient à notre chaise : l’envie de juste une petite vente de plus. Rationnellement, cette pensée ne fait aucun sens. Notre carrière ne se fera ni ne se défera sur une seule vente, et pourtant, cette pensée nous retient. On désire cette vente comme un junky léger désire un « fix »!

Lors d’une discussion avec mon frère hier, il a émis l’hypothèse que la vente était comme les jeux vidéo. On est retenu par le désir de faire un point de plus, de battre un record, de se rendre au niveau supérieur. Ça fait du sens : un défi difficile, un objectif clair, un succès mesurable, bref tous les éléments d’un bon gameplay!

À quand le premier « First person seller » sur X-Box?