Ceux qui me suivent depuis un bout savent peut-être que j’ai écrit un conte de Noël en semi-vers. Pourquoi semi? Parce que j’avais envie de passer de la prose, si efficace pour faire avancer une histoire de manière fluide, aux vers, si merveilleux à lire à haute voix!
Ledit texte s’est écrit de manière quasi-miraculeuse, en quelques heures seulement. Le genre d’épiphanie qui n’arrive que lorsque les muses sont toutes alignées! Évidemment, ce n’était qu’un premier jet! Armée d’excellents commentaires d’une collègue outre-mer, j’ai entrepris hier d’entamer les corrections. En fait, je n’étais pas censée y toucher avant d’avoir terminé mon tome quatre de Terra Incognita, mais je n’avais qu’une petite heure devant moi, trop peu pour attaquer un chapitre épique où toutes les actions de ce roman d’aventures convergent et explosent en une apothéose digne d’un grand blockbuster estival! Bien trop intimidant pour une petite heure! Par contre, des corrections d’un petit album illustré? Des pinottes! pensais-je en me rentrant allègrement le proverbial doigt dans le non-moins proverbial œil.
Car voyez-vous, les vers sont comme une construction de bâtons de popsicles dépourvue de colle : impossible d’en bouger un seul mot sans que tout ne s’écroule! Le moindre changement, ajout, retrait oblige à repenser la strophe tout entière. Un casse-tête pas possible. Tellement qu’au bout de l’heure en question, j’abordais à peine la deuxième page de ce supplice. Et pourtant, je n’avais qu’une seule envie : continuer! La rime est un défi exaltant! Terrible casse-tête devant lesquels s’obstiner avec orgueil. Elle s’écrit difficilement, se travaille très mal, fait sacrer les plus patients et déclenche des maux de tête abominables. Seuls les plus tenaces s’en sortent. Mais quelle satisfaction lorsque les mots sont enfin alignés avec grâce! C’est un peu comme résoudre une énigme, réussir une patience, découvrir le coupable avant Poirot, vaincre le « big boss » du dernier niveau!
J’ai déclaré forfait pour cette fois-ci et vais attendre sagement, comme prévu, un premier jet du Vol des Scarpassons avant d’y retourner.
Ce n’est que partie remise, je n’ai pas dit mon dernier mot!