Je viens de terminer « Le roi Troll* » de John Hornvolt, une petite merveille américaine publiée en traduction ici par les intouchables. L’histoire en est assez universelle : jeune garçon d’un peuple soumis découvre que leurs chaînes sont fictives et qu’à eux tous, ils sont plus fort que leurs oppresseurs. Bref, c’est Spartacus pour ado!
MAIS! Et le « mais » ici, est énorme, le tout est mis dans un contexte la fois original et savoureux. Le héros en question est un Troll! Les oppresseurs sont des ogres et des goules, et la plus grande menace planant sur eux tous sont les fées, ces êtres diaboliques qui vous transforment en champignons et en tas de fumier!
Grâce au contexte hautement imaginaire, la moindre habitude…
« Il détestait ça. Le maître le réclamait au beau milieu de la journée, au moment où les gens normaux devaient dormir! »
description de personnages…
« C’était une adolescente très mode, avec son gros pif, ses gros os, ses jambes maigres et son visage ingrat ».
ou mention de repas…
« Vulgalia saisit un bout de tentacule bien gras et l’engloutit bruyamment »
deviennent de juteux paragraphes à dévorer!
Chose merveilleuse, le changement de contexte n’empêche nullement l’identification avec le héros. Après tout, la plupart des grands lecteurs de fantastiques se sont déjà un peu senti « trolls opprimés ». On embarque donc complètement dans les souliers de ce Troll adolescent, on ressent ses espoirs de vie meilleure où la nourriture sera abondante, et où le laideron du village voudra enfin sortir avec lui!
Donc, sortons des sentiers battus! Au diable les humanoïdes ennuyants! Portons aux nues des héros-à-tentacules et des héroïnes-à-trois yeux, après tout, en littérature jeunesse, la seule limite est celle de notre propre imagination!
* Petite note, si vous suivez le lien, vous remarquerez qu’il a été classé « livre québécois » chez Renaud-bray. Tssk, tssk!