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Il le tocarde et le marmine…

Pas vraiment le temps d’écrire de billets cette semaine! Un joyeux cocktail de direction littéraire, de révision, de pige et d’animations scolaires me « squeezant » mon horaire au possible.

Je vous invite donc aujourd’hui plutôt à rencontrer les mots d’un autre, soit ceux d’Henri Michaux, poète belge découvert tout récemment par l’entremise de mon mari (d’une part), et de la présence du poème ci-dessous dans une récente parution du magasine « Le Un ».

Pour moi qui aime les mots inventés, c’est du bonbon!

Je vous en mets le début ici, mais vous pouvez lire le reste sur le site de « les voix de la poésie » en cliquant sur le « continuer » à la fin de cette première strophe.

Le grand combat

Henri Michaux

Il l’emparouille et l’endosque contre terre ;
Il le rague et le roupète jusqu’à son drâle ;
Il le pratèle et le libucque et lui barufle les ouillais ;
Il le tocarde et le marmine,
Le manage rape à ri et ripe à ra.
Enfin il l’écorcobalisse.

Continuer…

 

 

Mettre mes enfants à l’ouvrage!

Illustration tirée de clipart-library.comEn plus de ma direction littéraire ce mois-ci, j’ai accepté deux piges. Ça va, je gère! Je dirais même qu’un horaire plus serré me fait du bien!

Une des piges me demande d’écrire 30 courtes histoires sur le même thème. Pour avoir déjà fait quelque chose de très semblable pour le livre « 24 histoires de Noël », je sais une chose : dans un pareil cas, les 15 premières sont faciles à écrire… c’est après que ça se gâte! Passé ce nombre, on tourne en rond, comme si notre inspiration avait épuisé ce qu’elle avait de réserves pour le thème en question.

C’est là que mes enfants entrent en jeu!

J’ai transformé une boîte de mouchoirs vide en « boîte à idées », sur laquelle j’ai accroché la liste des dix histoires déjà écrites, sous forme de description hyper vague, pour leur servir de modèle et éviter les répétitions inutiles.

Pour donner quelques exemples, si j’y avais inscrit mes histoires de Noël, ça aurait ressemblé à ceci :

  • Le nez de Rudolphe ne fonctionne plus
  • Le chemin d’une lettre jusqu’au pôle Nord
  • Une petite fille veut sauver la dinde du jour de l’an
  • Comment fait-on les boules de Noël?

J’ai ensuite demandé à mes trois enfants de m’écrire des pistes d’histoires similaires, sur le thème de mon client. Afin de les motiver, je leur ai promis 2$ pour chaque idée que j’utiliserais (et non pour chaque idée qu’ils écrivent).

L’intention n’est pas qu’ils écrivent les histoires à ma place, loin de là! Je suis plutôt à la recherche de déclencheurs d’inspiration! Les enfants ont d’ailleurs été avertis qu’il serait bien possible que l’histoire finale ne ressemble que très peu à l’idée proposée.

Jusqu’ici, c’est un succès! Non seulement ils ont passé une belle heure à rigoler, crayon en main, tous les trois ensemble (déjà un bon « win »), mais j’ai déjà commencé à utiliser la boîte pour mes histoires de la dernière semaine, et quatre sur cinq ont été inspirées de leurs billets!

Cinq autres à écrire cette semaine… hâte de voir ce que je trouverai, dans ma nouvelle boîte à idée!

Les répercussions d’un copier-coller!

glue-bottle illsutration de ensarija prise sur openclipart.orgCe mois-ci, je suis en pleine direction littéraire (donc, modifications suggérées par mon éditrice) de Terre Promise. J’ai ajouté un arc narratif complet (2 chapitres), et voilà que, depuis deux jours, un problème me troublait : l’ajout n’est pas placé à la bonne place.

Avec le temps, je me connais! Lorsqu’une scène me chicote, inutile de l’ignorer, le malaise ne s’en ira pas! Mieux vaut se mettre au travail, et tenter de régler le problème. J’ai donc déplacé les deux chapitres un peu plus loin.

Ça paraît simple, mais dans les faits, c’est compliqué! Parce qu’il ne suffit pas de copier-coller le tout dans Word! Changer des scènes de place, ça entraîne de nouveaux problèmes de rythme, de redondance et de continuité. Dans mon cas particulier, ça voulait dire rayer un personnage d’un chapitre, puisqu’il ne serait rencontré que par la suite. La relation entre certains personnages a dû être ajustée, aussi, puisqu’ils n’en sont pas au même point. J’ai dû changer un des thèmes de la nouvelle scène parce qu’elle se collait désormais à une scène au thème similaire. Et finalement, un secret se révélait plus tôt que prévu, avec des répercussions un peu partout.

Avec plaisir, j’ai réalisé que ça permettait de créer de nouveaux liens entre les différents morceaux, aussi!

Bref, il faut copier-coller… puis tout relire en ajustant au fur et à mesure, jusqu’à ce que le manuscrit reprenne son cours normal.

La bonne nouvelle c’est que ça marche : deux heures plus tard, la scène ne me chicote plus! Le travail peut continuer vers une version que je serai fière de vous présenter à l’automne! Remise le 24 avril. On me souhaite bonne chance, avec les deux piges que j’ai acceptées, ce sera serré!

Apprendre à faire plus

Illustration de Idezem prise sur openclipart.orgCe mois-ci, je suis en révision de texte, ayant reçu les commentaires de direction littéraire à la fois sur le deuxième tome de Soutermonde et sur Terre Promise. Dans les deux cas, une des parties du travail est similaire : je dois en ajouter.

C’est drôle, parce que j’entends souvent mes collègues auteurs parler plutôt de coupures lors de ce même re-travail. Des scènes entières disparaissent de leur manuscrit pour que le texte se resserre. Moi, j’ai ajouté 3 000 mots à mon dernier Soutermonde, et je dois ajouter 50 000 caractères à Terre Promise. (C’est comme ça, le Québec compte en mots et la France en caractères. Une des petites différences culturelles de nos deux industries de littérature… ça et le % de base de droits d’auteurs. Mais là, je m’éloigne…).

Vous vous en doutez bien, à ces chiffres là, ce n’est pas qu’une question d’ajouter quelques descriptions et précisions par-ci, par-là! J’ajoute des scènes, parfois même des chapitres entiers. Bien heureusement, les éditeurs me donnent des pistes en commentaires. Ils pointent les ellipses inutiles du doigt, indiquent où le squelette manque de viande.

J’imagine que cette concision fait partie de mon style. Je suis une autrice économe (ça parait mieux que paresseuse). Ou peut-être est-ce une question de longueur naturelle de texte, comme en a parlé Geneviève Blouin sur son blogue, après une table ronde d’Élisabeth Vonarburg.

Le plus drôle, c’est que, dans ce même mois, j’ai accepté une pige qui me demande des histoires par tranches de 30, 40 et 50 mots. Vous vous en doutez, l’exercice est, pour moi, plutôt facile! 🙂

La peur de se répéter

tweedles illustration de Salvor prise sur openclipart.orgJ’en suis rendue à environ vingt-cinq livres d’écrits, tous en littérature de l’imaginaire, et presque tous du côté aventure-action de l’équation. Inévitablement, je commence à voir des motifs (patterns) émerger; des sensations de déjà-vu lorsque j’écris des scènes.

Par exemple, j’ai déjà écrit 5 scènes de sortie de prison, dont deux dans la même série. Évidemment, la solution trouvée par les héros pour s’en sortir est chaque fois différente (et l’une d’entre elles implique un escargot géant). Mais quand même : Cinq!

Aussi, en vingt-cinq livres, j’ai deux personnages à double têtes,  deux hommes-arbres, trois tentatives de mise à mort publique et deux invasions d’insectes. Plusieurs falaises à escalader, aussi*.

Par contre, un seul baiser! Qui tourne mal, en plus.

J’imagine les auteurs comme Enid Blyton, ou R.L.Stine, qui ont écrit des centaines de livres sur des sujets somme toute similaires… comment ont-ils fait pour ne pas avoir l’impression de se répéter eux-mêmes?

J’ai écrit vingt-cinq livres… J’espère bien en écrire vingt-cinq autres, sinon plus! Réussirai-je à me renouveler?

*Note à ceux qui ont lu tous mes livres et qui n’y trouvent pas les comptes mentionnés, j’ai inclu les non-publiés dans le lot.

Avalanche de livres sur Facebook

Une de mes plus grandes déceptions par rapport aux médias sociaux y est l’absence de culture. On y parle bien parfois de télé, ou de cinéma, mais rares sont les personnes qui y partagent musique et lecture. Ce qui fait que, lorsque Corinne De Vailly m’a « taguée » pour y mettre 10 livres qui m’ont marquée, je n’ai pu résister!

Comme je l’ai fait sur mon compte personnel plutôt que sur mon compte d’autrice, je vous les mets ici, avec les commentaires accompagnant! Notez que j’ai volontairement évité les bandes dessinées, qui auraient mérité un palmarès de 10 à elles toutes seules!

flammarion091736-1982Jour 1 : J’ai mis Le Prince Caspian, mais ça aurait pu être n’importe lequel des Chroniques de Narnia, ou même du Pays d’Oz, tous découverts grâce à la collection du Chat Perché.

Jours 2 et 3: parce que j’ai oublié hier, et que, de toute manière, ils vont très bien ensemble, puisque le second est le pendant plus moderne du premier! Je ne sais plus quel professeur m’a imposé la lecture du Boris Vian, mais je le remercie! Ces deux livres m’ont appris qu’un texte littéraire n’était pas obligé d’être lourd, ni chiant, ni même de se coller au réel.

85600195Le-plus-petit-baiser-jamais-recense

Homeland_(D&D_novel)Jour 4: À partir de 14 ans, j’ai plongé dans la bibliothèque de mon frère. Il n’y avait que du fantasy en anglais. C’est ce qui m’a rendue bilingue, d’ailleurs! J’aurais pu mettre les Dragonlance, les Thomas Covenant, les Belgariads et bien d’autre, mais en fait, ceux qui m’ont le plus marqué sont ceux de R.A.Salvatore. Si l’internet avait existé à l’époque, je crois que je j’aurais écrit de la Fanfiction de Drizzt Do’Urden (possiblement dans laquelle il m’enlevait pendant mon cours de math pour m’amener visiter Icewind Dale)

Franny-and-zooey
Jour 5:
Parlant de mon frère (voir jour 4), c’est lui qui m’a mis Zooey and Franny de Salinger dans les mains, pendant un bout de ma vingtaine où je me sentais perdue. Je me souviens être sortie sur mon balcon rue St-Joseph pour pleurer toutes les larmes de mon corps. Pas que le livre était triste, mais il a provoqué un déclic, une sorte de reconnaissance de ma place dans ce bas monde, une réponse à « pourquoi vivre ».

la-belle-lisse-poireJour 6: Il y a un mot-clic qui se promène sur Twitter ces temps-ci: #MyFirstTimeOnline, qui raconte ce que les gens ont fait la première fois qu’ils se sont branchés sur Internet. Personnellement, c’était à l’université en 1994, et j’ai cherché pour voir ce que Pef avait écrit d’autre que le Prince de Motordu. J’avais vingt ans, et j’étais loin d’imaginer que la littérature jeunesse serait un jour mon métier.

514HHJ6FZRL._SX210_Jour 7: Pour moi, Tobie Lolness est LE roman jeunesse par excellence. Il représente l’idéal à atteindre, celui à travers lequel tous les autres livres (y compris les miens) seront jugés.

651469JOUR 8: De tous les classiques que j’ai lus, Les Lettres de mon moulin est lequel j’éprouve la plus grande tendresse. Le seul que je prends encore, parfois, pour le simple plaisir d’en relire un bout.

6460575JOUR 9 : Je ne rate jamais un livre de Robin Hobb. Même si je lis beaucoup moins de fantasy aujourd’hui, elle reste la seule autrice de laquelle j’achète systématiquement les nouveautés dès leur sortie. Et si c’est Liveship Trader (ci-dessous) qui a fait de moi une fan, je crois que ses Rain Wild Chronicles sont encore meilleures.

Jour 10 : On pourrait dire que je triche, puisque celui-là, je l’ai écrit plutôt que de le découvrir comme lectrice, mais la vérité est qu’aucun livre n’a autant changé ma vie que celui-là! S’il n’avait pas été publié, en aurais-je écrit d’autres? Ce serait facile de dire « oui, bien sûr… », mais la vérité est que je n’en ai aucune idée!Terra incognita - les naufragés de Chélon

Une lectrice plus importante que les autres

Au pied du lit de ma plus jeune
Au pied du lit de ma plus jeune

C’est connu chez nous : mes enfants ne lisent pas mes livres. Lorsque la plus vieille en aurait eu l’âge, elle préférait les romances, les romans miroirs. Je ne m’en formalisais pas, à chacun ses goûts. À 10 ans, mon garçon aurait pile l’âge de s’y mettre, mais c’est principalement un lecteur de BD, qu’il dévore à longueur de journée.

Mes livres sont disponibles, ils le savent. J’en ai même parfois laissé traîner dans leurs propres bibliothèques, mais je n’ai jamais insisté. Je ne veux pas les forcer, ils sont libres de lire ce qu’ils veulent. J’en viens parfois à me demande s’ils ont peur de les trouver moche et de devoir me mentir. Je les comprends un peu. Si mon père m’avait mis de son travail dans les mains, j’aurais fait la grimace, moi aussi.

Bref, leurs amis me lisent, mais eux non… Jusqu’à la semaine dernière.

Ma plus jeune,7 ans, m’est arrivée de l’école avec le premier Tome du Gardien des soirs de bridge. Elle était toute fière de l’avoir trouvé à l’école alors que sa professeure de 2e année avait décidé qu’ils étaient prêts pour des romans un peu plus substantiels. Elle s’est mise à le lire comme on le fait d’un livre d’école : 2 chapitres par jour, en s’inquiétant de ne pas le terminer à temps, malgré le fait que j’en ai une caisse complète dans mon bureau. Elle me parle des scènes qu’elle trouve drôles, me demande la signification d’un mot.

La veille de la remise du livre, elle ne l’avait pas terminé. Je lui ai donné une de mes copies. Elle m’a demandé de le lui dédicacer.

S’il est vrai que je ne me formalise pas que mes enfants ne lisent pas mes livres, je dois avouer que mon petit cœur de mère et autrice trouve ce partage bien doux.

Censure plus sensée

funmoocfp.0b96f3cb73daAu début de la relâche, j’ai commencé un cours en ligne gratuit, appelé MOOC, offert par l’université de Liège et portant sur la littérature jeunesse. J’ai seulement un module et quart de fait, et j’apprends déjà tout plein de choses! Ma plus grosse surprise à date : la France doit passer tous les livres jeunesse devant un comité d’approbation avant de pouvoir les publier.

Surprise, entre autres parce que la littérature jeunesse française m’a toujours semblé tout à fait libre. Chose certaine, bien plus que celle de nos voisins du sud, qui s’effarouchent facilement de nos publications québécoises! (voir à ce sujet, cet article du Devoir)

Il faut dire que le texte de loi est bien fait ! Il indique que les livres ne peuvent présenter… « sous un jour favorable le banditisme, le mensonge, le vol, la paresse, la lâcheté, la haine, la débauche, ou tous actes qualifiés crimes ou délits ou de nature à démoraliser l’enfance ou la jeunesse, ou à inspirer ou entretenir des préjugés ethniques »

Je ne suis pas trop pour la censure en général, mais tant qu’à surveiller, j’aime cette idée de le faire sur l’intention plutôt que de compter le nombre de fesses. Après tout, à la question : « peut-on parler de tout en littérature jeunesse ? » la plupart des auteurs du genre vous répondront : « oui, mais pas de n’importe quelle manière ».  Si un comité de censure est mis en place pour éviter les abus, il ne faut pas non plus qu’il empêche la publication des merveilles que le prix espiègle (annoncé il y a peu) mettent en lumière chaque année.

En revenant sur le texte de loi, rions tout de même de la présence de la paresse dans la liste des choses à ne pas glorifier! Je me demande d’ailleurs bien comment Gaston Lagaffe a réussi à passer entre les mailles de ce filet! Surtout, cette interdiction semble de trop pour notre société moderne qui cherche un retour d’équilibre contre la culture du « workaolisme »* et des enfants en burn-out pour cause d’angoisse de performance.

En fouillant le sujet un peu plus, j’ai appris que le texte de loi appris dans le MOOC, et cité plus haut, avait changé depuis 2011. Il parle désormais de pornographie, de « danger pour la jeunesse » et de « substances psychotropes ». Dommage, j’aimais mieux l’ancien… espérons que le comité saura en faire usage avec sagesse plutôt que rigueur.

*Note à moi-même : écrire un album qui glorifie la paresse, le rien faire, le prendre son temps.

Le casse-tête du plan  

Voilà deux semaines que je trime sur le plan d’un nouveau manuscrit. Tout est à faire : nouvel univers, nouvelles races, nouveaux personnages, nouvelle intrigue. Le problème, c’est que mes idées viennent rarement dans un bel ensemble cohérent. Elles viennent par morceaux épars. Une scène ici, un personnage là, parfois un contexte sans aucune action reliée. Je dois faire des liens, placer en ordre, combler les trous jusqu’à ce que ça ressemble à une histoire.

Juste alors que je me cassais la tête sur le tout, Pierre-Alexandre Bonin a mis ceci sur sa page Facebook , tiré du blogue Write Aligned :

Story Head Write it Meme

Ça ressemble pas mal à ça! Mais j’ajouterais qu’au niveau du plan, on a même pas d’idée de l’image finale, on a que le quart des pièces, et on ignore si celles qu’on possède font partie du bon casse-tête! Par exemple, j’ai des idées que j’avais inscrites dans le concept de Victor Cordi et qui n’ont trouvé leur place que dans le quatrième tome, et d’autres qui n’ont jamais été utilisées.

C’est beaucoup de travail, et le pire, c’est qu’on a un peu l’impression de ne pas avancer. On compte parfois notre efficacité au nombre de pages noircies alors que là, ce sont les mêmes 2-3 pages qui sont retravaillées en permanence. Je me suis d’ailleurs tannée, et j’ai écrit les premières dix pages du roman, même si je ne sais pas encore tout à fait où je m’en vais, juste pour me donner l’impression de travailler pour de vrai. Je devrai sans doute les retravailler au 3/4, mais peu importe! Au moins, j’aurai eu la satisfaction d’écrire!

La disparition du passé simple?

20190224_185728Qui dit nouvelle série dit nouveau questionnement sur le temps de verbe! J’avais eu le même problème en début de rédaction de mon premier Soutermonde, et voilà que ça se pose à nouveau. Le dilemme : présent ou passé simple? (Je n’aime pas le passé composé!)

En parlant de la question sur Twitter, on a amené l’article suivant à mon attention :

Le passé simple est-il condamné à disparaître ?

L’article date de près d’un an, et a été écrit parce que, en France, le nouveau programme scolaire n’oblige l’apprentissage que de la 3e personne pour les conjugaisons du passé simple. Après vérification auprès de mon fils, ce serait également le cas dans sa classe toute québécoise de 5e année.

L’article en profite pour mentionner que ce temps de verbe est déjà presque disparu de la littérature jeunesse, qui lui préfère le présent et le passé composé, tous les deux plus proche de l’oral. C’est une constatation que j’avais faite moi-même à l’époque des débuts de Soutermonde (dans le même billet) en analysant quelques livres. Geneviève Blouin m’avait fait réaliser en commentaire que seules les traductions sont encore au passé simple, puisque son équivalent anglophone (simple past) est très utilisé, même dans la langue parlée.

Alors, est-ce qu’écrire au passé simple, c’est s’accrocher au passé? Ou pire encore, se coller à la réalité des traductions étrangères lues dans notre jeunesse? Regardera-t-on un jour le passé simple de la même manière que l’on regarde les vieilles conjugaisons en « ois » du moyen-âge?

« Ce sont ami que vens enporte,
Et il ventoit devant ma porte ».

(Ruteboeuf, 13e siècle)

Pourtant, les enfants sont encore très attachés au passé simple! Dans mes animations scolaires, je leur demande de remplacer le verbe dire dans la phrase : « À l’aide, dit Jean ». Ils me répondent à 90% du temps : « Cria », au passé simple, même si mon exemple était au présent.

J’ai moi-même écrit les trois « Le gardien des soirs de bridge » au passé simple, justement parce que je les voulais classiques, comme un bon vieux Roald (un anglophone, justement). Tous mes autres livres sont au présent.

Et le prochain… il sera au présent aussi finalement. Alors, est-ce que je fais partie du problème, ou suis-je simplement de mon temps?