Tous les articles par Annie Bacon

Ces petites phrases qui en disent long.

Je l’ai souvent avoué, je lis très peu en français, préférant plutôt les grands auteurs anglophones de Fantasy. Par contre, je me rattrape en écoutant presque exclusivement de la musique francophone. Rétro comme nouvelle, je suis une grande admiratrice de chanson française, les immortelles comme les feux de paille. Si les romanciers avons le loisir de s’épancher en nombreuses pages pour décrire nos idées, les auteurs de chansons doivent s’assurer que chaque phrase compte. Lorsqu’ils réussissent, ils ont toute mon admiration.

Avec mon marathon d’animation scolaire et de salon du livre, mon lecteur MP3 s’est fait aller plus que d’habitude, et j’ai eu envie de partager avec vous quelques perles rencontrées au hasard de l’écoute.

« Crier je t’aime à la mariée, en gardant sa poignée de riz »

(Éric Toulis, la femme des autres)

Petite phrase toute simple, mais qui fait naître en moi à chaque fois une image très détaillée de cet amoureux qui exprime enfin ses sentiments maintenant qu’il est trop tard. C’est la pognée de riz qui fait la finesse de l’image. Alors que tout le monde est en liesse, il est immobile, sur le côté. Seul point fixe d’une foule en délire.

« À la barbe des voisins
Qui le trouve sympathique,
Monsieur est un assassin,
Je suis son domestique »

(Thomas Fersen, Monsieur)

J’adore lorsqu’une chanson raconte une histoire, et avec Thomas Fersen, je suis gâtée! Dans ces deux petits vers se trouve toute l’installation d’un récit! On connait le point de vue (celui du domestique), l’intrigue (monsieur est un assassin) et même le contexte (à la barbe des voisins). On attend l’événement perturbateur avec impatience.

« Toi et moi révisons l’ordinaire
En triplex à Montmartre avec vue sur la mer »

(Aldebert, des chatons dans des paniers)

De celle-ci, c’est l’impossibilité de la chose qui en fait sa beauté! Lorsqu’on nous demande de décrire un idéal, pourquoi se limiter au possible! Comme lorsque Tina Fey décrit sa soirée idéale en disant : « coffee / playground / nap / exercise / flea market / playground / bath time / diner with grownups / see a great movie / aslep by 9pm »

Bilan de salon du livre

Ce fut un plus petit salon que prévu! Je devais originalement être présente tous les jours, mais un rendez-vous pour mon fils m’a privé de mon jeudi, une surabondance d’auteurs pour le nombre de tables à notre kiosque m’a envoyé en congé forcé (mais apprécié!) samedi, et une petite fille fiévreuse a eu raison de mon lundi! J’ai donc à peine fait trois périodes de signatures, et encore, l’une d’entre elles a été coupée d’une heure!

Si ces changements d’horaires sont habituellement sans conséquence, quelques signes m’indiquent que je devrai bientôt être plus assidue : je commence à avoir des lecteurs qui passent spécifiquement pour me voir! Yé! Il y en a même une qui est venue me porter sa version d’une histoire que j’avais inventée avec l’aide de sa classe lors d’une animation. Elle m’a impressionné, d’ailleurs, le tout ayant été étoffé de nouvelles péripéties, et écrit avec une plume surprenante pour une élève de deuxième cycle. Continue Frédérique!

Pour ce qui est de mon « porte-à-porte », on m’avait suggéré de contacter les maisons d’avance afin de prendre rendez-vous. J’ai donc consulté mon carnet d’adresses et envoyé des courriels aux quelques contacts que j’avais. Le bon taux de réponse pour les rencontres m’a donné ce qui me manquait de courage pour en solliciter d’autres directement dans leurs kiosques. Stressant, mais excitant à la fois, et idéal pour se faire de nouveaux contacts! Pour ce qui est des résultats, on en reparlera plus tard…

Un petit mot pour conclure sur la beauté de l’entraide entre auteurs. Si écrire peut s’apprendre à l’école, la « business » et la politique qui entourent le métier ne sont pas toujours faciles à naviguer. J’ai eu la chance, au salon, de converser avec des « plus-vétérans-que-moi » dont les conseils et l’écoute m’ont été précieux (en plus d’être de charmante compagnie!). J’essaie, en échange, d’être à mon tour d’une quelconque utilité à ceux qui débutent, en partageant mes expériences sur ce blogue, bien sûr, mais également en étant à l’écoute dans les salons. Après tout, nous sommes bien plus en compétition contre les autres formes de divertissement que nous pouvons l’être entre nous. C’est-y pas beau, la solidarité!

Il y a des ventes qui comptent plus…

J’ai déjà parlé, dans ce blogue, de la vente dans les salons, et bien que je me laisse facilement prendre au jeu, je ne suis pas dupe : la plupart n’ont absolument rien à voir avec mes capacités en tant qu’auteur! Tout ce que ces ventes me disent, c’est que j’ai réussi à partager verbalement mon enthousiasme, et que l’illustration de Sarah est alléchante à souhait. La satisfaction vient du fait qu’on a un nouveau lecteur, sans plus.

Mais depuis que Terra Incognita est une « série » en bonne et due forme, je découvre le plaisir de la scène suivante : un enfant se rue sur la table, indique fièrement avoir lu le premier, puis écarquille les yeux en réalisant que deux autres titres l’attendent. S’il décide de prendre le deuxième (ou le troisième, ou les deux), vous venez de réaliser une vente ô combien plus valorisante, puisqu’elle est une conséquence directe de l’appréciation de ce lecteur de votre travail. Il a aimé le premier, il en veut plus, n’est-ce pas merveilleux!

Je m’en souhaite tout plein au salon cette semaine!

Salon du livre de Montréal

Cette semaine, je serai au Salon du livre de Montréal pour des séances de signatures. Le kiosque des Éditions du Phoenix (300) se trouvera sous le grand chapiteau « Prologue », juste à l’entrée, ce qui me permettra, comme l’a si bien souligné Savante Folle dans son blogue,  d’entendre plusieurs variations sous le thème du « je vais faire le tour avant de choisir! », pour ceux qui entrent et «  J’ai déjà dépensé mon budget » pour ceux qui sortent!

Blagues à part, voici mes plages horaires :

Mercredi 17 novembre
de 13h à 16h

Vendredi 19 novembre
de 12h à 15h

Samedi 20 novembre
de 12h à 15h

Dimanche 21 novembre
de 9h à 12h

Lundi 22 novembre
de 9h à 12h

J’y serai probablement également mercredi matin en touriste (il faut bien que j’achète mes cadeaux de Noël!) et vendredi matin en femme d’affaires! Très peu d’écriture en perspective!

La tendance « les filles d’un côté, les garçons de l’autre »

Lors d’un salon cette semaine, j’étais installée juste à côté d’un présentoir « fille ». Sur ses rayons : Le Dico des filles, L’encyclopédie des filles et l’ABC des filles, tous de maisons d’éditions différentes, se cotoyaient. En fouillant un peu, j’ai également trouvé « La BD des filles », « le Manuel des filles » et même « la BD des filles »!

De l’autre côté du chromosome, le phénomène ne semble pas encore avoir atteint notre coin de pays, puisque je n’ai trouvé que « 211 idées pour devenir un garçon génial », traduit de l’anglais. Chez les Américains, par contre, la tendance va bon train, le grand succès de la série « Dangerous Books for Boys »  ayant inspiré de nombreux imitateurs!

Le tout a sans doute une grande signification sociologique : l’acceptation de la différence entre les deux sexes après des années à penser qu’il suffirait d’acheter des poupées aux garçons et des camions aux filles pour que ces différentes s’effacent? Un grand manque de modèles pour apprendre aux garçons et aux filles ces choses importantes qui ne s’enseignent pas à l’école (mettre du poli à ongle d’un côté, faire un lance-pierre de l’autre)?

Qui sait! Personnellement, je voulais simplement souligner la tendance!

Pensées en vrac après une journée intense d’animations scolaires:

Il faut avouer que, comme prémices à une histoire improvisée sur place, un personnage qui aime couper des têtes (proposé par un élève de Varennes), ça permet des péripéties plus exhaltantes qu’un personnage passionné de football.

On peut parfaitement aller faire une animation scolaire à Contrecoeur sans pour autant aller faire une animation scolaire à contrecœur.

L’école du Moulin utilise le thème de Star Wars comme sonnerie de récréation… dommage qu’ils n’aient pas la marche de l’empire comme cloche de retour en classe!

Ce qui est super d’être installée dans la bibliothèque pour faire les animations, c’est qu’on peut lire des BD durant pauses!

Maxime Roussy avait raison : sortir un élève, ça replace des choses!

Bon, « quel est ton animal favori » n’est pas la première question qui me viendrait en tête à poser lors d’une période de questions avec un auteur, mais, après tout, pourquoi pas!

Passer par la maison prendre ses courriels entre deux animations, c’est merveilleux!

Un enfant qui te raconte un livre qu’il a lu, c’est difficile à interrompre, et rarement intéressant!

Les élèves de 3e et 4e années ne lisent pas de manga. Surprenant.

Ils ne savent pas non plus qui est Vasco de Gama. Moins surprenant.

Ça fait toujours un petit velours de découvrir un personnage de roman qui porte notre nom. Imaginez ce gosse de Pointe-aux-Trembles prénommé Amos!

Après quatre animations dans deux villes différentes dans la même journée, on rentre gonflé à bloc… et on s’écroule vers 20 heures!

Porte-à-porte au salon!

En récupérant mes trois anciens textes de jesuisleheros.com, j’ai également récupéré les droits sur une idée en chantier. Une idée qui me travaillait depuis longtemps, et que je considère être ce que j’ai fait de meilleurs à ce jour. Pour couronner le tout, c’est un projet construit en collaboration avec Anouk Lacasse, illustratrice extraordinaire.

Il s’agit, une première pour moi, d’un album illustré. Trois doubles-pages sont prêtes à être montrées à des éditeurs, histoire de les aguicher, car nous n’avons l’intention de compléter l’album que si un éditeur se montre intéressé.

Et c’est là que je désire essayer quelque chose de  nouveau!

Plutôt que d’imprimer de multiples copies à envoyer dans de banales enveloppes jaunes, je considère amener le tout dans un porte-folio au Salon du livre, et faire du porte-à-porte dans les kiosques des différents éditeurs jeunesse. Je sais de source sure que les éditeurs détestent se faire donner des manuscrits dans les salons, puisqu’ils sont ensuite pris avec des piles monstrueuses de papier. Mais mon cas est particulier.

Premièrement, vu la qualité des images, j’aime mieux leur montrer les feuilles 11 x 17 dans toutes leurs splendeurs que de devoir tout plier dans des enveloppes, aussi grandes (et jaunes) soient-elles. Une fois le contact établi, je pourrai toujours prendre leur carte d’affaires et leur envoyer le tout par courriel pour qu’ils étudient le tout dans la tranquillité de leur bureau.

Deuxièmement, c’est un projet difficile à classer dans une collection particulière. Pas assez narratif pour être un album, et pas assez éducatif pour être classé documentaire, je ne suis pas trop certaine à quels éditeurs l’offrir, et encore moins pour quelle collection! En toute honnêteté, je ne suis même pas certaine du public-cible! Au pire, la discussion avec l’éditeur me permettra simplement de mieux cibler mes envois.

Il reste une grande question à mon plan : est-ce que les éditeurs sont présents dans les salons? Je sais que Liliane Lord des Éditions Phoenix (ou sont publiés Terra Incognita) y est toujours, et que certains ne se présentent pas aux salons en région, mais viennent faire leur tour à celui de Montréal. Si je ne m’abuse, il y a une journée des professionnels au salon, ce qui augmenterait mes chances.

Mais pourquoi donc les éditeurs n’ont-ils pas des plages horaires officielles de présence au salon comme les auteurs? Les auteurs pourraient venir y faire la file pour des signatures (sur des contrats). Ce serait pas mal, non?

Relire de vieux textes

Je viens de récupérer les droits sur trois histoires écrites, il y a trois ans, pour jesuislehéros.com. Les éditions du Mille-pattes m’en avaient alors commandé six, et n’ont finalement publié que les trois premières.

Je savais que je devrais les retravailler si je désirais avoir la moindre chance qu’un autre éditeur les prenne. Le propre des histoires personnalisées est d’offrir un héros assez « beige » pour que tous et chacun puissent prendre sa place. Un héros très actif, mais sans personnalité aucune. En fait, même son nom n’est qu’un exemple, qui sera substitué selon le bon désir du client.

Je m’attendais donc à un peu de travail… jusqu’à ce que je relise lesdits textes! Ouch! Je ne me suis même pas rendue à la deuxième page! Je trouve le tout insupportable! Il faut dire que je débutais à peine en écriture lorsque je les ai écrits! Un seul roman derrière la cravate, toute petite débutante. Quatre romans plus tard, ma plume s’est affinée, mon style s’est épanoui. Une fois le désespoir de ma relecture passée, je suis au contraire absolument réjouie de voir l’amélioration de mon écriture durant ces trois petites années!

J’inscris donc deux de ces trois textes à ma « to-do list ». Le premier serait parfait pour offrir à une amie directrice littéraire qui m’avait déjà demandé de lui fournir des textes. Le deuxième serait envoyé à Bayard, il y a longtemps que j’ai envie de tenter l’aventure de la soumission magazine. Le troisième?  Je suis un peu embêtée pour celui-là! La trame semble être identique à celle du livre d’un collègue, publié dans les derniers mois. C’est comme ça, parfois, avec les muses! Elles donnent la même idée à plus d’une personne en même temps! Je crois que je vais le laisser dormir sur sa tablette.

Mais avant tout, terminer mon manuscrit de Terra Incognita tome 4! J’ai les deux prochains jours et demi à y consacrer si tout va bien. Je devrais pouvoir avancer un peu.

Je ne me considère pas « chanceuse » d’être auteure

Hier, Jonathan Reynolds publiait un billet passionné sur sa vision du métier d’auteur. La phrase suivante m’est restée en travers de a gorge : « N’oubliez jamais que ce n’est pas un droit d’être auteur, c’est une chance! ».

Est-ce qu’un plombier, un médecin ou un architecte se considère chanceux d’exercer leur métier? Tous les auteurs que je connais, et particulièrement ceux qui en vivent, y sont arrivé à l’aide d’une discipline de fer et de beaucoup, beaucoup de travail! Leurs succès, ils les ont mérités! Heureux de pratiquer le métier qu’ils aiment? Absolument! Mais la chance n’a rien à y voir.

L’édition n’est pas une loterie! L’éditeur ne nous « fait pas une faveur » en publiant notre livre! Il le choisit pour sa qualité, résultat direct des capacités de l’auteur et de l’effort fournis pour utiliser ces capacités à leur maximum.

Rendons-lui tout de même son due : la chance est une excellente accélératrice de carrière et amplificatrice de succès! Les bonnes personnes rencontrées, le bon thème traité au bon moment, certaines coïncidences peuvent propulser un auteur vers les hautes sphères des palmarès plus rapidement qu’il ne l’aurait fait de par lui-même. Mais le moindrement que son talent était soutenu par une saine ardeur au travail, il aurait fini par arriver tout de même à exercer ce métier.

Lorsque l’on caresse la première copie de son livre, il ne faut donc pas se considérer chanceux, mais bien savourer la juste récompense d’années d’efforts et de sacrifices.

Geronimo Stilton : le chaînon manquant?

Je lisais, hier, un article du journal Le Monde, intitulé « Comment enrayer la chute de la lecture des enfants ? » Deux énoncés ont retenus mon attention. Le premier, une chute importante de lecteurs à l’âge où ils doivent graduer de l’album illustré au roman. Le deuxième, le questionnement de l’auteur sur une possible nécessité de rendre les livres plus ludiques. Je n’ai pu m’empêcher de penser à Geronimo Stilton.

Pour ceux qui ne connaissent pas cette série au succès phénoménal, Geronimo Stilton est une série italienne qui compte déjà plus d’une cinquantaine de livres et qui suit les aventures d’une grosse souris. Aucun auteur autre que la grosse souris elle-même n’est jamais mentionnée sur les œuvres, à un point tel que c’est le personnage en peluche qui fait les dédicaces dans les salons du livre, ce qui porte (fortement) à croire qu’elle appartient à l’Éditeur italien, qui passe des commandes à différents écrivains. La série existe sous deux formats : des petits romans courts et de grosses briques dans lesquelles l’aventure comprend de nombreux jeux et activités (du genre, trouvez la clé dans l’image pour que Geronimo puisse ouvrir la porte).

Jetez maintenant un petit coup d’œil sur une page intérieure d’un roman de Geronimo Stilton.

Selon mon article de Le Monde, le passage de l’album illustré au roman serait difficile. Geronimo Stilton, avec ses mots-images (je rougis écrit en rouge, « Rio Mosquito » accompagné d’insectes) et ses nombreuses illustrations couleur semble à cheval entre les deux genres. Le passage se fait plus facilement! Le chaînon manquant, donc! Lorsqu’un apprenti lecteur ouvre ce livre pour la première fois, il n’est pas intimidé. Il est en pays de connaissance, la seule différence est que les pages sont plus petites et plus nombreuses que celles des albums dont il a l’habitude.

De plus, avec les activités incluses dans ses romans-briques, Geronimo réussit à mettre un pied dans l’univers du jeu. Cet esprit ludique constitue un second atout pour le jeune lecteur. D’entrée de jeu, il n’a pas peur de s’ennuyer, malgré le nombre impressionnant de pages.

Il est facile de jalouser le succès de la série, mais il est peut-être également responsable de la conversion de bien des lecteurs d’albums en lecteurs de romans.