Tous les articles par Annie Bacon

Trois albums sérieux

J’annonçais la semaine dernière que ma prochaine parution serait un album sérieux. J’ai donc eu envie de vous en présenter trois autres dans le même genre!

Pourquoi les filles ont mal au ventre (Lucile de Pesloüan Geneviève Darling)

Il faut l’avouer, c’est parce que cet album existe que j’ai pensé que mon propre texte pourrait être publié. Véritable manifeste féministe, il énumère toutes les difficultés, préjugés et injustices que l’on subit de par nos doubles chromosomes X. Il n’essaie pas du tout de cacher son thème sous une histoire et est aussi la définition même de ce qu’un album pour les plus vieux peut être.

 

Le grand méchant loup dans ma maison (Valérie Fontaine, Nathalie Dion)

Dès le titre, on se doute bien de quoi il est question : de violence familiale, sujet ô combien important, mais tout autant difficile à traiter en littérature jeunesse. Le pari est ici réussi avec brio! La métaphore du grand méchant loup fonctionne à merveille, les propos sont exposés tout en finesse, et, en bonus, on trouve quelques références bien placées au conte des trois petits cochons.

 

Enterrer la lune (Andrée Poulin, Sonali Zohra)

Déjà, le format surprend. À plus de 100 pages, ce n’est pas tout à fait un album, on s’approche plutôt d’une version poétique des romans graphiques. Parce que, c’est la deuxième surprise, le texte est un long poème! Les mots, si bien choisis, vous prennent par le cœur pour vous entraîner dans l’aventure inspirante de cette petite fille qui ose prendre parole contre un tabou.

 

 

Ma prochaine parution

 

Voilà, mes deux titres de l’automne (Soit Pétronille inc T4: ongle d’orteil équitable et La légende de Paul Thibault) sont sortis et ont chacun commencé à faire leur petit bout de chemin.

Il est maintenant temps de se tourner vers l’avenir, et de regarder quelle sera ma prochaine parution! 

Première surprise: il s’agit d’un autre album, lui aussi aux éditions 400 coups

Par contre, il ne pourrait être plus différent de Paul Thibault! Là ou mon coureur des bois est tout en rigolade, en  imagination et en vers, ce prochain album aborde un thème sérieux, ancré dans le réel et en prose. 

C’est la deuxième surprise: il s’agit d’un album sérieux! Il parle de la beauté. 

Plus précisément, il parle du questionnement que s’adressent  les jeunes filles devant le miroir, de toutes les réponses qu’elles reçoivent, et de la seule qui devrait compter vraiment. 

Il m’a été inspiré par une amie, sur Facebook (coucou Debbie) qui disait que sa fille de 9 ans ne se trouvait pas belle. Je lisais tous les encouragements en dessous, et soudain j’ai réalisé qu’on ne lui donnait pas la bonne réponse. Deux jours plus tard, j’écrivais le texte d’une traite.

Sa sortie est prévue pour la première moitié de 2022. Au fil des prochains mois, je vous en dirai plus, en vous dévoilant son illustratrice, sa page couverture et le reste! 

Le choc culturel d’animer une classe de 1ere année!

Puisque La légende de Paul Thibault s’adresse à un public plus large que mes romans, je me suis retrouvée à en faire la lecture dans des classes de 1ère année dans le cadre du Salon du livre de l’Estrie.

On peut s’y attendre, pour moi qui suis habituée aux élèves des 2e et 3e cycles, en entrant dans la pièce, je les ai trouvés plutôt petits, mignons et pas du tout intimidants!

Le choc culturel arrive plutôt lorsque les mains commencent à se lever. Parce qu’avec des 1ère année, tout peut arriver lorsque tu leur donnes un droit de parole!

Tu peux recevoir…

  • Une question pertinente sur ce que tu viens de raconter, comme avec les plus vieux
  • Un commentaire ou anecdote avec un lien plus ou moins vague avec ce que tu viens de raconter (du genre : « ma tante a déjà vu un castor passer sur son terrain » ).
  • Mais surtout : une information complètement, mais alors complètement aléatoire!

Un exemple du dernier cas? Alors que je venais tout juste de me présenter, un élève a levé sa main pour m’informer que sa bouteille d’eau était celle de son père, qu’elle était précieuse et qu’il ne fallait surtout pas qu’il la brise! Un autre a demandé la permission de me montrer de qu’il avait trouvé à la récréation (pour les curieux : un morceau de verre poli).

Bref, une animation avec les élèves de 1ère année, c’est surprenant, aléatoire, rigolo, et très attendrissant! On repart avec l’envie de les ramener tous à la maison!

Tout de même, je lève mon chapeau aux professeurs et me prosterne devant leur patience. Leur travail les amène à enseigner non seulement à lever la main avant de parler, mais également à ne le faire que pour des questions pertinentes (en plus, accessoirement , de leur apprendre à lire, à écrire, à compter et tout le tralala).

Je n’ose même pas imaginer ce que c’est avec les élèves de maternelle !!!

Imaginaire jeunesse anglophone

En ce moment, je n’ai pas d’univers qui mijote dans mon arrière-cerveau. Je suis donc, de manière très passive, en quête d’inspiration. Je ne suis pas pressée, puisque j’ai des suites à écrire pour m’occuper un long bout de temps!

Côté inspiration, donc, je voulais vous présenter ces quatre petites merveilles d’imaginaire, lu en anglais, et qui m’ont fait penser : « c’est exactement un livre comme ça que j’ai envie d’écrire ».

The language of Ghost (Heather Fawcett)

Une aventure fantastique sur une île-bateau qui sillonne les mers à la recherche de langages magiques perdus! La construction de l’univers magique est originale, les personnages savoureux (un serpent de mer qui aime les gâteaux, une petite sœur qui explose lorsqu’elle est fâchée!) et on y trouve une utilisation rare des zones de gris dans le personnage du grand frère.

C’est le plus récent de ma liste, et s’il n’est pas encore traduit en français, on peut s’imaginer qu’il le sera bientôt, puisque les autres livres de l’autrice le sont!

 

Sweep: The Story of a Girl and Her Monster (Jonathan Auxier)

Une héroïne intelligente et débrouillarde, un monstre surprenant, les toits de Londres, un passé qui se révèle peu à peu, qui forment un tout absolument enchanteur! J’ai été transportée par ce livre jeunesse et émue par la vie de ses jeunes héros. Pas encore traduit non plus et très honnêtement, je me demande ce que les éditeurs québécois attendent! C’est canadien, il a gagné le GG, qu’est-ce qu’il leur faut de plus?

 

The girl who drank the moon (Kelly Barnhill)

C’est le genre de livre qui ne frappe pas nécessairement durant la lecture, mais qui reste longtemps avec soi! Son utilisation des petits ibis en origami, entre autres, est une image à laquelle je pense encore, des années plus tard, lorsque je ferme les yeux. Celui-ci est traduit sous le nom La fille qui avait bu la lune.

 

The Girl Who Circumnavigated Fairyland in a Ship of Her Own Making (Catherynne M. Valente)

Je l’ai lu il y a longtemps, mes souvenirs en sont donc un peu vagues, mais je me souviens de l’originalité du monde, plus proche de Lewis Carrol que de Tolkiens. Un peu dans la veine de Molécule et le fil des événements, qui est mon livre québécois jeunesse préféré. Bref, un remède efficace contre l’ennuie. Traduit sous le titre La fille qui navigua autour de Féérie dans un bateau construit de ses propres mains.

Ongle d’orteil équitable

Ça y est, le quatrième tome de Pétronille inc. est sorti, juste à temps pour l’Halloween, comme chaque année! Cette fois, notre petite sorcière s’en va en pays gobelin pour obtenir un ongle d’orteil de Troll pour Baba Yolanda, la cheffe du village de Berg-À-Motte.

L’occasion rêvée pour revoir d’anciennes amies, et de s’en faire de nouveaux!

Voici donc quelques illustrations intérieures faites par Boum, qui s’est surpassée! Elles sont dignes d’affiches de film, vous ne croyez pas?

Pétronille grimpe sur un rocher pour retrouver son chemin

 

Que serait Pétronille sans un peu de magie?

 

Un nouveau moyen de transport : plonger dans un chaudron!

 

Écrire… pour un auteur en prison

C’est un véritable honneur, possiblement la demande qui m’a le plus ému de ma carrière : le Salon du livre de l’Estrie m’a demandé de participer à Lire comme l’air, un programme d’Amnistie international qui jumèle des auteurs de partout dans le monde avec d’autres, emprisonnés pour leurs écrits.

J’ai été jumelée à Nedim Türfent, un poète et journaliste turc d’origine kurde emprisonné depuis 2016 pour avoir couvert un affrontement entre la police turque et le parti des travailleurs du Kurdistan.

Avant d’aller plus loin, je vous invite donc à signer la pétition d’Amnistie internationale qui demande sa libération : https://amnistie.ca/participer/2020/turquie/reclamez-la-liberation-du-journaliste-nedim-turfent

Je lui dédicacerai un Chroniques post-apocalyptiques d’une enfant sage, qui me semblait le plus approprié de mes livres, de par ses thèmes de vie bouleversée, de désobéissance et de refuge dans les livres. La cérémonie aura lieu à Sherbrooke, les auteurs Simon Lafrance, Jérémie McEwen et Emné Nasereddine seront également présents. Si vous êtes dans le coin, vous pouvez réserver vos places gratuites à partir de la programmation du salon.

On dit parfois qu’un auteur écrit pour se libérer… ce sera la première fois que j’écris pour libérer quelqu’un d’autre, et l’acte ne m’a jamais semblé aussi important.

Marre d’Harry Potter

Bon, mettons tout de suite quelque chose au clair : j’adore Harry Potter! C’est une grande série, que j’ai dévorée (plusieurs fois) et qui a permis une grande visibilité à la littérature jeunesse. Je n’entrerai même pas dans le débat de société qui fait que mon ado m’a interdit de mentionner le nom de l’autrice.

Tout cela n’est pas le sujet de ce billet.

J’ai été la première excitée à l’arrivée des produits dérivés Harry Potter, et la première à cliquer quand Facebook m’offrait des liens de type « temps à perdre » qui y état relié. Mais voilà, les années passent, et je me lasse! Harry Potter par-ci, Harry Potter par-là, c’est à croire qu’il n’existe aucun autre livre jeunesse sur la planète!

Le pire, c’est que je comprends bien son omniprésence. C’est un de ces rares  ouvrages qui ont su atteindre un public suffisamment large, tant adultes qu’enfants pour que leur seul nom devienne rentable.

Pourtant, ce n’est certainement pas la seule série digne d’intérêt! Est-ce que les adultes, après l’avoir lu, se sont dit : « J’ai lu UNE bonne série jeunesse, j’arrête »? Est-ce que ce sont les médias qui, voyant passer de nouveaux livres à succès jeunesse, se disent : « Bah, on a déjà couvert cet angle avec Harry Potter, passons »?

Je ne sais pas pour vous, mais moi, Harry Potter, j’ai fait le tour! Je veux des t-shirts de Mathieu Hidalf, des mèmes de Nevermoor, des tasses du Royaume de Lénacie, des parodies de Tobie Lolness, des figurines Pop de Lucy Wolverène, et des pages de faits anecdotiques sur Billy Stuart!

Qui est avec moi?

Extrait de Paul Thibault

Plus qu’une semaine et demie avant la sortie de La légende de Paul Thibault! Ça fait des mois et des mois que je vous parle de mon écriture en rime de ce manuscrit, voilà l’occasion de constater le résultat par vous-même!

J’ai choisi un extrait de la première des trois histoires comprises dans l’album, soit la rencontre entre Paul et la terrible épinette à tentacule.

Note de lecture : Oubliez vos règles d’alexandrins classiques! L’idée est d’adapter certaines syllabes et contractions pour trouver votre propre rythme, un peu comme les chanteurs le font.

L’épinette à tentacule
(Illustration de Sans Cravate)

Cet arbre maudit aux rameaux menaçants
terrorise les bêtes des grandes forêts d’antan,
Il attaque les loups, les renards, les oiseaux.
Même les grands ours bruns n’y frottent pas leur dos.

Paul braque ses deux yeux dans ceux du conifère,
bombe son torse poilu et dit d’une voix fière :
« Je te défie au combat! Si tu en sors perdant,
tu nous laisseras tranquilles jusqu’à la fin des temps. »

L’arbre se met à rire, secouant ses épines.
Il traite Paul de têtard, de puceron, de vermine!
Acceptant le défi, il lui répond sans frousse :
« Si je gagne, c’est promis, je vous mangerai tous! »

Analyse de trois narrateurs

On a parfois l’impression qu’une narration à la troisième personne est obligatoirement neutre et doit s’effacer au profit de l’histoire. Voici pourtant trois lectures récentes qui offrent de belles opportunités d’utiliser le narrateur pour donner plus de personnalité au récit.

La tour sombre, Stephen King :

Je suis en train de terminer la Tour sombre de Stephen King. Cette série se passe (en partie) dans un autre monde, avec se codes, ses expressions et son langage. Jusque-là, rien de bien spécial puisque la plupart des livres issus des littératures de l’imaginaire suivent ces mêmes règles. La différence, c’est que les expressions colorées sont également utilisées par le narrateur, plutôt que d’être confinés au dialogues. Le narrateur, omniscient et à la troisième personne, va donc se permettre des « Say Thankya »  ou autre expression de l’autre monde, nous donnant l’impression non seulement que l’aventure s’y déroule, mais que le narrateur lui-même en fait partie. Une belle touche.

Le joueur d’échecs, Stefan Zweig  :

Pour celui-ci, ce n’est rien de neuf, puisqu’il s’agit d’un narrateur-témoin, donc un personnage secondaire de l’histoire, qui observe le héros et rapporte ses gestes. On trouve la même sorte de narrateur dans Don Quichotte (Sancho Pansa), Sherlock Holmes (Watson) et même Moby Dick (Ishmahel). Pourtant, c’est un procédé beaucoup que j’ai rarement vu en littérature jeunesse. Je suis donc bien titillée à l’idée de m’y essayer moi-même, me disant que ça serait une belle manière d’introduire un héros adulte tout en gardant une touche jeunesse!

La voleuse de livres :

Autre coup de génie : le narrateur de ce classique n’est nul autre que la mort. On parle donc ici d’un narrateur témoin, comme dans le joueur d’échecs, mais son identité lui permet d’être également omniscient, puisque c’est une sorte de dieu!  Le narrateur se permet donc des apartés, des digressions, tout en étant omniscient. Le meilleur des deux mondes.

 

Pour des narrateurs 3e personnes intéressants en littérature jeunesse, regardez du côté de Songe à la douceur de Clémentine Beauvais ou de Desastruses aventures des orphelins Baudelaire de Lemony Snicket!