Si vous demandez à n’importe quel individu de ma génération quels romans il se souvient avoir lu entre 7 et 10 ans, il y a de fortes chances que ceux de la bibliothèque rose soient mentionnés avec beaucoup de nostalgie. Je fais absolument partie du lot.
Par curiosité, cette semaine, je suis allée faire un tour du côté du site web de cette mythique collection jeunesse. Consternation!
On y retrouve les choses suivantes…
- – Des romans tirés de jouets (My little pony, Littlest pet shop)
- – Des romans tirés de bandes dessinées (Les Schtroumpfs , Garfield)
- – Des romanisations de films d’animation (Disney, Dreamworks et les autres)
- – Des intérêts clichés de petites filles (des princesses, des chevaux, et même, je vous le jure, des princesses SUR des chevaux)
- – Et finalement, signe certain que l’apocalypse n’est pas loin, des livres tirés d’ÉMISSIONS DE TÉLÉRÉALITÉ! (Danse avec les stars, The Voice)
Bref, la fine fleur de la littérature jeunesse! Et ne croyez pas que c’est mieux du côté de la bibliothèque verte (qui, soit dit en passant, est désormais dédiée aux garçon plutôt qu’aux lecteurs plus avancés)! On y retrouve exactement les mêmes catégories, jeux vidéos en plus! À preuve:
Le pire, c’est que, quand on y pense bien, ce n’était pas vraiment mieux à notre époque! Les livres de la Bibliothèque Rose qu’on lisait alors étaient en fait surtout des traductions (Oui-Oui, Le club des 5) et des vieilleries (La comtesse de Ségur, ne vous déplaise!), d’ailleurs encore tous disponibles avec couverture moderne.
Bref, le prochain qui ose me dire que la littérature jeunesse, c’était mieux avant, je lui conseille d’oublier la Bibliothèque Rose, et l’envoie lire Le chagrin du roi mort à la place! Je viens moi-même de le terminer. Ça, c’est de la grande littérature jeunesse!
J’aimerais par contre faire une étude de vocabulaire entre les livres de la bibliothèque rose « de notre temps » (même en traduction) et les livres actuels.
Parce que s’il y a une chose que je remarque en littérature jeunesse ces derniers temps, c’est que le vocabulaire des livres « modernes » est très pauvre. Tandis que, bon, La Comtesse de Ségur c’est des vieilleries, mais au plan de la linguistique, c’était costaud.
@Gen: considérant que j’ai dans mes tiroir quelques lettres de refus qui me reprochent d’avoir un vocabulaire trop riche, je peux juste être d’accord avec toi!
Ton billet me fait penser à celui-ci (voir plus bas), je ne sais pas si tu l’as lu, mais il est très intéressant. Il parle du phénomène de polarisation « livres de petits gars » et « livres de petites filles ». Ceci dit, je connaissais pas cette fameuse collection, mais je serais vraiment très peu porté à acheter ça à des enfants …
Le billet en question :
http://culturesgenre.wordpress.com/2013/05/28/de-linconvenient-detre-feministe-en-librairie-jeunesse/
@Keven: Je n’ai pas lu celui-là, mais je venais justement tout juste de partager un article similaire du Guardian (http://www.theguardian.com/books/2014/mar/16/campaign-gender-children-publishing-waterstones-malorie-blackman?CMP=twt_fd)