Depuis quelques mois, je fréquente la bibliothèque de manière particulièrement assidue, ce qui me permet de consommer de la bande dessinée de manière boulimique. J’y fais de fantastiques trouvailles! Il faut dire que les littératures de l’imaginaire sont bien représentées dans ce médium. J’en avais lu énormément, plus jeune, d’abord à la bibliothèque, puis ensuite en collectionnant les reliures des Lanfeust Mag, spécialisé dans les BD de l’imaginaire.
Ce que j’avais oublié, et que je retrouve avec un peu moins de plaisir, c’est l’omniprésence de l’image sexuée du corps de la femme.
Prenons par exemple, Eckho, de Arleston et Barbucci. Le dessin de Barbucci est sublime, tant dans Sky Doll que dans cette série. L’univers inventé est fabuleux, aussi, avec des villes connues (Paris, New York, Barcelone), dans lesquelles des créatures étranges remplacent les transports et technologies. Comme ceci :
Mais chaque album comprend aussi des scènes d’effeuillage, de bain de minuit, et autres excuses pour montrer des femmes à demi vêtues.
Second exemple, je suis tombée en amour avec un nouveau scénariste, Lupano, d’abord pour ses BDs les Vieux Fourneaux, et encore plus pour Le Loup en slip, délicieuse série d’albums jeunesse. J’ai donc sauté de joie en voyant qu’il avait également écrit une série de BD se passant dans un monde merveilleux. L’univers qu’il a créé pour Azimut ne déçoit pas! On y trouve, entre autres, un pays qui a perdu le Nord, et des créatures comme la « belle lurette ». Mais il faut aussi se taper ceci.
On dirait que ça fait partie du genre, qu’il y a une équation qui veut que BD de l’imaginaire = filles nues. À l’époque, j’ai fini par y être blindée. Bombardée par ces images depuis l’adolescence, je ne les voyais plus. Avec l’âge et le recul, elles me font lever les yeux au ciel. Elles ne m’empêchent pas de continuer ma lecture, mais je les reconnais pour ce qu’elles sont : des scènes gratuites et inutiles à l’histoire.
J’ai même une nouvelle hypothèse de leur influence sur mon parcours personnel : et si je m’étais réfugié dans la littérature Jeunesse parce que je peux y explorer des mondes imaginaires sans risque de tomber face à face avec ces fantasmes masculins?
Plus j’y pense, plus ça me semble plausible.