Pour cause de « c’est ma fête »!
À la semaine prochaine tout le monde!
Pour cause de « c’est ma fête »!
À la semaine prochaine tout le monde!
Je parlais récemment du fait que mon calendrier scolaire rempli m’oblige à dire « non ». Je dois reconnaître aussi que cette abondance d’animations me PERMET de le faire.
Dans la dernière semaine, j’ai refusé un contrat en jeu vidéo ainsi qu’une très jolie proposition de podcast jeunesse. Dans les deux cas, le genre de projets qui m’auraient emballée il n’y a pas si longtemps. Après tout, dans les dernières années, j’ai fait des jeux vidéo, des jeux de société et même une chasse au trésor urbaine en plus d’écrire des livres. J’ai toujours eu un côté un peu volage au niveau professionnel : facilement distraite par la nouveauté, attirée par ce qui me change de ma routine.
Mais cette fois, j’ai dit non. D’un côté parce que mon calendrier d’écriture est bien rempli pour la prochaine année, mais aussi parce que je ne ressentais plus cet enthousiasme pour l’exploration d’autres médiums.
Même cet été, on m’a vaguement mentionné une piste vers la scénarisation des bandes dessinées, quelque chose qui m’a toujours tentée, d’aussi longtemps que je me souvienne. Cette piste, je ne l’ai pas suivie. Il fut pourtant un temps où j’aurais remué ciel et terre pour ce genre d’opportunité.
J’écris des livres. Aujourd’hui, ça me semble suffisant.
Parce qu’avec l’âge vient la sagesse, que j’ai trouvé mon X et que j’arrête de m’éparpiller? Ou parce que je m’assois sur mes lauriers et que d’en rester à ce que je connais est confortable?
Honnêtement, je l’ignore.
Chose certaine, j’ai toujours écouté mon instinct dans mes prises de décision et, pour le moment, le mien me dit de me concentrer sur l’écriture d’albums et de romans.
Je changerai peut-être d’idée, dans un an, dans deux, une fois que j’aurai écrit toutes les suites qui m’attendent… ou peut-être juste le jour où une proposition (ou une idée folle) réveillera en moi cette envie de foncer vers l’inconnu.
D’ici là, un nouveau manuscrit m’attend et j’ai hâte de m’y plonger.
Et ainsi se termine ma propre rentrée littéraire : ma troisième publication de l’automne*, soit Romane et les émotis T1 : Rage est arrivée sur les tablettes la semaine dernière.
Romane est une élève de sixième année qui se fait donner une chaînette à cadenas magique par une dame blessée au fond d’une ruelle. Une fois le collier autour de son cou, elle peut parler aux oiseaux et, surtout, voir les « émotis », des créatures formées d’émotions qui menacent la ville de Saint-Louis-de-la-Montagne.
On y trouve des pouvoirs magiques, des combats épiques, de grandes amitiés et même un petit peu de romance, chose rare sous ma plume!
Je me demande si ce n’est pas le livre le plus proche de ce que j’aurais aimé lire, moi, à cet âge. Chose certaine, j’espère que les lecteurs et lectrices apprécieront, puisque j’ai déjà deux autres tomes de prévus! Romane et les émotis T2 : Joie est actuellement dans les mains de l’illustratrice Geneviève Masson Bouchard et paraîtra dès le printemps prochain. Le troisième, je viens tout juste d’en terminer l’écriture et de l’envoyer à mon éditrice.
Très hâte d’entendre vos commentaires post-lecture!
* Il y a aussi eu Des nouvelles du futur et Pétronille T5 : sirènes écoresponsables.
Pour trouver le bon ton lorsque j’écris, j’imagine parfois la voix du narrateur dans ma tête. Pour Paul Thibault, j’entendais une voix masculine, rauque, avec les exagérations et la cadence des conteurs de veillées d’antan.
Vrai comme j’suis là…
Et bien cette version de Paul Thibault existe désormais! Les éditions 400 Coups vous ont préparé une version audio qui est juste parfaite! Ouvrez votre son, cliquez sur la vidéo, et jugez par vous-même avec cet extrait :
Vous pouvez donc désormais feuilleter le livre papier en vous laissant bercer par la voix du conteur. Ou, encore mieux, installer votre enfant avec le livre, et laisser le conteur raconter à votre place pendant que vous faites la vaisselle.
J’ai passé tant d’heures à écouter des livres-disques durant mon enfance… comme mes enfants l’ont fait avec de nombreux livres-CD. Je suis heureuse de penser que la nouvelle génération puisse continuer la tradition!
Il est déjà disponible sur le site de la FNAC en France, et devrait apparaître bientôt sur le site Leslibraires.ca au Québec!
Cette année, c’est la folie pour les réservations de mes animations scolaires. Je me suis retrouvée à devoir fermer mon calendrier dès la mi-septembre.
J’essaie de limiter à deux animations par semaine, histoire de me laisser du temps pour écrire, après tout, c’est ça mon véritable métier. Lorsqu’une même école désire me recevoir pour trois ou quatre jours, je le permets, sans prendre d’autre école cette semaine-là. Je me laisse aussi un mois sans animation avant les vacances d’été pour terminer les manuscrits en catastrophe et reprendre mon souffle avant d’avoir les enfants à la maison à temps plein pour deux mois. Une fois ces conditions remplies, je n’accepte plus rien.
Mais limiter le nombre de jours, ça implique de dire « non » à toutes les demandes qui rentreront à partir de maintenant. Et ce n’est pas facile de le faire pour un travailleur autonome, puisque ça implique de refuser des sous. Après de nombreuses années à espérer en gagner plus pour arriver à quelque chose qui ressemblerait un salaire, ce refus n’est pas chose naturelle. La crainte que les années fastes ne soient que passagères n’aide pas les choses. Mais m’épuiser n’est pas une option non plus, je dois mettre une limite quelque part.
Je dois dire « non » à des tournées qui m’amèneraient plus loin de la maison. Certaines parce que le déplacement n’en vaut pas la peine, d’autre parce que les dates prévues sont déjà prises au moment où je reçois la sollicitation.
Je vais sans doute aussi devoir dire « non » à des écoles qui m’invitent depuis des années, et cela me peine. C’est un manque d’organisation de ma part, je sais. Dans un monde idéal, je leur aurais écrit en premier, je leur aurais réservé des places, mais je ne suis pas très organisée, et je ne pensais jamais que les places partiraient si vite.
Qu’une chose soit claire : je ne m’en plains pas, bien au contraire : c’est un fort beau problème à avoir. J’essaie juste de garder le contrôle sur mon temps, et de voir comment ne pas devenir prisonnière de ces demandes. Une nouvelle sorte de défi.
J’ai commencé à annoncer que, l’année prochaine, j’ouvrirai mon calendrier le 25 août, et pas avant. Ça me permettra, au moins, de placer les pédagogiques de mes enfants dans mon calendrier avant de le remplir de visites scolaires. Pour le reste, je ne sais pas. Je devrais peut-être trouver un meilleur outil que l’agenda de google, peut-être décider d’un nombre de journées à consacrer aux animations plutôt que d’y aller une semaine à la fois… j’ai même déjà entendu des auteurs très populaires parler de faire un tirage parmi les écoles une fois les demandes rentrées.
J’ai 11 mois pour y penser. On verra bien.
Il n’y a pas que les thèmes et l’histoire de Romane et les émotis qui sont inspirés de Sailor Moon, de Card Captor Sakura et des autres séries semblables! Pour le format du roman, j’ai puisé dans les conventions de ce type de manga. On retrouve donc, à travers le roman…
… des pages entières de bande dessinée!
Qui dit « magical girl », dit manga! On retrouve donc une douzaine de pages de bandes dessinée, et l’aventure passe du texte au dessin de manière fluide, sans arrêt marqué ni répétitions.
… des pages pleines de l’héroïne en costume
Appelées « pin-up » en anglais, ces illustrations sont dignes d’affiches à accrocher au mur. Vous retrouvez ici Romane dans le costume que lui confère l’émotis* « Rage », un de mes préférés!
… des fiches de personnages
C’est probablement les formats magazines où sont prépubliés plusieurs des mangas qui font qu’ils contiennent souvent ce genre de fiches. J’ai tout de même adapté les catégories à notre propre culture en retirant la mention du groupe sanguin, très utilisé dans les présentations de personnages japonais.
Sortie le 12 octobre! J’espère que vous avez aussi hâte que moi!
* Les émotis, dans cette série, sont des créatures formées d’émotions.
Dans les prochaines semaines il y aura non pas une, mais bien deux sorties de Pétronille inc.! Le 5e tome, intitulé « Sirènes écoresponsables » arrive en librairie le 27 septembre et le premier tome de la série, soit « Bave de crapaud bio » fait son apparition en France, sous les bons soins des éditions Kennes, ce mercredi (le 21)!
Pour mettre l’eau à la bouche des lecteurs des deux côtés de l’Atlantique, je vous dévoile quelques-unes des illustrations que Boum a réalisées pour le tome 5, accompagnées de courtes phrases qui vous donneront une idée de l’intrigue.
C’est la sécheresse au Pays Merveilleux. Pétronille doit transférer les crapauds des Marais Gluants dans un chaudron pour les sauver. (Je ne sais pas pour vous, mais ce batracien me fait craquer!!)
Notre petite sorcière décide de prendre les choses en main et de plonger dans le Lac Sans Fond pour y chercher une écaille de sirène, élément indispensable à l’incantation qui fera tomber la pluie.
Mais chez les sirènes, tout ne se passe pas comme prévu!
Pas DU TOUT comme prévu! (J’adore l’ambiance de cette illustration)
Ceux qui ont l’œil auront remarqué que Boum est passé à un encrage différent, plus proche de l’aquarelle, et particulièrement bien adapté à cette aventure aquatique! Vous pouvez comparer avec les illustrations que j’avais partagées pour le tome 1, tome 2, tome 3 et tome 4!
C’est un classique dans mon industrie : tous les livres importants sortent au début de l’automne, dans ce que l’on appelle la rentrée culturelle. La fantastique caricature de Martin Vidberg ci-dessous fait remarquer à quel point c’est une drôle d’idée:
Je veux ici faire comme la caricature et contester la pertinence d’une sortie au mois de septembre pour les livres jeunesse.
Notez en toute transparence que j’en sors un moi-même : Les nouvelles du futur, disponible chez votre libraire, mais son cas particulier sera expliqué à la fin du billet.
1ere réflexion : les achats scolaires
Les écoles sont de gros acheteurs de livres jeunesse, qui ont l’obligation d’acheter leurs livres dans les librairies agréées. J’ai posé la question à des amis libraires (ou anciens libraires) jeunesse, qui m’ont parlé de la période novembre-décembre comme étant importante, mais encore plus de celle de mai-juin, alors que les budgets scolaires sont sur le point de fermer, et que les professeurs utilisent ce qui reste pour garnir leurs classes.
2e réflexion : les prix littéraires
L’automne est la saison des prix littéraires, on peut donc imaginer que les livres qui y sont présentés doivent être sortis depuis quelques mois, pour donner aux jurys le temps de les lire. Par exemple, la date de remise pour le prix du Gouverneur général est le 31 juillet. Donc, un livre qui sort à l’automne a mille fois le temps de disparaître des tablettes avant de gagner un prix*. En plus, pendant ses premiers mois d’existence, il devra se battre contre les lauréats pour la visibilité média et les places d’honneur en librairie. Quand on y pense, sortir le plus proche possible d’une nomination, c’est la stratégie des films à haut potentiel de nomination aux Oscars.
3e réflexion : se perdre dans la masse
Je le disais plus haut, les livres importants sortent pour la rentrée culturelle. Il y a donc non seulement des quantités incroyables de nouveautés, mais parmi celles-ci certains titres précis risquent de monopoliser l’espace médiatique déjà restreint offert aux livres jeunesse. On s’entend, si une chanteuse, une actrice, ou un romancier « adulte » sort un livre jeunesse, il sortira en septembre, et c’est de celui-là dont parleront les journaux généralistes! De la même manière, on me disait que les bibliothèques publiques, autre gros acheteur de livres jeunesse, font leurs achats mensuellement… ne vaut-il pas mieux, dans ce cas, être le livre incontournable d’un mois plus tranquille, plutôt qu’un titre invisible de la rentrée culturelle?
Oui, je sais, la rentrée culturelle est sans doute prévue pour que les livres se retrouvent sous les sapins de Noël. En jeux vidéo, les jeux devaient sortir à temps pour l’Action de grâce américaine, coup d’envoi officiel du magasinage des fêtes. Mais cette date… c’est en novembre! L’argument du Salon du livre de Montréal nous mènerait d’ailleurs à ce même mois. Pourtant, je ne crois pas avoir jamais eu de livre qui sortait en novembre.
Bref, pensons hors de la boîte littéraire : sortons des livres juste à temps pour le 12 août, après les fêtes pour régner seul sur l’espace culturel, à la relâche pour occuper les enfants et à tous les autres moments de l’année. Les libraires, qui ne savent plus où donner de la tablette en septembre, nous en seront reconnaissants!
Et pour ce qui est des Nouvelles du futur…
C’est vrai, il sort en septembre, et il n’aurait pas pu être mieux prévu! Les jeunes ont pu en lire des extraits dans les deux magazines Les Débrouillards de l’été, et il ne fallait pas leur donner le temps de l’oublier! ????
* Et ne croyez pas que gagner un prix ramènera automatiquement ce livre sur les tablettes! Les librairies sont très inégales d’une à l’autre sur ce point. Lisez à ce sujet les trois derniers paragraphes de cet ancien billet : https://www.romanjeunesse.com/2017/10/01/les-prix-litteraires/
Mon documentaire-fiction Des nouvelles du futur: 12 capsules optimistes pour faire rêver sort cette semaine! J’y raconte la journée d’enfants vivant dans dix, vingt, ou trente ans, et j’accompagne chaque texte d’explications sur les technologies et tendances actuelles m’ayant amené à inventer ces futurs particuliers.
Derrière cet album très différent de ce que j’écris habituellement, il y a un livre et une envie.
L’étincelle première derrière l’album m’est venue à la lecture, en 2019, d’un essai de Rutger Bregman intitulé Les utopies réalistes. Je ne suis pas une lectrice d’essais, mais le titre de celui-là m’avait charmé. Sa lecture, elle, m’a bouleversée. Je n’avais jamais entendu des idées aussi radicales (dans le bon sens du terme) être aussi bien soutenues. Le revenu universel, la semaine de 15 heures, la disparition des frontières… le genre de trucs que l’on ne retrouve habituellement qu’en science-fiction et qui s’y trouvent présenté comme possible.
Entendons-nous, je n’écris pas ce billet pour débattre de ces idées, mais bien pour dire que le livre m’a ouvert l’esprit à la possibilité de futurs différents. J’ai eu envie d’avoir de l’espoir et d’en donner aux autres.
L’envie… de me battre contre l’écoanxiété
Le sous-titre de l’album le dit : je n’y présente que des futurs positifs. Pas de fin du monde, pas de catastrophe écologique. Les jeunes se font tellement dire que la planète ne va pas bien qu’ils ont perdu jusqu’à l’impression qu’il serait possible de la sauver. Sans espoir, l’envie d’agir disparaît sous l’effet « à quoi bon ». Ayant retrouvé confiance en l’avenir, j’ai eu envie de redonner aux lecteurs la capacité de rêver un avenir meilleur, un avenir pour lequel ils seront prêts à agir et à se battre.
Le pire dans tout ça, c’est que la nouvelle du futur traitant de revenu universel, donc celle le plus directement liée à l’origine de l’album, a été coupée en cours de route. Dans mon enthousiasme, j’avais écrit deux textes de trop, et il fallait se rendre à l’évidence : c’était la plus abstraite et la plus éloignée du quotidien des enfants.
Je la garde tout de même précieusement dans un tiroir… sait-on jamais, ça servira peut-être un jour!
Mon mari est un lecteur du Globe and Mail. Une fois par trimestre, il reçoit donc le Montreal Review of Books, un encarté qui couvre la littérature anglophone. Puisque c’est une publication Montréalaise, elle offre une belle place aux traductions québécoises. Je suis toujours surprise (et fière!) d’y voir des livres écrits par d’autres auteurs de ma province.
D’ailleurs, juste en allant voir leur site pour écrire ce billet, j’ai reconnu le nom de J.D. Kurtness dans la section fiction, celui de Pascal Girard en bande dessinée, et ceux de Mélanie Perrault, Marion Arbona, Isabelle Arsenaut, Fanny Britt, Katia Canciani, Guillaume Perrault et bien d’autres en littérature jeunesse.
Mais récemment, quelque chose m’a frappée : on retrouve des romans de fiction, de la bande dessinée, et beaucoup, beaucoup d’albums traduits. Mais jamais des romans jeunesse.
À bien y réfléchir, je ne connais qu’un seul roman jeunesse québécois traduit au Canada anglais : La plus grosse poutine du monde, d’André Poulin, gagnant du prix du Gouverneur Général en 2013. À ma connaissance, aucun des autres lauréats de ce prestigieux prix canadien n’a été traduit en anglais depuis. Le gagnant de l’année dernière, Les avenues, de Jean-François Sénéchal, a bien été traduit… mais en italien.
Deux solitudes? Non, puisque cette indifférence face à l’autre fonctionne à sens unique. Les éditions La courte échelle traduit les romans de la romancière jeunesse canadienne Susin Nielsen dès leur sortie. Scholastic traduit ceux de Kenneth Oppel depuis des années. Les éditions Petit Homme nous offrent un roman jeunesse de Owen Laukkanen pour la rentrée.
Remarquez que je n’ai pas la fibre journalistique. Je n’ai pas fait de grande étude du marché ni contacté les éditeurs pour vérifier ce que j’avance dans ce billet. Je serais la première contente de découvrir que j’ai tort et que j’ai oublié des dizaines et des dizaines de traductions.
En attendant, je reste avec l’impression d’une opportunité manquée pour les éditeurs anglophones, qui, si j’ai bien compris le dernier article du Globe And Mail, auraient bien besoin d’un peu de vent dans leurs voiles.