J’ai revu le film La reine des neiges de Disney la semaine dernière. La chose la plus merveilleuse de ce film, c’est qu’il utilise les clichés de ses prédécesseurs pour surprendre les spectateurs… deux fois plutôt qu’une! Analyse narrative ci-dessous. (Spoiler alert pour le reste du billet!)
Vers la moitié du film, l’héroïne (Anna, soeur de la reine des neiges) reçoit un mortel glaçon dans le coeur et se fait dire que le seul antidote possible est une preuve d’amour. C’est un cliché en lui-même, mais pour le bénéfice de ce billet, on le laissera passer, celui-là! Dès que l’antidote est mentionné, il se passe ceci:
Cliché numéro 1: l’héroïne conclut qu’il faut que le prince Hans (ci-haut) rencontré au tout début du film à travers une chanson d’amour classique doit l’embrasser. Le spectateur embarque à pied joint. Certains adultes lèvent possiblement les yeux au ciel et sont déjà prêts à hurler.
Première surprise, le baiser n’aura pas lieu! Le prince Hans est en fait un manipulateur de la pire espèce. Mais sa rencontre avec Anna ressemblait tant aux autres rencontres princesses-princes des films de Disney, qu’on est tombé dans le panneau sans se douter de rien.
Donc, si la baiser avec Hans n’est pas une option, il faut que la véritable solution soit…
Cliché numéro 2: Un baiser de Christophe (ci-contre), le vaillant homme du peuple qui aide Anna dans son aventure depuis 20 minutes!
Certains spectateurs adultes l’avaient probablement vu venir! À ce point-ci du film, ils trouvent encore l’histoire “cucu”, mais ont la satisfaction de pouvoir flatter leur égo en ayant compris la direction qu’allait prendre l’histoire avant que le premier revirement soit révélé.
Et c’est ici que la force des scénaristes de fait sentir. Car, non! Ce n’est pas non plus l’amour du beau Christophe qui sauvera la princesse Anna! Le cliché qui remplaçait le premier cliché est lui-même un leurre! L’adulte est floué, surpris. Dans mon cas: ravi!
Je ne vous dirai pas ce qu’était finalement le véritable antidote, écoutez le film! (Ou demandez à n’importe quelle fille de 4 ans!)
Bref:
Les clichés font des leurres fantastiques parce que l’esprit du spectateur (ou du lecteur) a besoin d’une toute petite poussée pour s’y diriger volontairement. Pour les auteurs qui aiment surprendre leurs lecteurs, ce sont des outils fabuleux.
Je dois avouer utiliser cette technique dans Victor Cordi à plusieurs reprises! Je fais croire aux lecteurs que le méchant est manichéen (il ne l’est pas), qu’il est en fait le grand-père caché du héros (non plus!), que des anneaux trouvés en cours de route sont magiques (pas plus!). À chaque fois, il suffit que le héros considère vaguement la possibilité pour que le lecteur embarque à pied joint! Pourquoi? Parce que c’est la direction qu’aurait prise l’intrigue dans la plupart des livres qu’il a déjà lus!
Belle description de l’utilité des clichés en littérature! 🙂 (ou ailleurs…)
@Gen: Merci!
Je confirme, je suis tombé dans le panneau à chaque cliché utilisé dans Victor Cordi! 😛 Sinon, la réflexion est super intéressante et je la garde en tête pour mes propres écrits! 😉