Tous les articles par Annie Bacon

Écrire au milieu de la marmaille

illustration de GDJ prise sur openclipart.orgUn des aspects le plus merveilleux de mon métier d’autrice, c’est la flexibilité! J’écris quand je veux, au rythme que je veux. Tant qu’à pouvoir instaurer mes propres règles, j’ai fait le choix familial de ne pas écrire lorsque les enfants sont avec moi (à moins qu’ils ne fassent la sieste, mais ça n’arrive plus trop maintenant!). Durant l’été, je n’écris donc que très peu, et ce, depuis que la plus vieille est à l’école plutôt qu’en garderie. Elle a désormais terminé son secondaire 1, ça vous donne une idée de la ligne de temps!

Mais le temps avance, et les besoins des enfants changent. Les trois miens sont désormais capables de s’occuper plus de 5 minutes sans venir me voir, et d’attendre que je termine mon paragraphe avant que je réponde à leurs besoins. Ils peuvent venir me trouver s’il y a un problème aussi! Je peux me contenter de répondre aux plaintes, plutôt que d’anticiper les catastrophes.

Ce qui fait que pour le premier été depuis longtemps, je me suis donné un objectif d’écriture : la première partie du 2e Soutermonde, soit environ 10 000 mots. Certains auteurs vous diraient que c’est beaucoup, d’autres se riraient d’une aussi petite quantité;  dans ce métier, on a chacun notre rythme!

Je n’écris pas tous les jours, loin de là! Les sorties spéciales, les virées chez des amis et les vacances de mon mari ne comptent pas! Mais lorsqu’on passe une petite journée tranquille à la maison, j’essaie de trouver quelques plages horaires.

Vendredi dernier, par exemple, était une journée parfaitement efficace! J’ai écrit…

  • Le matin alors que les enfants faisaient « des écrans », permis jusqu’à 10 heures.
  • En après-midi alors que la plus grande était partie, le garçon occupé avec un ami, et la plus jeune concentrée sur ses poupées.
  • Au parc, pendant que tout le monde jouait dans les jets d’eau

En bref, une journée presqu’aussi productive que lorsqu’ils sont à l’école!

Petit bonus pour m’aider dans mon objectif?  Ma belle-mère m’a pris les enfants trois jours durant la canicule, et prendra la plus jeune à nouveau quand le reste de la fratrie sera en camps de vacances.

Bref, j’en suis déjà à 8000 mots, avec encore quelques semaines devant moi! Bientôt, mon seul problème sera de choisir entre prendre de l’avance sur mes rats, ou profiter du reste de l’été pour m’attaquer à d’autres plus petits projets!

Je vous en reparle si jamais c’est le cas! 😉

3 Coups de cœur au Comiccon de Montréal

Vendredi après-midi, geekitude oblige, nous sommes allés au Comiccon de Montréal en famille! Comme à chaque événement où il y a un peu d’art, l’inspiration était au rendez-vous.

Coups de cœur numéro 1 :
Pendant que mon mari se faisait signer des vieux Picsou par Don Rosa, moi, je suis tombée en amour avec les œuvres de Branimir Misic, un sculpteur de métal recyclé! Ses créations ont une personnalité et un charme fou! Voici quelques photos de ses œuvres, prises sur son site web! N’hésitez pas à cliquer pour les voir de plus près.

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Je n’ai pas pu résister, j’ai ramené celui-ci à la maison! Il ornera mon bureau dès que j’aurai réussi à faire assez de ménage pour lui libérer une petite place!

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Coup de cœur numéro 2 :
Un des avantages du Comiccon local (en opposition à celui de New York), c’est que certains des artistes sont québécois et francophones… et donc, parfait pour de futures collaborations! J’ai pris la carte de la prochaine : Claire Gary, et je garde précieusement son nom dans ma liste d’illustrateurs de talent!

Voici quelques-unes de ses œuvres :

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Je vous invite à découvrir son porte-folio sur Art Station, et à vous abonner à sa page Facebook!

Coup de cœur numéro 3 :
Les troisièmes sont Rawry & Pohly, malheureusement de Régina, Saskatoon, plus difficile pour une collaboration. Dommage, parce que leur style est très bien adapté pour du jeunesse : lignes claires, mais avec un certain flair, et beaucoup de personnalité. J’ai bien failli me laisser tenter par un de leurs Pokémon!

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Leur boutique Etsy, c’est par ici!

Heure du conte et Croccinelle!  

ScreenHunter_01 Jun. 30 07.39Il fait chaud! Les enfants sont en vacances, c’est officiel : c’est l’été! Et avec le retour de cette saison, vient le retour… de l’heure du conte au Parc Baldwin!

C’est déjà ma quatrième année! Dire que, à l’origine, je m’étais proposée parce que j’allais sortir un album chez Courte Échelle! L’album n’est jamais sorti, mais l’activité d’été est restée! Ah, les chemins que prennent nos vies, parfois!

Pour les nouveaux venus, voici en gros en quoi consiste cette heure du conte qui n’en est pas une (puisqu’elle ne dure que 30 minutes). Tout d’abord, le lieu : la buvette du Parc Baldwin, situé tout à l’Est du Plateau Mont-Royal juste un peu au sud de la rue Mont-Royal. On y trouve des tables, des chaises, des hamacs, des gros coussins bines, de la limonade, des brochettes de fruits et autres choses à grignoter! Il y a parfois des groupes de musiques, et, 4 soirs par semaine (du mardi au vendredi) de la lecture de conte, de 19h à 19h30.

Voici les dates où c’est moi qui fait la lecture :

  • jeudi 5 juillet
  • jeudi 12 juillet
  • jeudi 19 juillet
  • mercredi 25 juillet
  • jeudi 16 août
  • mardi 21 août
  • jeudi 23 août

Et pour vous en donner un avant-goût, voici mon gros, gros coup de cœur du moment côté album, j’ai nommé : LA CROCCINELLE! (Michaël Escoffier et Mathieu Maudet)

9782352411635_large« Elle court, elle court, la Croccinelle,
La croccinelle aux grandes dents.
Elle trouve une fraise la Croccinelle,
Elle trouve une fraise et croque dedans! »

On y trouve tout ce que j’aime dans un album :

  • Juste la bonne quantité de texte par page pour une lecture à haute voix facile.
  • Des phrases rythmées qui sonnent comme une comptine à l’oreille.
  • Une certaine répétition qui donne des repaires aux tout petits et les surprend lorsque la répétition change.
  • De l’information non-dite, qui permet aux plus perspicaces une compréhension plus poussée de l’histoire.
  • Une fin surprenante, pas nécessairement gentille-gentille!

Très hâte de le raconter aux jeunes du parc! Ça commence jeudi!

Écrire une nouvelle littéraire

Il y a quelques semaines, le magazine Opuscule m’a contacté pour me demander une nouvelle littéraire. J’avais un peu de temps entre deux manuscrits, alors, j’ai dit oui!

Une fois seule devant ma feuille blanche, j’ai réalisé que c’est un genre auquel je n’avais pas touché depuis l’université… peut-être même bien le Cégep! Il y a bien eu les courtes histoires du hors série À la recherche de Victor Cordi, mais il s’agit là plutôt de contes à raconter autour du feu que de nouvelles littéraires à proprement parler.

Me voici donc devant ma feuille blanche, complètement coincée avec l’idée qu’une nouvelle littéraire doit comporter une fin surprenante. C’est du moins ce que j’ai retenu de mes cours de français, ça m’apprendra à ne pas aller en lettres! Je pense, je pense, et à chaque idée que je trouve, la caricature de M. Night Shyamalan, telle qu’imaginée par Robot Chicken, m’apparaît.

 

via GIPHY

Bref, la fin surprenante, je ne peux m’y résoudre!

Histoire de m’inspirer, je suis allée fureter sur le site d’Opuscule à la recherche de ce que mes collègues ont fait avant moi. Reconnaissant son nom, je me suis laissée tenter par le texte d’André Marois. Je vous invite à faire de même en suivant le lien ci-dessous:

Facteur aggravant, texte d’André Marois  

Évidemment, sa fin est parfaite! Ce n’est pas tout à fait “a twist” dans le sens N. Night Shyamalan du terme, mais elle reste punchée, mémorable. Ça me donne un bon modèle… et ça me fout un peu la pression!

Je repense alors aux rares recueils de nouvelles que j’ai lu. Les Amazing Stories de ma jeunesse, et plus récemment Utopiales 2017. Les textes qui sont restés avec moi l’ont été de par leur univers plus que par leur trame narrative.

C’est donc par ce bout que je décide d’attaquer! J’ai créé un univers, en me disant que l’histoire viendrait bien.

Et une fois qu’elle est venue, j’ai tenté de lui faire une fin punchée sans être nécessairement une révélation. Une fin à la André Marois.

Le tout paraîtra sur Opuscule dans les prochains mois, je vous tiendrai au courant sur Facebook et Twitter!

9782897940225_largeEt pendant qu’on est sur le sujet des nouvelles littéraires et d’André Marois, je vous encourage à vous procurer son petit dernier: L’oeuvre incomplète d’Amilcar Torpp. Les nouvelles policières qui s’y retrouvent sont hyper-courtes, presque des vignettes, avec chacune leur propre page couverture. J’en suis environ à la moitié, et je suis complètement sous le charme!

P.S : S’il y a des professeurs qui me lisent, notez que L’œuvre incomplète d’Amilcar Torpp n’est pas un livre jeunesse, même si André Marois en écrit parfois. Reste que certaines des nouvelles seraient parfaites pour étude au secondaire.

Une année d’animations!

Illustration de Gerald_G sur openclipart.orgIl fut un temps où, pour moi, les animations étaient un peu un mal nécessaire, une obligation en attendant que mes droits d’auteurs seuls me permettent de payer l’épicerie. J’étais nerveuse à chaque fois. Après tout, on ne devient pas nécessairement auteur parce qu’on aime parler en public!

10 ans plus tard, j’ai appris à apprécier ces journées passées avec les jeunes. À les aimer, même. J’ai pris confiance en moi, en mon animation, et le stress est désormais chose du passé. Ce n’est plus que du pur plaisir, et je n’imaginerais plus mon métier sans ces pauses d’écriture où je rencontre plutôt mon public.

Mon année scolaire s’est terminée jeudi dernier! En voici donc quelques détails:

L’avantage de planifier d’avance :
J’ai récemment pris l’habitude, lorsque je sais que je devrai aller dîner dans le coin, de regarder sur GoogleMaps pour trouver des restaurants bien cotés! Ça ne m’empêche pas d’aboutir au Tim Horton de temps en temps (à mon grand damn!), mais ça me permet tout de même de pas mal mieux manger en général!!!

Réalisation :
Qu’est-ce que Montréal est grande!!! Je l’ai sillonnée d’est en ouest cette année, et je suis impressionnée du nombre de kilomètres, d’écoles, et de bibliothèque qu’on peut trouver sur cette île!

Coup de cœur étrange :
Pour le Boulevard Gouin! Quelle drôle de rue, qui passe de la banlieue cossue, à la forêt, à des étendues de gazons, puis à la ville. On traverse y les écosystèmes aussi rapidement qu’au Biodôme! 

Nouveauté :
Pour la première fois cette année, j’ai rencontré des élèves du secondaire. Une agréable surprise, ils sont attentifs, intéressés, curieux. 

Mon anti-stress :
C’est aussi la première année durant laquelle j’ai un téléphone intelligent! Il faut l’avouer, lorsqu’on est sur la route, c’est fabuleux! Que ce soit pour naviguer en mode GPS, pour appeler l’école et les avertir d’un éventuel retard, ou mieux encore, pour contourner le trafic et ne pas arriver en retard du tout! 

Parlant trafic :
C’est officiel, il y a plus de trafic au nord de Montréal qu’au sud! Je suis restée prise une heure complète sur la 40, au beau milieu de la journée, alors que j’ai filé en flèche sur la 720 en pleine heure de pointe! 

Apprentissage :
On m’a appris que les adultes n’avaient pas le droit d’utiliser les toilettes des élèves! Oups! Je l’ai fait plein de fois par le passé! Je ne savais pas!!!

La meilleure histoire inventée cette année :
Une classe a proposé que le héros de l’histoire désirerait plus que tout au monde goûter à une pomme. On a donc inventé un monde dystopique dans lequel les pommes seraient interdites, et que seuls les professeurs auraient droit à un pommier dans leur salle de repos, puisque la pomme est leur symbole universel. L’histoire s’est rendue jusque dans le donjon de torture de l’école, dont seuls la directrice et le concierge ont la clé! Une belle folie collective!

Une primeur :
Un élève s’est endormi durant une de mes animations. Pauvre petit! La fin d’année est difficile!

Transformation des classes :
Il fut un temps où  les élèves étaient tous assis sur des chaises identiques. De plus en plus, on en voit assis sur des coussins à pics, sur des ballons, et même sur des vélos stationnaires!

Confisqué :
Un gadget à bouton supposé aider la concentration de l’élève. Ça l’aidait peut-être à se concentrer, mais ça nuisait à la concentration de tous les autres autour… moi y compris! Clic, clic, clic, clic. STOP! Désolée pour l’élève, mais…pas capable! Si les entreprises désirent que ça soit accepté dans les écoles, qu’ils les fassent silencieux!

Ne jamais généraliser…
C’est officiel, « les profs », ça n’existe pas! J’en ai rencontré de toutes les sortes, tailles, couleurs, mais surtout, de tous les niveaux de motivation! Il y en a bien parfois qui jouent sur leur téléphone pendant l’animation, mais il y en a tout autant qui sont de véritables passionnés à la fois d’éducation et de littérature jeunesse! Un gros merci à tous ceux-là!!!

Dévoilement : Couverture de Soutermonde

La voici, la voilà, la couverture de mon prochain roman, communément appelé « Mes rats », mais pour de vrai intitulé Soutermonde : Sammy Sans-Def.

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L’illustration est de Baptiste Cazin, un illustrateur qui en est à ses premières armes au niveau de l’édition, mais à qui je prévois une très belle carrière! Il a su donner vie à mes rats, et construire, avec cette couverture saisir tout à fait l’ambiance de mon  roman! On y sent le danger, la survie difficile, la crasse. Le plus grand défi était d’y mettre des rongeurs, sans qu’il y ait possibilité de méprise avec Géromino. Mission accomplie, je crois!

La mise en page est de Dorian Danielsen, graphiste derrière plusieurs de mes couvertures québécoises préférées des dernières années, comme Nozophobia, Cœur de slush, REP Lennon, et La curieuse histoire du chat moribond.

La sortie est prévue quelque part en octobre, chez Bayard Canada! Pour ne pas la rater, inscrivez-vous à ma liste d’envoie!

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Merci, merci, merci!

20180603_070636La saison des prix littéraires s’est terminée en beauté pour mes chroniques post-apocalyptiques d’une enfant sage avec une place dans le Palmarès « Choix des jeunes » de Communication-Jeunesse. Ce prix me touche particulièrement, puisque tiré des votes des jeunes lecteurs québécois. Moi qui pensais que ce livre serait surtout un succès critique, je suis comblée de savoir qu’il plait également aux lecteurs!

En gros, dans la dernière année, mon livre s’est mérité :

  • Lauréat Prix AQPF-ANEL
  • Finaliste prix des libraires
  • 5e position au palmarès Choix des jeunes de Communication-Jeunesse
  • Nomination prix du Gouverneur Général
  • Nomination prix des bibliothèques de Montréal
  • Listé pour le prix Tamarac
  • Listé pour le prix Ado-Lecteur

Mon éditeur m’a dit cette semaine qu’on avait dépassé les 3 000 exemplaires vendus, nombre considéré comme la barre du « best-seller » au Québec.

Bref, je me sens choyée, comblée, et ça me donne une grande envie… de dire MERCI!

Merci à tous ceux qui me lisent, aux jeunes qui embarquent, à tous les passionnés de littérature jeunesse qui rendent ces prix possibles! Merci aux libraires, bibliothécaires et professeurs qui mettent les livres dans les mains des jeunes et les aident à faire le tri dans la montagne des nouvelles publications annuelles. Merci à mes éditeurs qui m’accompagnent même dans mes idées les plus saugrenues! Merci à mon mari qui m’épaule, m’encourage, croit en moi possiblement plus que moi-même! Merci à mes collègues qui font de chaque événement littéraire une fête dans laquelle je me sens la bienvenue.

Merci à tous, merci à VOUS.

Vous faites de ce métier parfois ingrat quelque chose qui en vaut la peine!

P.S. La semaine prochaine, je vous dévoile la couverture de mes rats! Très hâte de vous la montrer!

L’inspiration est dans l’art!

Depuis un an, environ, je m’intéresse de plus en plus à l’art contemporain, tout particulièrement à celui dit « urbain », qui découle de la culture des graffiteurs.

Mes découvertes se font à travers le magazine Graffitiart, publié aux deux mois, et qui présente les œuvres phares du domaine. Chaque fois, j’y découvre au moins un nouvel artiste coup de cœur qui me transporte! Moi qui aime l’imaginaire, je suis ébahie de la capacité de ces artistes à m’émerveiller instantanément, à me raconter tout un univers simplement par une image. Mon propre imaginaire s’y nourrit.

Voici mes trois préférés ces temps-ci.

Dulk :
http://www.dulk.es/
Les peintures de Dulk me donnent envie, chaque fois, d’écrire des histoires. Que d’inspiration dans ces images complètement déjantées d’animaux au corps interrompus par des coupures. Un peu comme si Dali avait voulu raconter Lafontaine!

Dulk

 

Bordallo II:
http://www.bordaloii.com/
Il y a quelque chose de touchant dans ces animaux sculptés à partir de matériaux trouvés dans les poubelles! Ils pourraient se trouver à mi-chemin entre le mutant et le robot, et pourtant, ils ont une âme certaine.

Bordallo II

 

Pejac :
http://www.pejac.es/
Ce que j’aime de Pejac, c’est qu’il transforme tout en art! La moindre tache de rouille, ou craque de béton peut devenir une toile sous son pinceau. Plutôt que de créer des univers complets, comme Dulk, il ajoute une touche de poésie au nôtre.

Pejac

Je vous encourage à cliquer sur le lien pour découvrir leur porte-folio complet, à les suivre sur les réseaux sociaux, à partager vos propres coups de cœur.

On a jamais trop d’art dans notre vie!

 

 

 

Tenter la France!

Illustration de Firkin prise sur openclipart.orgÇa y est, j’ai terminé le manuscrit de Terre Promise. Pour la première fois depuis longtemps, j’ai attendu qu’il soit terminé avant de l’envoyer  à un éditeur. Pourquoi? Parce que j’ai envie de l’essayer en France.

Je m’explique.

Ça fait des années que j’espère qu’un de mes projets sorte du Québec. Chaque 31 décembre, lorsqu’on me demande ce que je souhaite pour la nouvelle année, c’est ma réponse. Or, pour ce que l’on appelle la « vente de droits » de manuscrit déjà publié au Québec, la chaîne est conçue pour que ce soit l’Éditeur qui s’en occupe. Il y a des exceptions, mais ça reste le chemin le plus fréquent. Même pour l’éditeur, qui est donc le mieux placé pour le faire, ce n’est pas chose facile. Alors, imaginez pour l’auteur.

Je crois que, pour l’auteur, il est plus facile de placer un manuscrit non-édité directement dans une maison française. C’est le pari que je prends avec Terre Promise. Je n’ai pas grand-chose à perdre de toute manière : je l’ai terminé trop tard pour qu’il soit publié ici à l’automne 2018. J’ai facilement jusqu’au mois de novembre pour le placer pour septembre 2019. Ça me donne quelques mois pour tenter le coup en France avant de le placer ici.

On m’a déjà averti que ça n’en valait pas la peine. Que les chiffres de ventes sont similaires, le milieu en crise,  les droits d’auteurs moins élevés. Je m’en fou, je m’essaie quand même! C’est une envie, un item sur la liste à cocher des choses que je désire accomplir.

Une sorte de défi personnel.

Ce ne sera pas facile! Je m’essaie avec un manuscrit étrange, possiblement mon plus hermétique à ce jour, plus proche de la fable que de l’aventure. Surtout, je recommence à zéro, en autrice inconnue! Je n’ai ni réputation, ni contacts (ou si peu); rien qui me permettra d’être mise sur le dessus de la pile des manuscrits à lire.

En bas de la pile, en bas de l’échelle.

On verra bien!

 

Oui, j’ai bien dit « autrice »!

La première fois que j’ai entendu le mot, j’ai fait comme tout le monde : « Ouache »! Nous ne sommes pas habitués à l’entendre, alors il écorche les oreilles.

Puis, il y a eu le merveilleux mouvement #MeToo, qui m’a fait réaliser que ma génération avait son propre combat féministe à mener. Nos mères et grands-mères ont luté pour l’égalité, nous luttons désormais pour le respect. La deuxième fois que j’ai entendu le mot « autrice », je m’y suis intéressé. J’ai fait quelques lectures.

J’y ai trouvé, tout d’abord, que c’est linguistiquement la bonne forme. Les masculins en « eur » se féminisent soit en « euse » ou en « trice ». D’ailleurs, le terme est accepté à la fois par Antidote et Le Petit Robert.

Ensuite, j’ai découvert que c’est un terme qui a été utilisé jusqu’au début du XVIIe siècle.

Selon l’Académicien Frédéric Vitoux : « il était d’usage d’employer le mot “autrice“, comme on le faisait du féminin d’acteur, “actrice“. Cela entrait en cohérence avec sa racine latine». (Source: Le Figaro)

Pourquoi il serait tombé dans l’oubli? Certains en remettent la faute au Cardinal de Richelieu, d’autres disent qu’il aurait été chassé par l’Académie. Dans les deux cas la misogynie serait en cause, l’idée qu’une femme puisse exercer une profession dite « noble » ayant été jugée de mauvais goût. D’autres prétendent qu’il est simplement tombé dans l’oubli par lui-même, faute d’usage. Parce que, comme on me l’a si bien rappelé dans les commentaires de mon dernier billet (dans lequel j’avais utilisé le terme), c’est l’usage qui décide de la langue.

Côté usage, on m’a aussi fait remarquer, dans les commentaires du même billet précédent, que le Québec a décidé d’utiliser la forme féminine « auteure ». Moi-même, j’utilise cette forme depuis des années. Mais à la lumière des lectures faites plus haut, il me vient à l’esprit que le Québec a sans doute choisi cette féminisation pour ne pas trop déranger. On n’entend pas la différence, alors ça évite la controverse.

Mais la controverse, parfois, c’est utile, surtout pour obtenir le respect. Tant qu’on voit encore passer des articles qui expliquent que prendre un nom de plume masculin peut augmenter ses droits d’auteurs (Want to earn more as a book author? A male name will help, article basé sur une grande étude effectuée sur plus de 2 millions de livres publiés en Amérique du Nord), on ne peut pas dire que le combat n’en vaut pas la peine!

Et si c’est l’usage qui décide, si on veut réhabiliter le vrai terme, celui qui dérange un peu plus, la seule chose à faire, c’est de l’utiliser!

Bref, tout ça pour dire que j’ai décidé d’essayer le mot « autrice » pour quelque temps. Je ferai les changements dans mes divers médias sociaux dans les prochains jours. Je ne le fais pas en montrant le poing avec la certitude d’avoir raison. Je l’essaie, voir s’il arrête de m’écorcher les oreilles avec l’usage, voir si je me sentirais bien dans la peau de ce nouveau titre.

« Trying it on for size », diraient les anglophones.
(Oui, j’ose terminer sur un billet qui parle de pureté de langue sur une expression anglaise! C’est comme ça!)