… est celui des auteurs!
La semaine dernière, Martin Lessard, blogueur de Triplex, me citait dans un article sur Pottermore. En retour de balle, voilà que son billet m’en a inspiré un autre! Il parle dans son article du fait que les éditeurs et les libraires devront, pour survivre à cette nouvelle ère numérique, justifier leur présence en mettant l’accent sur la plus-value qu’ils apportent (conseil et marketing pour le premier, recommandations personnalisées pour le second).
Depuis le début de l’apparition du numérique, presque tous les maillons de la chaîne littéraire sont remis en question. Les distributeurs deviennent obsolètes, les libraires s’inquiètent, et voilà que de gros auteurs se passent d’éditeur, alors que des débutants font fortune avec l’auto-publication. Tous les maillons… sauf un : l’auteur!
Personne ne remet en question la présence de l’auteur dans la chaîne, que celle-ci soit numérique ou traditionnelle. Pourquoi? Parce que, comme le disait avec verve et humour Margaret Atwood lors d’une présentation à la conférence TOC 2001 (Tools of Change for Publishing), les auteurs sont une « source primaire » de laquelle se nourrissent les autres maillons.
Évidemment, ça ne veut pas dire que les auteurs doivent se désintéresser du débat! Tant qu’il y aura des lecteurs, la survie du métier d’auteur est assurée… mais la grosseur de leur part de tarte, elle, peut grandement varier.
Je continue de penser qu’il y a un piège à aborder tout cela comme « la chaîne du livre » — comme si les relations entres les acteurs étaient simples, successives, d’un-à-un.
Le monde du livre est un écosystème, dans lequel l’interdépendance des acteurs est beaucoup plus complexe que cela. — il me semble.
Difficile dans ce contexte d’imagine que « les choses aillent mai » pour les uns, et bien pour les autres.
@Clément: du point de vue de l’auteur c’est assez linéaire: bien souvent, il ne parle qu’à son éditeur, qui lui parle aux distributeur, qui, à son tour parle, aux libraires. Le lecteur achète chez le libraire, et l’argent refait le voyage en sens inverse jusqu’à l’auteur. C’est certains que le tout forme un écosystème… un écosystème linéaire!
@Annie : lol! Des fois je me dis aussi que comme on travaille pour des peanuts à côté des autres acteurs du milieu, on n’a pas peur de perdre quoique que ce soit. Qu’on vende nous-mêmes notre livre numérique 1$ (modèle Itunes) ou que notre éditeur nous donne notre 10% sur nos livres vendus 10$, pour nous c’est Schtroumpfs vert et vert Schtroumpfs.
La seule chose qui pourrait faire mal, c’est qu’avec la montée de l’auto-édition facile, on se retrouvera perdus au milieu d’une gigantesque offre de produits à la qualité variable… euh attend… non, finalement, y’a pas de changement là non plus! 😉
@Gen: hahaha! Comme dit Homer Simpson: « C’est drôle parce que c’est vrai »!
Je suis en partie d’accord Annie, mais ce que je soulève, c’est que même si l’auteur parle essentiellement à son éditeur, et que lui parle à son distributeur, qui lui parle au libraire…
…si le libraire va mal, il n’y aura pas que le distributeur qui s’en portera mal… l’éditeur aussi et l’auteur aussi.
@Clément: durant la période de transition, c’est certain. Par contre, qui sait quels joueurs resteront debout dans le nouvel écosystème en train de se mettre en place. Je suis une grosse fan des Éditeur (https://www.romanjeunesse.com/2010/06/23/la-revolution-de-l%E2%80%99auto-publication-non-merci-pour-moi/), mais est-ce que le distributeur a vraiment sa place à l’ère numérique? (pour le libraire, je réfléchit encore!)
Une vraie librairie numérique, genre un jelis.ca avec un libraire disponible à l’autre bout d’un chat si on a des questions, ça serait génial!
@Annie — tout dépend de la façon dont tu vois la diffusion des oeuvres écrites — des livres — dans le futur.
Si tu crois que les oeuvres gagneront à être disponible sous de multiples formes/formats, dans une foultitude de lieux différents, accompagnée d’une information riche et de qualité… alors le distributeur aura sa place à l’ère numérique (dans un rôle profondément transformé — on s’entend là-dessus).
Si tu crois qu’il s’agira de rendre les oeuvres accessibles à travers trois ou quatre réseaux de points de ventes (KindleStore, iBookstore, etc.) — alors, tu n’en as vraisemblablement pas besoin.
Et c’est semblable dans le cas des libraires, et à ce sujet, je t’invite à lire ce texte de Virginie Clayssen et les commentaires qui suivent (j’ai résumé mon point de vue dans le premier commentaire).