Après avoir lu le premier livre de la très populaire et très aimée série « Hunger Games », je n’avais qu’une seule critique : le pourcentage trop élevé de temps accordé à l’analyse, par l’héroïne et narratrice Katniss, des faits et gestes de son pendant masculin, Peeta. Cette surabondance m’énervait, jusqu’à ce que je rappelle mes propres amours adolescentes. N’ai-je pas moi-même déjà noirci, à l’adolescence, plusieurs pages d’un journal intime à inventer mille et une raisons pour lesquelles Vincent Hébert m’aurait emprunté un crayon? Il faut croire que l’analyse inutile de gestes anodins fasse partie de cette phase de la vie, du moins pour les filles.
Ce qui m’amène à une grande réflexion sur la différence entre la romance en littérature « adulte » et en littérature « ado ».
Du côté des ados, et, par association, dans la littérature « jeune adulte », tout est une question de « est-ce que je l’aime? » et de « m’aime-t-il en retour? », alors que, pour les adultes, il s’agit plutôt de comprendre « Mais où diable cette relation s’en va-t-elle? ». Un peu comme si, avec la maturité, on apprend à reconnaître la présence d’amour chez soi comme chez l’autre, mais qu’on a également appris que cette dernière ne suffit pas à l’élaboration d’une relation harmonieuse.
D’ailleurs, chez les ados, une fois le premier baiser échangé, tout est dit, alors que, chez les adultes, plusieurs longues nuits de passions peuvent s’écouler sans que la trame narrative n’ait atteint son paroxysme. Ami, amant, amoureux exclusifs, mari et femmes, les adultes ont accès à plus de choix dans l’étiquetage de leurs relations et chaque passage ne se fait qu’avec sa part de drame… et de romance!
Deux jolis exemples : dans Sex and the City, on a beau savoir, avec certitude, que Carrie Bradshaw et Mr. Big s’aiment, leurs tribulations amoureuses ne nous tiennent pas moins en haleine. Du côté « jeunesse », une fois que Ron et Hermione (SPOILER ALERT) se sont embrassés dans Harry Potter, on peut passer directement à l’épilogue : « ils vécurent heureux et eurent de nombreux enfants ».
Sinon, un dernier petit commentaire sur Hunger Games : je voudrais saluer le brio avec lequel l’auteur réussit à naviguer le terrain délicat qu’est le concept de « des adolescents qui s’entretuent ». La plupart des morts surviennent en périphérie de l’action (au cinéma, on dirait « off screen »), et Suzanne Collins réussit à garder les deux héros à la fois actifs et « propres » en ne les rendant responsable que de morts accidentelles, mort par pitié pour quelqu’un qui souffre, ou encore en présentant la victime comme un meurtrier qui l’a bien mérité. De toute façon, l’héroïne agonise bien moins sur sa première victime humaine que sur les états d’âme de son peut-être amoureux à la maison! Question de priorité!
« Après le premier baiser, tout est dit »… est-ce parce qu’on veut le faire croire aux ados ou est-ce que parce que c’est ainsi qu’on s’en rappelle?
Parce que quand j’examine honnêtement mes propres amourettes d’adolescente, après le baiser tout était bien loin d’être dit. Les ados ne le rationnalisent pas aussi bien, mais eux aussi finissent par s’interroger sur le « qu’est-ce qu’on a en commun? » et sur le fatidique « où s’en va cette relation? » (remaquer, à l’adolescence, la réponse « dans le lit » est cependant mieux reçue… 😉
@Gen: un peu des deux peut-être! (En passant, j’ai adoré Hanaken!)
Oh merci! 🙂 Venant d’une fille qui roule sa bosse depuis un bout en roman jeunesse, ça me fait vraiment plaisir! 🙂