Garder le contrôle sur son texte… sans être borné!  

Un des segments de mes animations scolaires sert à expliquer aux jeunes qu’il y a toujours des dizaines et des dizaines de manières différentes de dire la même chose. Pour l’auteur, c’est à la fois une bénédiction et une malédiction.

Une malédiction parce que ça veut dire qu’il n’y a pas UNE bonne réponse à laquelle on pourrait se fier, ce qui nous maintient dans le doute constant.

Une bénédiction, parce que si le réviseur n’aime pas notre phrase et qu’on n’aime pas la phrase qu’il propose en échange… et bien il y a toujours moyen de trouver une troisième option!

J’ai remarqué dans la dernière année que je le fais de plus en plus souvent.

Un exemple concret :

Phrase originale :
Ses traits sont ingrats : sur une peau un peu craquelée, son nez démesuré pendouille au-dessus d’un menton en galoche.

Proposition du réviseur :
Ses traits sont ingrats : il a la peau du visage un peu craquelée et un nez démesuré qui pendouille au-dessus d’un menton en galoche

Ma contre-proposition :
Ses traits sont ingrats : la peau de son visage se craquelle lorsqu’il parle, et son nez démesuré pendouille au-dessus d’un menton en galoche.

Avec l’expérience, j’ai une vision de plus en plus claire du style que je désire pour mon texte. Lorsque je parle de cette étape, les élèves me demandent parfois : « est-ce que tu as le droit de tout refuser ? ». Auquel je réponds : « oui, mais l’éditeur a le droit de refuser de me publier! ». Il faut dose, et se faire confiance mutuellement.

Mon conseil :

  • Lorsque la phrase du réviseur est meilleure (habituellement la majorité des cas), tu acceptes les modifications avec gratitude.
  • Si tu apprécies les deux versions de manière égale, tu fais confiance au réviseur, il devait avoir une bonne raison de ne pas aimer ta phrase.
  • Si tu n’aimes pas la version proposée, plutôt que de refuser en bloc, améliore tout de même ta phrase en suggérant une troisième version qui ressemble plus à ton style.

On a tous nos préférences et on a tous nos aversions. Par exemple, je déteste les phases qui commencent par « mais », et encore plus les euphonies du type « expliqué-je ». C’est une sensibilité toute personnelle et je refuse systématiquement ces propositions. Ça ne veut pas dire que le réviseur n’a pas eu raison de me les suggérer.

Le travail éditorial n’est pas une dictature ni d’un côté ni de l’autre. C’est un travail d’équipe entre deux professionnels dont l’objectif est le même : produire le meilleur texte possible.

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