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L’écriture en héritage

Depuis que j’ai décidé de prendre l’écriture au sérieux, soit environ à la moitié de l’écriture de mon deuxième roman, j’ai décidé qu’un jour, j’en vivrais. Je me suis mis un délai raisonnable,  la quarantaine, pour y arriver. J’ai mis mes pions en place, augmenté progressivement le pourcentage de mon revenu dû aux droits d’auteurs et aux animations scolaire, trouvé de nouveaux éditeurs qui me permettraient de sortir plusieurs romans par année. Tout s’enlignait pour atteindre l’objectif à la date fixée, dans un peu plus de deux ans.

La vie m’a offert un raccourcie. Mon père nous a quittés ce printemps, me laissant un petit montant en héritage. Dans un fort gentil mot, sa conjointe me disait qu’il aurait aimé que je l’utilise pour réaliser mes rêves.

J’en placerai donc la moitié, et l’autre me servira à combler le manque entre mon revenu d’auteur et mes besoins monétaires pour les deux prochaines années. J’arrête toute activité de pige non reliée à l’écriture à partir de maintenant : je raye « Game Designer » de ma carte d’affaires, et j’apprends à dire « non » à mes clients. Tous ceux qui ont connu la précarité de la pige sauront à quel point ce mot de trois lettres n’est pas toujours facile à utiliser.

L’absence de pige me permettra de maintenir plus facilement le rythme de production nécessaire, selon moi, pour vivre de l’écriture jeunesse au Québec, soit de trois à cinq livres par année. Un peu de budget pour le développement à l’international aussi, peut-être, on verra.

Chose certaine, ça y est : je suis auteure jeunesse à temps plein… même si j’ai triché un peu.

Merci papa.

Réflexions de vacances

Malgré mon délai pour la fin du mois d’août, je viens de me permettre deux semaines sans écriture. Voici quelques réflexions en vrac pensées durant ce répit. Elles auraient habituellement été publiées sur ma page Facebook, mais les voici plutôt en vrac sur mon blogue!

  • – Mes livres deviennent très concrets dans ma tête à partir du moment où la page couverture existe
  • – Si le Billy Stuart d’Alain M Bergeron n’est pas traduit en plusieurs langues et vendu à l’international, c’est qu’il y aura eu quelqu’un quelque part qui n’aura pas fait sa job.
  • – L’étape à laquelle j’ai toujours le plus hâte dans la confection du livre, c’est de voir les illustrations!
  • – Grand Corps malade est mon poète préféré
  • – The Hunger Game est peut-être enlevant, mais Matched est bien mieux écrit.
  • – On a beau essayer d’être heureux des succès des autres, quand un jeune de 22 ans écrit un roman jeunesse aussi bon que le premier défi de Mathieu Hidalf, ça fait quand même un petit peu chier (#Jalousie)
  • – J’aime bien mon métier, mais deux semaines sans écrire, ça fait du bien!
  • – Les faux livres de littérature jeunesse sont à la mode ces temps-ci! On retrouve des œuvres fictives dans les films (Moonrise Kingdom), les comics (The Unwritten) et les livres pour adultes (The Magicians)!

 

À quand un succès jeune adulte masculin?

 

J’ai lu le premier Twilight, le premier Hunger Game, et suis aux trois-quarts du premier Matched. Les trois séries sont de très gros succès dit « Jeunes Adultes ». Les trois se classent « Science-fiction et fantasy » et présentent une héroïne en fin d’adolescence à la pointe d’un triangle amoureux.

Si les séries comportent un nombre variable de fans masculins, il reste clair que le public cible premier est plutôt de l’autre sexe. Même si les thèmes sont plus complexes et variés que ce que l’on retrouve en « chick-lit » classique, il reste que la vie émotico-amoureuse de l’héroïne prend une place trop prépondérante pour être ignorée. Je ne peux donc m’empêcher de me demander : et les mecs, eux? Ils lisent quoi?

Ils ne lisent pas, ou peu, me répondront les statistiques. D’un autre côté, les garçons de 10 ans ne lisaient pas eux non plus avant Harry Potter! Ces mêmes lecteurs sont désormais des jeunes adultes, et je ne peux m’empêcher de me questionner sur l’absence de grands succès dans cette tranche d’âge. Est-ce parce qu’il n’y a aucun livre qui s’adresse à eux ou simplement parce qu’ils lisent du Steven King en se foutant de la catégorisation par tranche d’âge?

Aussi, ça ressemble à quoi du Jeune Adulte pour Garçon? Little Brother de Cory Doctorow en offrait une option très intéressante, mais juste le titre a du en repousser plus d’un qui, plutôt que d’y voir une référence à 1984 y a plutôt vu une étiquette condescendante pour dire « plus jeune, pas adulte ». Au Québec, je dirais que les Clowns vengeurs semblent taillés sur mesure : sombre à souhait, mais trop absurde pour s’adresser aux adultes. On leur souhaite tout le succès possible : allez-y, faites les lire!

Censure et littérature jeunesse

Cette semaine, j’ai lu le magnifique « Mathilda » de Roald Dahl. En plus d’être impressionnée par l’imagination de l’auteur, j’ai été étonnée de certaines cruautés qu’il se permet. Par exemple, une directrice d’école saisit une fillette par les tresses est la lance, tel un marteau de discipline olympique, en dehors de la cour d’école. Étrangement, cette scène, dans laquelle, en passant, personne ne se fait mal, m’a semblé pire qu’un coup de couteau dans un combat médiéval, probablement à cause du contexte réaliste et proche des enfants.

Juste comme je me demandais si une telle scène serait acceptée par un éditeur de nos jours,  Corinne de Vailly a partagé un article intitulé « monstrueuse littérature jeunesse »   qui parle de livres français qui choquent en Angleterre. Roald Dahl est britannique, mais je ne crois pas qu’il serait choqué de ces livres sur les sans abris ou sur la colère. Les auteurs sont rarement choqués!

Je défends souvent la littérature jeunesse au niveau de la liberté de laquelle elle joui. Si certains réfractaires aiment dire qu’elle est « sur-assainie » et « victime de censure », j’ai toujours trouvé, au contraire, qu’elle pouvait pousser très loin par rapport à ce que la télévision ou les films pour enfants osent. Des personnages meurent, vivent de grandes détresses psychologiques, sont victimes de violences de toutes sortes, et pas seulement aux mains de « super-villains » caricaturaux. Dans Les Naufragés de Chélon, j’ai mis un fusil dans les mains d’un enfant. Je ne pense pas que j’aurais pu le faire dans un « cartoon du samedi matin ».

Il faut dire que l’industrie du film est régulée par les cotes du MPAA et que les chaines télévisées vivent dans la constante peur de froisser leurs annonceurs. En littérature jeunesse, toute censure dépend du bon vouloir des éditeurs… et il y en a des culottés! Seul l’éditeur décide si un titre, voire une scène particulière, est publiable ou non. Par la suite, les parents pourront bien se plaindre et les bibliothèques les retirer des tablettes, tout ce brouhaha n’empêchera pas le livre d’exister, ni de se vendre… bien au contraire! Parfois, un petit scandale est une excellente publicité!

 

 

La page qui manque aux livres jeunesse

En regardant une bande dessinée de Nelson en fin de semaine, mon mari et moi avons eu une discussion sur le style du dessinateur, et la question de ses origines est venue sur le tapis. Malheureusement, on a eu beau feuilleter les premières et dernières pages, nulle trace d’une biographie! Après réflexion, il est rare de trouver de l’information sur l’auteur dans les bandes dessinées, alors qu’elle est presque toujours présente dans les romans jeunesse!

Par contre, on retrouve dans les bandes dessinées quelque chose d’encore plus extraordinaire : la liste entière des autres publications de l’auteur, INCLUANT celles chez d’autres éditeurs! N’est-ce pas merveilleux! Pourquoi les éditeurs jeunesse du Québec ne se donnent-ils pas tous la main pour s’offrir les uns les autres cette visibilité! Ils n’ont rien à y perdre… et les auteurs, tout à gagner!

Préparez-vous à accueillir Victor Cordi

Voilà près d’un an que je vous en parle sous le nom « série courte échelle », et bien voici le temps venu de lever le voile sur les deux manuscrits qui m’occupent depuis septembre!

La série s’appelle Victor Cordi et suit les aventures d’un garçon de douze ans, alors qu’une clé offerte en héritage prématuré par sa grand-mère mourante lui permet d’ouvrir des passages vers un monde parallèle nommé Exégor.

La série est née d’un désir de créer un univers atypique. Délaissant les dragons et les elfes de la « fantasy » classique, j’avais envie d’inventer mes propres races, ma propre faune, ma propre flore. Et qu’est-ce que je me suis éclatée! J’y ai même ajouté une petite dose de jeux vidéo en affublant le héros d’une idole virtuelle, le capitaine Carbone, auquel il fera plusieurs références au court du récit.

C’est surtout la première fois qu’une histoire aussi épique m’arrivait en tête. Le premier cycle comptera quatre tomes, dont les grandes lignes me sont déjà connues, mais la série entière risque d’en compter quelque part entre huit et dix, puisqu’un deuxième (et peut-être même un troisième) cycle est prévu.

Côté inspiration, la lecture de l’Histoire sans fin et des premiers romans du Monde d’Oz y est pour beaucoup, mais également le manga « Magic Knight Rayearth» pour ses thèmes de sacrifice.

Les tomes 1 et 2, respectivement appelés L’anomalie maléfique et Le guerrier venu d’ailleurs, sortiront tous les deux le 11 septembre 2012. D’ici là, je devrais pouvoir vous montrer les couvertures ainsi que quelques illustrations intérieures au fur et à mesure que ça me sera permis. Elles devraient apparaître en premier sur la page Facebook de Courte Échelle. Aimez-la si ce n’est déjà fait!

 

Deux publications pour le prix d’une!

C’est la semaine officielle de l’auto-promo, avec deux nouvelles pour vous aujourd’hui! Tout d’abord, le vol des Scarpassons, quatrième aventure des naufragés de ma série Terra Incognita, est arrivé en librairie! Courrez chez votre libraire, ou achetez-le enligne, c’est toute une aventure! Vous pouvez également visiter la page du roman pour en savoir plus!

 

Deuxièmement, depuis la semaine dernière, une grande aventure a commencé pour nos Glorieux! Cette année, plutôt que de narrer leurs vacances un joueur à la fois, Martin et moi avons choisi de leur faire vivre une aventure épique qui se suivra de semaine en semaine. Tout un défi, que de faire du narratif en format strip : c’est comme un roman qui aurait une chute à chaque paragraphe!

Pour suivre le tout, vous pouvez acheter le journal de Montréal les lundis, mercredis et vendredis, ou encore aimer la page Facebook, où les strips sont tous publiés!

Voici d’ailleurs un des strips de la semaine dernière :

Renaud-Bray explique leurs Coups de Cœur

Mon billet de la semaine dernière s’est beaucoup promené. D’auteurs en lecteurs en libraires, il semblerait que j’ai touché un sujet qui intéressant particulièrement les gens. Je voudrais d’ailleurs préciser qu’il ne s’agissait pas du tout d’un résumé de l’article de Lurelu, mais bien de ma compréhension globale des grandes lignes expliquées. Le problème avec le global, c’est que, parfois, il ne s’applique pas aux spécifiques. Il semblerait que ce soit le cas pour les Coups de Cœur Renaud-Bray.

Roxanne Lalonde, Directrice Marketing de chez Renaud-Bray m’a contacté pour éclairer nos lanternes sur les sélections de leurs librairies. D’abord en commentant l’article, mais j’en ai profité pour lui poser quelques questions par courriel pour être certaine d’avoir toute l’info. Comme je l’avais dit, les coups de cœur sont à la base des sélections de leurs équipes. Par contre, par la suite la visibilité suivante est offerte gratuitement :

  • – Le collant sur la couverture
  • – L’insertion dans la liste des coups de cœur sur le Web
  • – L’insertion dans l’infolettre

Pour ce qui est de placement sur les cubes et les bouts d’allées, elle serait laissée à la discrétion du libraire.

Il n’y aurait donc que le cahier publicitaire dans lequel les Éditeurs doivent payer leur place, et cette publication serait complètement indépendante du programme de Coups de cœur.

 

Voilà! Il y a donc de l’espoir pour les excellents livres des toutes petites maisons d’édition!

Pour en finir avec les « coups de cœur » et autres étiquettes de librairies

UPDATE: Vous trouverez quelques rectifications à ce billet ici.

Dans le dernier Lurelu se trouve un article de Nathalis Ferraris sur la promotion des livres jeunesse. Cette lecture m’a permis de démystifier cette zone grise que sont les « coups de cœur Renaud-Bray », les « On aime de Archambault » et autres sélections littéraires de librairies. Est-ce que ce sont les libraires qui en font le choix? Est-ce que ce sont les éditeurs qui paient pour la visibilité? Étrangement, les réponses sont « oui »… et « oui ».

Voici donc comment ça marche!

Premièrement, les libraires lisent le tout et font un choix de ce qu’ils considèrent être des livres de qualité. Un mauvais livre ne peut donc pas s’acheter une étiquette « coup de cœur », ce qui permet à l’étiquette en question de garder une certaine crédibilité.

Ensuite, la librairie appelle l’éditeur du livre choisi pour lui annoncer la bonne nouvelle et pour lui faire l’offre qui vient avec cette sélection, soit une grande visibilité (vitrine, magasin, circulaires, etc.)… à prix réduit. Eh oui, cette visibilité n’est pas gratuite, même si elle est offerte à une fraction de la valeur estimée pour la visibilité. Si l’Éditeur n’a pas les moyens, tant pis pour le livre!

Donc :

Est-ce que ce sont les libraires qui choisissent leurs livres selon leur qualité? OUI!

Est-ce que les éditeurs doivent payer pour cette étiquette? OUI!

 

Bref, on en revient à mon billet « ce qui fait vendre les livres » , sur le fait que le choix de l’éditeur compte pour beaucoup. Le meilleur livre du monde, chez un éditeur sans-le-sou, n’aura qu’une visibilité bien réduite, quelle que soit sa qualité!

Le détail qui fait toute la différence

Cette semaine, une grande première. Je suis allée faire une animation scolaire dans trois classes de St-Bruno. Jusqu’ici, c’est du déjà vu. La nouveauté : chacun des 90 élèves avait lu mes trois livres au grand complet. Les professeurs avait choisi ma série Terra Incognita comme projet éducatif et avait donc lu, mais également décortiqué, expliqué et étudié les trois volumes.

Le résultat pour moi? Des tonnes de questions, plus fascinantes les unes que les autres, des élèves hyper attentifs puisqu’ils avaient un peu l’impression de me connaître déjà, bref les animations idéales. C’est un peu comme la différence entre être la véritable tête d’affiche d’un spectacle plutôt que d’en être la première partie : tout le monde connait déjà les paroles et sont avides et curieux de toute nouveauté apportée!

Quelques points intéressants :

  • – J’ai demandé, à main levée,  quel livre ils avaient préféré… et chaque classe a eu une majorité sur un titre différent. Il faut croire qu’il y en a pour tous les goûts!
  • – La question de « vont-ils éventuellement retrouver leurs parents » est revenue plus d’une fois! Ma réponse par contre, n’était pas très concluante (j’ai pas encore décidé!)
  • – Après le premier groupe, j’ai adapté mon animation pour y mettre une première période de questions au tout début de l’activité, sinon, ils avaient si hâte de me les poser qu’on était sans cesse interrompu!
  • – Une élève m’a particulièrement fait plaisir en venant me voir après l’animation pour me dire à quel point elle avait apprécié la lecture de mes livres.

Bref, que du plaisir! Le genre d’animations qu’on ferait presque gratuitement (presque)!