Depuis que je suis tombée sur les jeux Horizon sur PlayStation, je suis fascinée par leur manière de bâtir la trame narrative par petites bribes éparses. On trouve un journal de bord par-ci, un exposé marketing par-là, parfois même un conteur au coin du feu que l’on n’écoute que si on en a envie. À travers tous ces morceaux se dessinent le portrait d’une civilisation perdue et d’une seconde en construction, en plus des aventures plus concrètes d’Aloy, la sauveuse de Méridian.
Et soudain, je tombe sur un livre qui utilise un procédé similaire pour construise son histoire : Sleeping Giant de Sylvain Neuvel (Le sommeil des géants, en traduction).
Ce roman de science-fiction est entièrement raconté à travers des d’entrevus et des extraits de carnets de bords. Au début, la nouveauté séduit. Après deux-trois entrevues, j’ai eu peur de m’en lasser… mais soudain, la magie opère et on se laisse prendre au jeu. Je dis bien « jeu », parce que ce format donne un peu plus de travail au lecteur qu’un récit classique! Il faut faire des liens, parfois lire entre les lignes, souvent remplir nous-mêmes les ellipses. Il faut l’avouer : c’est un jeu d’équilibriste que Neuvel maîtrise parfaitement.
Pour un tel livre, je crois que la complexité est dans le dosage des informations. Là-dessus, le jeu vidéo a un grand avantage : le joueur contrôle une partie de la quantité. Les complétistes liront le moindre document rencontré, alors que ceux qui désirent aller droit au but se contenteront des dialogues de la quête principale. Dans un livre, c’est l’auteur qui décide la quantité d’information, alors que le lecteur est prisonnier des pages.
Côté jeunesse, je me rappelle avoir vu des procédés semblables dans le livre 43, rue du vieux cimetière dont l’histoire est entièrement racontée à travers des correspondances, ainsi que dans Les morts ont marché de Mathieu Fortin, dans lequel le lecteur mène l’enquête lui-même à partir de dossiers.
Chose certaine, pour moi qui aime créer des mondes, c’est un procédé tentant!