La semaine dernière, mon éditrice m’a envoyé les derniers commentaires sur le troisième tome de Pétronille inc. Parmi eux, elle me demandait le prix d’un nouvel ingrédient à vendre dans le kiosque de ma petite sorcière.
Ce n’était pas la première fois! Comme Pétronille est une entrepreneure, je parle souvent du coût des choses, calculé en ducats, la monnaie du pays des sorcières. Chaque fois que je mets un nouveau prix, je recule dans les manuscrits précédents pour obtenir un comparatif qui m’aidera à le fixer.
Mais rendu au troisième tome, le recul devient de plus en plus long chaque fois, et la possibilité d’incohérences augmente en flèche!
J’Ai donc mis ma paresse en berne pour répertorier chaque occurrence de prix dans un seul et même document, que j’ai appelé le cours du ducat! Ça ressemble à ça :
Les bons auteurs consciencieux font ce genre de mise en place en amont. Ils bâtissent les règles de leurs mondes jusqu’à ce que celui-ci soit complet, solide, avant même d’écrire la première ligne de leur histoire.
Je ne suis malheureusement pas une autrice consciencieuse! J’invente mes mondes au fur et à mesure des besoins de mon histoire. Pour Victor Cordi, il m’a fallu le troisième livre avant même de décider quel était le système monétaire!!
C’est risqué! On a parfois des regrets (le mien, actuellement, est d’avoir appelé le monde des sorcières « le Pays Merveilleux », il me semble que j’aurais pu trouver mieux!), mais il n’est jamais trop tard pour prendre un peu de recul, et ramasser les morceaux éparpillés avant de faire une bêtise.
Comme j’ai fait avec le cours du ducat…
Comme je DEVRAIS faire beaucoup plus souvent!
« Les bons auteurs consciencieux font ce genre de mise en place en amont. Ils bâtissent les règles de leurs mondes jusqu’à ce que celui-ci soit complet, solide, avant même d’écrire la première ligne de leur histoire. »
Euh…
J’pense que ça fait partie des mythes sur l’écriture. Même les auteurs les plus consciencieux que je connais (et y’en a des maniaques dans le lot) finissent par devoir improviser, refaire des calculs, en inventer un bout de plus en cours de route.
Parce que l’histoire a pris un tournant imprévu, parce que l’éditeur a voulu plus de tome que planifié, parce qu’on avait oublié que si on donnait une symbolique aux couleurs, elle pourrait varier selon les peuples et faudrait noter tout ça…
Ceux qui attendent vraiment d’avoir tout tout tout planifié n’écrivent souvent jamais une seule ligne (parce qu’on ne finit jamais). Ou alors c’est plate, parce qu’ils veulent tellement nous faire découvrir TOUS les détails! (On les comprend, après des années à planifier.)
Établir un genre de système monétaire après 3 tomes, y’a pire 😉 Déjà, si c’est cohérent, les lecteurs n’y verront que du feu.
Cela dit, mon truc personnel est de noter les détails du genre (monnaie, coutume, caractéristiques de personnage, noms de lieux) dans un fichier à part au fur et à mesure de leur invention. Ça me permet de compléter entre deux histoires si je me sens inspirée. Et de ne pas devoir retourner fouiller dans le texte original.
@Gen: Tu me rassure, en fait! Et c’est vrai que ça me permet de ne pas en pelleter trop dans le cerveau de mon lecteur trop vite. En fait, je vois ça comme un RPG en jeux vidéo: tu commence dans un tout petit village, avec la vie dasn ce village, puis tu explore la capitale du même pays, puis tu sort des frontières, et ainsi, tu découvre tout l’univers un morceau à la fois! C’est une bonne idée, les notes et les fiches au fur et à mesure. Je le fais toujours trop tard, et après je m’émerveille de la capacité de mes directrices littéraires à se souvenir de tout!!