Je vais souvent lire des histoires dans la classe de ma plus jeune, par pur plaisir. Trouvant la chose un peu inégale pour mon garçon, j’ai décidé d’aller dans sa classe de temps en temps, mue par la grande vague des albums pour les plus vieux. Voici donc une animation que j’ai faite sur Cyrano de Bergerac dans sa classe de 5e année. J’ai détaillé le tout autant que possible afin que les professeurs puissent s’approprier mon animation et la présenter à leur tour à leur classe.
Mise à jour: Je suis disponible pour faire cette animation dans votre classe, sur place ou en virtuel! Visitez la section Animations scolaires et fiches pédagogiques pour en savoir plus.
Description de l’animation :
Présentation du grand classique Cyrano de Bergerac pour des classes de 5e et 6e année à partir d’un album jeunesse, mais faisant également usage d’extraits du film avec Depardieu et de textes de la pièce originale d’Edmond Rostand. Peut être utilisée comme introduction à la poésie classique, ou pour le simple plaisir d’augmenter la culture générale des élèves.
Durée : 1 heure.
Matériel :
– Album Cyrano, écrit par Taï-Mars Le Thanh et illustré par Rébecca Dautremer.
– TBI branché aux haut-parleurs
– Power point fait par mes soins: Animation sur Cyrano (téléchargez et modifiez à votre guise!!)
Comment procéder
- Introduction sur le thème de « pourquoi apprendre les classiques ». J’ai insisté sur deux points : le fait que les classiques, s’ils racontaient des histoires banales, ne seraient pas devenus des classiques, et celui du plaisir de la culture générale (répondre à des questions de jeux télévisés, comprendre des blagues-références, partager des conversations avec les gens ayant cette même connaissance).
- Lecture des 6 premières pages de l’album, jusqu’à « Cyrano lui tapait alors sur la tête pour bien lui faire comprendre ses paroles ». Notez que, tout le long de la lecture, je suis passée par-dessus les notes de bas de page de l’album qui, quoique sympathiques, n’amenaient rien à l’animation.
- Avertissement que l’on va passer à une séquence vidéo qui permet de mieux comprendre l’ampleur du personnage, mais que pour bien la comprendre, on a besoins d’un peu de vocabulaire (PowerPoint, diapositives #2). Demander aux élèves s’ils reconnaissent des mots, puis leur montrer les définitions (PowerPoint, diapositives #3)
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- Faire jouer la séquence vidéo ci-dessous soit la Tirade du nez, à partir de la 5e Le lien est cliquable directement dans le PowerPoint (diapo#4)
- Passer à la diapo#5 qui présente un extrait. Demander ce qu’ils remarquent. On cherche comme réponse : c’est de la poésie, ça rime, et le nombre de syllabes est le même d’une phrase à l’autre (s’ils ont besoins d’un indice pour le dernier, passer à la diapo#6 tout de suite, juste le visuel devrait les mettre sur la piste).
- On revient à la diapositive #5, et on leur demande de compter les syllabes. Ils devraient arriver à 13. Pourtant, en poésie, on compte ici 12 pieds (c’est donc un alexandrin, comme la presque totalité de la pièce de Rostand). Introduire la règle des syllabes avec « e » muet en poésie, soit le fait que ces syllabes ne sont comptées que lorsqu’elles sont suivies d’un mot commençant par une consonne (exemple : « rouge » dans le premier vers). Elles ne sont pas comptées lorsqu’elles sont suivies d’un mot commençant avec une voyelle (exemple : « quelle » dans le deuxième vers) ni en fin de phrase (exemple « saigne » dans le premier vers, et « enseigne » dans le deuxième).
- Diapo #7 : tenter de leur faire décoder cette phrase : qu’est-ce qu’elle veut dire? Un indice : L’Hippocampéléphantocamélos est un animal que l’on connait bien… mais sous un autre nom. La réponse que l’on cherche : « un nez aussi long que la trompe d’un éléphant ». Pas facile. S’ils demandent pourquoi un tel nom, expliquer qu’Aristophane était un grec vivant au 5e siècle avant Jesus Christ, et que les éléphants n’étaient alors pas super connus.
- Diapo #8 : demander aux élèves ce que ces quatre vers veulent dire. On cherche comme réponse : qu’il a frappé quelqu’un avec son gant. Parler de la signification d’un tel geste à l’époque : une provocation en duel. Ce qui nous amène à…
- La scène du Duel! Comme pour la tirade du nez, on commence par un peu de vocabulaire (diapo#9). D’abord demandé s’il y a des mots qu’ils connaissent, puis j’y suis allé à l’envers. J’ai commencé par la définition de « larder » et leur ai demandé c’était quel mot (indice, c’est le seul verbe). Puis, la définition de Maheutre pour qu’il le trouve. J’ai conclu en disant que les 4 autres étaient des insultes, puis suis passée à la Diapo #10 pour leur en montrer la définition.
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- Séquence vidéo ci-dessous (diapo #11). Personnellement, j’ai arrêté la vidéo à la minute 2:55, pour éviter que les élèves voient que le duel se termine par une mort.
- Diapo #12, juste pour montrer que les 12 pieds de l’Alexandrin peuvent être dits par plusieurs personnages pour arriver au bon total.
- Diapos #13 et #14 pour leur faire réaliser que l’on peut changer le nombre de pied. Lorsque Cyrano compose une ballade, il utilise des vers de 8 pieds (leur faire compter pour qu’ils trouvent eux-mêmes le chiffre)
- Retour à l’album! Lire 10 autres pages, et s’arrêter à la scène du Balcon. J’ai arrêté après « en prenant son air le plus inspiré », pour leur décrire la scène dans mes mots et qu’ils comprennent bien ce qui se passe : Roxane au balcon, Cyrano dans l’ombre, Christian dans la lumière. C’est Cyrano qui parle, mais Roxane ne le sait pas. Elle pense que c’est Christian.
- Introduire la diapo#15 en disant que Christian voudrait embrasser Roxane, et que Cyrano, par sa poésie, va essayer de la convaincre. Après la lecture du texte, expliquer que Roxane est complètement sous le charme, et qu’elle accepte le baiser… demander aux élèves QUI va monter au balcon pour embrasser Roxane. (réponse cherchée : Christian!)
- Reprendre la lecture de l’album à l’endroit où on l’avait laissé (Roxane trouva Christian formidable…) puis continuer avec la guerre pour 7 autres pages, jusqu’à « en venant le retrouver à la guerre ». Demander aux élèves comment ils pensent que ça va se terminer tout ça (facultatif).
- Diapo #16, autre scène directement tirée du texte original. Expliquer que c’est ce qui sera dit lorsque Roxane retrouve Christian. Lire soi-même le texte de Roxane, demander aux élèves de faire Christian à l’unisson. Demander ce que tout ça veut dire pour notre trio. Demander, pour les trois passages, ce qu’elle vraiment au début (la beauté), par la suite (la beauté Et l’âme), et maintenant (l’âme uniquement). Demander finalement : qui aime-t-elle vraiment? Réponse cherchée : Cyrano! Préciser qu’elle ne sait toujours pas que c’est Cyrano qui lui a écrit des lettres et qui lui a parlé sous le balcon. Demander, finalement, comment ils pensent que Christian se sentir en entendant ça!
- Pour la fin de cette scène, j’ai personnellement préféré raconter dans mes propres mots. En gros : Christian va voir Cyrano pour lui demander de tout avouer à Roxane, puis sort dehors rejoindre les autres soldats. Cyrano fait avouer à Roxane qu’elle aimerait désormais Christian même s’il était laid, défiguré. Mais avant que Cyrano ait pu tout lui expliquer, l’ennemi arrive et tue Christian. « C’est fini, jamais plus je ne pourrai le dire » se dit Cyrano. Si les élèves demandent pourquoi il ne peut plus le dire à Roxane, expliquer que, sans la présence de Christian pour confirmer la supercherie, Roxane ne le croira pas. Pire, il aura l’air d’un opportuniste qui tente de s’approprier la gloire d’un mort.
- Annoncer en grandes pompes : « 15 ans plus tard… », et reprendre la lecture de l’album à la page suivante (« Alors, Cyrano devint vieux… » ) jusqu’à la fin. En cours de route, demander ce que la robe noire de Roxane veut dire (elle porte le deuil et pleure encore Christian). Et à la mort de Cyrano, rappeler le coup sur la tête.
- En conclusion, demander si c’est une histoire qui se termine bien (non)… puis, si c’est une histoire qui se termine complètement mal (non plus). Parler des fins d’histoire, et de comment elles ne sont pas obligées de se terminer bien.
- Épilogue, au goût, à la diapo#17, leur faire deviner ce qui est vrai de ce qui est faux! Les réponses ci-dessous :
- Cyrano : réel. Il est inspiré d’une vraie personne : Savinien de Cyrano de Bergerac, qui était vraiment poète, bagarreur, et avait un gros nez.
- Roxanne : réelle. Inspirée d’une vraie femme, dont le mari (Christophe plutôt que Christian) est mort à la guerre, et qui aurait fini sa vie au couvent. Par contre, elle a vécu avec son mari 6 ans avant qu’il ne meure.
- Christiant : entre les deux, considérant le nom du mari de Roxane.
- De Guiche : Fictif, inventé pour les besoins de l’histoire
- La guerre : Réelle! C’est la guerre de 30 ans en Europe.
- L’amour : Fictif! Roxanne avant en fait 9 ans de plus que Cyrano, et il n’en aurait jamais été amoureux.
Whoa! Super animation! Cyrano est sans contredit mon classique préféré.
Cependant, il semble qu’il manque LA scène la plus comique et dynamique : lorsque Christian « attaque » Cyrano à coup de nez/pif/etc devant les autres cadets de Gascogne. C’est pas dans l’album? (Je ne connais pas l’album)
@gen: Oh! Wow! J’avais complètement oublié cette scène (que je me suis empressée de retrouver sur Youtube suite à ton commentaire!), moi qui croyais connaître le film par cœur! C’est vrai que ça aurait été un « hit » avec les 5e années!!! Je pense que je vais l’envoyer à leur professeur pour qu’il le montre!
Contente d’avoir pu être utile! (J’ai pas de mérite : je suis tombée en amour avec le film à sa sortie – je devais être en quatrième année – et il m’a fait découvrir la pièce… que j’ai apprise par coeur! Puis j’en ai réutilisé des bouts durant mes études en théâtre. Puis j’ai rencontré mon chum… qui avait aussi un exemplaire de la pièce, qu’il connaissait lui aussi presque par coeur! (Quand on connaît le peu de mémoire de mon chum, c’est tout un exploit). Bref, je pense que tu peux me donner deux alexandrins d’à peu près n’importe où dans la pièce et je te défile la suite de la scène! lol!)