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Recherche concrètement auteurs jeunesse audacieux

Il y a quelques mois, je faisais un appel a tous semblable, pour une hypothétique animation d’écriture en direct que je comptais présenter à différents salons du livre. Le Salon du livre jeunesse de Longueuil a aimé l’idée, et je relance donc l’invitation, mais de manière concrète cette fois-ci!

Description :

L’activité aura lieu le Samedi 12 février dans le Hall d’entrée du Théâtre de la Ville à Longueuil. Pour ceux qui sont familiers avec le salon, le kiosque de l’activité serait à côté des tables à pique-niques, en face de la librairie, juste devant la file d’attente pour entrer au salon.

À tour de rôle, des auteurs seraient installés à une table avec leur portable et un écriteau « Ne pas déranger ». L’idée est de travailler un manuscrit jeunesse en cours, n’importe lequel, comme si vous étiez à la maison. Un écran géant dévoilera le contenu de votre écran aux passants. Le port d’écouteurs est fortement recommandé!

Je n’ai malheureusement pas réussi à obtenir des cachets. Par contre, nous feront bonne usage de la visibilité offerte par ce coin très passant en affichant les livres de l’auteur bien en vue sur la table, accompagné du numéro de kiosque où les visiteurs pourront non seulement acheter les ouvrages, mais également converser avec l’auteur dès son tour à l’atelier terminé (si vous êtes en séances de signatures pendant la journée).

Nous sommes déjà trois volontaires inscrits, mais nous avons l’espace pour la journée entière. Il reste donc de la place! Les seuls critères de sélections : avoir au moins un livre jeunesse de publié à votre actif.

Les intéressés peuvent laisser un commentaire ci-dessous, me contacter via Facebook ou Twitter, ou encore m’écrire en déchiffrant l’adresse courriel suivante :

Mon prénom + « A » commercial + mon prénom et mon nom de famille en un seul mot + .com

Passez-vous le mot!!!

Ma première épreuve « Lurelu », passée haut la main!

Tout d’abord un peu de perspective, pour ceux qui ne connaissent pas « Lurelu ». Il s’agit d’un magazine traitant de la littérature jeunesse au Québec. Il est distribué à tous les membres de communication-jeunesse, et à plusieurs abonnés, notamment des libraires, des bibliothécaires, des enseignants, des auteurs, et toutes autres personnes intéressées par la littérature jeunesse.

Contextuellement, ce qui rend la revue importante, c’est surtout qu’on y trouve des critiques de presque tous les romans jeunesses publiés (je dis bien presque, puisque mes deux premiers romans semblent être tombé entre deux craques), ce qui est une tâche colossale. Ajoutez à cela le peu de visibilité de cette littérature dans les médias traditionnel (un gros « Bravo » à Pause-Lecture qui prend la relève côté nouveaux médias), et la critique de Lurelu devient souvent la seule critique qu’un auteur recevra sur son roman. Cette unicité rend la pilule plus difficile à avaler lors de mauvaise critique. Tout art est une question de goût, et ce n’est que dans la multitude des opinions qu’une véritable valeur générale est accordée. Tout utilisateur de Metacritic.com vous le dira.  J’en profite pour remarquer que les livres constituent le seul divertissement absent de ce site… la littérature jeunesse québécoise n’est peut-être pas la seule à souffrir d’absence de couverture! Mais je m’égare…

Bref, un des critiques de Lurelu a couvert « Le Fantôme du caporal poltron » et je suis ravie du résultat! En voici la retranscription :

« Dans ce troisième tome de la série, les jeunes naufragés se retrouvent séparés en deux groupes sur les rives opposées d’une ile à la suite d’une tempête. Un côté est hanté par les fantômes d’un camp militaire condamnés à revivre une humiliante défaite subie autrefois à cause de la négligence de leur caporal poltron. De l’autre côté vivent les vainqueurs. Le peuple y prend les moindres décisions à la place du roi; en somme, la démocratie poussée à l’extrême, ce qui provoquera d’amusants imbroglios. Les deux groupes d’amis parviendront-ils à se rejoindre tout en aidant les habitants à reprendre le contrôle de l’ile?  Comme dans les romans précédents, aventures et voyages font ici bon ménage.

Le récit, divertissant et riche en rebondissements, propose une structure non linéaire : plusieurs chapitres alternent entre les deux lieux où évoluent les personnages, ce qui constitue une piste intéressante à exploiter en classe. Les personnages témoignent de belles valeurs telles l’amour fraternel, le respect de l’autre et le dévouement envers autrui. Le vocabulaire, précis et évocateur, plonge le lecteur dans des scènes exaltantes. En revanche, les termes « militaires » et « maritimes » auraient mérité plus amples explications. Quelques illustrations en noir et blanc complètent le texte en soulignant la jeunesse des héros. À noter : le site de l’auteure (www.romanjeunesse.com) propose des fiches pédagogiques. »

N’est-ce pas merveilleux! Un gros merci à Sébastien Vincent pour une si belle critique. Il a même mis l’adresse ce mon site web! Je n’aurais pas pu demander mieux!  Avec de tels éloges, je leur pardonne complètement à Lurelu d’avoir, dans leur article sur les bandes-annonces, rebaptisé mon premier roman « les naufragés de Chélo »!

Le Funeste destin des Beaudelaire, ode à l’écriture hyper-présente.

Durant mon magasinage des fêtes, j’ai mis la main sur le 13e et dernier tome de la série « Le funeste destin des Beaudelaire », traduction de « A series of unfortunate events », écrit par Lemony Snicket.  L’auteur en question n’existe pas plus que Geronimo Stilton, mais a l’avantage d’être le prête-nom d’une seule personne, soit Daniel Handler.

J’avais, lors des grandes années de popularité de la série, lu les trois premiers, qui furent plus tard transformés en film. Sans aucun souci pour le trou de 8 livres, j’ai laissé ma curiosité l’emporter pour savoir comment le tout allait se terminer.

J’en profite pour mentionner que la fin était parfaite : ni trop sucrée, ni trop amère, mais là n’est pas la raison de mon billet. J’ai plutôt envie de parler du style littéraire dans cette série. Un style original, complexe, et qui a dû se voir refusé dans plusieurs maisons d’édition avec l’indication « écriture trop compliquée pour le public cible ».  En guise d’aperçu, voici la première phrase du tome 13 :

« S’il vous est arrivé d’éplucher un oignon, vous avez pu constater que sous la première fine pelure se cache une autre pelure, et sous cette autre fine pelure une autre encore, puis une autre, et une autre, et une autre, si bien qu’avant longtemps vous vous retrouvez avec des dizaines, des centaines de pelures sur la table de la cuisine et des torrents de larmes dans les yeux, au point de regretter d’avoir entrepris d’éplucher cet oignon, pour commencer, et de vous dire que vous auriez mieux fait de le laisser se momifier en paix sur son étagère, mieux fait de poursuivre sans lui le cours de votre vie, quitte à renoncer à tout jamais aux saveurs complexes, envahissantes et douces-amères de cet étrange et âpre légume ».

Des phrases longues, vous pensez? Lemony Snicket se fout éperdument du niveau de langage de son public cible! Il a simplement intégré la complexité dans son style d’écriture. Alors que la tendance est à l’écriture « invisible » pour ne pas nuire au récit, Daniel Handler a créé un narrateur hyper-présent, à l’écriture merveilleusement encombrante!

Côté vocabulaire, il a trouvé la parade parfaite : lorsqu’un mot est trop compliqué, il l’explique, tout simplement.

Par exemple :

« Tout au plus, pouvait-on avancer que c’était plutôt gros, plutôt parallélépipédique – mot redoutable à prononcer signifiant ici : « en forme d’énorme boîte à biscuits » ». (p.100)

Il en vient même à jouer lui-même avec ses propres conventions en donnant des définitions absolument erronée et fictive, mais ayant du sens dans le contexte de l’histoire, comme ci-dessous :

« Mais même cette petite fille frondeuse – et ici, frondeur signifie « aimant les pommes » – ne savoura jamais bouché… » (p.243)

Le tout qui en résulte est un style si personnel que je suis certaine de pouvoir identifier un paragraphe écrit par Lemony Snicket entre mille. J’aimerais un jour qu’on puisse dire la même chose de moi. Et tant pis si ça nuit au récit.

Résolution 2011

Faire une résolution en billet sur un blogue est une chose sérieuse. Je serais incapable de vous dire quelles ont été mes résolutions des dernières années, ma mémoire d’une faillibilité légendaire ayant, depuis belle lurette, éjecté l’information pour faire place à des projets plus farfelus. Mais puisque, cette année, j’inscris la résolution en question dans un billet, il n’y aura plus d’excuses possibles. Comme dit le vieux dicton : les paroles s’envolent, mais les blogues restent indexés pour l’éternité. Je m’engage donc, publiquement, à la chose suivante :

Lire plus de romans

C’est simple, mais c’est tout. Ce que ça signifie, plus concrètement : lire des livres plutôt que des magazines lorsque je dine seul, fermer la télé plus tôt le soir pour garder plus de temps pour lire au lit, prendre des romans plutôt que des bandes dessinées lorsque je vais à la bibliothèque, limiter ma boite de comic books à la librairie Millénium aux titres dont je ne peux me passer (Fable, Unwritten), et ne pas tomber aussi facilement dans les jeux vidéos lorsque j’ai une heure de libre pendant que la maisonnée dort la fin de semaine.

Mes plans de lecture couvrent autant des livres pour adulte (Rain Wild Chronicles de Robin Hobb) que des séries jeunesse (Grande quête de Jacob Jobin de Dominique Demers), du moderne (Hunger Games de Susan Collins) que du classique (Le vent dans les Saules de Kenneth Grahame). Je sais qu’il n’est pas nécessaire de lire pour écrire, mais ça ne peut certainement pas nuire. Faute d’avoir fait des études dans ce domaine, j’ai envie de soigner un peu ma culture littéraire.

Pour vous permettre de suivre le tout, je vais même (tenter d’) ajouter un « Widget Wordpress » me permettant d’afficher en permanence l’œuvre que je suis en train de lire. Il devrait apparaître dans les prochains jours (dès que je mets la main dessus!)

MISE À JOUR: C’est fait! La colonne de gauche a été modifiée, vous y trouverez désormais mes lectures courantes!

Sur ce, je vous souhaite à tous une bonne et heureuse année 2011, que vos projets se réalisent, que la vie vous soit douce, et que les mots, lus comme écrits, vous viennent facilement.

2010, année de développement

J’ai commencé 2010 avec une nouvelle idée en tête : celle d’éventuellement vivre de mon écriture. Sachant pertinemment qu’un tel projet devait être vu à long terme pour avoir des chances de marcher,  j’ai élaboré un plan en plusieurs étapes : d’abord, augmenter mon nombre de publications pour atteindre un minimum de trois livres par année. Ensuite, progressivement changer les proportions pige/écriture jusqu’à ce que l’écriture compte pour 50% de mon revenu.

Pour cela, je devais vérifier deux hypothèses. Mes trois premiers romans ont été écrits durant mes congés de maternité. Je devais donc vérifier ma capacité à écrire à travers les contrats. Constat : mitigé. J’ai bel et bien réussi à écrire le tome 4 de Terra Incognita, en plus d’avoir réalisé tout le développement décrit dans le prochain paragraphe… mais il m’a fallu, pour la première fois, demander une extension à mon éditrice. En effet, après un hiver-printemps assez tranquille, les contrats se sont succédé à un rythme fou à l’été et à l’automne. Il faut dire que c’est très difficile, comme pigiste, de dire « non » à un contrat, puisqu’on ignore toujours quand le prochain arrivera. Leçon apprise : prendre encore plus d’avance sur les manuscrits officiellement « dus » avant de se permettre de faire du développement.

Pour atteindre la première étape, soit la publication de trois livres par année, je devais réussir à être publiée par un deuxième éditeur. Les Éditions du Phoenix peuvent me permettre de publier jusqu’à deux titres, mais trois, c’est beaucoup demander à une écurie aux places limitées qui gère tant de bons auteurs.

J’ai tenté les choses suivantes :

  • Écriture complète d’un manuscrit + envoie dans enveloppes jaunes. Non seulement la lenteur du processus m’a déprimée, mais il n’a essuyé que des refus. Projet tabletté jusqu’à nouvel ordre.
  • Utilisation de contacts + plan de projet. J’ai bien aimé cette méthode. Elle est rapide, puisqu’on s’adresse à quelqu’un de précis, et que tout se joue par courriel. De plus, on perd beaucoup moins de temps à faire un plan de projet plutôt qu’une rédaction complète. Côté résultat par contre, deux plans envoyés, aucune réponse définitive.

  • Élaboration d’une partie du projet + porte-à-porte au salon. C’est la meilleure méthode à ce jour. Comme pour la précédente, les résultats finaux ne sont pas encore connus, mais juste pour la possibilité d’ajouter les éditeurs rencontrés à son carnet d’adresses pour futurs projets, ça en aura valu la peine! À refaire!

  • Tentative outremer avec contact. Celui-là est un cas un peu particulier. Un texte que j’ai écrit très rapidement et qui s’est retrouvé dans les limbes. Une amie virtuelle outremer a bien voulu me servir de première lectrice et me donner le nom d’un éditeur français auquel l’envoyer. Il n’est pas encore parti, c’est un « à suivre ».

Constat : je suis, au moment où je vous écris, certaine à 90% d’avoir un projet qui sortira chez un deuxième éditeur, mais pas nécessairement pour 2011! De plus, tout ce temps de développement fait que je n’ai qu’un seul roman qui sortira aux Éditions du Phoenix. Bref, les trois publications par année sont loin d’être dans la poche!

Conclusion : en 2010, j’ai « semé à tous les vents ». Rendez-vous en 2011 pour voir de quoi aura l’air la récolte! Moi qui ai des tendances « Perrette et le pot de lait », je ne peux m’empêcher de penser que la prochaine année sera bien excitante!

Sur ce, je vous souhaite de joyeuses fêtes à tous, et on se retrouve justement dans ce 2011 plein de promesses!

La délivrance du premier lecteur

La semaine dernière, mon amoureux est rentré de voyage d’affaires en ayant terminé la lecture de mon Tome 4 de Terra Incognita. Sébastien est  mon premier lecteur.

À chaque fois qu’il termine un de mes manuscrits, je deviens comme une petite fille qui revient de camps de vacances! J’ai soudainement trop de choses à raconter! L’écriture se fait en solitaire, et s’il va m’arriver en cours de route de parler de certains blocages ou embuches, la majorité de ma journée de travail reste embouteillée à l’intérieur de mon cerveau… jusqu’à ce que Sébastien en lise le résultat!

Je lui parle alors des changements parvenus en cours de route, des problèmes rencontrés avec certains personnages, des choix narratifs, et des scènes dont j’ai eu le plus de plaisir à écrire. Il me questionne sur certains passages, cite les scènes où j’ai réussi à le surprendre, d’autres où il m’a bien reconnu. On parle des personnages comme si c’étaient nos amis de longue date et qu’on analysait les dernières nouvelles reçues!

Évidemment, le premier lecteur a aussi de grandes utilités, comme de pouvoir identifier les problèmes de compréhension, les absences, les raccords qui se sont fait dans ma tête mais pas sur le papier, et milles autres améliorations du manuscrit pour lesquelles je suis pleinement reconnaissante. Mais le véritable plaisir d’avoir un premier lecteur est dans le partage! C’est aussi pourquoi je n’échangerais le mien pour rien au monde!

La frontière entre livre interactif et jeu

The Heart and the BottleEn commentaire à mon billet « Le bateau que manqueront les éditeurs »  portant sur les livres numériques interactifs, Liceal, du blogue « sous un pissenlit »  a eu la gentillesse de partager une bande-annonce pour un livre interactif de Harper Collins.  Les voilà, les livres interactifs sont à nos portes!

Cette bande-annonce a déclenché chez moi une réflexion, entamé depuis un commentaire entendu lors de ma présentation au Bookcamp, soit : « dès qu’il y a de l’interactivité, c’est un jeu, pas un livre ». Il est évident que le livre peut se permettre un peu d’interactivité tout en restant fidèle à sa nature, comme il est évident que trop d’interactivité transforme le tout en jeux. Mais la frontière entre les deux, quelle est-elle?

J’ai d’abord considéré la possibilité que la narration orale rendait nulle l’appellation de « livre », pour réaliser que les livres-audios et les livres-disques (trente-trois tours, longues durée, tirés du filme de Walt Disney) incluaient la narration complète du texte sans pour autant perdre leur appellation livresque. L’abus de dialogue m’a porté du côté des pièces de théâtre et du scénario, mais sans résoudre mon problème actuel.

J’ai ensuite cherché du côté des proportions entre la narration et l’interactivité. Du genre : « Au delà de 30% d’interactivité, ce n’est plus un livre », mais encore là, la définition porte à confusion et passe à côté de l’essentiel. Essentiel qui a fini par me frapper! Je déclare donc :

Dans un livre interactif, l’interactivité doit être au service de l’histoire textuelle.

Voilà ce qui, pour moi du moins, fait toute la différence entre un livre et un jeu (J’ai rajouté le « textuel » à la fin pour ne pas qu’on entre dans le domaine du film).

Ce qu’il faut savoir, c’est qu’en jeu vidéo, l’histoire n’est qu’un prétexte à l’interactivité, que l’on préfère habituellement appeler « Gameplay ». Je vous garantis qu’une mission dans un jeu d’espionnage commence par un décision de : « il faudrait maintenant une mission où le joueur ne peut pas se servir de ses armes » pour ensuite se développer en « OK, on va dire qu’il y a une fuite de gaz dans la base et que la moindre étincelle fait tout flamber ». Et non pas l’inverse.

Toujours pas convaincu que les histoires en jeux vidéo ne sont que des « scénarios prétextes à scènes de combat/course/tir/zombies? Croyez-vous vraiment que le Mario Bros de Myamoto a commencé par un épique récit de plombier sauvant une princesse des griffes d’un dinosaure? Eh non! À preuve, changez Mario en lapin, et la princesse en carotte, et vous obtenez exactement le même jeu. Faites le même exercice pour « le vieil homme et la mer », et vous obtenez une tout autre œuvre!

Vous rencontrerez possiblement des jeux vidéo ou des livres interactifs qui ne suivront pas le principe de ma définition. Dans ce cas, ce ne sera pas ma définition qui est invalide, mais bien ces œuvres qui ont été mal étiquetées, ou encore les créateurs qui n’auront pas fait correctement leur travail! Du moins, c’est ce que je dirai!

Il manque certainement quelques précisions, mais, comme créateur de ces deux types d’œuvres, c’est par celle-ci que je trancherai entre mon désir de pondre un jeu à caractère narratif ou un livre à caractère ludique. Comme disent les matantes, c’est l’intention qui compte.

Tendances : la catégorie « Jeune adulte »

J’ai déjà touché un peu au sujet dans mon billet « Que sont les héros adultes devenus », j’y parlais d’un article de Entertainment Weekly qui clamait que le livre « To Kill a Mockingbird » serait aujourd’hui classé dans ce nouveau créneau qu’est la littérature Jeune Adulte… un créneau en grande expansion aux États-Unis, et presque inexistant chez nous.

D’abord un peu de définitions. Wikipédia offre un excellent article, mais je trouve sa caractérisation et ses exemples trop inclusifs. Je décrierais moi-même cette catégorie comme comprenant des livres qui s’adressent aux jeunes du secondaire (de 1 à 5, pas juste les deux premières années), figurent un héros de 15 à 18 ans, dans un format de livre propre aux adultes. En effet, les livres « jeunes adultes » ne sont pas en format poche comme les romans pour les 6-12. On les retrouve plutôt en format « best-seller », avec couverture souple.

Quelques exemples marquants ou à surveiller :

Twilight, qui se passe de présentation. Go team Jacob!

The Hunger Game, une série dans laquelle des adolescents sont forcés de se tuer jusqu’à ce qu’un seul survivant reste, le tout télévisé comme une série « réalité ». Un concept presque obscènement identique à « Battle Royale », un grand succès japonais publié en 2000.

Matched : Une nouveauté qui jouissait déjà d’une reconnaissance énorme avant même d’être publié: contrat d’édition dans les 7 chiffres (oui, oui, sept!), droits cinématographiques déjà pris, etc. La prémisse? Un triangle amoureux entre une jeune fille de 17 ans, le garçon génétiquement choisi pour elle et celui qu’elle aime vraiment, le tout dans un future à la « Soylent green ». De la science-fiction pour fille? Pourquoi pas! À surveiller.

Cette catégorie est pratiquement inexistante au Québec. En creusant un peu, j’ai trouvé quelques œuvres pouvant être considérées comme « jeune adulte » (Arielle Queen et Le royaume de Lénacie étant mes meilleurs candidats), mais on est loin du phénomène observé chez nos voisins du Sud. Pourquoi cette absence? Est-ce simplement que la petitesse de notre marché rend la sur-segmentation risquée, ou est-ce un déprimant retard de notre part?

Un fait intéressant pour terminer, « Filles de Lune », de la fort sympathique Élisabeth Tremblay, est sorti sous bannière adulte ici, mais est classé « jeune adulte » en France. C’est un succès dans les deux cas! Comme quoi un bon livre trouve son public, quel que soit le positionnement!

Palmarès des erreurs de style que j’ai appris à réviser

Je viens de terminer ma révision personnelle (donc, sans éditrice) de mon manuscrit de Terra Incognita Tome quatre. Avec chaque tome publié, des correctrices professionnelles se penchent sur mon écriture pour en relever les erreurs, et à chaque fois, j’essaie d’intégrer leurs corrections à mon style, histoire de leur sauver un peu de travail pour la prochaine fois.

Voici le « top 10 » des corrections que je garde en tête lorsque je corrige :

  1. L’abus de points d’exclamation! Je suis une personne enthousiaste, même à l’écrit!!!!!
  2. Les phrases négatives.
  3. L’abus de conjonctions de coordinations (que, que, que) qui rendent mes phrases interminables.
  4. « Semble », « tente », « essais » et tous leurs semblables qui amenuisent l’action posée. Bien souvent, un personnage de « tente pas de marcher, éviter, prendre, etc. », il le fait, et c’est tout!
  5. L’abus de participe présents, qui sont venus remplacer en trop grand nombre les conjonctions de coordination.
  6. Les répétitions de mots dans le même paragraphe, une tache allégée par la fonction « répétition » d’Antidote
  7. Le mot « soudainement » auquel les correctrices préfèrent « soudain »
  8. Les « ne » inutiles dans les négations, bien que j’ai déjà entendu parler de correctrices qui les ajoutaient. Les deux sont acceptés, je crois.
  9. Les espaces de trop
  10. Et, évidemment, les fautes d’orthographe, autant que possible!

À chaque fois, je crois avoir fait mieux, et à chaque fois, pourtant, la copie me revient aussi couverte de rouge qu’au manuscrit du tome précédent! 100 fois sur le métier…

Le bateau que manqueront les éditeurs

Je suis allée, la semaine dernière au Bookcamp, une « inconférence »  tournant autour du sujet du livre numérique. Plusieurs y étaient pour discuter de format et de distribution. J’y suis montée sur la scène pour discuter de contenu. Le power point en est disponible sur SlideShare.

Certains ont cru que ma présentation sur les capacités offertes par le numérique signifiait que tous les livres numériques pour enfants devaient se transformer pour y inclure de l’interactivité. Mon but était plutôt d’ouvrir les yeux aux différents intervenants sur la possibilité de créer une nouvelle sorte de produit interactif basé sur une narration forte, mais augmentée d’animations, de son, et de petits défis. Après tout, n’avons-nous pas tous tripé lors de l’apparition de la vidéo d’Alice aux pays des merveilles sur le iPad?

Mon constat : les éditeurs vont rater le bateau. Ils réussissent à peine à suivre le rythme dans la conversion de leurs livres en format numérique. L’augmentation de ces mêmes œuvres n’a pas encore pénétré leur esprit, et la création d’œuvres exclusives encore moins, du moins, dans le secteur jeunesse. Mais comme l’espace existe et que l’univers déteste le vide, celui-ci sera comblé, probablement par les producteurs multimédias.

Je n’ai rien contre les producteurs multimédias, au contraire, ce sont bien souvent mes clients en game design! Par contre, si ce sont eux qui mènent la charge pour ces livres numériques interactifs, il faut s’attendre à voir s’installes une structure dans laquelle les auteurs (ainsi que les droits d’auteurs) seront absents. Contrairement au monde de l’édition, dans lequel l’auteur propose un projet et en garde une certaine propriété, le monde du multimédia fonctionne par commande. Les idées viennent soit des dirigeants de l’entreprise, soit d’un client prêt à payer pour la production, et les textes sont rédigés par des concepteurs, rarement par des auteurs. Je le sais, j’écrivais de tels textes bien avant que l’idée d’écrire un roman ne me vienne!

Une fois cette structure installée et cet espace pris, il faudra des années avant de voir apparaître un modèle centré autour du créateur plutôt qu’autour du producteur.

Alors si certains d’entre vous rêvez de votre propre Alice, j’espère que vous vous sentez l’âme d’un entrepreneur, parce que, pour l’instant, partir votre propre boîte de production sera votre seule option pour les cinq, voire dix, prochaines années!

Ajout de dernière minute: je vous invite  lire, sur le même sujet, le billet de Dominic Bellavance,  nous nous rejoignons sur plusieurs points.