Vendredi dernier, je suis allée voir une représentation en plein air du Magicien d’Oz fait par le théâtre de la roulotte. À ma grande surprise, ils en avaient changé la trame narrative, et à mon encore plus grande surprise, j’ai adoré ces changements. Pourtant, une toute petite phrase vers la fin est venue tout gâcher.
Ce qui marchait
La motivation émotive de Dorothé dans le Magicien d’Oz est simplement de retourner chez elle. Si c’est parfaitement adéquat, ce n’est pas nécessairement un besoin sur lequel nous avons une forte réaction émotive. Le théâtre de la roulotte a donc choisi d’utiliser le fait qu’elle habite chez sa tante et son oncle pour y ajouter « retrouver ses parents morts dans un cyclone l’année d’avant» comme motivation supplémentaire. Elle crie des « vous n’êtes pas ma vraie famille » à ses parents adoptifs et s’enfuie volontairement vers le nouveau cyclone qui s’approche. Évidemment, tout au long de l’histoire, je n’ai pu m’empêcher de tenter de prédire la nouvelle fin pensant, entre autres, que le magicien lui-même s’avérera être son père ou encore qu’elle retrouvera ses parents et restera à OZ.
Les scénaristes ont réussi à me surprendre avec une fin encore meilleure : Dorothé réalise qu’il lui faudra de l’intelligence, du courage et du cœur (eh oui, les trois qualités recherchées par ses compagnons de voyage) pour accepter le fait que ses parents ne reviendront jamais, et qu’elle est chanceuse d’avoir un oncle et une tante qui l’aiment et qui sont prêts à l’accepter au sein de leur famille. Elle revient donc chez elle pour se jeter dans leurs bras. J’en ai essuyé une larme!
Ce qui est venu tout gâcher
Dans le film classique avec Judy Garland, l’utilisation des mêmes acteurs pour personnifier les gens de la « vraie vie » et ceux d’Oz instaure l’idée que l’aventure de Dorothée n’était en fait qu’un rêve. Pourtant, je suis presque certaine (ma lecture des œuvres de L. Frank Baum remonte à loin!) que, dans sa version littéraire, le monde d’Oz existe vraiment! Le théâtre de la roulotte ont décidé de suivre dans la voie du film : Dorothée se serait assommée avec une boîte aux lettres et aurait rêvé le reste. Je DÉTESTE que l’on nie l’existence d’un monde imaginaire de la sorte! C’est un peu comme dire : la dernière heure que vous venez de passer avec nous compte en fait pour très peu! Il faut assumer les mondes que l’on crée et les aventures qui s’y passent. Sinon, au moins laisser planer un doute suffisant pour que le spectateur puisse décider par lui-même de ce qui fait partie ou non de la réalité. Ceux qui ont vu « Pan’s Labyrinth » et un film récent que je ne nommerai pas (par crainte de causer des « spoilers ») comprendront ce que je veux dire.
Héhéhé! Moi je sais de quel film tu parles! 😉
Et je suis parfaitement d’accord : je déteste les fins « ce n’était qu’un rêve », sauf quand elles s’accompagnent de détails du genre « pourquoi j’ai des feuilles mortes dans les cheveux alors si la forêt maléfique n’était qu’un cauchemar? »… (et encore, disons que c’est limite..)
@Gen Tu as bien fait d’ajouter le « c’est limite » parce que c’est vrai que, même si ça qualifie de « laisser planer le doute », c’est en effet trop facile, presque paresseux, comme manière de faire!