Dans les groupes d’auteurs, il est une demande qui revient environ tous les trois mois. À chaque fois, elle suit un peu le même schéma : « Mon éditeur devait me donner des nouvelles, le délai est passé, devrais-je l’appeler? »
Derrière la question se cachent deux angoisses! Premièrement, l’auteur s’inquiète que le retard dans les nouvelles cache une catastrophe. Il se met à s’imaginer que l’éditeur a changé d’idée, qu’il n’aime plus le manuscrit, qu’il ne le publiera pas finalement, ou quelque chose du genre. Il faut dire que les auteurs ont de l’imagination (ça fait partie du métier), et qu’on a tous entendu des histoires d’horreurs dans le genre, lorsqu’on en a pas directement vécu nous-mêmes!
Cette angoisse, je la comprends! La dernière fois qu’un éditeur a arrêté de me donner des nouvelles, il a fait faillite! :-/
Le problème, c’est la deuxième angoisse. L’auteur n’ose pas appeler, parce qu’il a peur de déranger! On apprend à l’adolescence qu’il faut se faire désirer, et ne pas appeler l’élu de notre cœur trop souvent pour ne pas le faire fuir! Mais la relation avec l’éditeur n’est pas une relation amoureuse; c’est une relation d’affaires! Il ne va pas changer d’avis sur une publication à cause d’un appel impromptu, du genre : « pas question que je le publie, il ose m’appeler une fois par six mois! ».
Bref, à la demande « devrais-je appeler? », ma réponse est toujours la même : absolument! Ne rongez pas votre, frein, demandez des nouvelles! Répondre à votre coup de fil fait partie du travail de votre éditeur comme de remettre les manuscrits à temps fait partie du vôtre! Je me demande d’ailleurs si, dans la liste des tâches officielles de l’éditeur, il n’y a pas une ligne qui dit : « Rassurer les auteurs, qui sont de grands sensibles ». Il devrait.
Et de l’autre côté, chers éditeurs, n’hésitez pas à nous contacter plus souvent! Les auteurs sont toujours contents d’avoir des nouvelles de leurs œuvres, aussi triviales soient-elles (les nouvelles, pas les œuvres!), et de se faire demander de parler un peu de leurs projets en cours. Vous y trouverez peut-être même votre compte, j’ai déjà donné des manuscrits à des éditeurs juste parce qu’ils m’avaient parlé au bon moment!
Au pire, si vous êtes gênés d’appeler, écrivez!
Cela dit, selon mon expérience, quand l’éditeur tarde à donner des nouvelles, c’est souvent qu’il est gêné de dire « non ». Mais comme souvent un « non » chez un éditeur veut juste dire « ce texte n’est pas le bon pour ma maison d’édition », il vaut mieux le savoir le plus tôt possible pour pouvoir le proposer ensuite ailleurs (en assumant que le texte a été envoyé à un seul endroit à la fois).