Tous les articles par Annie Bacon

Dépoussiérer un procédé graphique

Avec Les Abysses, sorti la semaine dernière, je concrétise une envie graphique de longue date.

Je vous montre ici une page avec illustration. Que remarquez-vous?

Eh oui! Il y a une phrase tirée du texte sous chaque illustration. Dans ce cas-ci : « La tête de la pioche rencontre le roc et une large fissure zèbre soudain le mur du tunnel. »

C’est une touche nostalgique assumée. Je me rappelle, à l’âge de mes lecteurs, du plaisir que j’avais à lire ces phrases en feuilletant un livre avant de le choisir (ou non) pour prochaine lecture. C’est comme une bande-annonce contenue dans le livre lui-même, un amuse-bouche avant d’attaquer le plat principal. Une permission officielle de grappiller.

À mon souvenir, c’était le cas pour la collection « Bibliothèque du Chat perché » chez Flammarion, dont plusieurs lectures m’ont fortement marquée. Les comtesse de Ségur et les vieux livres des collections Bibliothèques verte et Bibliothèque rose, aussi, peut-être? Ma mémoire n’est pas très fiable.

J’ai été tout excitée, en recevant mes exemplaires d’auteur la semaine dernière, de constater que le processus fonctionne encore très bien! Qu’en pensez-vous?

Aperçu de « Les Abysses »

Je vous ai montré la couverture la semaine dernière; le premier tome de ma nouvelle série d’aventure pour les 10-14 ans sort dans les prochains jours. Il s’intitule Les Abysses T1 : La mine de lave et voici le résumé de l’histoire :

« Je ferais n’importe quoi, mais sortez-moi de ce pétrin ».

Ces mots, Gauthier les a pensés avec toute la force de son âme. Pour la suite, il a cru à la chance :  l’agent de sécurité qui lui courrait après a perdu sa trace et il s’est enfui du centre d’achat. La police n’a pas été appelée, ses parents n’ont pas su qu’il avait volé un sac de bonbon pour prouver aux amis de son frère qu’il n’est pas un lâche.

Pourtant, à son insu, un contrat s’est signé à son nom dans Les Abysses, où il découvrira que « n’importe quoi » est parfois un échange bien peu équitable.

Je vous offre également quelques illustrations intérieures faites par Mathieu Benoit pour vous donner une idée de l’ambiance et de l’univers que j’ai créé :

DÉVOILEMENT : Les Abysses

Dans deux semaines sortira mon dernier livre de la saison, mais non le moindre! Les Abysses, Tome 1: La mine, publié aux Éditions Druide. Ma troisième série chez cet éditeur.

C’est une nouvelle série d’aventure fantastique, ce que j’ai écrit de plus proche de Victor Cordi depuis la fin de cette série (mais en plus costaud, plutôt 3e cycle du primaire et secondaire 1). Et parlant de Victor Cordi, je retrouve Mathieu Benoit, qui avait si magistralement illustré la série! Voici d’ailleurs la page couverture qu’il a faite pour le premier tome :

Il y aura aussi des illustrations intérieures, que je vous dévoilerai, avec les grandes lignes de l’intrigue, la semaine prochaine!

Je dois faire vite, il sort le 4 avril!!! Ne ratez pas ça!

Trois moments, dans ma vie d’autrice, qui m’ont donné envie d’un syndicat

Pour ceux qui ne font pas partie de l’industrie, il faut savoir que l’Union des écrivains québécois (UNEQ) a obtenu récemment le droit au statut de syndicat. Depuis que la question d’une cotisation a été évoquée, les auteurs se divisent en trois camps : ceux qui embarquent dans le projet, ceux qui ne veulent rien savoir, et ceux qui désirent prendre plus de temps et explorer différentes possibilités.

Je fais partie du premier groupe, et si l’envie de débattre m’a quitté assez rapidement après le début des discussions, j’ai tout de même envie de partager avec vous les trois cahots de mon parcours qui ont fait pencher, pour moi, la balance.

Moment #1 : la faillite de Courte Échelle.
En 2015, lorsque la Courte Échelle a fait faillite, je n’étais pas rendue bien loin dans ma carrière, et l’événement s’est abattu sur moi comme une bombe. Mes quatre derniers livres y avaient été publiés, et les trois prochains, déjà écrits, y étaient prévus. Au milieu de cette catastrophe, l’UNEQ a été un bienvenu phare dans le brouillard. Ils nous ont informés des possibilités, de nos droits, des ratés du système qui rendaient certaines clauses de nos contrats invalides. Ils ont débroussaillé les textes de loi et assisté aux négociations du rachat pour faire entendre notre voix à travers celle des créanciers et des banques. Surtout, ils m’ont fait sentir que je n’étais pas seule dans la tempête. Je leur en suis, pour toujours, reconnaissante. On n’est jamais à l’abri d’une catastrophe du genre.

Moment #2 : la réception d’un contrat inacceptable
C’est une pratique étonnamment courante dans le milieu : on s’entend avec un éditeur, puis on se met au travail, sans contrat. Je sais, c’est une mauvaise idée, lancez-moi la première pierre. La plupart du temps, le contrat finit par arriver, on le signe et tout le monde est content. Mais en 2018, j’ai reçu un contrat dont les conditions étaient en dessous de la normale. Les droits d’auteurs à partager entre l’illustratrice et moi s’élevaient à 8% plutôt que le 10% d’usage. « Non négociable » m’a dit l’éditeur, c’était les normes de la maison. Je suis repartie avec mon manuscrit sous le bras, alors que je l’avais écrit spécifiquement pour eux. Je me suis surtout demandée ce qui empêcherait cet éditeur (et les autres) d’offrir 7%, puis 6% si certains auteurs acceptaient de signer. Les conditions de travail que nous tenons pour acquis ne sont protégées d’aucune façon. C’est la servante écarlate, version droits d’auteurs.

Moment #3 : le lendemain de la hausse des tarifs de Culture à l’école
Ce n’est pas un secret pour ceux qui me suivent depuis longtemps : j’ai participé à l’effort pour qu’augmentent les tarifs payés par le programme culture à l’école. Après deux ans de lobbying, les honoraires payés aux auteurs ont enfin été indexés à l’inflation l’année dernière, mettant fin à un gel de 25 ans. J’étais ravie, euphorique. Le travail avait porté fruit et pourrait bénéficier à tous. Pourtant, dans les médias sociaux, les auteurs pour lesquels je m’étais battue se plaignaient. Certains considéraient que la hausse obtenue n’était pas suffisante, d’autres s’inquiétaient qu’un nombre accru de demandes soient refusées. Tant de travail pour ne ramasser que des plaintes. Je n’ai jamais été aussi fâchée de ma vie. J’ai appris ce jour-là à quel point la politique est une occupation ingrate. J’ai perdu, possiblement à tout jamais, l’envie d’en faire à nouveau. Et comme pour mes impôts, je me suis dit que je serai prête à payer quelqu’un pour le faire à ma place.

Fin des anecdotes. Pour des raisons de santé mentale, il ne sera pas possible de publier des commentaires sur ce billet.

Quand mon obsession pour les histoires m’embête

Je suis allée voir un spectacle de danse contemporaine la semaine dernière. Un spectacle magnifique, le dernier en solo de Margie Gillis, intitulé Old.

J’en suis sortie épuisée.

Pourquoi? Parce que, incapable de me laisser porter par les émotions des vignettes gestuelles, j’ai cherché l’histoire. Tout le long. C’est plus fort que moi : je cherche le lien, le fil conducteur, la signification derrière les choix de l’artiste. Pourquoi est-elle habillée en blanc dans la deuxième partie? Que représente cette chaise qui la retient prisonnière? Qu’est-ce qu’elle essaie de nous dire par ce geste-ci…  et celui-là?

Comme j’assiste rarement à des spectacles de danse, j’ai eu l’impression de ne pas connaître les codes suffisamment pour comprendre, comme si l’histoire m’était contée dans une langue étrangère.

J’ai parfois cette même impression devant un tableau d’art abstrait. Incapable de laisser simplement l’émotion des formes et des couleurs me pénétrer, je cherche un sens. Et reste frustrée si je n’en trouve pas.

Même en musique, je préfère les chansons qui racontent des histoires. Il n’y a qu’en instrumental que je réussis à me laisser porter…

Et encore, au dernier concert classique auquel j’ai assisté, j’ai imaginé une histoire de jalousie entre le premier et le second violon, une idylle impossible entre le contrebassiste et la flutiste, et une mission secrète pour le joueur de triangle, infiltré dans l’orchestre pour surveiller un espion ennemi au balcon.

C’est grave, docteur?

Les nouveaux petits mystères à l’école

Dans deux semaines à peine sortira ma prochaine publication : une participation au collectif Les nouveaux petits mystères à l’école, dont voici la couverture et l’endos, pour vous mettre l’eau à la bouche!

Si vous ne connaissez pas cette série, sachez qu’il s’agit de recueils de nouvelles supervisés par Richard Migneault, qui est également à l’origine des recueils « Crimes à la librairie » et ses suites aux Éditions Druide. Si les premiers livres de la série (ci-dessous) s’adressaient aux enfants de dix ans et plus, les deux plus récents ont plutôt été écrits pour les élèves du deuxième cycle du primaire, soit ceux de huit ans et plus.

Les nouveaux petits mystères à l’école permettent aux jeunes non seulement de dévorer des mystères par petites bouchées, mais également de découvrir les plumes de quatorze auteurs différents.

Je vous invite à lire cet ancien billet si vous voulez quelques indices sur la nouvelle que j’ai écrite :

J’ai d’ailleurs très hâte de voir ce que mes collègues ont écrit et encore plus hâte de les croiser au lancement prévu à la mi-mars à la librairie Le Renard perché! Suivez-moi sur Facebook ou Twitter pour ne pas rater la date!

Romane et les émotis T2: Joie

Ça y est, le deuxième volume de la série Romane et les émotis est arrivé en librairie la semaine dernière! Trouvez-le facilement chez n’importe quelle librairie indépendante

Voici à quoi vous attendre dans cette suite de l’histoire.

La petite sœur des Romane a été infectée par une créature d’émotion (émoti), mais Romane peine à comprendre lequel. Une fois qu’elle l’aperçoit enfin, il s’avère plus difficile à capturer que prévu. L’émoti est petit… mais sournois, et ses pouvoirs font craindre le pire à notre gardienne.  

Pour lui donner de meilleures chances, son guide, Ren, décide d’intégrer les deux meilleures amies de Romane à l’équipe. La maîtresse des oiseaux est d’accord, à condition que les trois filles passent l’épreuve des tentations et apprennent à se faire confiance. 

Bref, encore une bonne dose d’aventure, de magie et d’amitié en vue! 

Le tome 3 sortira pour sa part à l’automne (si tout va bien) et clora le premier grand arc narratif de la série.

Un premier jet en quatre quarts!

J’approche de la fin d’un long manuscrit (du moins long selon mes critères à  moi!) et soudain, l’écriture est facile et se fait dans la joie! Ce n’était pas le cas il y a deux semaines, croyez-moi! Analyse de mon humeur selon les quatre quarts d’un premier jet!

1er quart : l’enthousiasme

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J’ai toujours hâte de commencer un nouveau projet. Ça fait alors longtemps que des bouts de l’histoire me trottent en tête et j’ai pris quelques jours pour monter le plan. Une fois que j’attaque l’écriture, les choses avancent souvent moins rapidement que prévu, entre autres parce que je dois modifier le plan encore bancal en cours de route, mais le travail s’avère agréable.

2e quart : la routine s’installe

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La lune de miel des premiers chapitres est terminée, mais le rythme reste raisonnable et l’humeur se stabilise sur le neutre. Le plan est plus solide qu’il ne l’était dans le premier quart, je sais à peu près où je m’en vais. Dans le deuxième quart, je fais mon travail, ni plus, ni moins.

3e quart : le chemin de croix!

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Je déteste le 3e quart du manuscrit. Rendu à cette partie du travail, j’ai l’impression que j’y planche depuis une éternité et je n’en vois pas le bout! C’est également le moment pendant lequel j’ai l’impression que tout est mauvais! C’est celui durant lequel je me questionne, durant lequel je reviens au plan, que je n’avais ni regardé ni mis à jour depuis des semaines. La discipline devient plus difficile à trouver, la procrastination pointe le bout de son nez. Nettement le quart le plus difficile.

4e quart : Le sprint endiablé.

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Et soudain, tout débloque! Au dernier quart, je me retrouve à écrire des passages que j’ai en tête depuis le tout début et pour lesquels j’ai souvent des phrases, des dialogues, voire des paragraphes entiers d’écrits dans ma tête. Mes doigts filent sur le clavier, les heures passent sans que je ne m’en rende compte. Je double souvent le nombre de mots que je peux écrire en une journée lorsque la fin approche. C’est jouissif!

En fait, le seul problème du 4e quart est qu’il faut absolument passer par les trois autres pour s’y rendre.

Quelques illustrations du prochain Romane et les émotis

Plus que deux semaines avant la sortie du prochaine Romane et les émotis, intitulé « Joie ».

J’en profite donc pour vous dévoiler quelques-unes des fantastiques illustrations et pages de bandes dessinées qu’a faites Geneviève Masson Bouchard.

Tout d’abord juste une petite mise en bouche avec ce deux-cases dans lequel Romane active le cadenas qu’elle porte en collier et qui lui permet de transformer les monstres d’émotions en pierres précieuses.

Un peu de romance, chose rare dans mes livres, alors qu’elle croise Julien, un ancien élève de sixième rendu au secondaire.

Et finalement, Romane ne remplirait pas sa mission « manga » s’il n’y avait pas des portraits pleine-page de ses costumes fabuleux. Ici, elle porte celui que lui procure le pouvoir de l’émotis « Gêne ».

Il arrivera en librairie dans la semaine du 21 février!

S’inspirer des séries d’animations

J’ai toujours aimé l’animation, assez pour avoir considéré en écrire avant de devenir autrice (j’ai même déjà été sélectionnée pour une bourse offerte par Télétoon). Avec mes enfants, je m’adonne dans la joie au visionnement de leurs séries préférées.

Aujourd’hui, j’aimerais me pencher sur trois que j’ai particulièrement aimées:

Les trois offrent tout ce que j’aime: une histoire épique qui se suit d’un épisode à l’autre, un monde magique original et bien monté et une balance parfaite d’action, d’humour et d’émotions. Les trois séries réussissent aussi très bien à s’adresser aux pré-ados, ce public parfois un peu coincé entre les séries d’animation trop “bébés” et celles pour adultes qui ne sont pas toujours appropriées.

Mais surtout, ces trois séries relèvent efficacement le défi de la diversité. Plusieurs diversités*. Tout particulièrement:

  • Couleurs de peau
  • Forme des corps
  • Orientations sexuelles

De plus, elles ne font de ces différentes représentations humaines ni le point central de leurs histoires ni une source de problème. Tous les personnages de leur univers, y compris les adultes, acceptent ces différences comme allant de soi.

Puisque les séries fantastiques servent (entre autres) à faire rêver, n’est-ce pas une belle vision des choses à offrir à nos jeunes? Ce sont certainement des exemples qui me font réfléchir à ce que je pourrais faire de plus, moi, comme autrice jeunesse, pour offrir cette même vision à mes lecteurs.

En me relisant, je voudrais ajouter un point bonus pour les séries que j’ai mentionnées: elles ne sexualisent pas le corps des jeunes filles. Bravo!

 

*Encore du travail à faire au niveau de l’identité de genre et des divers handicaps!