J’ai récemment envoyé le manuscrit du tome 1 de ma nouvelle série pour Courte Échelle. Je l’ai travaillé, et retravaillé, en sachant comment ce début de série est important. Pourquoi? Parce que c’est la porte d’entrée des lecteurs pour tous les livres qui suivront. C’est la qualité de cet ouvrage qui décidera du nombre de tomes 2, 3, 4, etc. vendus. Eh oui, si mon dernier billet portait sur les différents éléments qui font vendre un livre, cette liste ne s’applique que pour un roman unique, ou pour le premier tome d’une série. Pour tous les livres subséquents, la qualité du premier prime.
Je vois bien ce phénomène avec Terra Incognita. Malgré le fait que chaque aventure soit complète et que les livres puissent être lus dans le désordre, je vends, année après année, plus du tome 1 que de n’importe quel autre. Les nouveaux lecteurs préféreront commencer au début plutôt que de plonger dans la dernière nouveauté fraichement sortie des presses d’impression.
Pourtant, et voilà bien le problème, le tome 1 n’est pas nécessairement le meilleur! Les personnages en sont à leurs premiers balbutiements, l’auteur joue encore avec le ton, la forme, voire même les règles qui régissent l’univers qu’il est en train de créer. Ce n’est qu’avec l’écriture des tomes 3 et 4 de Terra Incognita que j’ai vraiment eu l’impression d’utiliser la série comme elle le mérite! Je connais les personnages par cœur, et je tire tout le jus possible de la personnalité de chacun! Dans le tome 1 de ma nouvelle série, j’ai l’impression de tâtonner, de changer des concepts cruciaux en cours de route et devoir tout réviser. Au fil du travail, il a, évidemment, pris forme, mais le second sera meilleur, et le troisième après lui encore plus!
C’est un phénomène que la télévision et le cinéma connaissent bien. La plupart des séries sont écrites dans le désordre, pour que le premier épisode, le plus crucial pour l’avenir de la série, soit écrit à l’apogée des capacités des scénaristes! De la même manière, les premières scènes d’un film ne sont jamais les premières tournées, afin que les acteurs aient eu le temps de s’imprégner de leur rôle et faire une meilleure première impression.
Écrire le tome 3 en premier? Est-ce vraiment une solution possible? Je ne suis pas certaine que mon cerveau soit capable de penser son histoire dans un tel désordre!
Hum… Je te dirais que dans ma vie de lectrice, j’ai plus souvent lu des premiers tomes excellents suivis de suites mal foutues et clairement pas autant retravaillées… D’ailleurs c’est ma hantise présentement : écrire un deuxième tome qui paraîtra mal fait en comparaison du premier.
Mais pour ce qui est de ton premier tome pour ta nouvelle série, sans écrire nécessairement les tomes suivants, peut-être que tout ce que tu as besoin de faire, c’est d’y réfléchir encore un peu plus, de penser à la trajectoire que suivront tes personnages. Peut-être d’écrire une scène ici et là pour les tomes suivants (tu sais, ce genre de scène dont on sait deux tomes à l’avance comment elles vont se dérouler?).
Parce qu’en effet, si personne ne commence vraiment à produire par le début, pourquoi est-ce que nous, pauvres écrivains, devrions le faire religieusement? 😉
Je suis d’accord avec Gen. Dans l’univers du livre, c’est différent. Souvent, les auteurs ont eu 3, 4 ou même 5 ans pour faire leur tome 1, qu’ils ont écrit sans nécessairement avoir d’obligations. Et ensuite il y a l’éditeur qui demande de produire la suite en 6 mois, ce qui à mes yeux est absolument loufoque. C’est rare, en fait, qu’une série maintienne sa qualité au-delà du premier tome, justement à cause des pressions éditoriales.
Vous avez bien raison touts les deux, mon expérience de lecteur est complètement différente de celle d’auteur: les tomes suivant sont habituellement moins bon, probablement, comme le dit Dominic, pour une raison de délais accordés! Peut-être que mes propres tomes 3 et 4 ne sont meilleurs que dans ma tête!