Lorsque j’ai publié mon deuxième roman, Pirates à bâbord! aux éditions du Phoenix, les libraires, ou du moins ceux dont je pouvais « monitorer » les inventaires en ligne, n’ont pas recommandé le premier tome. J’y ai compris qu’une série doit faire ses preuves pour rester sur les tablettes. Ce fut ma première désillusion d’auteur, la première réalisation que ce serait plus difficile que prévu
Défi accepté, me suis-je dit.
J’ai donc signé ma deuxième série, Victor Cordi chez un plus gros éditeur, il est sorti avec prix de lancement, et il s’est mis à faire ses preuves.
Dans sa première année, trois tomes sont sortis, et la série a commencé à faire ses preuves…
- Preuves critiques : nomination prix des libraires
- Preuves média : présence dans le journal de Montréal, La presse et les Débrouillards)
- Preuve de reconnaissance : sélection communication jeunesse
Au 11 juillet 2012, soit 10 mois après sa sortie, et 1 après l’annonce des prix des libraires, seule la moitié des succursales Renaud-Bray tenaient encore le premier tome sur ses tablettes, à un seul exemplaire chacun. Remarquez, je m’en tirais bien, car aucun de mes co-listés pour le prix n’avaient plus de 2 exemplaires présents dans tous les réseaux de cette chaîne.
À l’automne, le tome 4 est sorti, et là, miracle, cinq succursales Renaud-Bray et toutes celles de Archambault ont recommandé du premier tome. Ça y est, me suis-je dit, c’est reparti! Mais les autres Renaud-Bray n’ont pas suivi, et lorsque celles qui en avait repris ont tout vendu durant le temps des fêtes, elles n’en ont plus repris.
Pourtant, pendant ce temps-là, les preuves continuaient à s’accumuler :
- Preuves « choix des jeunes » : 3 victoires au Concours É-lisez moi
- Preuves des chiffres : atteinte du 10 000 copies vendues
- Preuve des ventes : meilleur vendeur jeunesse 2012 chez Monet
Et toujours, les chiffres qui déclinent chez Renaud-Bray.
En février, les chiffres d’inventaires étant toujours très beau chez Archambault, j’ai pensé à une erreur du côté de son concurrent. J’ai donc fait la seule chose qui est à la portée de l’auteur dans une telle situation : j’ai contacté mon éditrice. Réponse: « Renaud-Bray devrait en reprendre à la sortie du tome 5… ».
J’ai attendu, rien.
J’ai ré-écrit.
« Ton tome 1 est en ré-impression (yé!), ils reviendront sans doute sur les tablettes après… ».
Attente, néant, re-courriel.
Et finalement la vérité toute crue : « les représentants ont fait plusieurs tentatives de convaincre Renaud-Bray de le reprendre, mais sans succès.
Au moment où j’écris ces lignes, il ne reste que 6 exemplaires du tome 1 dans tous le réseau de Renaud-Bray, alors les trois tomes suivants affichent « non-disponible en succursales ».
Voilà!
Pas de plainte, pas d’accusation, pas même de découragement, juste une constatation : percer, c’est difficile à ce point.
Constatation semblable de mon côté (et encore, il y a beaucoup de grandes chaînes qui n’avaient pas de tome I sur leurs tablettes à la sortie de mon tome II).
Cela dit… euh, tu te plains de Renaud-Bray là.
J’veux dire… T’as suivi les actualités à leur sujet? Moi je les boycotte désormais.
@Gen: Le problème, c’est que leur inventaire est le seul auquel j’ai accès avec celui d’Archambault… les chiffres ont commencé à baisser chez ce dernier également, mais depuis très peu de temps, et de manière beaucoup moins alarmante. De quoi a l’air la situation dans les librairies indépendantes? Aucune idée! (sauf chez Monet, ou je sais qu’ils en ont des piles!)
L’édition au Québec est en crise… et malheureusement, personne ne semble apporter de solution concrète.
Je ne répéterai jamais assez qu’il faudrait un vrai contrôle des ventes, avec un logiciel obligatoire dans les librairies et grandes surfaces qui compile les ventes.
Si les librairies agréées devaient tenir un certain nombre de livres québécois sur le plancher (en % de superficie, par exemple), les petits succès pourraient devenir grands!
@Mathieu: je vais encore plus loin: je rêve du jour ou nos droits d’auteurs seront payés en « real time », un micro-paiement à la fois! Mais là, je vais peut-être un peu dans la science fiction!
Sinon, Gaspard ont réussit à organiser u logiciel du genre (https://www.gaspardlivres.com/), mais les auteurs n’y ont pas accès (ça coûte une fortune), et je ne sais pas si les éditeurs, distributeurs et libraires savent utiliser ces données à bon escient.
Un éditeur m’a dit dernièrement qu’il évaluait en premier lieu les ventes des romans précédents des auteurs à l’aide de Gaspard avant de considérer un manuscrit… ça te donne une idée.