J’ai toujours dit que, de toutes les lettres de refus que je recevais comme auteur, celles de Courte Échelle faisaient le plus mal. C’est la maison d’édition de notre enfance, et environ la seule en jeunesse que tu peux nommer et voir les adultes hors industrie hocher la tête en sachant de quoi tu parles.
Quand j’ai signé avec eux, je me voyais déjà y faire toute ma carrière, comme dans l’ancien temps où les auteurs n’appartenaient qu’à une seule maison d’édition. Ainsi, j’ai publié mes cinq derniers livres avec eux, et les quatre prochains (2 Victor Cordi et 2 albums participatifs) y attendaient leur tour au moment de la faillite.
Presque tous mes œufs, dans un panier qui s’écroule. Je ne vous cacherai pas que la première semaine après l’annonce fut rude.
Puis il y a eu la rencontre avec le Syndic organisée par l’Uneq mercredi dernier, et je me suis remise à dormir en paix. Premièrement parce qu’être informé vaut toujours mieux que de nager dans l’incertitude, même lorsque les nouvelles ne sont pas bonnes. Deuxièmement, parce que j’en suis sortie convaincue d’une chose :
La Courte Échelle survivra*!
La job du syndic est de vendre tout ce qui a de la valeur pour tenter de rembourser une partie des sommes dues au créancier et les trois choses qui ont le plus de valeur chez Courte Échelle sont : son nom, son catalogue, et ses contrats avec les auteurs pour les titres futurs. Et comme l’acheteur potentiel n’est pas tenu de payer la dette, les chances qu’aucun acheteur ne se pointe au kiosque me semblent minuscules.
Il y aura une pancarte « nouvelle administration » sur la porte, une partie des titres du catalogue auront été tablettés, la confiance avec les auteurs sera à rebâtir, mais la machine repartira, pour le meilleur ou pour le pire.
*Notez que cette affirmation n’est que spéculative, basée sur les principes de vente de faillite, et mon propre optimisme naturel. Je n’ai aucune information particulière qui confirmerait le tout pour le moment.