Archives de catégorie : Réflexions

Quand, comment et pourquoi offrir un livre gratuitement en numérique

Depuis quelque temps Corine De Vailly offre le tome 1 de sa série Celtina gratuitement en format PDF. Cette nouvelle m’a rappelé une ancienne idée à moi : celle que, lorsqu’une série dépasse le tome 5, le premier tome devrait toujours être offert gratuitement sur Internet.

Pourquoi? Parce que le tome 1 est la meilleure publicité possible pour le reste de la série (à condition, évidemment, qu’il soit bon!).

Il y a quelques années, les maisons d’édition ont compris ce principe, on a donc vu quantité de premiers tomes sortir à un prix minime. L’idée : perdre des sous sur le premier tome, mais se reprendre en vendant des tonnes des tomes suivants à ceux qui ont accroché.

Grâce au numérique, même ce prix risible, que l’on pourrait presque qualifier de ticket modérateur est inutile. En effet, si l’idée est que le livre se retrouve dans les plus de mains possible, mieux vaut l’offrir gratuitement, puisque le coût à l’éditeur n’augmente pas avec le nombre de copies. Qu’il y ait 3 ou 500 000 téléchargements, c’est du pareil au même.

« On ne peut pas offrir le livre gratuitement, avec quoi va-t-on payer la correctrice, l’éditrice, et de quoi va vivre l’auteur ?» Voilà exactement la raison pour attendre le cinquième tome. Rendu là, si tout va bien, le premier livre a déjà fait ses frais. Le seul cout réel sera donc le manque à gagner de quelques ventes futures perdues sur le tome 1… que les ventes de tomes 2, 3, 4 et 5 devraient largement compenser.

Évidemment, pour un maximum d’efficacité, il faut rendre le livre gratuit disponible sur le plus de plates-formes possible. C’est ici qu’il peut y avoir un hic : pas certaine que les magasins en ligne accessibles par les liseuses électroniques acceptent les choses gratuites. En même temps, la plupart acceptent les extraits… alors, il serait peut-être possible de remplacer l’extrait du tome 2 par le tome 1 au grand complet (conjectures)?

Aussi, pour qu’il y ait téléchargement, il doit y avoir un peu de pub. Pour ne pas augmenter les coûts, on profite de la sortie du tome 5 pour annoncer le livre gratuit. Ainsi, pas de communications supplémentaires, les deux nouvelles s’annoncent sur les mêmes communiqués.

La disparition de l’enfant obéissant

J’ai lu récemment un excellent classique : Little Princess, de Frances Hodgson Burnett (1905). L’auteur y met en vedette une petite fille comme on n’en trouve plus en littérature jeunesse : gentille, obéissante, généreuse, travailleuse… et complètement victime des adultes.

Les classiques sont remplis de ce type d’enfants: Cosette, Rémy sans famille, Oliver Twist, etc. Ces héros sont affligés par le malheur, maltraités par les adultes, et jamais il ne leur viendrait à l’idée de se rebeller. Ils subissent et subissent pour finalement n’être sauvés de leur misère que par un adulte plus gentil qui veut bien les adopter.

De nos jours, si, dans un roman jeunesse, des adultes décidaient de maltraiter un orphelin, ce dernier leur fausserait rapidement compagnie, ou encore leur ferait à son tour subir mille misères, façon « Home Alone ». L’obéissance n’a plus la cote! Les héros sont, au contraire, plutôt des fortes têtes qui n’ont aucun remords à braver les interdits, et qui n’ont peur d’aucun adulte, d’aucune source d’autorité.

Autant l’histoire de Little Princess est merveilleuse, autant je ne peux m’empêcher de me demander comment elle serait reçue par un enfant d’aujourd’hui. Trouveraient-ils l’héroïne, trop « neuneu » malgré sa résilience exemplaire et sa grande générosité? Mais surtout, en tant qu’auteure, je me demande : « Y a-t-il encore de la place pour l’obéissance en littérature jeunesse? »

Se transposer d’une génération

Avec mes romans courte-échelle, c’est la première fois que je décris les aventures d’un héros contemporain, et je réalise que dois souvent me rappeler à l’ordre pour remettre les générations à leurs places :

– Il n’est pas moi!

– Ce sont ses parents qui sont de ma génération

– Ses grands-parents sont de la génération de mes propres parents.

 

Par exemple, dans un des chapitres, je décris l’album photo de sa grand-mère, qui aurait dans la soixantaine. Mon réflexe a été de parler de photos en noir et blanc, mais à bien y penser, les photos de mariage de mes parents sont en couleurs! C’est l’album de son arrière-grand-mère qui serait en noir et blanc!

Un deuxième exemple, j’avais donné à la grand-mère en question le même sobriquet que ma propre grand-mère, soit « grand-maman Tine ». Mais à bien y penser, les boomers préfèrent nettement l’appellation « mamie », encore une fois, j’ai du adapter pour que la réalité du héros s’approche de celle des enfants qui ont douze ans aujourd’hui, plutôt que celle de Annie Bacon lorsqu’elle avait douze ans.

La prochaine fois, je plante mon décor dans les années 80 (euh… non!) !

Le problème avec les premiers tomes

J’ai récemment envoyé le manuscrit du tome 1 de ma nouvelle série pour Courte Échelle. Je l’ai travaillé, et retravaillé, en sachant comment ce début de série est important. Pourquoi? Parce que c’est la porte d’entrée des lecteurs pour tous les livres qui suivront. C’est la qualité de cet ouvrage qui décidera du nombre de tomes 2, 3, 4, etc. vendus. Eh oui, si mon dernier billet portait sur les différents éléments qui font vendre un livre, cette liste ne s’applique que pour un roman unique, ou pour le premier tome d’une série. Pour tous les livres subséquents, la qualité du premier prime.

Je vois bien ce phénomène avec Terra Incognita. Malgré le fait que chaque aventure soit complète et que les livres puissent être lus dans le désordre, je vends, année après année, plus du tome 1 que de n’importe quel autre. Les nouveaux lecteurs préféreront commencer au début plutôt que de plonger dans la dernière nouveauté fraichement sortie des presses d’impression.

Pourtant, et voilà bien le problème, le tome 1 n’est pas nécessairement le meilleur! Les personnages en sont à leurs premiers balbutiements, l’auteur joue encore avec le ton, la forme, voire même les règles qui régissent l’univers qu’il est en train de créer. Ce n’est qu’avec l’écriture des tomes 3 et 4 de Terra Incognita que j’ai vraiment eu l’impression d’utiliser la série comme elle le mérite! Je connais les personnages par cœur, et je tire tout le jus possible de la personnalité de chacun! Dans le tome 1 de ma nouvelle série, j’ai l’impression de tâtonner, de changer des concepts cruciaux en cours de route et devoir tout réviser. Au fil du travail, il a, évidemment, pris forme, mais le second sera meilleur, et le troisième après lui encore plus!

C’est un phénomène que la télévision et le cinéma connaissent bien. La plupart des séries sont écrites dans le désordre, pour que le premier épisode, le plus crucial pour l’avenir de la série, soit écrit à l’apogée des capacités des scénaristes! De la même manière, les premières scènes d’un film ne sont jamais les premières tournées, afin que les acteurs aient eu le temps de s’imprégner de leur rôle et faire une meilleure première impression.

Écrire le tome 3 en premier? Est-ce vraiment une solution possible? Je ne suis pas certaine que mon cerveau soit capable de penser son histoire dans un tel désordre!

L’année qui fut


Ce qui est bien avec un blog, c’est que, à l’heure des bilans, on peut retourner en arrière pour voir avec précision quel était l’état des choses un an auparavant, histoire de se donner un peu de perspective.

Ce qui j’y ai trouvé?

D’abord, une résolution, celle prise en janvier 2011, de lire plus de livres. Je suis très satisfaite de dire que ce fut un succès. J’ai lu de tout, comme prévu, et en plus, j’y prends goût. On dirait que plus je lis, plus la télé m’ennuie. De plus, je suis en train de parfaire ma culture littéraire jeunesse, je vous reviendrai bientôt sur mes lectures de grands classiques.

Ensuite, une analyse de l’année 2010 comme étant « celle du développement ». J’y dis avoir « semé à tout vent » et espérer que 2011 en verrait les fruits.

 

Le résultat, un an plus tard?

Projet

État en janvier 2011

État actuel

Livre illustré En négociation avec 2 éditeurs Signé avec Boomerang, paraîtra en 2013
Roman pour les tout petits Sur une tablette Acceptée par du Phoénix, paraîtra en septembre 2012
Nouvelle série d’aventure Plan global proposé à 1 éditeur, sans réponses Plan étoffé proposé à 2 éditeurs. Signé avec Courte Échelle, paraîtra en septembre 2012
Conte de Noël en rimes Envoyé en France Aucune nouvelle

 

L’année en chiffre :

Livres écrits : 1 roman et demi + 1 livre illustré

Nouvelles séries placées : 3

Livres publiés : 1

 

Je déclare donc que l’année 2011 aura été celle des ententes d’éditions!

Je pète ma coche contre l’absence de livres québécois sur le Kindle

J’ai un Kindle depuis quelque mois, et je n’ai jamais acheté autant de livres! Le processus est facile, instantané, et je n’ai même pas besoins de sortir ma carte de crédit, ce qui me donne l’impression (fausse, je sais) que ça ne coûte rien! Sans blague, je crois avoir acheté plus de livres neufs dans les deux derniers mois que dans la dernière année!

Combien de livres québécois, ou même francophone dans tout ça? ZÉRO!

Pourquoi? PARCE QU’ILS NE SONT PAS LÀ!!!

Tout le monde se vante de leur passage au numérique! Youpi, youpi, nos livres sont disponibles en numérique, de dire les Éditions X, Y, et Z (à ne pas confondre avec les Éditions XYZ). Pourtant, j’ouvre mon Kindle, effectue une recherche dans le « kindle store » et NE TROUVE RIEN!

Je sais bien, je pourrais me lever de mon fauteuil, aller à mon ordinateur, le commander sur un des autres magasins, envoyer le tout par courriel à mon kindle, et lire. Je le pourrais… et pourtant, je ne le fais pas. C’est beaucoup plus facile de lire autre chose, un gros succès américain qui, lui, est à ma portée. C’est la simple loi du moindre effort. Vous me trouvez paresseuse? Je m’en fous, ce n’est pas le point de ce billet.

Le grand rêve du numérique était que, avec la disparition du concept « d’espace-tablette », les livres puissent être disponibles facilement et en tout temps. Si votre livre n’est que sur la hutte, ou sur le site de Archambault, c’est comme s’il n’était qu’à la petite librairie indépendante du coin, et pas chez Renaud-Bray. Alors pourquoi les livres québécois n’y sont pas?

C’est peut-être interdit? me suis-je dit. Pourtant, les livres de Marie Potvin, eux, y sont!

C’est peut-être compliqué, ou onéreux? Me suis-je ensuite dit. Mais selon le site ehow, l’opération est, je cite : « moderately easy », et tout à fait gratuite puisque le modèle d’affaire de Amazon est de se prendre un pourcentage sur les ventes, comme n’importe quelle librairie.

Alors POURQUOI, POURQUOI, est-ce que les auteurs québécois ne sont pas disponibles sur Kindle? Michel Tremblay? Niet! Annie Groovie? Non plus! Dany Laferrière? Uniquement en anglais?!

Je suis toute prête à accepter l’idée qu’il existe une excellente raison pour ces absences… une raison que, dans mon ignorance, je ne réussis pas à voir pour le moment. Si c’est le cas, éclairez mes lanternes, parce que, en attendant, je pète ma coche!

Le « top 3 » de mes tics d’écriture!

Comme le savent ceux qui suivent ma page d’auteur sur Facebook, je suis en révision depuis deux semaines. Après avoir partagé quelques perles sur les médias sociaux, je vous dévoile mes trois plus grands tics d’écriture, tels que repérés par moi-même! J’en ai, évidemment, bien d’autres, mais ceux là, je les réserve pour mes éditrices et leurs correctrices!

Tic numéro 1 : la description est dans le regard des autres…

À me relire je remarque avoir tendance à trop insister sur la direction des regards de mes personnages. Comme si seule cette interaction me permettait d’insérer des descriptions. C’est le principe « If a tree falls in the forest… ».

Exemples de phrases révisées:

« X regarde le visage de Y se tordre de douleurs »

« Le regard de X est attiré au sol, à l’endroit ou les hautes herbes ont étés couchées par le corps de l’animal. »

 

Tic numéro 2 : les verbes timorés

J’utilise beaucoup plus qu’il n’est utile des verbes qui annihilent l’action. Mes personnages n’agissent pas : ils tentent, ils essaient, ils semblent.

Exemples de phrases révisées:

« La jeune fille tente de s’approcher. »

« Il tente d’envoyer vers l’arrière la mèche brune qui menace de lui cacher la vue »

« Malheureusement, la technique semble lui échapper »

« Les deux jambes postérieures ne semblent plus en mesure de supporter le poids de l’insecte »

 

Tic numéro 3 : les négations inutiles

Ceux qui me connaissent bien le savent : je suis plutôt du genre « verre à moitier plein »! Pourquoi donc est-ce que j’embourbe mes phrases de « ne…que », de « ne… pas » et « jamais »?

Exemples de phrases révisées:

«  Il ne peut que courir à l’aveuglette »

« L’offre de Vic n’est reçue que par un long silence »

« L’apparition du garçon est possiblement la chose la plus excitante qui ne soit jamais arrivée dans la paisible vie de X »

 

Ces phrases ont, évidemment, été corrigées, en compagnie d’une centaine d’autres qui le méritaient tout autant! J’en suis à un manuscrit qui tient la route! Plus qu’un petit tour d’Antidote et j’envoie le tout à mon premier lecteur.

 

Adieu procrastination, je t’aimais bien

Dans les deux dernières années, mes plages horaires d’écritures se sont élargies. Même s’il pouvait se passer des mois sans que je puisse écrire, lorsque l’occasion se présentait, j’avais 4, 5, 6 heures d’affilées pour me concentrer sur un projet. Le résultat? Avant de m’y mettre, je…

  • – Regardais mes courriels
  • – Lisais tout article reçu
  •  – Passais un moment sur Facebook
  • – Puis, sur Twitter
  • – Faisais le tour de mes blogues préférés sur mon fil RSS
  • – Écrivais moi-même un billet
  • – Me faisais un café
  • – Retournais voir Facebook
  • – Etc.

Bref, je procrastinais jusqu’à ce que ma plage horaire devienne assez serrée pour qu’un certain sentiment d’urgence me pousse à regarder enfin mon manuscrit.

Ces temps-ci, vie familiale oblige, c’est bien différent! Mes plages horaires vouées à l’écriture sont de moins d’une heure. Dès que je suis libre, top chrono, j’ouvre mon manuscrit. Si seulement je pouvais garder ce rythme une fois mon temps libre revenu! Ce que j’en ferais de grandes choses!

 

Géronimo Stilton et le « relooking » de personnage littéraire

 

En fin de semaine, par un hasard le plus total, je suis tombée sur un épisode télévisé de la série Géronimo Stilton, tiré du livre du même nom. Quelle ne fut pas ma consternation de réaliser que celui que j’ai toujours affectueusement surnommé « La grosse souris » avait changé de look pour son passage au petit écran.

Comparatif :

Géronimo aurait donc perdu…

  • – Une bonne vingtaine de livres
  • – Une bonne dizaine d’années
  • – Ses éternelles lunettes rondes

Je n’ai pas osé regarder trop longtemps, tout d’un coup qu’ils auraient également fait subir une augmentation mammaire à Téa! Je n’y aurais pas survécu!

Et vous pensez que Géronimo est le seul? Selon un article de Entertainment Weekly traitant des extras du dernier DVD de Harry Potter, J.K. Rowling aurait trouvé les acteurs beaucoup trop beaux pour jouer les « geeks » qu’étaient dans sa tête Harry, Ron et Hermione. Plusieurs critiques dans le même genre auraient été faites sur la beauté de l’actrice jouant la version cinématique de Lisbeth Salander, merveilleux personnage de la série Millénium.

Il semblerait donc que les héros physiquement imparfaits n’auraient leur place qu’en littérature! J’ai une soudaine poussée d’affection pour mon médium, et pour la liberté qu’il m’offre!