On entend souvent parler du syndrome de l’imposteur, par lequel l’auteur doute de son talent, de ses capacités, mais le doute peut prendre bien d’autres formes. “Est-ce que tout ça sert à quelque chose?” est la forme qui m’assaille le plus souvent.
En général, le meilleur remède pour calmer les doutes est la réaction de nos lecteurs. Après tout, c’est pour eux que nous écrivons. Par exemple, chaque fois que l’un d’eux nous avoue avoir aimé notre livre, le syndrome de l’imposteur s’éloigne pour quelque temps. Pour la question de l’utilité de notre livre à travers cet océan de publications, ça prend des commentaires tout particuliers. J’en ai repéré trois sortes, qui correspondent chacun à une raison d’écrire différente.
Raison n.1: Créer des lecteurs
Cette raison d’écrire est spécifique aux auteurs jeunesse, peut-être même encore plus aux auteurs de romans. Un petit message via les médias sociaux : “Je (mon fils, mon élève) n’aimais pas lire jusqu’à ce que je tombe sur votre livre…”. Notre coeur d’auteur jeunesse explose de joie: on a rempli notre rôle!
Raison n.2: Pour toucher/faire du bien
Une lectrice adulte est venue me voir un jour pour me dire qu’elle avait lu mes chroniques post-apocalyptiques dans un moment difficile, et que ce dernier l’avait aidé à passer à travers. C’est l’autre raison d’écrire: pour aider les gens. Pour qu’ils se sentent moins seuls, qu’ils oublient leurs problèmes quelques instants, qu’ils se reconnaissent. À chaque livre sa manière de faire du bien. Cela va au-delà du simple « j’ai aimé », ça se voit dans les yeux du lecteur.
Raison n.3…
C’est une raison un peu plus utopiste, une sorte de sommet de la pyramide de l’utilité d’un livre.
Écrire pour changer le monde.
Bon, à petite échelle, bien sûr! Une personne à la fois. J’avais déjà parlé de Le silence de Mélodie, dont la lecture avait fait de moi une meilleure personne. Cette semaine, le blogue de Délivrer des livres a écrit ceci d’un de mes livres:
“Certains livres changent la manière de percevoir le monde et
La promesse du fleuve en fait partie” (critique complète ici)
Je ne me suis jamais sentie aussi légère. Peu m’importe désormais l’opinion des autres sur mon livre, s’il réussit a élargir la vision du monde d’une seule personne, mon travail n’aura pas été vain. Toutes ces heures passées à mon clavier en auront valu la peine.
Le doute est repoussé… du moins pour quelques jours!
Créer des lecteurs, ça existe aussi en adulte. Quand tu te fais dire « je lisais plus ben ben depuis que je suis sorti de l’école, mais votre livre, je l’ai vraiment aimé », ça fait un bien fou!
Pis j’ajouterais une quatrième raison d’écrire, une quatrième utilité à notre métier bizarre : l’art, c’est ce qui nous rend humain.