Industrie de la nouveauté, partie 3.
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J’ai déjà parlé que, dans les grandes chaines de librairies, pour rester sur les tablettes, il faut que le livre se vende très bien dès la première commande, et sortir les prochains tomes le plus rapidement possibles pour profiter de l’élan du début. Voici quelques techniques et tendances que j’ai remarquées dans la dernière année et qui s’inscrivent très bien dans les nouvelles réalités de l’industrie.
- Les séries à multiples auteurs. Un auteur est limité dans le nombre de romans qu’il peut écrire dans une année. Pour sortir les livres plus régulièrement, ou même plusieurs tomes à la fois, on voit donc des éditeurs confier une même série à plusieurs écrivains. Voir Charmes chez Boomerang, Casting chez La Bagnole, Cobaye chez De Mortagne.
- Les extraits gratuits. Idée nouvelle (et j’oserais dire brillante!) chez les Malins : plusieurs mois avant la sortie d’une nouvelle série, ils impriment de petits livrets contenant un extrait du premier tome et les donnent gratuitement aux lecteurs dans les salons du livre. Ils l’avaient fait pour les filles modèles l’année dernière, et cette année, au dernier salon de Montréal, les jeunes se promenaient avec des livrets de « Gamer », un livre qui ne sortira qu’en janvier.
- Les envois aux critiques avant que le livre ne sorte. C’est un peu l’équivalent des avant-premières, ou des « advanced screening ». Pour que les critiques sortent en même temps que le livre lui-même, des copies sont envoyées aux critiques de plus en plus tôt, en format papier lorsqu’il est imprimé avant sa sortie, mais aussi en format PDF, dès qu’il est prêt à partir en impression. Ça évite que le livre soit déjà sorti des tablettes lorsque les médias décident d’en parler.
- La publicité. On a parfois l’impression qu’il est impossible de faire de la publicité auprès des jeunes au Québec. C’est faux! Les éditions de Mortagne ont déjà mis des publicités pour Les Maudits sur Vrak Télé, et les Malins annoncent régulièrement dans le magazine « Cool » et y incluent des livres qui ne sont pas encore sortis. Ces publicités coûtent cher, mais si l’engouement est réussi, le titre peut être propulsé dans les palmarès, et ainsi générer sa propre publicité par la suite.
Je termine sur deux tendances marketing que j’ai cru remarquer au Salon du livre de Montréal :
Out : Les prix de lancement
Il fut une époque ou chaque kiosque offrait les premiers tomes de leurs nouvelles séries à des prix dérisoires. Il me semble en avoir vu très peu cette année.
In : Les mascottes
Je ne l’inclus pas ici pour dire que c’est efficace, mais bien uniquement pour dire que leur nombre est en train d’atteindre des proportions inégalées. Entre l’entourage steampunk d’Anne Robillard et la maquette robor-calmar-qui-s’allume des éditions dieu seul sait quoi, on ne pouvait faire 5 pas dans le salon de Montréal sans en croiser une!
Les extraits gratuits n’est pas une technique nouvelle, mais les Malins semblent assez agressifs dans leur marketing.
Il y a aussi: sortir les 2 premiers tomes en même temps, même s’ils sont au prix régulier.
@M: les extraits gratuits sont courrants en numérique, mais c’était la première fois que moi j’en voyais sous format papier! Et pour les deux livres en même temps, tu as parfaitement raison! Même mes victors sont sortis deux d’un coup!
Tu vois, les éditions Pocket en distribuait papier au salon de Montréal en 2008-2009. On l’avait fait pour Entités 1 (environ 200 livrets contenant les 2 premiers chapitres, je pense) pour le salon du livre jeunesse de Longueuil, il me semble. Ça coûte quand même beaucoup plus cher que des signets, c’est ça le hic!
Ceci étant dit, tu as raison, c’est vraiment intense qu’un éditeur québécois déploie autant d’extraits et frappe aussi fort que Les Malins en terme de publicités.