En retournant dans mes billets de l’année 2023 pour écrire mon bilan, j’ai réalisé que je n’avais jamais écrit le deuxième billet sur mon voyage en Louisiane. Le voici donc, avec plusieurs mois de retard!
Au niveau du français en Louisiane, mes attentes étaient modestes. Je pensais y rencontrer des jeunes qui parlent un français de niveau langue seconde avec un fort accent cajun.
En réalité, les jeunes que j’ai rencontrés avaient un excellent français… et l’accent de France. Leurs parents ne sont pas cajuns, ce sont des anglophones qui ont décidé d’envoyer leurs jeunes en école d’immersion parce qu’elles sont réputées et que le ratio professeurs-élèves y est beaucoup moins élevés que dans les écoles régulières. La majorité de leurs professeurs viennent de la France grâce à une entente spéciale entre la Louisiane et ce pays. J’ai entendu des histoires d’élèves d’immersion incapables de communiquer avec leurs grands-parents cajuns parce que leur français est trop différent.
La relation des élèves avec notre langue est assez ambiguë, aussi. Ils ne l’apprennent ni par envie ni par tentative de conserver leur culture. Ils ont pour la plupart l’intention de ne plus jamais parler cette langue une fois leur scolarité terminée. J’avais eu un peu les mêmes échos de la part des jeunes en immersion francophones de Vancouver.
Je ne peux m’empêcher d’y voir une opportunité ratée. Au-delà de leur apprendre la grammaire et l’orthographe, il faut intéresser ces jeunes à la culture de langue française : les livres, les films, la musique. Un professeur avait bien une guitare sur laquelle il leur jouait du Joe Dassin. Ils ont 13 ans… c’est Big Flo et Oli, Angèle, Roxanne Bruneau, Fouki ou P’tit Béliveau qu’il faut leur faire écouter.
Il me semble aussi que des professeurs franco-canadiens (québécois ou autres) seraient plus aptes à bâtir des ponts entre les deux cultures.
Il ne faut pas généraliser mon expérience à New Orleans et Bâton Rouge. On m’a assuré que dans certains villages de Louisiane, notamment celui de Lafayette, la culture cajun est toujours bien vivante.
Je ne peux qu’espérer que ça soit vrai, parce qu’il ne suffit pas d’apprendre la langue à des jeunes pour que survive une culture. Même si c’est un bon premier pas.