Depuis plusieurs mois, le Musée des Beaux Arts de Montréal présente une exposition des œuvres de John William Waterhouse. Une éclaircie dans mon écriture et mes contrats m’avaient permis de faire le projet d’y aller vendredi dernier, mais malheureusement, un imprévu m’a obligée à reste à la maison. L’exposition se termine dans deux jours.
Certains se demanderont l’intérêt d’un tel artiste. Après tout, c’est du figuratif, style considéré comme intellectuellement un peu « facile », et n’est même pas dans les meilleurs du genre, comme, par exemple, un Raphael ou un Michel-Ange. Pourtant, il est de loin mon préféré, parce que ce n’est pas un peintre : c’est un illustrateur de fiction! On retrouve dans ses œuvres tous les grands personnages féminins des auteurs qui ont traversé les âges : Ophélie (Shakespeare), Circé (Homère), la belle dame sans merci (Yeats), pour n’en nommer que quelques-unes! Mais non seulement ses tableaux sont inspirés des plus grands récits fantastiques, mais chacun semble raconter, sans le support de l’œuvre originale, une histoire à lui seul. À preuve, ses tableaux ont ornés maintes et maintes couvertures de livres écrits bien après sa mort.
J’ai mémoire d’une encyclopédie du merveilleux que possédait une tante, et dans laquelle figuraient plusieurs tableaux de John William Waterhouse, dont la sirène placée en haut du présent billet. Que d’heures j’ai passées à les regarder avec la conviction grandissante que ces personnages mythiques avaient existé pour de vrai!
Certaines expositions ouvrent les yeux, d’autres l’esprit, celle de John William Waterhouse, j’en suis certaine, ouvre l’imagination.
John William Waterhouse et tous le autres du mouvement pré-raphaelites (Milais, Rossetti, Stephens…) ont eu un puissant effet sur mon identité féminine… Jeune adolescente, je rêvais d’héroïnes et de femmes au destin extraordinaire (disons que j’avais une vision très romantique de ce qu’allait être ma vie… ma longue chevelure aidant à m’identifier à ces dames de Shalott, Ophélie, ou Pénéloppe!)
Au cours de mes voyages, j’ai eu la chance d’aller voir « The lady of Shalott » à deux reprise à la galerie Tate de Londres. À chaque fois, le même frisson et les mêmes larmes. Cet illustrateur de fiction, comme tu le décris si précisément Annie, a toujours su éveiller en moi ces récits extraordinaires. Évidemment, j’ai accouru aux Musée des Beaux Arts pour aller la revoir une troisième fois. Aucune autre toile au monde n’a eu cet effet chez-moi. Au début du IXe siècle, époque des Pré-Rahaélites, on assistait à l’émancipation de la femme. Ces peintres se sont regroupés pour emboîter le pas et rappeler aux hommes que ce n’est pas d’hier que le pouvoir qu’on exerce sur eux… dépasse la fiction!
Quel beau commentaire, Isabelle! Je me demandais si j’y amenais ma fille et tu m’as convaincu! C’est vrai que, comme modèle, la Cléopâtre de John William Waterhouse (http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Cleopatra_-_John_William_Waterhouse.jpg) vaut bien toutes les princesses de Disney!
P.S. et quoi de plus normale que de s’identifier à la Lady of Shallot lorsqu’on est l’amoureuse de Merlin!