Tous les articles par Annie Bacon

Deux excellentes critiques, et l’INÉVITABLE…

 

Mes trois livres sortis l’année dernière se trouvent critiqués dans le dernier Lurelu! Le premier livre de Victor Cordi y est encensé à grand coup de « Le style de l’auteure est vif et empreint d’humour » « Les émotions sont bien rendues » et mon préféré, « le livre met de l’avant des valeurs profondes ».

Le Vol des scarpassons, de la série Terra incognita a également bien plu au critique! Je me permets de vous en mettre un passage :

« Ce quatrième livre de la série propose un récit époustouflant, palpitant. Les rebondissements des succèdent à un rythme fou, pour le bonheur des amateurs d’action. La narration tantôt surprenante, tantôt mystérieuse, toujours stimulante, entretient le suspense sur un ton énergique. »

Jamais deux sans trois? Eh non! Pour la première fois de ma carrière j’ai eu droit à une mauvaise critique, passage à peu près obligatoire lorsqu’on fait un métier artistique.

Ma première surprise? Ça fait mal! Pas position-fœtale-et-refus-d’écrire-pour-des-mois mal, mais certainement j’manger-du-fun-dip-jusqu’au-mal-de-cœur mal.

Deuxième surprise : une envie énorme de me justifier! Comme si contre-argumenter pouvait servir à quelque chose!

Troisième surprise-qui-n’en-est-pas-une : quelques heures plus tard, on s’en fout! Ben oui, une des critiques (pas la même que pour le tome 1) n’a pas aimé. Rares sont les romans qui plaisent à tout le monde.

Ça m’a rappelé pourquoi je suis restée dans les sciences si longtemps lors de mes études : leur objectivité me rassurait. En physique, si la réponse balistique était de 320 mètres et que ce même chiffre apparaissait sur ta feuille d’examen, personne ne pouvait t’enlever ta bonne réponse. Cette certitude calmait mon âme sensible!

Heureusement, des années de jeux vidéo à traiter avec des clients à caractères et goûts variables m’ont bien endurcie! Amenez-en des critiques! À la longue, ils seront confondus-dus-dus!

Bilan de fin d’année et regard sur 2013

J’avais déclaré l’année 2010 celle du développement, et l’année 2011 celle des ententes d’édition. On ne sera donc pas surpris que l’année 2012 ait été… une année d’écriture! Eh oui! Une fois tous les contrats signés, il faut bien les écrire, ces foutus manuscrits!

J’ai donc eu une année productive, durant laquelle j’ai écrit trois romans (Victor Cordi 2, 3, et 4). Et si tout ça ne fait que 60 000 mots, donc moins que bien des romans adultes, le rythme était tout de même intense, considérant que je n’avais que quelques heures par semaines à y consacrer.

Côté publications, c’est enfin la première année où j’atteins l’objectif que j’avais fixé comme condition pour en vivre un jour, soit de publier au moins 3 livres par année. J’ai ainsi publié L’Anomalie maléfique et le Guerrier venu d’ailleurs de la série Victor Cordi ainsi que le Vol des scarpassons de la série Terra Incognita.

Sinon, l’année a été évidemment marquée par la perte de mon père, mais également par un non-événement dont je ne vous avais pas parlé. Mon mari a changé d’emploi, et pour les six premiers mois de l’année, j’ai été dans l’ignorance complète du pays dans lequel on se retrouverait. J’ai donc passé la première moitié de l’année à rêver de/appréhender une nouvelle ville chaque deux semaines, et la deuxième moitié à m’adapter au fait que nous resterions finalement à Montréal.

Ce qu’on me souhaite pour 2013? De manière surprenante, une année tranquille. Il en faut bien une de temps en temps. Ce sera ma première en tant qu’auteur à temps plein et j’ai envie de la savourer tout en douceur.

Les plans pour 2013 :

  • – Publication des 2 prochains Victor Cordi bien sûr, et également de mon album illustré pour les 9-11 ans chez Boomerang.
  • – Rédaction de deux autres Victor Cordi (#5 et #6)
  • – Tentative de placer un (ou deux, ou trois) autre texte et série pour 2014
  • – Possiblement une première demande de bourse

Ce qui me laisse juste assez de place pour les inspirations soudaines et imprévues!

Bonne année 2013 à vous tous!

 

Petit conte de Noël inédit pour les fêtes!

C’est mon dernier billet avant les fêtes, pour ne pas dire mon dernier billet de 2012! Pour passer les vacances en beauté, voici un des deux contes additionnels que j’ai écrit pour transformer l’album « 22 histoires de Noël » publié l’année dernière en le « 24 histoires de Noël » de cette année. Éditions Coup d’œil dans les deux cas!

Il est un peu inspiré d’un poème de Quentin Blake, soit dit en passant. Si vous l’avez aimé, vous pouvez également lire « Père Noël se prépare »  et « Les nouilles de Noël« .

 

Sous mon sapin

Sous mon sapin, il y a…
Un coquet village blanc
Autour d’un faux lac gelé
Sur lequel deux-trois enfants
Glissent toute la journée

Sous mon sapin, il y a…
Un chaton bien endormi
Qui ronronne doucement
Il rêve d’une souris
À se mettre sous la dent

Sous mon sapin, il y a…
Des cadeaux multicolores
Un pour toi et deux pour moi
Nous en aurons d’autres encore
Lorsque Père-Noël viendra

Sous mon sapin, il y a…
Des épines éparpillées
Tombées lorsqu’on décorait
Elles crépitent sous le pied
Et se moquent du balai

Sous mon sapin, il y a…
Une souris très coquine
Qui escalade le tronc
Cherchant une grignotine,
Elle réveille le chaton

Miaou! Squeek! Bing! Bang! Cling! Clang! CRAC!

Sous mon sapin, il y a…
Des ornements en morceaux.

 

 

Lire et écrire à L.A

La semaine dernière, j’ai eu l’opportunité d’aller rejoindre mon mari un minuscule deux jours à Los Angeles dans un de ses voyages d’affaires. Avant de partir, je doutais un peu de l’idée : tant de vol pour à peine plus de 24 heures là-bas… j’avais tort, c’était merveilleux! Quelques moments forts de cette virée.

L’avion : des vacances.
Ce qui est difficile lorsqu’on conjugue enfants, contrats et écriture, c’est que les moments de loisir sont à peu de chose près inexistants. Un vol jusqu’à Los Angeles, c’est six heures obligatoires de temps à soi! Pour être encore plus certaine que je prendrais ça relax, mon ordinateur a même décidé de ne plus fonctionner. Magasines futiles, livres, jeu vidéo, musique, tout y est passé! j’ai terminé le vol plus reposé que je ne l’ai commencé!

Écrire à l’hôtel, comme une vedette!
Le premier matin, il travaillait, alors j’ai fait de même. Installée au portable de mon mari qui n’en avait pas besoin pour sa conférence, je suis restée cachée dans la chambre d’hôtel pour écrire. Il y a quelque chose de mythique pour moi dans l’idée d’écrire à l’hôtel. Un espèce de phantasme qui me parle d’Hemmingway et de J.K Rowling (qui s’y était réfugiée pour écrire le dernier Harry Potter). Une opportunité de me concentrer sans que les tâches ménagères me rappellent mes nombreuses autres obligations, et sans que l’horloge ne m’avertisse que le temps m’est comptée avant d’aller chercher la marmaille. Comme de fait, j’ai été super productive!

Une visite de librairie s’impose!
En après-midi, trempette de pieds sur la plage, puis visite du Barnes and Nobles de Santa Monica. Je voulais ramener un toutou pour notre plus jeune, et j’ai vraiment été gâtée, car j’y ai trouvé… LE PIGEON! Celui de Mo Willems, dans une de mes séries préférées. Prenez trente secondes pour y penser un peu : un toutou non pas tiré d’un film ou d’une série télé, mais bien d’un livre en bonne et due forme. J’ai d’ailleurs appris par la suite qu’il s’agissait d’une ligne de produit exclusif à la chaine de librairie, ce à quoi je dis bravo! Si les librairies doivent vendre des bébelles pour survivre, autant que ce soit des bébelles issues du monde littéraire. Archambault à quand des toutous ou figurines Billy Stuart?

Et parlant de librairies…
On a aussi vu cette pancarte devant une librairie spécialisée en livres de design et d’architecture. Comme quoi les librairies indépendantes livrent les mêmes combats là-bas qu’ici!

 

Et finalement, de la lecture
Une panne d’électricité impromptue ayant rendue impossible de téléchargement d’un nouveau livre Kindle avant de partir, j’ai du me rabattre sur notre bibliothèque papier, ou j’ai mis la main sur Universal Coiffure de Caroline Allard, acheté au Salon du livre par mon mari. En gros : un thème brillamment absurde, une trame qui s’égare par moment, des personnages originaux et bien campés, une violence un peu gratuite, le tout écrit avec un humour léger et intelligent qui fait qu’on en redemande.

 

Je n’ai qu’une seule envie, repartir à nouveau!

Cadeaux adultes pour amateurs de livre jeunesse

Décembre vient d’arriver, et avec lui déferle toute une liste de suggestions-cadeaux. Plutôt que de faire comme les autres et de proposer des choix de livre jeunesse, je propose une liste bien plus pointue : une liste de cadeaux pour les adultes qui en sont férus. Pour les livres jeunesse eux-mêmes, vous pouvez lire mes suggestions par âge dans l’entrevue que j’ai donné au blogue de la librairie Monet en septembre (8e question).

Des livres SUR la littérature jeunesse.
Évidemment, à mois d’avoir une liste, on ne peut donner des livres jeunesses, puisque la personne a sans doute déjà tout lu! Il existe par contre de très beaux livres qui parlent de littérature jeunesse. Personnellement, j’aime beaucoup mon « 1001 Livres pour enfants qu’ il faut avoir lus avant de grandir », mais j’ai également vu, à mon dernier passage en librairie, un grand album qui semblait superbe mais dont j’ai malheureusement oublié le nom, et qui racontait l’histoire de la littérature jeunesse.

 

Des divertissements basées sur les contes de fées
Qui dit littérature jeunesse, dit conte de fées! Les amateurs connaissent habituellement Grimm, Anderson et Perrault sur le bout de leurs doigts! Quel plaisir alors que de revoir ces personnages vivre de nouvelles aventures! Côté télé, il y a le fabuleux « Once upon a time », dont la majeure partie du plaisir vient des liens très imaginatifs par lesquels ils ont lié tous ces contes dans un même univers. Côté bandes dessinées, Fables y était bien avant que les contes de fées ne reviennent à la mode. Une série ayant gagné de nombreux prix, on y suit les aventures de Blanche-Neige, le grand méchant loup et les autres dans un New York moderne. Sublime.

 

Des livres pour adultes, mais qui rappellent les thèmes jeunesse
Le premier, The Magicians de Lev Grossman, est mon coup de cœur de l’année. La première partie est une Harry Potter pour adulte, et la deuxième un Chroniques de Narnia pour adulte. Jamais je n’ai autant eu l’impression qu’un livre avait été aussi parfaitement écrit juste pour l’amateur de romans jeunesse que je suis. Malheureusement, seulement en anglais pour le moment.

Le deuxième vient tout juste de sortir en français, et c’est le Cirque des rêves de Erin Morgenstein. Les amateurs de littérature jeunesse sont habituellement dotés d’une grande capacité à se laisser transporter dans des décors fabuleux, et aucun livre n’en offre d’aussi époustouflant!

 

 

Des livres jeunesse dont ils n’ont pas encore entendu parler
Vous me dites qu’ils passent pourtant tous leurs samedis au rayon des nouveautés de leur librairie locale? Je sais, mais il suffit de changer de langue pour les surprendre! Lemony Snicket, surtout connu pour la série Le funeste destin des Baudelaire, est de retour avec Who could that be at this hour. Aucune idée de s’il sortira éventuellement en français.

 

La place de la littérature québécoise : la moitié pleine du verre

L’étagère « albums du Québec et du Canada» de Renaud-Bray est une honte, et le peu de place fait à la littérature jeunesse québécoise dans les médias en est une deuxième. Tout le monde dans l’industrie du livre s’entend sur ces points.

Et pourtant…

Pourtant, des 10 premières positions du palmarès Renaud-Bray, plus de la moitié du top 10 est québécoise. En jeunesse, même constat, et mieux encore, les livres d’ici occupent 4 des 5 premières positions.

Pourtant, Au Salon du livre de Montréal (où 7 invités d’honneur sur 10 sont Québécois), les files d’attente pour Christine Brouillette, Mélanie Watt, Annie Groovie et India Desjardins sont bien aussi longues que celles de leurs équivalents étrangers.

Pourtant, Guy Gavriel Kay, un géant (je ne mâche pas mes mots!) de la littérature fantastique anglophone tweetait la fin de semaine du Salon : «  J’aime comment le Salon du livre de Montréal change ma perspective du monde du livre. Ici, la vedette de A lire, c’est Patrick Sénécal ». G.G. Kay qui attire des foules aux États-Unis, en Angleterre et au Canada anglais, était lui-même seul devant une table vide. (j’en ai profité pour aller me chercher une dédicace, j’étais toute excitée!!!)

Quelque part, il doit bien y avoir quelque chose qu’on fait comme il faut!

Revenons au cas des librairies. Sur les cubes, mes Victor Cordi côtoient les livres de Rick Riordan et de Timothée de Fombelle tout autant que les Corinne de Vailly et Alain M. Bergeron.

J’aime cet état des choses. J’aime que, dans la tête des lecteurs qui passent, il n’y a pas de distinction entre les gros auteurs internationaux et notre production locale. On ne vend pas des carottes : « local » n’équivaut pas nécessairement à « meilleur » dans les yeux des consommateurs. Je préfère côtoyer ce qui se fait de mieux que d’être relayée dans une étagère spécialisé sans certitude que cette dernière serait visitée de mon public à moi.

D’un autre côté, il y a clairement un manque d’éducation, et l’identifiation de produits comme étant « Québécois », est de plus en plus nécessaire.

« Est-ce que c’est vous qui écrivez les Génonimo Stilton? » me demande-t-on régulièrement dans les écoles. « Non, ce sont des Italiens qui les écrivent ». Consternation générale. « Est-ce que Stephanie Meyer signe au Salon? » m’a demandé un duo d’ados au dernier Salon. « Je ne crois pas, elle est américaine »… et la fille si convaincue en ajoute : « mais elle écrit aussi des livres en français, non? ». Une traduction, elle n’avait jamais entendu parler de ça.

Il est donc important de mieux identifier la provenance des livres, mais à la ségrégation par étagère, je préfère personnellement une idée discutée avec Laila Héloua, présidente de l’AEQJ au début de l’automne, soit d’avoir un sceau culturel « produit du Québec » que l’on pourrait apposer aux livres, un peu comme celui de l’industrie alimentaire.

 

À nous ensuite de s’assurer que le seau devienne synonyme de grande qualité.

AJOUT : Hier, après la publication de ce billet, je suis tombée sur une conversation entre auteurs qui parlaient justement du fait que la littérature québécoise n’est pas nécessairement, je cite : « Glamour ». On la défendait par les mêmes files de signature au Salon que moi, et proposait une campagne de publicité pour changer cet état des choses, campagne qui irait très bien avec l’apparition de l’étiquette « fabriqué au Québec » dont je parle ici. Comme quoi l’idée est dans l’air en général.

Que serait Victor sans Mathieu?

Durant les derniers jours au Salon du Livre de Montréal, j’ai réalisé quelque chose : lorsque je parle de Victor Cordi, les enfants s’allument, mais c’est lorsque je leur montre les images intérieures au fil de mon discours qu’ils accrochent le plus!

Voici donc quelques illustrations que Mathieu Benoit a faites pour les deux premiers livres, accompagnées de mes descriptions de races, créatures et personnages. Vous pouvez également aller voir ce qu’il a fait pour d’autres livres en visitant son site web!

Il y a les Kampitois, qui ont la peau tachetée de diverses teintes de brun, et sont couverts de piquants de la tête aux fesses. Ils peuvent changer la texture; assez souple pour les tresser dans la vie de tous les jours, et très rigide pour se défendre au combat. Ils peuvent également en changer la couleur, que ce soit pour intimider l’ennemi avec une couleur voyante, ou se camoufler dans les champs.

 

Il y a aussi les Multaks, des guerriers très agiles. Leur visage est posé au centre de leur corps, et ils ont 5 bras (ou jambes, c’est selon). Lorsqu’ils se battent, ils roulent sur leurs cinq membres de manière latérale, ce qui leur permet de bouger très rapidement, tout en restant face à leur adversaire.

Et lui, c’est le Grand Machiavélicon. Il est d’une race d’hommes-arbres, nommés les Persistants, mais il s’est déraciné et s’est transformé grâce à ses capacités en magie pour ressembler le plus possible à un humain. Autour de lui, on voit des Particelles, des petites boules de poils absolument charmantes prises individuellement, mais qui peuvent communiquer en réseau et ainsi s’agglutiner en diverses formes comme en escalier, en cage ou en monstre.

Salon du Livre de Montréal et retour des animations

Grosse semaine dans le milieu littéraire : c’est le Salon du livre de Montréal! Le plus gros de la province, celui pour lequel tout le monde est là! Je ne fais pas exceptions, voici donc mon horaire, selon les kiosques :

Jeudi 15 novembre : 9h à 12 hres Phoenix (270)
Jeudi 15 novembre : 13h30 à 15 hres Courte Échelle (460)

Vendredi 16 novembre : 9 hres à 12h Phoenix (270)
Vendredi 16 novembre : 14 hres à 15h30 Courte Échelle (460)

Dimanche 18 novembre : 11h30 à 13 hres (460)

À ça s’ajoute une présentation de Victor en salle fermée pour les professeurs, libraires et bibliothécaires vendredi en fin d’après-midi, une promenade au salon en touriste avec ma marmaille dimanche, et une soirée tout ce qu’il y a de plus mondaine entre auteurs; la véritable raison d’être de l’excitation de tous! Les auteurs sont des travailleurs solitaires, et si Facebook est notre « watercooler », le Salon du livre de Montréal est un peu comme notre party de bureau!

Pour ajouter à la frénésie de la semaine, je recommence également les animations scolaires en me rendant dans une école de Longueuil. C’est ma première depuis le mois de juin, j’espère que je ne serai pas trop rouillée! J’en ai profité pour mettre mon document d’animation scolaire à jour, pour ceux qui sont intéressés, il reste de la place dans mon horaire!

Au plaisir de vous voir!

J’aurais aimé aimer « Je lève mon verre »

Dans les derniers trois mois, j’ai fait très peu de création, et beaucoup de révision. Dans ces cas, le cerveau se branche sur la recherche de faiblesse, et tout le quotidien y passe. En chemin vers le Salon du livre de l’Estrie, je suis tombée sur une émission entièrement francophone à CKOI. Comme je n’écoute que de la chanson française, j’ai décidé d’y rester, et mon cerveau en mode « révision littéraire » n’a pas manqué de travail, bien au contraire!

En exemple, j’attire votre attention sur la chanson « Je lève mon verre » de William Deslauriers. Celle-là parce que, contrairement à bien d’autres, elle possède un embryon de grande chanson. Elle aurait pu devenir la nouvelle « gigue à Mitchounano»… avec un peu (beaucoup) de travail!

Notez bien en passant que lorsque je parle de beauté de la langue, je ne parle pas de nécessairement d’utilisation de langage soutenu versus une langue plus populaire. Renaud, Plume Latraverse et Richard Desjardins ont bien prouvé que la poésie pouvait se faire à partir de n’importe quel niveau de langage. Mais même en joual, il y a des formulations plus pauvres (plus laitte!) que d’autre.

Quelques exemples de ce que j’aurais retravaillé :

Je me questionne vraiment à savoir où est-ce qu’on s’en va
Sans être spécialiste je suis capable de dire que j’aime pas ça

La forme « je suis capable de dire que » est lourde est inutile. Si tu n’aimes pas ça, dis-le, c’est tout. Si ça ne rentre plus dans ta rime, dit autre chose de pertinent!

Je lève mon verre
À une terre qui devrait être sans frontière

Pas une fan du « devrait être »! C’est presque didactique. À une terre qui s’rait si belle sans frontière? À une terre que je rêve sans frontière? Autre? Je suis certaine qu’on peut trouver mieux.

Partout sur terre
les hommes font encore plus de misère

Je ne pense pas qu’on puisse « faire » de la misère. Et même si on pouvait, ça reste un verbe faible. Les hommes génèrent de la misère? Bâtissent de la misère? Se vautrent dans la misère? Pleins de choix!

J’admire beaucoup que le jeune Williams écrive ses textes tout seul, mais sa jeunesse et son inexpérience se sentent. Il aurait fallu que quelqu’un le retourne à son ordinateur et lui demande de retravailler le tout. En cette ère d’autopublication, on se demande parfois de quoi aurait l’air le milieu littéraire sans la présence des éditeurs et de leurs directrices littéraires…  et bien il aurait probablement l’air d’une chanson de William Deslauriers!

La direction littéraire en 12 émotions

Je viens de terminer la première phase de direction littéraire pour Victor Cordi, et en voici la démarche, décortiquée en 12 émotions.

1-      L’impatience

Non que je sois particulièrement pressée, de faire des corrections, mais à ce stade-là, une seule personne autre que moi a lu ce roman, et j’ai super hâte de savoir ce qu’une troisième personne en pensera.

Elle tarde…

2-      L’angoisse

… et je me mets à m’inquiéter que la directrice a détesté et ne sais pas comment me le dire.

Les corrections arrivent.

3-      La joie

Elles sont accompagnées d’un courriel très positif. Fiou, mon premier jet n’est pas une catastrophe!

J’ouvre le document

4-      La déprime

Il y a du rouge partout! Des millions de commentaires s’alignent sur la marge de droite.  Soupir.

Je commence à lire le tout.

5-      Le soulagement

Je réalise que 80% du rouge en question sont en fait des demandes de modifications mineures : retrait d’adverbe, ajout de synonymes, précision inutile, etc.

Je lis toutes les demandes d’une traite, puis commence le travail de modification.

Les émotions se succèdent.

6-      La honte

Quoi? J’ai laissé passé une erreur aussi grossière, moi?

7-      La frustration

Zut, je pensais avoir réussi à camoufler cette faiblesse de l’intrigue! Back to the drawing board!

8-      L’embarras

Oups, mon premier lecteur m’avait demandé cette même modification, et je l’avais volontairement ignoré…

J’arrive à la dernière page.

9-      La satisfaction

Voilà! Travail accompli!

Je considère la prochaine étape.

10-  La paresse

Je ne suis pas vraiment obligée de le relire… dans le fond… c’était juste des petites modifications…

11-  Le bottage de fesse

ABSOLUMENT il faut le relire! Allez, au travail! Les modifications mineures introduisent parfois de nouvelles erreurs auxquelles on n’avait pas pensé! (Notez qu’ici, une bonne directrice littéraire mentionnerait que le bottage de fesse n’est pas une émotion).

Après relecture.

12 – Le bonheur

Mais c’est qu’il est très bon ce roman! Meilleur encore qu’il ne l’était au premier jet! Yé!!!!!!!

Et c’est terminé… jusqu’à la prochaine fois!