Tous les articles par Annie Bacon

La création d’univers, une question de balance.

Depuis que je suis allée voir le Alice de Tim Burton, je me pose beaucoup de questions sur la création d’univers (ou mondes fantastiques) en littérature, et surtout, sur ce qui fait qu’un univers marche, et d’autres non. J’en suis arrivée à trois conclusions. Une des premières règles consiste en la présence de systèmes et de règles, aussi saugrenues soient-elles, et en la constance desdits systèmes et règles. La deuxième consiste à établir un univers qui soit bien à soi, et non une simple fac-simili d’une autre série connue. J’élaborerai certainement ces deux pensées dans d’autres billets. Aujourd’hui, je désire parler de la troisième :

Pour qu’un univers soit attrayant, il doit balancer habilement l’imaginaire et le commun.

Eh oui. On pourrait s’attendre à ce que l’imagination soit roi et que le plus éclaté l’univers, le plus intéressant il sera, mais je crois qu’il s’agit plutôt d’un exercice d’équilibre. Lorsque l’on pense aux univers qui ont traversé les âges, on y retrouve des éléments familiers dont quelques caractéristiques à peine les distinguent de leurs contreparties réelles. Des exemples :

Le magicien d’Oz : un épouvantail qui parle, un robot qui ressent des émotions, des singes volants, une sorcière, des fées, rien d’exagéré!

Alice : Un chat qui disparaît, un lapin habillé, un chapelier fou, on dirait presque que l’auteur à tiré, au hasard, des choses et des qualificatifs dans deux chapeaux différents pour composer ses personnages.

Tolkien : Des nains, des trolls, des elfes, bref des créatures folkloriques connues. Auxquelles sont venues s’ajouter des créations inventées (hobbits, bulrog, etc)

Même dans Harry Potter, parmi les inventions complètes, on retrouve une partie d’animaux légendaires qui nous sont familiers : licornes, dragons, fantômes. Ces ancrages sont rassurants pour le lecteur en plus de permettre une image mentale claire sans devoir recourir à des descriptions à n’en plus finir.

Un exemple d’univers qui va trop loin : Abarat de Clive Barker. Possiblement l’univers le plus original que j’ai rencontré dans mes lectures. Malheureusement, on s’y sent perdu. Non seulement les créatures impossibles se succèdent à une vitesse folle, mais même la géographie y est difficile à suivre. « Une île par heure » semblait une bonne idée en théorie, mais lorsque j’essai de m’en faire une image mentale, je ne réussis qu’à attraper un bon mal de tête.

Aller trop loin déstabilise le lecteur et l’empêche de jouir pleinement des péripéties. Remarquez, je n’ai pas lu « Lovecraft ». Il me ferait peut-être changer d’avis.

Mon plan de travail

Cette semaine, malgré les enfants malades, j’ai réussi à terminer mon plan de travail pour Terra Incognita : tome 4. Ce plan est en fait une courte description de ce qui arrivera dans chaque chapitre. C’est un exercice que je fais avant l’écriture de chaque livre. Au cours de l’écriture, il arrive que le plan change. Des chapitres se fondent les uns aux autres, d’autres sont ajoutés, mais je ne fais jamais de changements sans mettre à jour le plan, pour m’assurer que le tout fera du sens. Il faut dire que, dans cette série, j’alterne toujours les chapitres entre plusieurs groupes de personnages, donc, impossible de couper un chapitre sans revoir la structure au complet.

En exemple, voici le début de mon plan de travail pour Terra Incognita : Pirates à bâbord. Le plan complet comprend 21 chapitres, un prologue et un épilogue.  Avec le recul, c’est amusant de voir comment tous les noms ont changé! SharkMeat est devenu « Squale », Alan est devenu « Aldebert », et La Miss Fortune est devenue « la Rapinière ».

Petite note : il n’y aura pas de nouveau billet lundi! Joyeuses Pâques tout le monde!

Les aléas de l’écriture à la maison

Cette semaine, c’était décidé, j’écrirais! J’avais même écarté un projet de livre numérique pour pouvoir me consacrer plus rapidement et plus sérieusement au tome 4 de la série Terra Incognita. Remettre mes notes en ordre mardi, puis écriture pour le reste de la semaine. Avec un peu de chances, une vingtaine de pages terminées avant la fin de la semaine.

Du moins, c’était le plan… jusqu’à ce que la vraie vie me rattrape!

Ma puce est malade, et les possibilités de contagions sont telles que je n’ose envoyer son frère à la garderie non plus.

Ma semaine ressemblera donc plutôt à : Clinique médicale mardi, pâte à modeler et bricolage pour le reste de la semaine.

La chanson thème de la semaine : « ♫Ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine ♬»!

Jeune Auteure vs Jeunauteur

J’ai pris l’habitude, après mon premier salon, de ne jamais acheter de livre lorsque je suis en séance de dédicace. Voyez-vous, la tentation est bien grande et on retourne souvent chez sois après avoir dépensé plus de sous que ce que les ventes de la journée nous offriront (un an plus tard) comme profit. Comme modèle d’affaires, on repassera!

Je m’apprêtais d’ailleurs à faire un billet « ce que j’aurais acheté au Salon du livre de Trois-Rivières si j’avais eu un budget illimité », mais, voilà, j’ai dérogé à la règle!

Notre kiosque était installé tout juste devant un étalage exhibant le dernier « JeunAuteur » de Stéphane Dompierre et Pascal Girard. Il s’adonne que j’ai adoré le premier! L’ayant pris à la bibliothèque, je l’ai lu plus d’une fois avant de devoir le rendre, probablement en retard, comme à l’habitude. Ceux qui me lisent régulièrement savent d’ailleurs que j’y ai déjà fait référence, pas une, mais bien deux fois! Ce n’es pas de ma faute si les petits travers de la vie d’auteur y sont si bien représentés!

Une force de volonté sans pareille m’a permis tout de même de terminer ma journée sans délier les cordons de la bourse.

Puis, vint ma séance de dédicace de samedi. Non seulement le tome deux était toujours en place pour me narguer, mais les deux auteurs y étaient également! Séance de dédicace commune! Juste devant mon nez! C’en fut trop! Zoup, zoup, zoup, je n’eut qu’à traverser le corridor, passer à la caisse,  et me voilà l’heureuse propriétaire d’un JeunAuteur tome 2, signé, dédicacé et illustré! Voici d’ailleurs le mot de Stéphane Dompierre :

Salut Annie

J’espère que tes pirates ne rencontreront jamais Morlante…

Peace, love, machettes.

S.

Il faut dire que nous avons discuté « pirates », vu nos publications respectives! Très sympathique! Au plaisir d’être de nouveau leur voisine de salon!

P.-S. Il faudrait vraiment que je mette la main sur une petite caméra qui me permettrait d’illustrer ces billets anecdotiques de photos sur le vif!

39 clues: Le gros succès jeunesse dont vous n’avez pas encore entendu parler!

Lors d’une récente visite aux États-Unis, je suis allée traîner une petite heure au Barnes and Nobles local. Que de plaisir! Que de livres! Leur section jeunesse était magnifique, avec des coussins pour lire tranquille, une estrade pour l’heure du conte, et des jeux à utilisation libre sur une table. Un livre m’a particulièrement frappée : the 39 clues. Il faut dire qu’il était difficile à rater… il figurait jusque sur les boîtes de céréales « Honey Comb »!

Le premier livre est écrit par Rick Riordan, bien connu pour sa série « Percy Jackson and the Olympians » dont le premier tome, The Lightning Thief, est présentement au cinéma. Bien écrit, rempli d’action, le genre de livre qu’il est difficile de déposer. Son principal péché est de sentir la recette à plein nez! Une tasse d’Orphelin Beaudelaire (deux orphelins aux prises avec le reste de la famille pour un héritage auquel ils n’ont pas accès), un demi-litre de Da Vinci Code (des énigmes cachées par des personnages historiques tels que Benjamin Franklin), un soupçon d’Harry Potter (4 grandes factions avec leurs blasons et leurs styles de personnalité) et, finalement,  un glaçage « Cathy’s book » avec une composante internet très forte.

Car, voyez-vous, the 39 clues est plus qu’un livre : c’est une expérience, un jeu et un concours. Chaque livre est accompagné de 6 cartes sur lesquelles figurent des indices sous forme d’énigme. En allant sur le site web (http://www.the39clues.com/) il est possible d’entrer ces cartes et de répondre à des questions pour prouver qu’on a bien trouvé la clé de chaque énigme. Il y a même un prix à la clé pour ceux qui réussissent à dénouer l’intrigue de chaque mission. Des cartes d’indices additionnelles peuvent être achetées en paquet, comme des cartes Pokémon.

Le site web est loin d’être de la plus haute qualité! Plusieurs sites d’émissions télé ont fait bien mieux, mais les énigmes sont captivantes! Évidemment, il s’agit d’un produit fabriqué de toute pièce. Les livres succédant sont d’ailleurs écrits par des auteurs divers, un peu comme Geronimo Stilton. N’empêche, ça semble être un grand succès. Le film est déjà prévu pour 2011.

Il y a fort à parier qu’une version française n’est pas loin! À surveiller!

Bonne chance petites enveloppes!

Et voilà! Mon manuscrit de romans 6-8 ans est parti! Il est maintenant dans les mains des 400 coups, Courte échelle, Boomerang, Pierre Tyssere, Bayard et Foulire. Les trépidations lorsque le téléphone sonne ont déjà commencé, même s’ils ne peuvent vraisemblablement pas avoir reçu les enveloppes!

La première fois que j’ai envoyé un manuscrit, je l’ai envoyé à tout le monde (plus d’une quinzaine) d’un coup. Comme dit si bien le JeuneAuteur de Stéphane Dompierre : stratégie « par ordre alphabétique ». Cette fois-ci j’ai décidé de commencer par quelques-uns, et de continuer avec les autres au fil des mois selon les réponses que je reçois.  La priorisation s’est faite sur des critères parfois aléatoires (FouLire, je trouve juste que leurs livres sont beaux!), parfois plus concrets (Soulière n’accepte plus de manuscrits jusqu’en 2012). Je vous tiendrai au courant des développements.

Bon. Très concret comme fin de projet. Il va bien falloir que je commence à écrire quelque chose d’autre! Un quatrième Terra Incognita? Pourquoi pas! Un, deux, trois, go!

Petite note : je serai en séance de dédicaces au Salon du livre de Trois-Rivières jeudi le 25 toute la journée et samedi le 27 en après-midi!

La recherche d’éditeur, mon sport extrême préféré.

Cette semaine, j’enverrai le manuscrit d’une nouvelle série jeunesse à des éditeurs qui ne me connaissent pas. Je ne peux m’empêcher de penser que ce ne sera pas aussi excitant que la première fois. Envoyer un premier manuscrit pour publication, c’est comme de sauter d’un avion avec 20 parachutes, dont chacun n’a que 5% de chances de s’ouvrir. C’est excitant et terrifiant, ça entraîne des palpitations à chaque fois que l’on tire sur la ficelle!

Car, voyez-vous, j’adore cet état d’espoir constant! Après la moindre absence de la maison, courte ou prolongée, on revient avec la trépidation de savoir qu’une grande nouvelle nous attend peut-être. Tout moyen de communication : la poste, le courriel, la lumière clignotante du répondeur deviennent sources de bonheur potentiel. Parce qu’un premier appel d’éditeur, c’est une joie comme on n’en rencontre pas si souvent dans sa vie. Le genre d’instant qui change votre vie.

Lorsque je mourrai, si j’ai droit à ce cliché qu’est de « voir ma vie passer devant mes yeux », je revivrai mon premier baiser d’amour, la rencontre de mon mari, la naissance de chacun de mes enfants… et mon premier appel d’éditeur.

Ajout d’une page « Où trouver mes livres »!

J’ai reçu ce matin un commentaire de lectrice qui disait ne pas avoir trouvé Terra Incognita : Les naufragés de Chélon dans les deux librairies de son quartier. Comme il n’y a rien de plus triste pour un auteur que d’avoir des lecteurs qui ne vous trouvent pas, j’ai ajouté une section « Où trouver mes livres », disponible dans la navigation de gauche de ce blogue!

Voilà!

Quelle sorte de premier lecteur seriez-vous?

Avant d’envoyer son manuscrit à un éditeur, c’est une bonne idée de le faire lire à d’autres, histoire que des paires d’yeux toutes fraiches y jette un coup d’œil.

Il y a deux sortes de premiers lecteurs. D’abord, il y a ceux qui aiment tout! Ils sont pratiques pour flatter l’égo! On leur envoie le manuscrit sans crainte, ils nous reviennent bourrés de commentaires positifs, et on se sent soudainement le courage d’affronter les éditeurs!

Plus utile encore, il y a les vrais critiques. Ceux qui savent repérer les faiblesses, suggérer des améliorations, repérer les fautes! Ici, le choix est plus difficile! Il faut un assez grand respect pour prendre les commentaires au sérieux, et surtout, une relation assez solide pour qu’elle ne puisse être ébranlée par un désaccord.

— Bou hou hou, tu ne m’aimes plus!

— Mais, chérie, j’ai seulement dit que la troisième phrase du cinquième chapitre était un peu longuette!

Vous voyez le genre!

Moi, j’ai deux relecteurs, un de chaque catégorie!

J’ai justement passé la soirée hier à faires des modifications à un futur projet suite aux commentaires de mon premier lecteur-critique. On s’approche du point ou je serai complètement satisfaite du résultat! Je vous en reparlerai bientôt!

Série or not série, telle est la question!

Dans ma tête, il n’a jamais été question de n’écrire qu’un seul livre. Même lorsque j’ignorais encore si j’aimerais faire ce métier, j’avais décidé d’en écrire au moins trois avant de choisir. Mon tout premier manuscrit envoyé  à un éditeur portait un nom de série en plus d’un titre. Mon calcul était aussi simple que mercantile : selon moi, les enfants retiennent les noms de série, mais pas les noms d’auteurs.

Il y a deux jours, le tome 2 de ma série Terra Incognita est arrivé en librairie. Comme le seul outil d’analyse de vente dont les auteurs disposent est la fonction « disponibilité dans les succursales » du site de Renaud-Bray, j’y suis allée dans la joie. Première vérification : le nombre de Terra Incognita : Pirates à bâbord. Verdict : deux fois plus de commandes que pour la sortie du premier livre! Jubilation! Comme on dit en business :  ça « scale »!

Deuxième vérification : combien de Terra Incognita : Les naufragés de Chélon Renaud-Bray ont-ils recommandé pour accompagné la sortie du deuxième? Oups! Z-É-R-O! Il ne reste donc plus que trois copies de ce livre dans toutes les librairies Renaud-Bray de la province. J’ai peut-être crié victoire un peu trop vite.

Évidemment, il ne s’agit là que d’une seule chaîne, et je vois bien, lorsque je fais des salons, que le principe de série marche, puisque la moitié des acheteurs me prennent les deux d’un coup. Reste à espérer que les lecteurs n’hésiteront pas à prendre le deuxième sans avoir lu le premier, et surtout, qu’ils l’aimeront assez pour passer une commande lors de leur prochaine visite en librairie!