Au début de la relâche, j’ai commencé un cours en ligne gratuit, appelé MOOC, offert par l’université de Liège et portant sur la littérature jeunesse. J’ai seulement un module et quart de fait, et j’apprends déjà tout plein de choses! Ma plus grosse surprise à date : la France doit passer tous les livres jeunesse devant un comité d’approbation avant de pouvoir les publier.
Surprise, entre autres parce que la littérature jeunesse française m’a toujours semblé tout à fait libre. Chose certaine, bien plus que celle de nos voisins du sud, qui s’effarouchent facilement de nos publications québécoises! (voir à ce sujet, cet article du Devoir)
Il faut dire que le texte de loi est bien fait ! Il indique que les livres ne peuvent présenter… « sous un jour favorable le banditisme, le mensonge, le vol, la paresse, la lâcheté, la haine, la débauche, ou tous actes qualifiés crimes ou délits ou de nature à démoraliser l’enfance ou la jeunesse, ou à inspirer ou entretenir des préjugés ethniques »
Je ne suis pas trop pour la censure en général, mais tant qu’à surveiller, j’aime cette idée de le faire sur l’intention plutôt que de compter le nombre de fesses. Après tout, à la question : « peut-on parler de tout en littérature jeunesse ? » la plupart des auteurs du genre vous répondront : « oui, mais pas de n’importe quelle manière ». Si un comité de censure est mis en place pour éviter les abus, il ne faut pas non plus qu’il empêche la publication des merveilles que le prix espiègle (annoncé il y a peu) mettent en lumière chaque année.
En revenant sur le texte de loi, rions tout de même de la présence de la paresse dans la liste des choses à ne pas glorifier! Je me demande d’ailleurs bien comment Gaston Lagaffe a réussi à passer entre les mailles de ce filet! Surtout, cette interdiction semble de trop pour notre société moderne qui cherche un retour d’équilibre contre la culture du « workaolisme »* et des enfants en burn-out pour cause d’angoisse de performance.
En fouillant le sujet un peu plus, j’ai appris que le texte de loi appris dans le MOOC, et cité plus haut, avait changé depuis 2011. Il parle désormais de pornographie, de « danger pour la jeunesse » et de « substances psychotropes ». Dommage, j’aimais mieux l’ancien… espérons que le comité saura en faire usage avec sagesse plutôt que rigueur.
*Note à moi-même : écrire un album qui glorifie la paresse, le rien faire, le prendre son temps.
J’adore te lire tous les lundis, Annie. J’y découvre plein de choses presque chaque fois.
Je ne suis pas trop surprise que les textes d’albums jeunesses Français doivent passer devant un comité. On l’oublie souvent, mais la France n’a pas le même système de lois que nous. Ils sont beaucoup plus dirigistes. Et même s’ils sont moins facilement effarouchés que nos voisins du Sud, y’a juste à voir les manifestations qu’il y a eu contre le mariage gay pour comprendre qu’il reste un fond de « bien-pensance » assez important.
PS : Et oui, un album glorifiant la paresse (ou, entk, le fait de ralentir) ce serait sans doute une bonne idée. J’en ai un qui devrait sortir bientôt (on vient de réserver l’illustratrice) et qui parle des vertus de l’échec.
@Manon: Merci!!! Je ne sais jamais qui je rejoint avec ce blogue, je suis contente de savoir qu’il te plait!
@Gen: J’ai été tellement surprise (déçue/dégoûtée) de ces manifestations! Je n’avais pas réalisé avant à quel point ils étaient en retard! Et pour l’échec, c’est un album? Félicitation!! Très hâte de voir ça!
Moi aussi, je te lis souvent Annie!
Merci Étienne! 🙂
Oui c’est un album. Texte prêt depuis plus d’un an. J’attends. (Pis c’est duuuuur!)