Une question récente posée entre écrivains demandait si nous avions des rituels pour célébrer à la fin d’un livre. Pour moi, la question devait plutôt être « quand » célébrer la fin d’un livre!
À la fin d’un premier jet?
Bien que ce moment soit agréable, ça me semble prématuré! Après tout, il n’y a que la moitié du travail de fait! Il faut encore relire et réviser avant même de considérer le faire lire par qui que ce soit d’autre! Je rêve bien de célébrer la fin du premier jet par une journée de congé, mais rendu à ce moment, j’ai habituellement tellement d’autres choses en retard (qui ont été repoussées pour que je puisse terminer le premier jet en question), que la journée de congé en question devient difficile à prendre!
Lors de l’envoi à l’éditrice?
Là encore, l’envoi ne signifie que « plus de travail » qui s’en vient. Sans compter de l’angoisse du « et si elle ne l’acceptait pas », qui est encore pire si le manuscrit n’est attendu par personne et qu’il part simplement à la chasse à l’éditeur dans ses petites enveloppes jaunes.
À l’appel d’un nouvel éditeur?
C’est certainement un des plus beaux moments d’euphorie de tout le processus! Mais tant que le contrat n’est pas signé, fêter serait vendre la fameuse peau de l’ours!
À la signature du contrat?
Cette signature est bien souvent anticlimatique : on reçoit la paperasse par la poste, on signe seul chez soi entre deux chapitres, on renvoie de nouveau. C’est un peu comme le test de grossesse. L’ampleur du moment nécessiterait trompettes et clairons, mais on n’a qu’une petite ligne bleue aperçu dans une salle de bain. On m’a promis, pour le prochain contrat, une signature en personne, dans les bureaux, avec présentation de l’équipe et tout. Ça sonne déjà mieux!
Lors de l’envoi à l’imprimeur?
Pas trop mal comme option, après tout, le travail sur le livre lui-même est alors terminé. On ne peut plus y changer la moindre virgule. C’est un moment de « alea jacta est »! En plus, selon un de mes contrats, l’envoi à l’imprimeur sera le moment ou je reçois mes avances! Le problème? C’est que, rendue là, je suis habituellement déjà « passée à autre chose ». La suite est déjà écrite,
Lors du lancement?
Le lancement est souvent bien près du moment où l’on voit notre livre pour la première fois. Un grand moment de bonheur et de « concret » s’il en est un. Le premier lancement est certainement une fête, mais lorsqu’on publie 5 livres par année, on ne peut demander aux amis d’être enthousiastes à chaque fois. Le lancement peut donc se transformer en événement plus marketing que personnel.
Lors de la réception des droits d’auteurs?
Les droits d’auteurs arrivent si longtemps après la parution du livre que j’aurais l’impression de fêter en retard. De plus, le montant, même lorsqu’il est satisfaisant, est bien souvent un rappel, d’à quel point nous faisons un métier de « crève faim ». J’en ai reçu un pas plus tard que cette semaine, d’exactement la somme nécessaire pour me faire vivre durant un mois. J’aurais bien envie de me gâter un peu… mais encore plus envie de prendre ce mois déjà financé pour écrire! Donc, je serai sage.
Bref, les événements ne manquent pas autour d’un livre, c’est peut-être moi qui ne suis pas de nature assez fêtarde pour savoir saisir l’occasion. Une chose est certaine, le jour où je reçois un chèque de droits d’auteurs dans les cinq chiffres, je vous paye tous un verre!