Archives de catégorie : Réflexions

Détester écrire, mais aimer avoir écrit.

La citation dans son contexte :

Ni la sensation délicieuse sur la peau de la brise qui annonce l’été, ni le fait de caresser un autre corps, ni boire du whisky écossais dans son bain jusqu’à ce que l’eau refroidisse, ni, enfin, un autre plaisir auquel il aurait pu penser ne procurait à Wells un bien-être plus important que celui qu’il éprouvait toujours quand il mettait le point final à un roman. Cet acte culminant l’anéantissait toujours intérieurement d’une satisfaction enivrante, d’un élan de bonheur qui naissait de la certitude que rien de ce qu’il pourrait réaliser dans sa vie ne le satisferait davantage que d’écrire un roman, même si l’écriture en soi lui apparaissait comme un travail ennuyeux, délicat et ingrat, Wells faisait partie de ces écrivains qui détestent écrire, mais qui adorent avoir écrit.

 

Félix J. Palma et son H.G. Wells fictif dans La carte du temps.

Je ne peux m’empêcher de me demander si je ne fais pas partie de ce groupe, du moins parfois.

Écrire… par plaisir

Récemment, mon mari et moi jouions à « et si on était millionnaires ». Ayant des tendances plutôt paresseuses, je me suis demandé si j’écrirais dans une telle situation. Entendons-nous, tant qu’à avoir besoins d’un métier pour mettre du beurre dans les épinards, j’aime mieux écrire que faire n’importe quoi d’autre, mais si tous mes besoins monétaires étaient comblés, est-ce que je prendrais la peine de m’asseoir à l’ordinateur pour noircir quelques pages-écrans chaque jour plutôt que de simplement m’écraser dans un divan pour lire et jouer à des jeux vidéo?

Puis, cette semaine, quelque chose d’intéressant s’est produit. Je m’étais fixé quelques objectifs d’écriture avant l’arrivée du bébé, soit un premier jet du tome 1 de mon roman pour Courte Échelle, ainsi qu’une révision et un envoi de la deuxième partie des textes pour l’album illustré chez Boomerang. Une fois ces deux choses faites, j’ai pris une journées de paperasserie et bureaucratie, puis une journée à ne rien faire du tout.

La troisième journée, j’ai repris la plume.

Je me suis lancée dans une première relecture du roman Courte Échelle, sans objectif de productivité, sans obligation, par simple envie. C’était merveilleux!

L’ambition de vivre de l’écriture m’a poussé m’imposer à moi-même certains critères de productivité et certains délais dans les deux dernières années qui ont transformé le tout en obligation. Mais dès que j’ai du temps libre en quantité suffisante, une évidence me rattrape: si je n’écrivais pas, je serrais morte d’ennuie!

Est-ce que j’écrirais si j’étais millionnaire? Il semblerait bien que oui… mais peut-être pas au même rythme!

 

Hunger Games et la différence en romance selon le public cible

Après avoir lu le premier livre de la très populaire et très aimée série « Hunger Games », je n’avais qu’une seule critique : le pourcentage trop élevé de temps accordé à l’analyse, par l’héroïne et narratrice Katniss, des faits et gestes de son pendant masculin, Peeta. Cette surabondance m’énervait, jusqu’à ce que je rappelle mes propres amours adolescentes. N’ai-je pas moi-même déjà noirci, à l’adolescence, plusieurs pages d’un journal intime à inventer mille et une raisons pour lesquelles Vincent Hébert m’aurait emprunté un crayon? Il faut croire que l’analyse inutile de gestes anodins fasse partie de cette phase de la vie, du moins pour les filles.

Ce qui m’amène à une grande réflexion sur la différence entre la romance en littérature « adulte » et en littérature « ado ».

Du côté des ados, et, par association, dans la littérature « jeune adulte », tout est une question de « est-ce que je l’aime? » et de « m’aime-t-il en retour? », alors que, pour les adultes, il s’agit plutôt de comprendre « Mais où diable cette relation s’en va-t-elle? ». Un peu comme si, avec la maturité, on apprend à reconnaître la présence d’amour chez soi comme chez l’autre, mais qu’on a également appris que cette dernière ne suffit pas à l’élaboration d’une relation harmonieuse.

D’ailleurs, chez les ados, une fois le premier baiser échangé, tout est dit, alors que, chez les adultes, plusieurs longues nuits de passions peuvent s’écouler sans que la trame narrative n’ait atteint son paroxysme. Ami, amant, amoureux exclusifs, mari et femmes, les adultes ont accès à plus de choix dans l’étiquetage de leurs relations et chaque passage ne se fait qu’avec sa part de drame… et de romance!

Deux jolis exemples : dans Sex and the City, on a beau savoir, avec certitude, que Carrie Bradshaw et Mr. Big s’aiment, leurs tribulations amoureuses ne nous tiennent pas moins en haleine. Du côté « jeunesse », une fois que Ron et Hermione (SPOILER ALERT) se sont embrassés dans Harry Potter, on peut passer directement à l’épilogue : « ils vécurent heureux et eurent de nombreux enfants ».

Sinon, un dernier petit commentaire sur Hunger Games : je voudrais saluer le brio avec lequel l’auteur réussit à naviguer le terrain délicat qu’est le concept de « des adolescents qui s’entretuent ». La plupart des morts surviennent en périphérie de l’action (au cinéma, on dirait « off screen »), et Suzanne Collins réussit à garder les deux héros à la fois actifs et « propres » en ne les rendant responsable que de morts accidentelles, mort par pitié pour quelqu’un qui souffre, ou encore en présentant la victime comme un meurtrier qui l’a bien mérité. De toute façon, l’héroïne agonise bien moins sur sa première victime humaine que sur les états d’âme de son peut-être amoureux à la maison! Question de priorité!

Écrivain salarié, ça vous tente?

Je viens tout juste de terminer la lecture d’un excellent article du Guardian qui parle de la survie des auteurs dans un monde où le prix des divertissements tend vers zéro.

Si, dans l’introduction, son hypothèse que, dans une génération, le métier d’écrivain tel qu’on le connait sera disparu peut choquer, son argumentation est bonne, citant la diminution actuelle des avances payées par les éditeurs ainsi que de multiples exemples d’autres industries dans lesquelles le prix d’une commodité (film, photo, musique) est de plus en plus faible.

J’aurais tendance à crier « foutaises », mais voilà que mes dernières lectures d’articles sur l’autopublication racontent un processus audacieux par lequel les auteurs vendent leurs livres 99 cents jusqu’à ce que ceux-ci se voient propulsés dans les palmarès, où le livre jouira d’une grande visibilité. D’ailleurs, l’industrie du livre jeunesse au Québec n’a pas attendu le numérique pour offrir des livres (et créer d’immenses succès) avec un tel prix! Évidemment, dans les deux cas, le livre finit par reprendre un prix normal, mais ce qui est insidieux avec des prix aussi bas, c’est que le consommateur pourrait s’y habituer, voire y prendre goût.

L’auteur de l’article explique également que les éditeurs numériques et les « librairies numériques » s’en sortent grâce au « long tail », un principe par lequel le fait de pouvoir rejoindre énormément de monde permet de vendre des articles utra-spécialisés à haut prix à un très petit nombre d’intéressés. La technique marche, à condition d’avoir assez de ces articles ultra-spécialisés pour que, tous mis ensemble, ça puisse équivaloir à la vente d’un gros best-seller. Par contre, chaque auteur de ces livres, de manière individuelle, ne recevra qu’un chèque risible de droits d’auteurs.

 

Si l’auteur ne peut vivre de ses droits ni en vendant des millions de livres à 10 cents, ni en vendant 10 livres à 100 dollars, quelles sont ses autres options? Selon l’article du Guardian : un salaire lui permettant de subvenir à ses besoins, quel que soit le chiffre de vente des livres.

Quelques réflexions sur l’idée de l’auteur salarié:

  •  – Tout d’abord, la source d’un tel salaire? Les super éditeurs (à la Google Books) pourraient certainement se permettre de payer un tel salaire à certains auteurs en échange d’une plus grande part sur leurs livres. Sinon, ce serait plutôt des subventions gouvernementales, ce que nous avons déjà ici, et qui ne fait pas vivre grand monde!

  •  – Quel est le prix caché d’un salaire? La censure, certainement, possiblement même une imposition des sujets, et, ne soyons pas étonné : l’apparition du positionnement de produit dans les livres!

  •  – Est-ce qu’une commande à un « employé » peut devenir un livre à succès? Absolument! Il n’y a qu’à regarder du côté de Géronimo Stilton pour voir qu’un auteur unique et dédié à son œuvre n’est pas nécessaire pour l’obtention d’un succès. Bien au contraire, des équipes de type « sweatshop » seraient possiblement plus appropriées au rythme de publication parfois nécessaire pour la création d’un tel succès, surtout dans le secteur jeunesse. Évidemment, je ne parle ici que de « quantité »!

  • – La stabilité d’un salaire permettrait à des auteurs de se consacrer à leur œuvre à temps plein. On ne peut pas dire que ce ne soit pas attrayant…
  • – Mais l’absence de partage de risque, veut habituellement également dire une absence de partage des bénéfices dans le cas d’un succès énorme. C’est un pensez-y-bien!

La question se pose : échangeriez-vous vos droits d’auteurs contre un salaire?

 

Grande annonce : je signe chez la Courte Échelle!

Je vous avais glissé un mot de la rencontre avec l’éditrice mais j’ai eu cette semaine la permission d’en dévoiler un peu plus!

La Courte Échelle a accepté mon nouveau projet de série. Il s’agira d’une série de romans d’aventure pour les 9-11 ans. Environ huit tomes sont prévus! J’avais déjà également glissé un mot sur la petite place spéciale qu’il y a dans mon cœur pour cette maison d’édition! Il faut dire que, dans ma jeunesse, la Courte Échelle était presque la seule maison d’édition à faire du jeunesse québécois. Ou du moins la seule dont les enfants retenaient le nom!

Nul besoin de dire que j’en suis très excitée!

Quelques significations intéressantes de cette nouvelle :

  • – Le porte-à-porte au Salon du livre de Montréal continue de porter ses fruits, puisque c’est là que le contact avec l’éditrice jeunesse de la Courte Échelle s’est établi
  • – Par extrapolation, les médias sociaux sont fort utiles, puisque c’est grâce à un contact virtuel que j’ai obtenu la rencontre au Salon du Livre.
  • – Il est absolument possible de trouver un éditeur sans avoir un manuscrit complet!
  • – À partir de 2012, je devrais réussir à publier entre 3 et 5 livres par année, le chiffre nécessaire selon moi pour réussir à vivre de l’écriture jeunesse au Québec.

Et dire que, à huit mois de grossesse, je n’ai même pas le droit de sabrer le champagne! Quelle perte!

Ne plus attendre de téléphone.

J’ai récemment réalisé qu’il y a maintenant plus d’un an que j’attends un téléphone. En fait, pas un seul téléphone, mais voilà un an non-stop que j’ai toujours au moins un projet qui me tient à cœur et qui est dans les mains d’éditeurs divers.

Tout d’abord, il y a eut mon roman pour les tout –petits, parti en mars 2010.  et depuis placé aux Éditions du Phoenix.

Ensuite, l’album illustré qui a commencé son voyage au Salon du livre de Montréal   pour aboutir six mois plus tard chez Boomerang.

Puis finalement, la nouvelle série de roman d’aventures pour les 9-11, pour laquelle j’avais décidé de ne faire qu’un plan et trois chapitres,  et qui s’est trouvé un éditeur la semaine dernière. (je vous dévoilerai qui lorsque ce sera signé!)

Ce qui met fin à une année (et plus!)  intense (et plus!) de développement.  Mon assiette est bien pleine; plus question de penser à de nouveaux projets! Surtout, je peux recommencer à entendre le téléphone sonner sans que ma première pensée soit : « et si c’était un éditeur? » À bien y penser, si c’est un éditeur qui m’appelle, ce sera désormais plutôt pour me rappeler à l’ordre sur mes livrables!

Je suis mieux de m’y mettre!

 

P.S. il reste bien mon conte de Noël en rime envoyé en France au printemps  mais les chances sont si minces, et les délais si longs, que je réussis très efficacement à ne pas y penser!

Ne m’appelez plus Perrette!

J’ai toujours eu des tendances « Perrette et le pot au lait » , soit celle d’imaginer des retombées extraordinaires à la moindre porte qui fait mine se s’entrouvrir. Par exemple, à peine étais-je inscrite en scénarisation cinématographique dans la vingtaine que je peaufinais déjà mon discours pour les oscars. Que voulez-vous, j’ai le rêve facile!

Évidemment, le métier d’auteur est rempli de petits espoirs qui alimentent ce genre de fabulations grandioses! Avant même la sortie d’un premier tome, qu’on rêve d’entrevues et de réimpressions à n’en plus finir! Dès la première séance de dédicace programmée, on imagine de longues files d’attente remplies de fans enthousiastes!

La réalité est tout autre : délais interminables, longues heures à une table vide, parutions repoussées pour raisons diverses, chèques de droits d’auteurs faméliques, couverture média inexistante, la route est longue, comme dirait l’autre.

La goutte d’eau est apparue cet hiver, alors qu’un éditeur (un gros éditeur), très TRÈS enthousiaste, m’a rencontrée à trois reprises pour vanter les mérites d’un de mes projets, et m’encourager à lui proposer quelque chose d’encore plus ambitieux. Des phrases comme « la promotion te prendra beaucoup de ton temps », « rarement vu quelque chose d’une telle qualité sortir du Québec », et « publication internationale » ont, évidemment, enflammé mon imagination! Pourtant, aucune offre concrète n’a suivi : adieu veau, vache, cochon, couvée.

C’est pourquoi lorsque, la semaine dernière, un autre éditeur important m’a demandé de le rencontrer pour un café, je n’y suis allée qu’avec extrême prudence. Pas de grande envolée imaginaire cette fois-ci.

Et même maintenant que le meeting s’est conclu sur un « oui » tout ce qu’il y a de plus concret, je réussis, de manière surprenante, à me concentrer sur la tâche à accomplir (soit deux manuscrits pour avril) plutôt que sur le résultat espéré (soit vivre de ma plume d’ici trois ans).

Perte d’enthousiasme? Pas du tout! Je dirais plutôt maturité durement gagnée!

 

Les parents, ces empêcheurs d’écrire en rond!

J’ai légèrement touché au sujet dans mon billet sur les « Que sont les héros adultes devenus? » , mais le sujet méritait une deuxième visite : le plus gros problème avec les protagonistes enfants, c’est qu’ils ont des parents. Il fut un temps ou le problème était mineur, mais imaginons une scène du Cluc des cinq ou de la Patrouille des castors dans notre monde d’aujourd’hui :

Les quatre enfants sont assis dans la chambre de l’aîné. Ce dernier, tout excité, tient une lettre dans sa main droite.

— Le vieux monsieur que nous avons aidé l’année dernière lors de l’affaire des contrebandiers nous invite dans le sud du pays pour les vacances!

— Yé! S’exclament les trois autres.

Attirée par le chahut, une tête maternelle passe par l’entrebâillement de la porte et s’enquiert de la nouvelle. Son fils s’empresse de lui faire connaître leurs plans pour les grandes vacances.

— Il n’est pas question que vous alliez passer ne serait-ce qu’une seule journée chez ce vieux pervers! lui répond sa mère. De toute manière, vous savez bien que vos vacances sont déjà planifiées à l’heure près, entre les camps de jours et les quelques semaines de vacances dans un chalet, ou nous nous assurerons que vous n’êtes jamais hors de vue d’un adulte responsable!

Fin de l’aventure!

 

Sans blague, regardez bien l’image tirée du film « Stand by me » en haut à gauche du présent billet, et demandez-vous combien d’enfants modernes ont eu le loisir de suivre une voie ferrée à pied? Alors, imaginez maintenant, le casse-tête, pour un auteur, de rendre crédibles des centaines de pages d’aventure chez ces enfants sous constante surveillance!

 

Plusieurs solutions s’offrent aux auteurs :

– Changer d’époque ou d’univers, les années cinquante, par exemple, semblent jouir d’une toute nouvelle popularité dans le roman jeunesse! (Flavia De Luce,  The apothecary)

– Faire de la mort des parents l’élément déclencheur de l’histoire (A series of unfortunate events, 39 clues)

– Faire du sauvetage des parents l’objectif de l’aventure (Celtina, Tobi Lolness)

– Offrir à l’enfant des parents en voyage d’affaires constant (Ottoline, Lys)

– Ou mettre en scène des orphelins, tout simplement. Les exemples étant si nombreux, qu’il m’est complètement inutile d’en citer un ou deux. J’en suis moi-même coupable avec Terra Incognita!

 

Mais il faut garder en tête que les auteurs ont une deuxième grande motivation pour se débarrasser des parents : tant qu’ils sont là, le sens du danger chez l’enfant est amoindri! Comment un jeune héros peut-il être dans un danger réel alors qu’il lui suffit d’aller tout raconter à papa et maman pour que ceux-ci prennent son problème en charge. Donc, même avec des parents qui seraient hyper permissifs, il faut aussi que l’auteur justifie que l’enfant ne leur délègue pas la résolution du problème. Pour que le danger soit réel, ce recours doit être non disponible.

 

Bref, pour que l’enfant devienne héros, le parent doit être mis de côté, d’une manière ou d’une autre.

Petit voyage au royaume de l’édition américaine

La semaine prochaine, je serai à New York à l’occasion du Book Expo America (BEA pour les intimes). Cet événement ne s’adresse qu’aux membres de l’industrie, soit les éditeurs, les libraires, les bibliothécaires et les auteurs publiés (ISBN à l’appui). De ce que j’en comprends, c’est un peu comme la « journée Prologue », donc une grande occasion pour les éditeurs de montrer leurs nouveautés aux libraires, mais sans restriction de distributeur. Je n’ai pas réussi à trouver le nombre d’éditeurs qui auront leur kiosque à l’intérieur du salon, mais le plan numéroté prend l’ampleur d’une ville! Les souliers confortables seront de mise!

 

Pourquoi aller au BEA?

Tout d’abord, évidemment, pour les livres! On trouve parfois le salon du livre de Montréal impressionnant de par sa grosseur, alors imaginez quatre fois la surface avec dix fois moins de visiteurs! Le paradis, non?

Ensuite, pour les conférences! De nombreux auteurs sont présents pour parler de leur art, et les auteurs jeunesse ne sont pas laissés pour compte! Voyez l’horaire que je me suis fait à la fin de ce billet.

Mais la véritable raison est une mission exploratoire. Comme au Salon du livre de Montréal, je compte bien me balader porte-folio sous le bras et cogner à quelques portes pour voir ce que les éditeurs américains pensent de mon dernier projet. Je n’ai pas ici d’espoirs de vente de droits, après tout, un salon complet en marge du hall d’exposition a pour titre « Internation rights and business center », malheureusement hors limite pour les simples auteurs comme moi, est le véritable endroit où ces transactions auront lieu. De plus, mon projet, soit celui que je viens de signer avec Boomerang, n’est qu’à l’étape d’ébauche, et possiblement pas assez achevé pour être vendu. L’idée est plutôt de prendre le pouls, d’établir quelques contacts, d’échanger des cartes d’affaires, bref, c’est un investissement à long terme.

Mon seul regret? Rater le « déjeuner des auteurs jeunesse » qui a malheureusement lieu le mardi, et qui aurait été, pour moi, une merveilleuse opportunité de rencontres et de réseautage. Une autre année, peut-être!

J’aurai mon ordinateur à ma chambre d’hôtel, si les dieux du Wi-Fi gratuit sont avec moi, je devrais pouvoir vous tenir informé de cette grande aventure!

 

HORAIRE PRÉVU

Voici les conférences auxquelles j’aimerais bien assister.

10:30AM – 11:00AM: YA Buzz Author, Bill Willingham

Je connais surtout Bill Willingham comme scénariste du “comic book” Fables, que je suis avidement depuis ses débuts. C’est un conteur naturel, avec un imaginaire avec lequel je m’identifie beaucoup, surtout dans son mélange de contes classiques et de réalités modernes. Il vient tout juste de publier un livre pour jeune adulte, et j’ai bien hâte d’entendre ses opinions sur cette forme d’écriture.

 

11:30AM – 12:00PM: Magic and Myth for Modern Middle-Grade Readers

Avec: Carson Ellis, Colin Meloy et Lauren Oliver

Je connais moins ces trois auteurs, mais le sujet, lui, tombe parfaitement dans mes cordes! Middle-Grade, si je ne m’abuse, est pas mal notre équivalent des 9-11, mon public cible de prédilection, alors que la magie et les mythes ne sont jamais très loin de mon esprit lors de la conception d’histoires. Je note tout de même que Carson Ellis a travaillé avec Lemony Snicket, que j’adore, sur un album illustré intitulé « the composer is dead ».

 

12:00PM – 2:00PM: Dear Bully

Avec: Megan Kelly Hall, Mo Willems, et Maryrose Wood,

Il est possible que la nécessité de me nourrir à un moment donné ne me fasse manquer une partie de cette conférence, ce qui serait bien dommage. Si le sujet me laisserait habituellement de glace, il s’adonne que le « bullying » est un des thèmes du cinquième Terra Incognita que j’ai commencé à écrire le mois dernier. Mais surtout, Mo Willems est l’auteur de l’incomparable album « Ne laissez pas le pigeon conduire le bus », mon plus gros coup de cœur de l’année côté album illustré!

 

2:00 – 3:15 pm: BEA (Middle Grade) Editors Buzz

Voici la description officielle de cette conférence : “Insightful and passionate, this intimate editorial exchange will provide you with an editor’s perspective on some of the fall’s new Middle School discoveries and potential breakouts.” Possiblement la plus “publicitaire” des conférences à laquelle j’ai envie d’assister, elle me permettra de voir ce qui se fait dans mon créneau sur les autres marchés, toujours intéressant!

De l’amour de l’industrie littéraire pour les vedettes de l’écran

Petite question rapide pour vous : qu’ont en commun Jane Fonda, John Lithgow, Jane Lynch et Michael Moore? Si vous avez répondu « ils ont écrit un livre », vous avez gagné!

Quoi? Ce n’était pas votre première réponse? Et pourtant, tous ces individus feront parti d’un grand événement littéraire, soit le « Book Expo of America », BEA pour les intimes, le mois prochain à New York, ils sont mis de l’avant dans une série de conférences qui, je cite, a l’ambition de « highlight a handful of selected major authors ». Major authors, rien de moins! Pourtant, ils qualifieraient plutôt de “major celebrities who just happen to have written books”, non?

Le phénomène de préférer une célébrité ayant écrit un livre plutôt qu’un écrivain ayant réussit à gagner une certaine notoriété n’est pas un phénomène nouveau. On le retrouve dans les listes d’invités aux émissions culturelles, sur les estrades de salon du livre, et même dans les (rares) pages de critiques littéraires des médias de tous acabits. Dans tous ces cas, on peut toujours tenter de trouver des excuses du genre « tous les moyens sont bons pour amener les gens à la lecture »,  « oui, mais c’est ça que les gens veulent » et autres platitudes du genre. Mon problème avec le BEA, c’est qu’il ne s’agit pas d’un Salon du livre ouvert au public, mais bien d’un événement ciblant uniquement les membres de l’industrie : éditeurs, critiques, libraires et auteurs publiés en seront les seuls visiteurs. S’il existe, dans le monde, une seule foule plus excitée à l’idée d’entendre parler Michael Connelly que de voir Brad Pitt en bobettes, il s’agit bien de celle-là!

Si même l’industrie, à l’interne, cède à l’éblouissement de la célébrité télévisuelle et cinématographique, c’est que le mal est profond, et que les auteurs « ordinaires » ne sont pas sortis de l’auberge.